L’avenir est à ceux qui se lèvent tôt, surtout le matin

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 Ellie vint nous réveiller peu de temps après qu’on se soit endormi. Elle salua sa pote d’une claque sonore qui me fit ouvrir un œil et eu assez de respect pour me laisser le temps d’ouvrir l’autre sans me cogner à mon tour.

— Bonne soirée ? lança-t-elle.

— Il est quelle heure ? demandais-je.

— Huit heures, l’heure où les gens normaux se lèvent.

Elle devait considérer ses parents comme des gens normaux, et s’était mis en tête que huit heures était l’heure des gens biens.

— Lève-toi pétasse ! Pute de merde aux seins infimes. Lève-toi ou j’te bousille.

Tout comme moi Laura n’en menait pas large, ça sentait la fin et je naviguais entre soulagement et déception.

— Vous vous êtes bien marrés cette nuit ? Pauvre merde que tu es David… Et toi, jouer les femmes mondaines t’excite ? J’me casse, plus jamais j’revois vos gueules.

Elle partit nous laissant seuls baignant dans une nudité honteuse et sonnée. La porte de l’entrée s’ouvrit et claqua dans la foulée.

— Bon …

— Merde, merde merde merde ! lança Laura.

 La baiser un soir de beuverie était plutôt sympa, tandis que les mélodrames du lendemain me gonflaient déjà. Ceci dit, j’avais une belle gaule de fatigue et tout l’alcool de la veille couplé à la coke me donnait fière allure. Je gardais ça pour moi et me levai pour aller faire du café. Je me vis déambuler dans la cuisine à poil, avec une démarche d’ancêtre alcoolique. J’étais confus de présenter un tel spectacle à une gamine. Lui foutre en l’air ses rêves si vite était cruel. Et pour autant, se jeter dans la gueule du loup à peine majeur n’est jamais sans conséquences.

— Un sucre pour moi ! cria-t-elle depuis le salon.

Quelle conne, pensais-je. Elle reprenait des forces et semblait considérer la situation comme une victoire. Elle jubilait d’avoir baisé sa pote. J’avais été l’objet d’une rivalité puérile de jeunes filles en fleur et m’étais plongé dedans la gueule ouverte. Quand je revins au salon avec nos café, Laura avait eu la décence de remettre string et tee-shirt. C’était le mien, lui couvrant le ventre et une partie des cuisses. Elle était plutôt jolie dedans, et me traversa l’esprit de lui arracher.

— Ton café.

— Elle avait vraiment l’air en pétard.

— Y a de quoi.

— Je m’en veux.

— C’est encore moi qui ai joué aux cons. J’aurais dû aller me coucher bien sagement. Depuis que j’ai posé les yeux sur elle, je ne fais que de la merde. J’ai l’âge d’être votre père et je me comporte comme le premier connard venu. Si vous êtes là, c’est par jeunesse et défi. J’ai l’acabit du mec cool chez qui tout est permis. Moi, je récolte, avec autant de facilité que de nauséabond.

— Tu l’aimes ?

— T’as l’impression que j’me comporte comme un amoureux là ?

— Un abruti de vieux amoureux.

— Un abruti de vieux.

— J’ai envie de toi …

— C’est l’une des phrases que je préfère entendre. Je vais t’appeler un taxi, à cette heure, tes parents ne tiqueront pas de ton retour.

— Je ne partirai pas avant qu’on ait remis ça.

— Laura, tu vas rentrer, moi j’vais dormir et on verra pour la suite hein, d’accord ?

— Non.

— Nom de Dieu …

Elle se glissa à mes pieds, retira mon tee-shirt et porta sa main au niveau de ma queue. J’étais nu et me mis vite à bander. Je lâchai ma tasse pour agripper sa nuque d’une main énervée et sans autre forme de courtoisie, m’enfonçais loin dans sa bouche. Les yeux fermés, le sang parasité par tout un tas d’opprobres, je me vidai d’un long songe dans son antre brûlant.

Laura prit son taxi comme prévu, m’embrassa comme une femme embrasse un homme et quitta les lieux à mon plus grand soulagement. J’étais nul, et rincé. Rincé d’être nul. Aujourd’hui, le canapé serait mon meilleur pote. Je m’y allongeais mollement, le cœur alarmé, et à peine les yeux fermés, Sonia s’afficha sur mon portable plein de vie.

— Ouais ?

— T’es chez toi ?

— Ouais.

— Ça va ?

— Impeccable, et toi ?

— Je me fais chier chez des cons, j’avais envie de passer te voir.

— Avec plaisir Sonia, j’ai besoin de tes mains chaudes sur mon front.

— Tout va bien ?

— Au top. Je te raconterai.

— Bon … J’arrive d’ici peu, à toute mon tout beau.

— Prends-moi de la bière, le jour se lève.

— Je fais au mieux, bisous.

C’est terrible, pensais-je en me resservant un scotch, j’ai envie d’elle, même repu. Désir ardent de m’enfouir entre ses cuisses et n’en ressortir qu’au firmament. Mon portable vibra à nouveau, le nom d’Ellie brilla et lâcha ces quelques mots ;

J’aurais dû t’attendre seule, m’endormir lovée dans tes bras de guignol fini et n’ouvrir les yeux que sous ta bouche. Repose-toi. Ellie.

Visiblement, tout n’était pas perdu. La découverte bestiale des baises sans lendemain dans son esprit faisait son chemin. En ça, je l’éduquais. J’allais pouvoir souiller Sonia le cœur libre et m’endormir contre son corps paisible.

Elle arriva peu de temps après son appel. Je m’étais rhabillé et avais pris soin de pisser. C’est fou comme le foutre peu continuer de couler après qu’on ait craché. Dessiner joyeusement sur la faïence des formes abstraites évite de salir un calbute propre. Je n’avais pas encore vraiment roupillé et j’étais d’humeur joviale. La fatigue éthylique arrondit les angles. Elle était Femme et son entrée me chamboula. Un tailleur gris-bleu de working-girl et des talons vertigineux. Rouges pourpres. Comme souvent. Défiant quiconque ose les admirer. Je perdais pied dans les méandres de la jeunesse pour rien en fait. Les femmes, si tant est qu’elles le désirent, restent attrayantes jusqu’à très tard. Sa chatte gardait tonus et finesse et ses yeux me racontaient mille vies.

— T’as une de ces gueules, me lança-t-elle.

— J’ai passé une soirée abominable.

— Ta ptite ?

— Ouais.

— Va falloir que tu me la présentes.

— C’est sa copine que j’ai sautée.

— Un jour David, je ne pourrais plus rien pour toi.

— J’ai déjà pleinement profité.

— Moi pas assez, regarde.

Elle souleva sa jupe et me présenta une fente déjà brillante. Debout face à moi, elle m’agrippa la tête avec l’assurance d’un homme et vint coller ma bouche contre ses lèvres. Parler n’aurait servi à rien, et la faire jouir ma rédemption.

— Fais-moi juter, pas un mot si ce n’est les sons de ta langue sur mon trésor. J’ai moi aussi passé une sacrée soirée de merde, crache dessus, crache dedans, et laisse-moi exploser comme bon me semble.

 Sonia me réconciliait avec mon comportement de fils de pute. Je n’avais qu’à me laisser guider en attendant qu’elle vienne. Je fis de mon mieux et ma tête tournait au rythme des effluves qu’elle m’envoyait. Je n’aurais de répit qu’après m’être repentis de son être. C’est avec ma bouche collée à elle que je pus trouver sa paix et libérer la mienne, le cul encré profondément dans mon canapé vicié.

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