Prologue - Signalisation introductive.

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 Un réveil matinal, des bouchons habituels, une interminable attente par trop de sérieux, des minutes de rien, des pauses éternelles, des prises de note inutiles. J'ai relevé des traces de doigts, j'ai fait la vaisselle (pour changer de chez moi), j'ai caressé des mains, flirté avec des doigts, j'ai souillé de taches d’encre des morceaux de papier, je me suis lavé les mains, essuyé les mains, je me suis relavé les mains, ressuyé les mains. J'ai humidifié des paumes, puis essuyé, humidifié des troisièmes phalanges, puis essuyé... Et j’ai fini par taper sur Gaspard*, non pas que je ne l’aime pas, non pas que je me sois emporté, mais parce qu’on m’a dit de le faire. Je ne suis pourtant ni bête, ni discipliné, mais je l’ai fait, par excès de professionnalisme. Un retour barbant, des bouchons habituels, de courtes soirées (ou pas), des nuits agréables. Et ainsi de suite.

 Je ne m'étalerai pas sur les verticilles, boucles ou autres arcs. Je n'en dirai pas plus sur les adeltes, les monodeltes, la ninhydrine, S.P.R... Ou autant de choses qui n'ont de sens que pour ceux que cela intéresse. Je n'ai jamais connu une personne se regardant le bout des doigts et penser que peut-être les empreintes pouvaient avoir des formes particulières, et ce, avec même un nom pour chacune d’elle. Mais me voilà donc malgré moi devenu un technicien, un professionnel de la trace papillaire et du "déroulé latéral". Et ça, c'est quelque chose. On peut dire que la perfection m’est tombée dessus, moi qui n’en voulais pas, et je deviens ainsi POLYVALENT. Alors non, je ne sais pas pour autant tout faire, car polyvalent ne veut pas dire tout. Mais quand même, être multitâche n’est pas donné à tout le monde. Il est vrai que savoir faire beaucoup de choses mais les faire mal, n’aurait aucun intérêt. C’est pour cela que je me suis donné la peine d’être aussi bon dans la «monovalence» que dans la polyvalence. Et quand je dis que je me suis donné du mal, c’est évident que mon volontariat forcé y est pour beaucoup. Sans cette capacité à me plier docilement aux ordres, je me demande où j’en serais à ce jour. Sans doute dans une excellente entité nocturne à faire dans le social.

 En bref, lorsqu’on veut bien avancer dans la vie et faire des choses importantes, on a les moyens de parvenir à l’excellence. Alors, la morale de cette histoire, c’est que tout le monde peut l’atteindre cette gloire intérieure, cette reconnaissance personnelle d’un travail bien fait. À l’avenir, je sais que j’aurai plaisir à partager cette expérience avec les autres parce que si elle m’a apporté autant, elle ne peut qu’être bénéfique aux autres. Évidemment, dès samedi, je reprendrai le rythme d’un sombre veilleur de nuit. Parce que les lumières d’une semaine chargée s’estompent quand vient le désert nocturne. C’est ainsi que je retournerai dans l’anonymat, sevré de toute responsabilité, de pouvoir, et délesté (en général) de ces compétences utiles et passionnantes.

 Note de l’auteur: * Logiciel informatique utilisé par les effectifs de Police pour « ficher » les criminels et délinquants.

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