Chapitre 10 - La légende des Sacres

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Fiona se promenait dans la maison en pleine nuit, elle n’arrivait plus à dormir. Elle attrapait un livre, avec un dessin dessus : un dragon. Il lui ressemblait beaucoup.

La petite qui ne savait pas lire, s’installait sur une chaise, le livre sur les genoux, et tournait les pages en étudiant chaque croquis des dragons à l’intérieur. Beaucoup d’entre eux lui ressemblait, et elle tombait sur une page ou il était surement écrit que les dragons naissaient d’œuf. Un doute s’installait dans son petit cerveau d’enfant.

Au même moment, la lumière s’allumait, et sa mère se frottait les yeux, en fronçant les sourcils.

- Fiona ? Que fais-tu réveillé, il est encore tard.

- J’arrive pas à dormir, avoua-t-elle, maman, c’est écrit quoi, là ?

La petite fille indiquait l’œuf de dragon et les inscriptions à côté. Sa mère, attentionnée, la mit sur ses genoux, et lui lisait :

- « Les dragons mâles et femelles produisent ensemble un œuf. A l’intérieur de cet œuf se trouve l’embryon d’un dragonneau, qui se développe de quatre à soixante-dix ans selon l’espèce. Les œufs des Sacres mettent entre douze et vingt ans à éclore. »

- Maman, je suis une Sacre moi. Pourquoi je suis un dragon si tu es une humaine ?

Sa mère lui embrassait le front.

- Il peut arriver des accidents qui transforment les bébés humains en bébé dragon. Tu es un des cas rare.

- Pourquoi je suis devenue dragon ?

- Et bien… une mauvaise expérience que j’avais créée et qui t’es tombé dessus quand tu ne marchais pas encore… et tu as acquis la forme d’un dragon. Il se fait tard, allons-nous coucher. Je te lirais d’autre livre si tu veux demain.

Sa mère la prit dans ses bras et la couchait proche de son frère Lissandru.

Quand j’y repense maman, tes propos ne tenaient pas la route… mais je ne t’en veux pas. Après tout, c’était pour me protéger que tu as menti, je le sais.

~ M ~

Le feu d’une cheminée crépitait sourdement, et dansait sur les buches de son habitacle. Le grand salon ne pouvait pas être totalement chauffé : il faudrait une bonne douzaine d’autre cheminée pour que l’environnement soit chaleureux. Alors, chacun assis dans des canapés bleus royaux, proche de la cheminée, verre à la main, les deux garçons se toisaient.

Lissandru ne comprenait pas pourquoi Karma, le prince de ce royaume, s’intéressait autant à l’histoire des Sacres. A quoi cela servait de connaitre la légende de son ennemi ? À être plus menaçant ? Lissandru n’y croyait absolument pas. Mais Karma avait insisté pour entendre la version des faits de Lissandru, car ses paroles sur les Terres de Brumes l’avaient intrigué, et il n’arrivait pas à ôter ses mots de son esprit.

Le prince avala d’une traite son verre rempli d’une substance que Lissandru ne connaissait pas ; il hésitait même à boire le sien.

- Tu ne seras pas empoisonné, ne t’en fais pas, le rassura Karma, ce n’est qu’un jus de fruits exotiques.

- De fruits exo-quoi ?

Karma roula des yeux : il sentait que la compréhension entre les deux allait mal passer. Ce n’était pas non plus la faute à Lissandru s’il ne connaissait pas les fruits d’outre-mer, endroit qu’il n’a jamais traversé avec sa sœur. Enfin, il avait déjà essayé : et les deux enfants avaient été lamentablement emporté par les vagues et ramené sur la rive. L’océan leur faisait peur alors, ils n’avaient pas insisté.

- Alors. Tu pourrais me parler de ce Seigneur ?

- A quoi cela t’avancerait de connaitre le Dieu des dragons ? Répliqua Lissandru, qui était plutôt farouche sur ce sujet. Au final, tu les tueras toujours.

- Ça, je n’en suis pas forcément sur.

Le garçon, qui s’apprêtait à boire le contenu de son verre, arrêta son mouvement pour épier le prince du regard.

Sur de quoi ? Si je n’avais pas été là, tu aurais tué ma sœur même si c’est une humaine-dragonne !

- Par ou tu veux que je commence ? Lui demanda Lissandru qui posait son verre sur la table.

- Je ne sais pas… par ce que tu sais, en priorité.

- C’est sûr que je vais pas m’amuser à inventer des sornettes. Maman m’a toujours dit de ne jamais mentir sur les sujets religieux. Parce que sinon, mon Dieu serait fâché.

- L’idée que plusieurs Dieux existent est un peu absurdes non ? Dieu est celui qui contrôle tout, de la terre jusqu’au ciel.

- Pas tout à fait, répondit le petit garçon, on va partir de là alors. Le bas-monde a été créé par le Créateur : lui, c’est l’être qui est à l’origine de tout, autant des Dieux et Seigneurs que de nous. Comme l’Homme ne pouvait se décider des croyances à adopter, le Créateur à fait naitre dans différente partie de la Terre des Dieux différents, qui possèdent un rôle attitré et des croyants à eux-mêmes. C’est dans tous les cas comme ça que maman m’expliquait.

