CHAPITRE 18

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Le lendemain, à la lueur du premier rayon de soleil, l’envie de flemmarder dans mon lit s’évapora avec les premières chaleurs matinales. La veille, j’avais abusé de la légendaire hospitalité bulgare en présumant de mes forces, comme souvent d’ailleurs. J’avais en tête ces relents d’alcool frelaté qui tambourinaient à la surface de mes tempes.

Alors que généralement le dimanche est ce jour que tout le monde attend dans la semaine pour oublier les raisons qui nous poussent à travailler les six autres jours, les règles de la société civile s'arrêtaient aux frontières de certaines contrées lointaines comme à Katunci. Dans la campagne bulgare, le travail avait la vertu de nous faire passer le temps, de nous faire oublier que le nombre d’heures dans une journée peut être parfois trop long en n’ayant rien d’autre à faire que gamberger. Alors c’est vrai, ce dimanche matin, j’aurais pu faire semblant, prendre mon rôle d’invité à cœur et passer de longues heures à rêvasser dans mon lit. Au lieu de cela, après le petit déjeuner, je proposais à Maritsa de l’aider un peu. Elle accepta bien volontiers en m’expliquant qu’elle avait déjà bien assez à faire avec l’archivage des pièces qu’elle avait rapportées de Blagoevgrad. Je devais montrer aux cinq étudiants comment préparer les secteurs de fouille que Maritsa voulait étudier cette année.

Nous passâmes donc la matinée dans les sous-sols de la Basa pour organiser, ranger et archiver les caisses de tessons par secteur de fouille. Et dans les références indéniables qu’on pouvait attendre d’un chantier école pareil, il y avait du tesson de céramique à en faire un génocide, de quoi vous vacciner définitivement du terme : exhaustif. Il y avait du brun, de l’orange, du noir, du gris, du gros et du petit, de l’épais et du fin, de la tessaille de mauvaise qualité et du tesson poli qui brillait sous la lumière de nos lampes torches, du vase entier qui tenait dans les mains et des tessons plus gros qu’un rocher. Nous étions en train d’essuyer les pots cassés de vingt longues années de travail acharné pour récupérer, à plus de quatre-vingts pour cent, de la céramique usuelle qui ne dépassait pas les cinq centimètres carrés de surface. Dans le fond, c’était un bel exemple de rigueur et de continuité durant les années de fouille, et dans tout ça, le vrai génie, c’était de faire faire cela par d’autres.

Entre les poussières de plus de vingt ans, de vieilles toiles d’araignées et les quelques crottes de rongeurs, la matinée fut loin d’être à l’origine de cet éventuel rapprochement que j’avais espéré avec une de mes trois fulgurantes découvertes de la veille. La matinée m’avait laissé du temps pour les jauger et aucune d’elles ne semblait en mesure de se laisser amadouer par le premier venu.

Quoi qu’il en soit, quand nous eûmes terminé en fin de matinée le rangement des caisses, Maritsa nous donna quartier libre pour l’après-midi en me demandant de faire visiter le coin mes nouveaux compagnons. Il faisait chaud, et la simple idée de prendre la voiture me faisait déjà suer. À la place, je leur proposais de marcher un peu jusqu’à la Bistriţa. Le lit de la rivière était un bel endroit. Une saignée verte dans le paysage cramé par le soleil. De la route, elle ne s’imaginait pas. En contrebas, elle se cachait derrière un épais manteau de bouleaux, de tilleuls et de chênes qui la préservait de la chaleur. Dans ces moments, c’était tout bonnement un îlot de paradis au milieu des enfers. Sous la forêt, l’eau coulait secrètement. Tout le monde connaissait l’endroit, mais peu de personnes y allaient pour s’y promener. C’est un peu comme ce syndrome qui irrite le parisien quand on lui parle de sa ville et de ses monuments. Il n’aurait aucun mal à visiter sa ville de fond en comble et pourtant il ne le fait pas à moins qu’il y soit obligé. Et bien pour la Bistriţa, c’était la même chose. Les gens de Katunci ne s’y rendaient presque jamais.

