Chapitre 1 - La décision du Seigneur

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Il y avait une histoire, que les plus ignorants avaient oubliés. Une histoire, entre le réalisme, la mythologie, l’absurde et l’aventure.

Dans les confins de la Sibérie, bien avant l’an zéro, supposée année de naissance du très connu Jésus, vivaient des hommes, femmes et enfants. Dans les anciens écrits, aucune description sur leur mode de vie, simplement qu’ils vivaient là. Cependant, personne ne savait que leur véritable maison était une immense cité sous terre, s’étendant sur plusieurs kilomètres. La construction de ce quartier général secret, était un mystère pour les scientifiques qui la découvrirent pour la première fois ; avant de subitement mourir sous les mains du chef.

Personne, en dehors des fidèles, ne ressortait du quartier général d’une secte méconnue à nos jours. Une secte qui a prospéré dans le temps, amené nombreux désastres mais aussi harmonie, qui a participé à la guerre et à la peste, ainsi qu’à la Fin du Monde. En soit, aucun homme, femme et enfant, n’étaient mauvais dans cette secte ; mais leurs principales missions n’étaient pas de cueillir la bonne parole de son Seigneur, loin de là. Ils en venaient même à arracher la vie de nombreux innocents et coupables, afin d’amener leur Seigneur en ce bas monde.

Le Seigneur, forme immatérielle sur Terre, avait la capacité de parler, avec la plus fidèle des fidèles. Celle qui, à sa rencontre, l’avait aidé à remettre sur pied cette croyance longuement disparu, et qui aujourd’hui, portait le nom de « Sainte Mère ».

Un soir, en l’an 998 avant Jésus-Christ, la voix de son Seigneur murmurait dans les oreilles de la « Sainte Mère » : il lui demandait de le rejoindre dans la Salle des Prières. Une salle, seulement réservée aux plus grandes personnes de la secte. La « Sainte Mère » ne se faisait pas injurier de sa longue marche lente dans les couloirs de la secte, ainsi que dans les extérieurs des bâtiments. Elle arrivait à la Salle des Prières en quinze minutes, après avoir pris le temps de discuter avec ceux qui en avait besoin.

Elle s’agenouillait, devant la grande statue de marbre, représentant un animal au dos plein d’épines luxuriantes et magiques. Le regard de l’animal, forme à laquelle le Seigneur avait pris forme pour la première fois aux yeux de la « Sainte Mère » fixait le plafond, haut et lumineux, qui débouchait jusqu’à la surface, au milieu d’un volcan éteint. Il se tenait sur ses deux petites pattes arrières, le nez fièrement redressé, son regard affichant une lueur d’espoir et de paix. D’entre les murs, la voix du Seigneur s’élevait.

- Plus fidèle des fidèles… Aslyn, « Sainte Mère Magenta ».

- Mon Seigneur, je suis ici pour écouter vos sages paroles, dit Aslyn, agenouillée, le regard au sol, la main au cœur. Je serais toujours à vos services, même si pour cela je dois payer le prix fort.

- Dans le monde de la lumière, les autres Seigneurs ne demandent pas à avoir de descendant dans le bas-monde. Car les descendants des Dieux, sont toujours incontrôlable, voire même terribles. Leur pensée dérive vers les faits que, s’ils sont enfants du Créateur, alors ils sont invincibles, et comprennent que jamais, leur Père ne leur infligerait de dommage.

- Je le comprends tout à fait mon Seigneur. Même si beaucoup de fidèles demandent à vous rencontrer dans le bas-monde, cela n’arriverait jamais. Il en va de même pour un descendant.

La voix rauque du Seigneur résonnait en un écho sur les parois de la Salle des Prières :

- J’ai pourtant, après de long siècles, réfléchi à ce choix. Pourquoi les Seigneurs ne veulent-ils pas de descendant ? Et j’ai eu la réponse exacte : il conduirait à la Fin de ce monde.

Comprendre que parce qu’un Dieu décidait de continuer sa lignée céleste dans le bas-monde conduirait à la fin de l’humanité, donnait froid dans le dos de la « Sainte Mère ».

- Dois-je saisir mon Seigneur, sans être impolie envers votre personne, que vous ne souteniez pas l’avis des autres Dieux ?

- Il en ait dans ce monde le plus raisonnable possible, de ne pas engendré la mort prématuré de la Terre. Cependant, dans bien des siècles, sa surface sera corrompue par l’Homme avide de puissance et de sang, et cela les conduira à leur propre perte. Néanmoins, il faut qu’un être parfait les conduise à cette fin extrême.

-…

- Parmi les nombreux Dieux de ce monde : grecs, romains, égyptiens, celtes, et magentaïques, je me dois d’être le premier, à décider du sort de ce monde.

