Chapitre 7 : Sortie shopping

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Afin d’être correctement apprêtée pour aller en ville, Célestina m’avait prêté l’une de ses robes. Elle avait mis plusieurs minutes à choisir celle qui pourrait m’aller le mieux. Encore une fois, c’est Giselle qui nous aida à nous habiller puis nous coiffa. Cette fois-ci, ma coiffure était beaucoup plus simple, afin de ne pas me gêner dans mes essayages.


— Êtes-vous prête les filles ? Nous partons dans dix minutes, intervint ma mère en entrant dans la chambre.

— Oui mère, répondit ma sœur à ma place.

— Giselle, avez-vous du temps pour venir avec nous ou êtes-vous trop occupée ?

— Je devrais pouvoir me libérer.

— Alors en route, on nous attend.


Avec un grand sourire, accompagné des trois femmes qui comptaient pour moi, je montais dans la voiture qui nous conduisit jusqu’à une boutique de mode. Le chauffeur nous aida à sortir de la voiture, sous le regard de tout le monde avant qu’on suivre ma mère à l’intérieur. Ma mère tourna la tête dans la direction, puis vint glisser sa main dans la mienne, en souriant. En entrant dans la boutique, je fus surprise par le nombre de robes, toute plus sublime les unes que les autres.


— Votre Majesté, Vos Altesses, bienvenues.

— Bonjour Madame Bavière, répondirent ma mère et ma sœur en même temps.

— Par qui souhaitez-vous commencer ?

— Par Célestina, ce sera plus rapide. Quant à Éva, il faut faire toute sa garde-robe.

— Je vois, commençons sans plus tarder.


Tandis que je me promenais dans les aller de la boutique, observant chaque création unique, ma sœur essayait plusieurs robes proposées par Madame Bavière. Je la regardais ensuite faire pendant une vingtaine de minutes. Elle était vraiment à son aise et chaque nouvelle robe l’embellissait.


— Votre Altesse Eva ? C’est à vous maintenant.

— J’arrive.


Mes mains commencèrent à devenir moites tandis que je prenais la place de ma sœur. La couturière m’aida à retirer ma robe pour que je sois en sous-vêtement. Elle m’observa quelque instant alors que je n’étais pas très à l’aise.


— Vous avez la taille bien trop fine pour les robes que j’ai actuellement en stock. Je proposerais de prendre vos mensurations, d’essayer diffère ce type de robe qui pourrait vous convenir et je les fabriquerais ensuite. Est-ce que ça vous convient, Votre Majesté ?

— Tant qu’elle a au moins quelques vêtements en sortant de la boutique, bien sûr.

— Je tiens absolument à avoir au moins un pantalon et un tee-shirt, réussis-je à intervenir.

— Ce n’est malheureusement pas ici que vous en trouvez, Votre Altesse.

— Nous irons ailleurs après, Eva, je te le promets.

— Merci mère.


Pendant plus d’heures, je ne cessais de m’habiller et me déshabillais. Quand la couturière et ma mère furent enfin satisfaites, je sortis de la boutique avec une robe violette simple mais élégante. Celle qui m’allait le mieux, celle dans laquelle je me sentais le plus à l’aise.


— Ce n’était pas si compliqué, commenta ma sœur une fois dehors.

— J’ai cru que ça ne se terminerait jamais, soupirais-je.

— Ce n’est pas tous les jours qu’on vient ici, je te le promets. Tu verras, tu auras seulement assez de robes pour que personne ne se rende compte qu’au bout d’un moment, tu en remets une.

— Tout est calculé en fait.

— Exactement.


Quelques instants plus tard, ma mère et Giselle sortirent à leur tour. Giselle était celle qui portait tous les sacs. Heureusement, il n’y en avait pas beaucoup.


— Où va-t-on désormais. Je ne connais pas de boutique qui pourrait te convenir, Eva, commença ma mère.

— Je sais où aller, ajoute Giselle. C’est là-bas que je l’ai toujours emmené faire ses achats.