Sur le chemin, j’en profitais pour en savoir un peu plus sur les deux garçons qui nous accompagnaient. À première vue, pas grand-chose ne les réunissait plus que cette belle et commune déclaration d’amour qu’ils faisaient à la bière bulgare sur un coin de table, la veille, durant la fête de Giorgi. Pour le reste, ils étaient, tous les deux, très différents. Mickaël était un peu plus grand que moi. Il portait un turban dans les cheveux, une grosse barbe, un sarouel dans les tons curry et une chemise blanche à col mao, sans oublier ses sandales en cuir qui terminaient de parfaire son look ethnique. Au fin fond de la Bulgarie, ça pouvait prêter à sourire, mais il portait ça avec un tel naturel que ça en devenait presque déconcertant même sur les terres de l’autochtone slave qui danse le Kazachok. Sur moi, sa fringue n’aurait pas eu beaucoup plus de flamboyant qu’un déguisement au rabais qu’on aurait loué à la dernière minute, trouvé dans le fond d’un rayonnage vide, un soir d’Halloween, à quelques minutes de voir le magasin de farces et attrapes fermer ses portes. Sur lui, la mode népalaise se conjuguait à l’européenne sans aucune faute de gôut. C’était certainement le genre de mec à se sentir à l’aise partout. Il me rappelait vaguement les fantômes de ces garçons que je croisai à la faculté. Ils étaient beaux, ils étaient grands, et ils avaient cette identité forte qui suscitait la curiosité des autres. Vous allez penser que je ne suis qu’un obsédé, mais c’était le genre de garçon à attirer les filles comme des mouches, enfin… surtout celles qui m’intéressaient. Il y avait quelque chose de mystique chez ces éphèbes ethniques qui attiraient inexplicablement le genre féminin en me laissant spectateur de mes envies profondes. Dans un certain sens, moi aussi j’étais singulier, mais personne n’avait été mis au courant, pas même moi, à l’instant où j’usais avec concupiscence les bancs de la faculté. Je me souviens que cette popularité, je la trouvais répugnante. C’est elle qui me poussa à me faire percer l’arcade sourcilière pour être, moi aussi, un peu plus authentique, un peu moins lisse. Aujourd’hui, avec le recul, même si la tige de métal, enfilée à mon arcade sourcilière droite, m’allait plutôt bien, elle ne fut pas à la hauteur de mes exigences secrètes. La balance ne pencha jamais du bon côté. Un instant, je le regardais en souriant. Je pensais que c’était peut-être lui qui avait des vues sur Astrid. Sur le chemin, il sortit de son turban, comme d’un chapeau de magicien, un à un, tous les accessoires indispensables pour se rouler une cigarette.

— Tiens, passe du feu, s’il te plaît demanda Mickaël à Joan en lui tapant sur l’épaule.

Joan retira son écouteur droit et lui demanda :

— Quoi ? qu’est-ce que tu veux ?

— Ton feu !

Joan, placide, hocha la tête et s’exécuta sans broncher. Il plongea sa main droite dans le fond de sa poche de pantalon et lui tendit un briquet Bic vert. Il avait l’air ailleurs. Il était loin du concept social qui favorise l’échange avec un inconnu, mais j’avais, tout de même, une forme d’affection innocente pour ce garçon. Il me rappelait quelqu’un. Joan, c’était l’étudiant type qui aurait bien essayé le piercing ou le tatouage pour impressionner son entourage. Il avait la classique panoplie de l’étudiant qui se cherche : jeans, baskets, tee-shirt et une coupe de cheveux laissée à l’abandon comme la seule extravagance dans une allure générale très classique. Ce n’était en rien une critique puisqu’en réalité, il me ressemblait plus que toute autre personne dans le groupe. Et quand je voyais son physique d’homme surmonté d’une tête d’adolescent juvénile un peu joufflu, je comprenais mieux pourquoi il avait encore du mal à s’affirmer. La seule différence entre lui et moi, c’est qu’à son âge, j’avais déjà la barbe bien fournie de son ami. Et c’est en quelque sorte, ce qui sauvait mes longues années de faculté. Michaël lui rendit le briquet après avoir allumé sa cigarette et le briquet tomba par terre. Je profitais de l’occasion pour le lui ramasser et entamer la discussion :

— Alors comme ça, vous voulez devenir archéologues ? demandai-je aux deux garçons.

— Archéologue ? c’est un bien grand mot, s’exclama Joan. Je ne sais pas vraiment si ça vaut le coup, quand on voit ce qu’on peut devenir.

Je prenais cette réflexion sans détour pour moi mais je ne relevai pas.

Mickaël éclata de rire.

La seule chose positive, c’est que les deux comparses avaient l’air d'être sur ma même longueur d’onde.

— Bon !!! et toi Mickaël, t’en penses quoi ?

— Moi ? je n’en pense pas grand-chose, juste qu’on avait l’opportunité de partir deux mois, tous frais payés, dans un pays qu’on ne connaissait pas, voilà tout.

— Tu avais deux mois à claquer, donc tu t’es dit : pourquoi pas ?

— Je n’ai jamais aimé fouiller. Je préfère encore laisser ça aux autres.

Ce garçon avait au moins la franchise de dire ce qu’il pensait, et ça, je trouvais que c’était une qualité.

