Chapitre 7 - La foudre et le feu

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Je me souviens d’un jour ou… un étrange homme qui était comme maman était venu lui rendre visite…

Lissandru observait avec méfiance par le seuil de la porte sa mère qui discutait avec un inconnu. Elle semblait rire et être aux anges de pouvoir parler avec lui. Cet homme, souriait, mais un sourire plutôt étrange, que le garçon n’aimait guère. Après tout, il était jeune, il doutait des inconnus ; il n’avait qu’en âge humain trois ans.

Il n’entendait pas trop leur conversation, et hésitait à les rejoindre à l’improviste. Il jetait un œil dans la maison. Sa sœur dormait sous sa forme de dragon, roulée en boule dans sa couche. Le garçon ne voulait pas la réveiller, alors il la laissait là, pour marcher pieds nus sur le sentier terreux.

- Nous n’avons trouvé aucun ennemi autour du quartier général, informait le vampire à la femme, il semblerait que nos poursuivants aient pris peur de notre puissance divine.

- S’il se passe encore quoi que ce soit de suspect, préviens-moi par pigeon voyageur, indiquait la mère de Lissandru, qui remarquait que son fils arrivait, tu es réveillé mon fils ?

Le petit garçon se cachait derrière la jambe de sa mère, et l’homme ricanait et s’accroupissait pour l’observer de plus près.

- Quel mignon petit garçon, avouait-il, alors c’est le fils de…

- Byron, s’il te plait, l’interrompit la femme d’un regard perçant.

- Compris, « Sainte Mère », narguait le nommé Byron, qui ne prenait pas en compte les paroles de la femme, je me dois de partir maintenant, j’espère vous revoir pour bientôt.

Sans un mot, la femme le laissait partir, et poussait son fils vers la maison.

- Maman, c’est quoi, « Sainte Mère » ? Demandait-il, toujours aussi innocent, et les yeux rivés sur l’homme qui disparaissait au loin.

- Ce n’est rien mon fils, oublies-ça, d’accord ?

Sa mère lui souriait, mais ce sourire était triste et désemparé. Sans comprendre, Lissandru acquiesçait.

Même si tu m’as demandé d’oublier… je n’ai jamais pu faire disparaitre les mots « Sainte Mère » de ma mémoire. Qu’est-ce qu’ils signifient, maman ?

~ M ~

Le matin était levé depuis un petit moment déjà, mais la pluie tombait toujours à torrent. L’entrée de la maison abandonnée où séjournaient les deux enfants avait été inondée par les eaux. Fort heureusement, les enfants se trouvaient au grenier, et le toit possédait une fenêtre ouvrable. Fiona suggérait de pouvoir passer par là, mais comment sortirait-elle son frère de là ? Il était bien plus lourd qu’elle, et sans sa forme de dragon, elle ne pouvait pas le transporter. Elle songea à sortir, se transformer, et essayer de passer la tête pour attraper de ses crocs Lissandru. Fiona ne tarda pas à essayer ce qu’elle venait d’imaginer.

La pluie lui fouetta le visage dès qu’elle passa la tête dehors. La douleur était légère, mais cela lui rappelait les coups de fouet qu’elle avait subi pendant deux mois, au cirque. La fille frissonna en repensant à ce douloureux passé, et tâcha de l’oublier pendant l’extirpation de son frère de la maison.

Ses pattes de dragonne glissaient sur les tuiles, et elle dut se cramponner fortement. Sa tête passa par chance correctement par la fenêtre, et elle attrapa de là le col de son frère. Une fois à l’extérieur, elle essaya de le protéger avec ses grandes ailes de la pluie. Tout à coup, le son d’une flèche qui fendit le ciel alerta Fiona, qui évita par chance la pointe d’acier de l’arme. Son cœur s’accéléra : qui avait bien pu l’attaquer. Ses yeux scrutèrent le village, et Fiona aperçut, à au moins cent mètre d’elle, au niveau de la fontaine, un homme sur son cheval. Son sang se glaça.

Brutalement, elle sauta pour prendre son envol, mais les bourrasques du vent la déséquilibrèrent et la dragonne retourna à terre, son frère encore à la gueule. Fiona le protégea pendant la chute. Une fois au sol, la dragonne noire se remit sur ses pattes, et n’eut d’autre choix que de galoper sous la pluie. Elle aurait préféré voler au-dessus des nuages pour être protéger du froid et admirer le soleil, mais cet ennemi soudain lui en avait empêché. Elle jura intérieurement, et se précipita pour sortir du village en vitesse.

Une autre flèche fonça sur elle. De la queue, Fiona dériva la flèche et reprit sa course. Mais celui qui la poursuivait n’avait pas terminé de l’attaquer : à dos de son cheval, l’équidé courait à la même vitesse que la dragonne.

C’est mauvais ! Très mauvais ! se hurlait-elle dans la tête tout en observant l’homme –qui n’était qu’un gamin- blond sur son cheval du coin de l’œil.

Leurs regards se croisèrent : et Fiona crut lire de la haine dans ses iris brulants. Cette haine inconnu la perturbait, la déstabilisait. Pourquoi la détestait-elle ? De ce qu’elle se rappelait, elle ne le connaissait pas, elle ne l’avait jamais rencontré, et pourtant, sa haine brulait telle qu’il voulait l’assassiner.

