Chapitre 1

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 Le silence.

 Au centre du système solaire Sol brulait sa matière avec majesté et violence.

 Beaucoup de débris flottaient autour de lui, attirés par sa puissante gravité, fondant à son approche avant d'être consumés par la fusion nucléaire.

 Des gaz mêlés de petites particules solides et de fragments plus gros de roches erraient tout autour de l'astre et obscurcissaient légèrement sa luminosité.

 En s'éloignant de la naine jaune, certains de ces gaz se sublimaient dans le vide engendrant des fleuves s'étiolant comme des serpentins sur des centaines de kilomètres. Ils n'avaient d'autre cohérence que la forme que leur donnaient les différentes forces physiques en jeu, en particulier la toute puissante attraction de Sol qui les engloutirait, un jour, irrémédiablement.

 Autour de la Lune, un gros fragment de satellite automatisé brisé par des millions de collisions continuait d'échapper miraculeusement à la désintégration finale.

 La Lune captive uniquement de l'attraction solaire était parsemée de décombres et ses paysages de cratères et de plateaux étaient méconnaissables.

 À sa surface, un bloc de glace sale, de la taille d'une montagne réfléchissait le peu de lueurs du soleil qui parvenait à franchir son épais semblant d'atmosphère obscurci par des milliards de tonnes de matières.

 À y regarder de près, le cristallin d'un animal indéfinissable emprisonné dans cette glace renvoyait lui aussi de la lumière. Mort depuis cinq siècles, la bête observait le ciel lunaire au-delà duquel il cherchait peut-être à distinguer un des océans de sa Terre natale.

 Mais il n'y avait plus grand-chose à voir.

 Trois gros fragments d'une planète tellurique flottaient dans le vide, exerçant de complexes forces de gravitation entre eux, chacun atteint de sa propre révolution sur lui-même. Leurs activités volcaniques résultantes du Cataclysme s'étaient définitivement tues.

 Les seules traces de la présence d'une vie passée étaient captives de ces glaces en suspension.

 Essaimeraient-elles la vie ailleurs ? C'était peu probable.

 Un amas de poussières charria un reste d'enfant. Le bas de son corps était absent. Son visage congelé était figé dans un cri d'effroi et de douleur, à jamais réduit au silence.

 Un demi-immeuble de six étages de béton armé croisa l'orbite de ce bout d'homme gelé et le percuta transformant ce cadavre en un million de fragments étincelants.

 Sur un des murs criblés d'impacts de ce vestige de la civilisation, un reflet d'un spectre de lumière multicolore ondula sur la pierre calcinée.

 La Terre n'était plus.

 Quant à l'Humanité...

*

— Tiens-moi cette salope ! Je vais lui faire passer l'envie de recommencer.

 La jeune femme fut jetée à plat ventre. Son corps meurtri hurla de douleur. Ses côtes cassées irradièrent une souffrance qui lui déclencha une nouvelle nausée. Des cheveux se collèrent à son visage.

 La sueur ?

 Un gout métallique se joignit à celui de sa bile.

 Du sang.

 Le nez sur le sol, les effluves d'un mélange de lubrifiant mécanique et d'antiseptiques utilisés pour nettoyer ce genre de séance lui provoquèrent un haut-le-cœur.

 Un de ses tortionnaires s'allongea sur elle et l'écrasa de tout son poids pour l'immobiliser. Une technique habituelle de neutralisation. Elle parvenait à peine à respirer et une nouvelle panique monta en elle : la crainte de suffoquer.

 La jeune femme haleta et gémit prise d'une sourde terreur, mais ses efforts ne servirent à rien. L'homme était si lourd... Son angoisse se mêla à son épuisement pour la vider de toute énergie. Déjà que la pesanteur était intentionnellement plus forte dans cette prison...

 Tandis qu'elle tentait de refouler sa peur-panique d'étouffer, elle sentit les mains du S.I. agripper le bas de sa combinaison et tirer.

 Ce qu'elle craignait allait arriver.

 Elle était trop jolie pour se retrouver dans une cellule en présence de deux hommes des S.I. Elle l'avait su en entrant dans la cellule dès les premières minutes de son reconditionnement.

 Un bruit de tissu déchiré déclencha une nouvelle poussée d'adrénaline en elle.

 Elle tenta de mobiliser ses dernières forces pour lutter. En vain. Ils s'y mirent à deux. Ses deux mains furent plaquées douloureusement au sol par les poignets et un coup de matraque sur le crâne la sonna dissipant sa résistance.

 Son esprit prit de la distance avec son corps, mais elle resta consciente de tout.

 Alors qu'elle n'était plus qu'une poupée de chiffon dont on arrachait les vêtements, des larmes lui brulèrent les yeux.

 Elles se mêlèrent à son propre sang qui dégoulinait de son arcade sur sa joue tuméfiée et sa lèvre inférieure fendue après avoir heurté ses dents.

 C'est tout juste si elle entendait le râle masculin de celui de ses tortionnaires qui s'apprêtait à la violer. Elle perdit le contrôle de ses sphincters et un liquide chaud commença à se répandre.

— Espèce de grosse dégueulasse !

 Elle ne sentit même pas les coups qui plurent alors sur elle. Son corps devint une immense douleur.

 Seule une phrase tournait maintenant avec obsession dans sa tête et elle s'y raccrochait avec espoir.

« On va venir me sauver. »

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