— Pour sûr, tu n’as jamais été un gars de terrain, continua Joan.

— Je n’aime pas la fouille. Je n’aime pas la fouille et puis c’est tout. La seule fois où j’ai fouillé sur un site c’était pour tamiser de la terre toute la journée, sortir de terre des nucleus du mésolithique qui ressemble à s’y méprendre à des vulgaires cailloux et patauger dix heures durant dans la boue pour éventuellement trouver dans le sous-sol une fosse à détritus, un atelier de taille ou encore par chance les restes carbonisés de charbons de bois. Autant dire qu’au niveau extase, y aura toujours mieux.

— En tout cas, c’est sûr que ce n’est pas ce genre de site qui va créer la vocation directe, m’exclamai-je en rigolant. Je pensais alors à ma propre expérience du terrain mésolithique. Une catastrophe qui me faisait dire qu’il fallait bien être le responsable de la fouille pour prendre du plaisir à faire des ziggourats à longueur de journée.

— Ah ! la vocation, je ne l’ai pas eue du tout… me confia Mickaël, ça m’a plus dégoûté qu’autre chose du métier.

— Et tu n’as pas cherché à fouiller sur des périodes un peu moins ingrates ? Le néolithique ou encore des périodes historiques ?

— Non, je ne suis pas fait pour ça. C’est le terrain qui me file des ulcères. Rester en équilibre pendant des heures sur une planche en bois pour détourer de la céram ou du nonos, ce n’est pas mon kif. Moi, j’aimerais travailler en laboratoire de restauration. Je me suis inscrit à l’école du Louvre l’année prochaine en même temps que la fac et j’espère bien trouver de la place dans l’UV de restauration cette année.

Joan n’avait toujours pas pris part à notre conversation.

— Et toi alors Joan, t’es comme ton pote ou c’est pour la science que t’es là ?

— Moi ?

— Et bien… m'exclamai-je étonné, en tout cas, ce n’est pas l'enthousiasme de te retrouver dans un pays étranger qui va t’étouffer. La prochaine fois, cache ta joie…

— Je n’ai pas envie de parler c’est tout…

— Qu’est ce qui lui arrive à ton pote ? demandai-je à Mickaël

Je ne savais pas ce qui était marrant, mais mon intervention lui décrocha un sourire presque instantanément.

— Hier soir, il s’est fait rembarrer par Astrid… me confia Mickaël en chuchotant.

— Ah merde… Et du coup, il compte être désagréable comme ça durant tout le séjour ?

— Non, ça devrait lui passer rapidement. Il en a pris l’habitude maintenant.

— Bon, ça va les gars… Je ne suis pas sourd, non plus… J’ai trop bu, j’ai essayé et je me suis planté.

Joan retira ses écouteurs et les rangea dans sa poche de jean.

— Moi, je suis plus pour la version : t’étais bourré, Astrid pas assez, et tu t’es fait rembarré comme un vieil ivrogne, dit Mickaël.

— C’est à peu près la version officielle, me confirma Astrid en se retournant sur nous trois.

— Merci, je vous remercie tous pour ce soudain élan de solidarité, pesta Joan.

— Ben si tu ne sais pas gérer, tu n’as qu’à arrêter de boire, sermonna Delphine.

— J’y penserai la prochaine fois pour oublier ta gueule…

— Bon, le principal c’est qu’Astrid le vive bien, quand même ? m’exclamai-je en espérant porter un point final à la discussion.

— C’est surtout qu’elle en a pris l’habitude, continua Mickaël.

Je regardai aussitôt Joan.

— Pourquoi ? T’es du genre à pas lâcher l’affaire ?

— Non, il est du genre à offrir des fleurs.

— Comment ça ?

Je regardai Mickaël interrogatif.

— C’est le seul gars que je connaisse qui envoie encore des fleurs aux filles pour leur déclarer sa flamme.

— Vraiment ? t’as pas fait ça ? demandai-je à Joan en lui empoignât le bras.

Joan haussa les épaules.

— Astrid. C’est Astrid qui devait logiquement succomber aux charmes du bouquet de fleurs…

— Oui, c’est bien moi dont on parle… me confirma-t-elle, et je dois dire que cette histoire a encore le mérite de me faire sourire.

— Je suis rassuré. Et moi, qui pensais que ça devait être tabou… dis-je sincèrement.

— Tabou… ça l’est toujours, mais ça dépend pour qui, m'avoua Joan. Combien de fois je vous ai demandé d’éviter de parler de ça, bordel ?

— Oh arrête, encore la dernière fois, on en rigolait ensemble, enchaîna Mickaël.

— Ouais, ben là, c’est différent. On n’est pas, non plus, obligé de laver notre linge sale en publique.