C’est alors que le garçon dégaina son épée, et sans crier garde, il enfonça la lame dans la cuisse de la dragonne. Une douleur titanesque et chaude la brula, et Fiona dégringola sur quelque mètre, en lâchant sans le vouloir son frère.

Non !

La dragonne se releva vite, pour couver son frère de la pluie. Mais la douleur à sa cuisse lui faisait énormément souffrir, et elle avait une envie de hurler de douleur. Comment ce garçon avait-il osé la blesser ? S’il n’y avait pas eu la pluie, Fiona l’aurait brulé d’un jet de flamme !

Le garçon sur son cheval lui barra la route, à au moins trente mètre d’elle. Derrière lui, la dragonne distingua la lumière : là-bas, la pluie ne faisait pas rage ! Elle pourrait s’envoler et fuir ce fou furieux qui voulait l’achever. Le garçon descendit du cheval et avança de cinq mètre. Fiona, apeuré et voulant paraitre menaçante, rugit. Il s’arrêta, et soutint le regard noir que lui lançait la dragonne. Il s’aperçut soudainement qu’entre les pattes de la dragonne, se tenait un corps d’humain, blessé jusqu’à l’os. Son sang ne fit qu’un tour : ce dragon détenait un humain comme otage !

- Lâche ce garçon, dragon ! Ordonna avec rage le garçon blond, en attrapant son arc et ses flèches.

Fiona ne comprenait pas. Elle ne s’éloignerait pas de son frère, elle le protégerait de cet inconnu, coûte que coûte ! Lissandru lui avait fait la promesse de la protéger, après l’incident du cirque ; il était blessé désormais, c’était à lui d’avoir besoin d’aide ! Jamais Fiona n’abandonnerait son frère par pur égoïsme : ils étaient jumeaux, liés par le sang, personne ne les séparerait.

- Je te le répète, dragon de malheur, relâche ce garçon !

- Il en est hors de question ! refusa Fiona, qui ne pouvait pas baisser les bras maintenant.

Entendre un dragon parler impressionna le garçon. De plus, il semblait que c’était une femelle : sa voix était féminine. Cependant, tous les dragons avaient un timbre rauque, alors que son timbre à elle, était cristallin. Il douta soudainement de quelque chose. Le garçon pensait d’abord à ce que la dragonne prenne l’enfant pour son fils, mais cela était impossible ; la taille du reptile était trop petite pour qu’elle ne soit adulte, et en âge de porter des enfants.

- Si tu ne le laisses pas maintenant, je t’achèverais ici ! lui promit son ennemi, en pointant son épée vers elle.

Fiona ne lui répondit que par un grognement. Elle se releva, avança de quelques pas, et protégea de tout son corps son frère. Il restait évanoui, blessé, et était trempé. Il ne méritait pas de la perdre aujourd’hui. Fiona défiait le garçon de s’approcher : elle avait une idée en tête. Le garçon comprenait le message qu’elle souhaitait lui faire passer. Dans son temps, plus jeune, il avait chassé les dragons et apprit nombre de leur langage. Indirectement, elle lui disait dans sa posture, son regard, et ses grognements : « Ose m’approcher, que je t’égorge ! ». Ce message faisait rire le garçon.

- On va voir qui va être égorgé, animal du Diable ! hurla dans la pluie, le grondement du tonnerre et le vent le jeune garçon.

Il s’élançait. L’épée haute, au niveau de son épaule, il galopa, en hurlant comme un guerrier. Fiona préparait son attaque. Sa gorge brulait comme sa plaie à la cuisse. Le feu grimpa dans son œsophage, tourna dans sa gueule, et des braises s’échappaient d’entre ses crocs. Il ne manquait plus que son ennemi soit assez proche pour qu’elle puisse le carboniser sans que la pluie n’éteigne son jet de flamme.

Ce fut le bon moment. À moins de cinq mètre, il était vulnérable. Fiona lâcha les flammes qui s’impatientaient dans son corps. Un immense jet de flamme rouge et orange se lança, et menaçait le garçon qui n’avait pas vu venir l’attaque habituel d’un dragon. Il recula de plusieurs pas, mais le feu le rattrapait bien trop vite. Bientôt, il finirait en poulet rôti pour cette dragonne.

Le tonnerre gronda de plus belle au-dessus de leur tête, et un immense éclair aux mille couleurs frappa entre les deux combattants. L’électricité de l’éclair se mélangea avec le feu du crachin de Fiona. Une boule de foudre et de feu se forma alors entre les deux ennemis, qui furent plus que surpris du mélange d’élément qu’ils n’auraient jamais pu s’imaginer. La boule d’élément se forma et se déforma, comme si plein de petits insectes se battaient à l’intérieur d’un cocon. La boule de foudre et de feu se contorsionna, scintilla de rouge, de jaune, de blanc, avant d’exploser en un flash électrisant et brulant. Un faisceau fendit même le ciel, et plusieurs dizaine de millier d’éclairs de feu frappèrent la terre avant que tout ne s’arrête brutalement.

Le flash, juste avant la tombée des foudres de feu, aveuglèrent le prince et la dragonne, qui contre son gré, reprit une forme humaine. Ils ne surent pas ce de ce qu’il s’était produit autour d’eux : seule le son de millier d’éclairs et de millier de grondements les informèrent de la gravité du pouvoir de la foudre et du feu.

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