Courir !
Se dépêcher, pas de temps à perdre.
Travailler vite.
Dormir en quatrième vitesse.
Emprunter des raccourcis, les ascenseurs et les tapis roulants.
Cuisiner au micro-onde, manger sur le pouce, boire des expressos.
Faire l’amour dare-dare, jouir comme l’éclair.
Démarrer sur les chapeaux de roue, prendre des trains express.

Ralentir !
Flâner, le pas léger, les mains dans les poches, humer l’air du temps, s’asseoir au bord du chemin, entre myosotis et primevères.
Enlacer le ciel, se fondre dans l’horizon, cueillir la marguerite, effeuiller les amours, un peu, beaucoup, passionnément.
Confier au vent les mots en émoi d’un amant mystérieux.
Aimer les averses, courir sous la pluie, frisonner, réveiller le feu, se dévêtir, glisser dans un chandail douillet et swinguer avec Sydney Bechet.
Et le soir venu, drapée de mousseline, fleurs dans les cheveux, s’abandonner au tango, dans les bras d’un milonguero.
Se souvenir des jours morts à sillonner l’improbable en quête d’un bonheur qui n’est pas le mien.
Quitter les chagrins, les tristesses et les larmes, rouler dans l’herbe, sourire au soleil, vagabonder au gré des saisons, le long des rivages éphémères.
S’aventurer, fouler les manteaux enneigés, goûter au silence assourdissant en attendant les aurores boréales.
Se perdre dans les ruelles, à l’affût d’un fado, écrire des poèmes pour les oublier sur un banc.
Jouir d’un festin, mordre dans le fruit opulent, s’enivrer des breuvages soyeux, affoler les papilles qui hésitent entre un setteveli qui s’impatiente, et un saint-honoré qui s’ennuie.
S’assoupir sous un tilleul
Se languir des nuits sans sommeil
Rêver son souffle chaud
Ses lèvres sur mes reins
Rêver…