2 - Plus près de toi

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Le mécanisme était grippé. A deux mains, Alicia appuya de toutes ses forces sur la poignée. Tout ce qu'elle réussit à faire, c'est s'en torturer les paumes. C'était à croire que le pêne et la gâche étaient soudés ensemble. Pressée, elle envoya un violent coup de pied dans le portillon récalcitrant. Il fut projeté en avant, et s'écrasa contre la palissade. La jeune femme perdit l’équilibre et tomba.
- Encore par terre ! lança-t-elle excédée.


Elle se releva. À sa gauche, il y avait une longue allée où était stocké le bois. De nuit, on n'en distinguait pas la fin. Un frisson désagréable la parcourut. Tel pris dans un étau, son cœur se resserra. Ce passage sombre et exigu réveilla son imagination. Un nouveau coup de stress, une piqûre de rappel : si quelqu'un dissimulé dans l'obscurité l'observait ? Elle tourna le dos, laissant cette question idiote sans réponse. La jeune femme déboucha dans la cour, devant le chalet. Au milieu, trônait la balançoire rouillée. Le siège tanguait, bercé par le vent. Comme en témoignaient le grincement des chaînes.


Alicia monta les marches de la terrasse. Les lattes de bois craquaient sous ses pas. En haut, rien n'avait changé. Le fauteuil à bascule, toujours à sa place. Sur la table, traînait encore le cendrier, plein de mégots de l'été dernier. Ceux de Jack. Devant la porte d'entrée, elle prit son trousseau de clefs en main. Il y avait pas moins de trois serrures à déverrouiller. Elle savait qu'à partir de maintenant, elle ne craindrait rien. Le chalet était impénétrable, les menuiseries faites de chêne épais. Même une souris ne pouvait trouver une faille pour y pénétrer. Elle s’empressa d'entrer et claqua la porte derrière elle. Il ne restait plus qu'à passer un coup de téléphone à son mari, et à prévenir la police.


Calfeutrée, dans le noir absolu, la jeune femme tâtonnait le mur du hall. Elle finit par tomber sur l’interrupteur. Le « clac » fut. La lumière non.
- Et merde... chuchota-t-elle.
Toujours à tâtons, elle revint en arrière pour verrouiller la porte. Les trois serrures à double tour. Enfin, elle s'adossa contre la porte. Si l’électricité était coupée, comment ferait-elle pour téléphoner ? Elle devait vérifier si le disjoncteur n'avait pas sauté.


**


Pendant ce temps, Will Coster attendait au fond de l'allée. Assis sur le tas de bois, immobile. Il ne ressentait même pas le froid glacial. Dans sa vie, l'unique chose qu'il avait éprouvé, c'était la haine. Il venait de voir passer Alicia et avait reconnu son odeur. La même qu'il avait humé de si près, il y a quelques années. Le monstre aurait pu se venger, pourquoi pas recommencer ? Serrer à nouveau son corps contre le sien, ses poignets, fort, très fort. L'entendre supplier. Mais ce serait bien plus drôle d'attendre Jack.

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