— Tu dois quand même avouer que pour le coup, le bouquet de fleurs à Astrid y a peut-être une erreur de casting, m’exclamai-je en sermonnant Joan. Tu vois, à ta place, j’aurais plus été tenté de lui offrir un rat, une poupée Vaudou, un NAC ou encore un kit complet de crucifixion pour jeune gothique en herbe, enfin, quelque chose d’un peu plus underground que le bouquet de fleurs de l’amoureux transis.

— Je t’arrête tout de suite, je suis allergique à tout ce qui est à poil, rétorqua Astrid

— Je ne faisais que des propositions !

— Merci, on l’avait bien compris. Par contre pour le stéréotype, on ne repassera pas en deuxième semaine, s’exclama Astrid.

— Bon, ben vois-tu, tout compte fait, tu devais certainement avoir la bonne approche…

Joan ne me répondit pas. Il baissa les yeux. Le haut de ses pommettes diffusait lentement son embarras.

— Non, pas du tout, mais c’était la première fois qu’un gars m’offrait des fleurs, continua Astrid.

Voyant Joan gêné, elle accourut vers nous. Elle lui sauta dans les bras, et l’embrassa tendrement sur la joue.

Joan esquissa un sourire.

— Tu as été le seul à faire ça, Joan, ce n’est déjà pas mal, non ? continua Astrid.

— C’est sûr qu’avec un tel pedigree, je me traîne la honte à la fac depuis plus de deux ans.

Joan m’attrapa le bras, comme s’il avait quelque chose d’important à me dire. Il me regarda droit dans les yeux et me confia :

— Et tu ne sais pas tout.

— Non, mais tu vas me le dire !

Avant même d’entendre la réponse, Mickaël gloussa dans son coin.

— Toute l’année, j’ai bouffé de la pub Monceau fleurs. En mars, j’ai même un prof qui m’a demandé, un jour, si je comptais ouvrir une boutique. Toutes les semaines, j’avais le droit à mon petit prospectus jusqu’à ce que Mickaël m’illumine de son génie.

— Ce n’est pas moi que tu dois remercier mais plutôt Gillette, rétorqua Mickaël.

— Et Gillette ? C’est qui ?

— C’est un prof de TD. C’est celui qui voulait en savoir un peu plus sur la carrière floristique en devenir de Joan.

— Je ne comprends toujours pas ?

— Mickaël, continua Joan, il m’a inscrit à un CAP au cours de l’année. Un jour, alors que j’allai pour récupérer mon courrier dans la boîte aux lettres, j’ai trouvé à l’intérieur un dossier d’inscription pour une formation de fleuriste en alternance.

— Tu n’as pas osé faire ça ? demandais-je à Mickaël en le suppliant de me dire non.

— Tu ne peux pas me dire que ce n’était pas une belle intention de ma part, s’enthousiasma Mickaël.

Je regardais Mickaël pour le jauger son niveau de satisfaction. L’œil était pour le moins très brillant. Il avait l’air fier de ce coup de génie.

Moi, j’avais du mal à garder mon sérieux.

— Je suis un pote mec… Si l’idée t’avait un jour encore effleuré l’esprit d’offrir des fleurs, ça t’aurait, au moins, coûté moins cher.

— Et rappelle-moi pourquoi je ne t’ai jamais remercié ?

— Je ne sais pas ? Dis pour voir ?

— Parce que t’es un gros con…

— Si ça peut te rassurer on porte tous notre croix, continuais-je pour le rassurer.

— Ça c’est sûr, regarde Roman, il est antiquaire, s’exclama Sarah en se retournant sur nous.

Je levais le pouce en l’air pour remercier Sarah de son intervention au combien inintéressante.

— Je ne suis pas non plus sûr qu’il se sente l’envie de se faire catapulter sur la lune, de changer une fois pour toutes d’identité. Moi, c’est ce que j’ai vécu, il y a deux ans.

— Bon, je ne sais pas si ça suffira pour te consoler, mais au fond, Astrid a raison. Tu as été une de ses premières fois.

Je comprenais très bien la frustration de ce gars. Ça puait à dix kilomètres à la ronde ce que j’avais déjà vécu avec Bérénice. Elle avait, elle aussi, cette compétence innée pour arriver à frustrer les gens comme personne. J’aimais bien l’histoire de ce bouquet de fleurs. Je n’avais jamais eu le courage de le faire pour Bérénice et juste pour ça, je respectais la démarche de Joan. Il y avait quelque chose de désuet et de démodé dans cette approche du sentiment qui me parlait. Comme dans la boutique de mes parents, ça sentait le vieux souvenir poussiéreux que d’antiques amoureux s’échangent à la fin d’une vie bien remplie.

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