— Nous vous suivons.


Telle la mère adoptive qu’elle avait toujours été pour moi, elle glissa délicatement sa main dans la mienne. On marcha, en silence, pendant une dizaine de minutes pour finir par arriver devant mon magasin préféré. Celui où Giselle m’avait toujours emmené. Sachant où trouver les vêtements qui allaient me convenir, je m’y rendis immédiatement. Après avoir fait quelques essais de pantalon, tee-shirt et pyjama, ma mère passa à la caisse. Une fois tous nos achats terminés, on rentra au palais et Giselle rangea tous nos vêtements. Quant à ma mère et moi, on resta se promener dans les jardins. Elle semblait vouloir discuter.


— Parle-moi un peu de toi, Eva. Que j’apprenne à te connaitre, commença-t-elle.

— Que voulez-vous que je vous dise ?

— Tu pourrais commencer par me dire qui est ce jeune homme qui a attiré l’attention lors du bal.

— Clément ? C’était mon meilleur ami à l’orphelinat. Mais aussi mon premier amour, même si ça a toujours été ambigu entre nous.

— L’aimes-tu toujours ?

— Comme un ami, oui. Avec sa sœur, Aurélie, la Vicomtesse de Combrondre, nous étions tous le temps ensemble. C’est elle qui s’est principalement occupée de moi. En fait, elle s’occupait de tout le monde. Aurélie était la grande sœur de tout l’orphelinat. Et je sais que je l’ai blessé lors de mon départ. Elle comme Clément. Je suis partie sans rien dire mais… même si personne ne voulait m’adopter, parce que j’étais déjà trop âgée, j’étais heureuse avec eux à mes côtés.

— C’est le principal. Comme tu le sais, Célestina à deux demoiselles de compagnie. Deux jeunes femmes qui obtiennent un rôle important auprès de la princesse. Deux jeunes femmes que tu devras choisir avec soin, qui doivent être de ton côté, avec qui tu t’entends bien et qui ne tenteront jamais de t’influencer. Avec le bal d’hier, tu as eu l’occasion de rencontrer plusieurs jeunes femmes de ton âge. Je ne te demande pas de choisir maintenant mais…

— La Vicomtesse de Combronde et Mademoiselle de Troly.

— Aucune d’elle n’a un titre suffisamment élevé pour…

— Ce sont elles que je veux. Aurélie parce que je la connais depuis toujours et pour Mademoiselle de Troly, c’est Célestina qui me la recommande.

— Très bien. Une Victontesse et une future Marquise. Je leur ferais parvenir la nouvelle par lettre. Qu’elle vienne dès demain.

— Elles doivent venir tous les jours, c’est ça ?

— Si elles acceptent, te tenir compagnie sera leur activité principale.

— Puis-je, parfois, leur dire de ne pas venir ?

— Bien sûr. Reste toi-même, Eva. Garde les convictions et les idées qui sont tiennes.

— Merci.


On continua de discuter pendant une bonne heure avant de rentrer. Elle déverrouilla une porte en face de la chambre de Célestina. En entrant, je découvris une chambre d’enfant. Un lit de bébé, des meubles et des jouets. Tout était en place et parfaitement rangé et intact. Comme si personne n’y avait jamais séjourné.


— Cette chambre était la tienne. Tu n’y as même pas dormi une semaine. Si tu ne m’étais jamais revenu, j’aurais fait croire à ta sœur que je l’avais fait préparer pour son enfant, le jour où elle aurait été enceinte.

— Personne n’est jamais rentré ?

— Elle est fermée à clé depuis ton enlèvement et je suis la seule détentrice de la clé.

— Pourtant la chambre de Célestina est juste en face. Comment a-t-elle pu ne jamais savoir ?

— Aux yeux de tous, cette pièce n’était qu’un débarras. Tout est resté intact. Si ça te convient, j’aimerais qu’elle redevienne ta chambre. Si tu es d’accord, j’ordonne les travaux dès maintenant.