La « Sainte Mère » releva la tête vers la statue, et plongea ses iris d’un rouge maudit dans le blanc marbre des yeux du hérisson.

- En pacte avec le Dieu des Enfers, et moi, Dieu tout puissant, j’accorde à ce bas-monde un être ni de lumière, ni de ténèbres. Il sera gris à sa naissance, et selon ses choix, il deviendra soit le blanc, soit le noir : le Bien, ou le Mal.

- Un des descendants de son Seigneur va-t-il faire son apparition dans ce bas-monde, ici même, dans la Salle des Prières ?

- Il en est là impossible.

Aslyn tressaillit.

- Je ne peux matérialiser l’enfant en ce saint lieu, car sa force obscure, donnée par le Dieu des Enfers, détruirait la pureté de cette pièce. De cette conclusion menée par moi-même, et le Dieu des Enfers, le descendant des deux Seigneurs entrera dans le bas-monde sous la lune d’argent, entre l’Etoile la plus scintillante et les Astres Félins.

Le silence emplissait le saint lieu, et Aslyn, la « Sainte Mère », regardait à terre de nouveau, face à la grande puissance du Seigneur. Un nouveau-né, moitié ange, moitié démon, moitié humain, qui descendait ici, sur Terre, le bas-monde, afin d’apporter la justice aux Hommes. La « Sainte Mère » sentait alors qu’un lourd poids, une mission de la plus haute importance, allait lui être apportée par son Seigneur. Après ce long temps d’attente, le Seigneur reprit :

- La plus fidèle de mes fidèles, « Sainte Mère Magenta », je te prie d’accepter le don de la maternité, et d’éduquer l’enfant de ton Dieu, afin qu’à l’âge adulte, il puisse comprendre les normes de la vie, ses horreurs, et juger le monde à son bon escient.

C’était donc cela. Aslyn allait devoir prendre part à l’éducation d’un enfant du démon ; un enfant juge, qui pourrait peut-être mettre fin à l’Humanité d’un claquement de doigt. Des sueurs froides perlaient sur son front, la nausée lui montait à la gorge. Etait-elle assez apte pour prendre part à ce genre de mission ? Malgré toutes ces questions, elle ne pouvait pas refuser un tel présent.

- J’accepte avec le plus grand de mes plaisirs votre don, mon Seigneur. J’éduquerais l’enfant, le descendant de mon Dieu, et je le protègerais au péril de ma vie. Je lui ferais voir le monde tel qu’il soit, jusqu’au jour où il jugera que le bas-monde a assez vécu, accepta-t-elle, la main au cœur, son organe battait la chamade.

- Bien. Je te guiderai, fidèle des fidèles, « Sainte Mère Magenta », vers le lieu où l’enfant fut gardé par les soins de la campagne. Guides-toi grâce au pieu du péché, élément fatidique du descendant, qui lui permettra de juger le monde à bon escient.

Un pieu noir, de la taille de la main d’Aslyn, lui atterrit entre les doigts, et elle remerciait son Seigneur du fond de son âme. Elle partait donc pour une longue mission, qui pouvait être fatale au moindre gros problème rencontré.

De ce siècle, le Seigneur des Magentas fut le premier à envisager une descendance dans le bas-monde.

~ M ~

Dans un autre recoin du bas-monde, où l’on priait un autre Seigneur, ce dernier fut au courant du choix du Dieu Magenta. Furieux parce qu’il avait pris l’option en premier, il décidait alors d’envisager le même choix ; mais différemment. Sa forme de serpent à quatre pattes et aux ailes plus grandes que l’Oural, transférait aux Hommes des légendes sur une créature titanesque, violente et anarchique : le dragon.

Le Sacre, le Dieu de ces créatures, se décidait alors de donner au monde naissance, à des centaines de dragon. Naquit de la terre du bas-monde, des dragons aux plusieurs couleurs : bleu, rouge, noir, blanc, mauve, gris… Leurs rugissements s’harmonisaient dans une myriade de trompettes, qui effrayait alors le monde entier. Les échos de leurs cris de triomphe traversaient la terre pour résonner aux murs du quartier général des Magentas, qui eut vent de l’annonce des descendants du Sacre.

La « Sainte Mère » comprenait alors qu’un autre Seigneur avait fait son choix sur un coup de tête. Elle grognait, se mordait la peau des doigts, et soupirait finalement. Cela ne changerait rien au Destin que son Seigneur avait choisi. Elle préparait ses affaires, son voyage avec quinze fidèles et un gouverneur ; elle allait entreprendre un long chemin pour atteindre le lieu ou dormait l’enfant de son Seigneur. Avant de sortir du quartier général, elle observait le pieu noir dans sa main : des lignes sur le pieu scintillaient de jaunes quand elle pointait dans une direction. Il indiquait naturellement l’emplacement de son hôte : l’enfant du Seigneur.

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