Fines bavures immaculées dans le ciel songeur.
Sous le volet tendu, il devine cet espace de liberté. Assis à même le sol, le dos contre le lit de Maxence, il se laisse aller. Théo, allongé au pied de la fenêtre ouverte pose sa tête entre ses bras. Odeur de tabac froid et noirceur de l'âme, le désordre bravant la multitude d'objet perdu étant ses ailes dans cette chambre oubliée. Sur un mur, une photo d'eux trois. Maxence a les cheveux encore long et son regard n'est pas encore abruti par l'herbe. Théo semble déjà porter le poids du monde sur ces épaules mais son sourire est encore édenté. Reste Simon. Ses yeux bleus ne sont pas encore rougis par le manque de sommeil et observe l'air rêveur les nuages qui défilent. Il se rappelle les bleus qu'ils s'étaient fait en gagnant 5-0 contre Patton, les soirées après les cours à s'enfermer dans la cabane abandonnée, le crépuscule où ils jouaient pendant des heures avec un vieux ballon, sur un terrain improvisé coincé entre deux immeubles défraîchis avant de se poser, le vague à l'âme, dans l'herbe finement taillée en attendant les étoiles, leurs premières bières, volées au bar du coin et bues effrontément au coin du square, le feu et leur fou rire qu'ils avaient tenté d'éteindre avec leurs oreillers chez Claire, leur première cuite chez Vriguet, leurs premiers coquarts après avoir voulu taguer les rames abandonnées du Nord appartenant à Beauregard, les randonnées ennuyeuses de Normandie mais l'extase d'apercevoir enfin la mer. Portant négligemment sa cigarette à ses lèvres, Simon ferme ses yeux fatigués et laisse ses pensées battre au rythme des Gymnopédies.