- Je connais cette partie, et je la trouverais toujours absurde : pourquoi ne pas donner à un être seul tous les pouvoirs ?

- Parce qui si ça arrivait, il serait le maitre du monde ; et il surpasserait le Créateur. Alors il a divisé les pouvoirs en plusieurs Dieux.

Karma semblait réfléchir : il n’avait pas l’air convaincu de cette version-là. Lissandru soupira, déjà ennuyé d’expliquer toute une histoire de Dieu à un prince insignifiant à ses yeux. Il reprit tout de même :

- Maman me racontait que, son Seigneur à elle, s’était décidé à donner un descendant au bas-monde.

Le regard du prince se figea, et une perle coula sur son front.

- N’est-ce pas plus dangereux que de donner tout un pouvoir à un Seigneur ?

- Son but était de créer un être noir ou blanc pour juger le monde et l’amener à sa Fin.

- À sa Fin ? répéta Karma, de moins en moins rassuré.

Lissandru acquiesça pour affirmer ses faits.

- Mais, quand le Seigneur de ma maman a donné naissance à son descendant, le Sacre s’est fâché. Il a alors lancé sur terre une « armée » de dragon, qui était à la base des créatures célestes vivant dans le monde de la Lumière.

- Le monde de…

- Là où vivent les Seigneur, Dieux, et le Créateur. Mais les dragons ont été très perturbés de leur arrivée sur Terre, comme pour les humains. Et comme le serpent est associé au Diable, parce que c’est celui qui a tenté Eve de croquer la pomme, les Hommes eurent peur d’eux. C’est alors que commença une immense chasse aux Sacres, qui pour la plupart, n’était pas plus qu’agressif. Au contraire : la majorité était des pacifistes. Et ils ont été anéantis parce qu’on les prenait pour des démons volants et venant faire régner la calamité sur Terre.

Son long discours, qu’il ne tenait pas de lui-même, mais de sa mère, amena un lourd et pesant silence, qui le mit très mal à l’aise. Karma le fixait avec des yeux ronds, bouleversés par tant d’information dont il ne connaissait pas la source. Même Lissandru se demandait bien comment sa mère pouvait connaitre autant de chose sur la légende des Sacres, alors que son culte se tournait vers un autre Seigneur. Mais il ne s’attardait jamais vraiment longtemps sur ce sujet-là.

- En gros, tu tues des êtres plus innocents qu’un nourrisson, résuma grossièrement Lissandru, les bras croisés derrière sa tête.

- Ça n’est pas vrai, refusa Karma en tapant du poing sur ses genoux. Je refuse de penser que ses êtres sont des anges.

- Je n’ai jamais dit ça. Je dis juste qu’ils ne font pas partie des Enfers, mais de la Lumière.

Karma claqua sa langue contre son palais, agacé. Il se frotta les cheveux, tout en essayant de remettre en ordre les propos du jeune garçon. C’est alors qu’il l’observa plus attentivement, et remarqua une chose : était-il lui aussi, un être vivant qui venait de la Lumière ? Parce que son aspect d’enfant angélique pouvait bien cacher le pire des démons possible. Ce fut bien à ce moment-là que la véritable question trotta dans la cervelle de Karma ; une question en rapport avec Fiona et Lissandru.

- Tu as bien dis que la fille qui t’accompagnais est ta sœur ? Lui redemanda-t-il pour être sur.

- On vient de la même maman, et on a grandi ensemble depuis qu’on est bébé !

Lissandru prenait cette remarque pour une insulte à son égard.

- Comment tu peux expliquer le fait qu’elle soit une dragonne, et toi non ?

- Maman disait qu’elle a subit une mauvaise expérience qui l’a changé en dragonne.

- Et si elle mentait ?

- Maman ne mentirait jamais ! hurla Lissandru, profondément offusqué par les propos de Karma. Bref, c’est tout ce que j’ai à te dire sur les dragons. Si ça peut t’aider à changer un peu ta mentalité de mouton ce serait génial ! Parce qu’aucun dragon ne nous as fait du mal jusqu’à présent.

- Vous n’avez même pas sept ans, rationnalisa Karma en se levant de son siège.

Lissandru le foudroya.

Si tu savais combien de temps j’ai vécu, tu en tomberais raide mort, comme le disait maman ! Songea-t-il.

Lissandru n’attendit pas pour se lever comme une furie de son canapé et partir du salon. Il empoigna la poignée de porte. D’un coup, un cri venu du fin fond des âmes, à la fois effroyable et agonisant, fit frissonner tout le corps de Lissandru d’une sensation de mal-être et du très, très mauvais pressentiment. Karma n’avait pas la même sensation, mais il sentit que quelque chose n’allait pas.

Lissandru savait d’où venait le cri, à qui il appartenait. Son sang ne fit qu’un tour, une étrange adrénaline guidée par un puissant souhait le submergea alors qu’il sortait en trombe du salon en accélérant le pas comme un loup poursuivrait sa proie. La panique gagnait aussi du terrain.

- FIONA !

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