Chapitre 4 - L'odeur

5 minutes de lecture

Malheureusement, les recherches des enfants n’aboutirent à rien. D’abord, ils traversèrent toute la Prusse : pays où vivait autrefois Lissandru, Fiona et leur mère. Mais il n’y avait aucune trace de leur génitrice, et ce fut encore plus le désespoir dans leurs cœurs.

À cause des recherches, ils murissaient bien plus vite que des enfants. En vérité, ce n’était pas qu’ils murissaient vite, c’était que le temps passait : leurs corps ne grandissaient guère, en raison de leurs statuts mythiques, mais leurs esprits s’adaptaient à l’âge humain. Cependant, ils ne purent jamais mettre de date ou d’année à leur recherche ; ils n’avaient pas appris en quelle année ils vivaient, au moment de leur kidnapping.

Une fois passés par la Prusse, ils continuèrent alors en Grèce, mais encore une fois : rien. Alors, pendant une visite dans les débuts du territoire perse, ils décidèrent de faire une halte dans une petite bourgade forte sympathique. Quand les villageois les aperçurent, leurs surprises étaient à leur comble ! De si petits enfants qui voyageaient seuls, c’était absurde ! Pour autant, ils furent accueillis comme des rois, et nourrit comme des princes. Ils furent logés et vêtus correctement.

Lissandru et Fiona restèrent pendant dix jours dans le village : jusqu’à ce que l’heure soit venue pour eux de partir, reposés. Avant cela, ils passèrent dans un petit marché local, et croisèrent la route d’un étrange personnage. Ce fut Fiona la première, qui le remarqua ; et elle le fixait longuement, époustouflée par les brillantes ailes blanches de l’homme. Son visage était caché à moitié par un masque, mais il souriait. L’homme interpella la fille.

- Veux-tu quelque chose, jeune fille ?

- Non, mais vous êtes pas humain ! lui dit-elle, toujours impressionnée par la grandeur des ailes de l’homme-dragon.

- Donc tu me vois comme tel ? ricana-t-il, après tout toi aussi tu n’es pas humaine, mais une dragonne. Une jeune dragonne.

- Oui !

- Fiona ! appela son frère, qui avait remarqué qu’elle s’était éloignée

Il foudroya l’homme du regard avant de prendre la main de sa sœur.

- Ne t’éloigne-pas de moi, tu risques de te perdre !

- Mais tu as vu ? C’est un dragon comme moi !

-…

Lissandru observait plus attentivement l’homme, qui après un deuxième coup d’œil, n’avait pas l’air menaçant. Oui, c’était un dragon, blanc et majestueux ; ses ailes le laissait paraitre, en tout cas. Mais le garçon ne se laissait plus duper aussi facilement, et resta au côté de sa sœur, en position de protection. Il ne pourrait pas s’approcher, et il ne le devait pas si l’homme tenait à la vie.

- Sais-tu quel genre de dragon tu es, petite fille ?

- Oui, un dragon Sacre ! déclara-t-elle toute contente.

Les Sacres avaient la réputation d’être des dragons sans foi ni loi, violents et meurtriers, sanguinaires et sans pitié. Pourtant, d’après la mère de Lissandru et Fiona, les Sacres étaient les dragons les plus amicaux et respectueux qu’elle ait connus. Sage, droit et altruiste, ils essayaient malgré les rumeurs infondées, d’aider aux mieux les voyageurs et les villageois.

- Et ta maman, est-elle une dragonne ?

- Non, c’est une humaine, mentit Lissandru avant qu’elle ne réponde.

On ne doit pas donner des informations aux inconnus, songeait-il, vigilent.

Le sourire amusé de l’homme dragon tomba, et il afficha une moue que l’on pourrait décrire de triste.

- Je vois… maintenant, qu’est-ce que deux enfants font dans ce village perdu ?

- On se balade juste, grogna Lissandru agacé, allez viens Fiona, on s’en va.

- Mais je !

Le garçon la tira par le bras et l’entraina loin de l’homme dragon.

L'homme continua de les fixer, avant qu’ils ne disparaissent dans la masse de gens. Il leva son masque, et se tourna, dos à la foule, pour ne pas mettre à découvert le visage balafré de l’homme. Une cicatrice le traversait d’un œil, pour descendre par le nez et couper ses lèvres. Elle était horrible.

- C’est bien dommage que tu ne te rappelles pas… mais je suppose que c’est mieux ainsi…

~ M ~

Fiona et Lissandru avaient repris la route, après avoir (sans mentir) piller un marchand de viande fraiche. Fiona pouvait se permettre de la manger crue : un dragon ne cuisait pas son repas. Lissandru se le devait pour ne pas tomber malade. Sauf qu’il ne savait pas comment faire. Alors il se dit que la viande fraiche devait plonger dans le feu, et elle cuirait au fur et à mesure.

Erreur ! La viande grilla dans le feu.

- Raaaah, comment je mange maintenant ? maugréa-t-il, dégouté par le noir de la viande.

- Tu veux de mon morceau ? proposa Fiona.

- Je vais pas encore gâcher de la nourriture, je ne sais même pas la cuire !

- Tu es bête, c’est tout.

- Quoi ? s’indigna-t-il avant de tomber sur sa sœur, qui riait aux éclats.

Cela faisait un long moment que Fiona n’avait pas retrouver le sourire, et cela soulageait le cœur de Lissandru. Enfin elle ne pensait plus aux horreurs commise au cirque, elle pensait au futur.

La force de la fille-dragonne impressionna Lissandru quand elle le fit rouler sur le dos et plaça ses mains, changées en patte griffues, sur ses épaules pour le bloquer. Il se laissa battre facilement, pour la rendre fière.

Ils rirent ensemble, et elle s’allongea à son côté. Ils regardèrent les étoiles ensemble. Une étoile filante parcourut le ciel noir constellé de poudre blanche. Ils parlèrent tout deux du bon temps où ils jouaient dans le jardin à côté de chez eux ; où ils faisaient des farces à leur mère ; où ils mangeaient de bons plats, remplis de légumes et de viandes. Ces temps leur manquaient énormément.

Pendant que Lissandru et Fiona discutaient d’un jour où un marchand avait croisé leur chemin, une odeur étrange attira l’attention de la fille-dragonne. Elle changea sa forme pour devenir une dragonne, où ses sens étaient plus développés, et elle renifla le sol frénétiquement. Lissandru fronça les sourcils : il ne comprenait pas pourquoi sa sœur réagissait ainsi.

Puis, après trois minutes à suivre une étrange trace odorante, Fiona sentit que le sol était « cabossé ». La dragonne jeta une petite flammèche sur une herbe sèche, et observa attentivement la forme de la patte de l’animal. Celle d’un félin. Il avait une odeur familière, une odeur que connaissait les deux enfants –en tout cas, plus Fiona que Lissandru. Le garçon la rejoignit, intrigué par les agissements de sa sœur. Elle leva la tête vers lui : ses yeux s’étaient illuminés d’un nouvel espoir, et Lissandru comprit alors.

Ça y est, on est sur la bonne piste !

- Je reconnais l’odeur de maman. Maman est passée pas là ! Maman n’est plus très loin, Lissandru !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Lyncas Weiss ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0