— Ça me convient.

— Parfait.


Le visage rayonnant, ma mère partie en laissant la chambre ouverte. Pour la première fois depuis mon enlèvement. Je retournais ensuite dans la chambre de ma sœur, ma chambre temporaire. Elle était assise à son bureau et semblait étudier. Pour ne pas la déranger, je retournais dans mon placard, faire le tri dans mes affaires. J’allais pouvoir donner tous mes anciens vêtements de servante qui ne me serait plus jamais utile.


— Tu fais quoi ? m’interpella Célestina en passant la tête à travers la porte.

— Du tri. Et toi ?

— De la gestion. Je n’en peux plus.

— Besoin d’aide ? Je ne sais pas si je peux t’être d’une grande utilité mais…

— A deux on trouvera bien une idée. Viens.


Elle attrapa ma main et me tira jusqu’à son bureau. En tant que Première Princesse et héritière du trône, elle avait tout un domaine à gérer. Et la question existentielle du moment, comment réparer le pont qui reliait un petit village à la capitale, pour que les commerçants n’ait pas à faire de grand détour, sans augmenter les impôts de ceux-ci.


— Combien as-tu en réserve ?

— À peine la moitié de ce qu’il faudrait pour réparer ce pont. Techniquement, je peux payer les réparations du pont. Mais avec ce que j’ai, je ne pourrais payer aucun employé.

— Oui, moyen. À qui d’autre ce pont serait-il profitable ?

— Certains nobles. Il y a un super salon de thé dans ce village.

— Pourquoi ne pas leur demander une participation ? Volontairement.

— J’y ai déjà pensé mais… père n’accepte pas.

— Non mais si tu écoutes tout ce qu’il te dit, tu n’en finiras jamais.

— C’est l’Empereur, Eva ! Certes je gère seule mon domaine mais chacune de mes actions doit obtenir sa validation.

— Hé bah heureusement que je n’ai aucun domaine à gérer. Et même si c’était le cas, je ferais même sans son accord.

— Eva, soupira-t-elle.

— Mère ne peut pas valider ta demande ?

— Je ne sais pas.

— Tu sais ce que tu as à faire, terminais-je en me jetant sur le lit.


Elle me regarda un instant, perplexe avant de rire. Convaincue, elle rangea ses documents et sortit de la chambre. Seule, je restais allongée sur le lit jusqu’à son retour, accompagnée de deux jeunes femmes que je ne connaissais pas.


— Eva, je te présente Caroline, ma nouvelle servante et Morgane, ta servante.

— Oh, bonjour.

— Enchantée, Votre Altesse.

— Mes dames de compagnie arrivent dans une heure. Préparez-nous, ordonna Célestina.


C’est là que je vis la différence. Avec moi à son service, elle n’était que gentillesse. Elle me disait toujours s’il te plait ou merci. Là, avec les deux nouvelles servantes, elle était la Princesse et agissait comme tel.


— Je dois venir ? la questionnais-je.

— Tu ne veux pas ? hésita-t-elle.

— Et bien… c’est que la dernière fois…

— Tu n’étais pas encore ma sœur, la dernière fois. Et puis rien ne t’obligera à rester cette fois-ci. Maintenant que tu as une servante, tu peux te déplacer seule.

— Bon d’accord. Je viens alors.


Célestina sourit et ma nouvelle servante, Morgane s’approcha. Tandis que Caroline s’occupait d’elle, Morgane m’aida à enfiler l’une des robes qu’on avait achetées ce matin.


— J’ai dit à mère pour Aurélie et Mademoiselle de Troly, ajoutais-je.

— C’est vrai ? Tu les as choisis pour dames de compagnie du coup ?

— Exact. Elles devraient commencer dès demain, à ça que j’ai compris.

— Super.


Morgane s’attela ensuite à ma coiffure, en silence. Nous avions deux servantes mais c’était deux inconnues. Nous n’avions pour le moment, rien à leur dire.

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