Chapitre 52 : Loren

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J'étais vidée. Snoog avait été d'une efficacité redoutable pour trouver un taxi et nous ramener à l'appartement. Retrouver ce qui avait été mon cocon durant les mois passés me fit du bien, mais je m'étais laissée tomber sur le canapé à peine arrivés. Lui avait ouvert le frigo, en avait sorti deux bières et avait descendu la moitié de la sienne d'une traite. Je n'avais pas touché à la mienne qui demeurait sur la table basse. Snoog la poussa pour s'asseoir face à moi. Il me prit doucement les mains, caressant mes doigts. Je lâchai un léger soupir. Je savais que ce serait dur, que Jim pourrait se montrer blessant, mais j'avais espéré que les papiers seraient suffisants pour que le juge rende sa décision et reconnaisse la paternité de Snoog. Or, pour l'heure, il me semblait que nous n'avions pas avancé d'un pouce et même, que Jim avait encore des arguments en sa faveur. Et sa propre reconnaissance de paternité au moment de la naissance d'April n'était pas des moindres. Sans compter sa demande de droit de garde... Heureusement que le juge avait coupé court.

- Loren ?

La voix de Snoog fut comme une caresse et je rouvris les yeux.

- Il peut rien. Il peut rien prouver. C'est moi. Jenna et Ally nous l'ont encore assuré. La prochaine analyse ne fera que confirmer les choses. Et le juge ira dans notre sens. Sans compter les erreurs qu'il a commises à ne pas te verser l'aide comme il aurait dû le faire. Et n'oublie pas qu'il n'a même pas été fichu de se souvenir de la date d'anniversaire d'April.

Il n'avait pas tort. Quelques semaines plus tôt, nous avions fêté tous les trois l'anniversaire de notre petite puce. Snoog était arrivé en pleine nuit, en taxi, après le concert donné à Manchester. Il avait passé la journée avec nous deux et était reparti le lendemain matin, très tôt, car le groupe jouait le soir à Liverpool. Gordon l'avait laissé venir parce qu'il avait bien compris qu'il n'avait pas le choix et tant pis s'il n'avait pas eu autant la pêche que d'habitude, Liverpool s'en remettrait. Pour rien au monde, il n'aurait manqué les deux bougies d'April. Et, comme moi, il avait pu constater que Jim n'avait pas daigné téléphoner. Il ignorait encore tout de la vérité, pourtant.

Je secouai doucement la tête, puis je lâchai sa main, portant la mienne à ma tempe. Une céphalée commençait à poindre.

- Ca va pas ? fit-il, inquiet.

- Je suis fatiguée, dis-je. Je crois que je vais avoir un mal de tête carabiné. Trop de tension, là...

- Tu veux manger un peu ? proposa-t-il.

- Pas faim, répondis-je.

- Ok.

Il se leva alors, reposa sa bouteille vide à côté de la mienne toujours pleine, me reprit les mains et me força à me lever.

- Détente, fit-il en poussant la porte de la chambre et en m'y entraînant.

Je ne me sentais aucune énergie, aucune volonté pour lui résister, tant j'avais l'impression d'être une poupée de chiffon. Mais la force de ses bras, la tendresse de son premier baiser, la douceur de ses mains ouvrant mon corsage, puis faisant glisser ma jupe m'apportèrent déjà ce qu'il m'avait promis : de la détente.

Je me laissai faire, je le laissai faire et, très vite, je fus nue devant lui. Sans un mot, mais avec ce regard bien décidé que je lui connaissais, il m'invita à me glisser dans le lit. J'en profitai alors pour le regarder retirer du même geste le sweat et le t-shirt qu'il portait, puis ses jeans et son caleçon qu'il jeta derrière lui. Puis il rampa jusqu'à ce que son visage se trouvât au-dessus du mien. La chaleur qui se dégageait de son corps embrasa le mien et je sus que j'allais défaillir une fois encore. Bordel ! Que c'était bon de faire l'amour avec lui... Comme s'il savait exactement de quoi j'avais envie et, pour l'heure, surtout de ce dont j'avais besoin...

Que dis-je qu'il m'embrasait... Ses lèvres allumèrent un véritable incendie dans mon corps alors qu'elles glissaient de mon cou à ma poitrine, suçotant avec délectation mes tétons dressés. Ses mains n'étaient pas en reste, me parcourant tant et tant, frôlant, caressant, insistant, m'ouvrant à lui pour qu'il vienne en moi et m'emporte là où j'oubliais toujours tout.

Sauf nous.

**

Quand je repris quelque peu conscience que la Terre n'avait pas arrêté de tourner quand bien même nous l'aurions oubliée, il faisait déjà nuit. La douce clarté de la ville et de la lune conjuguées éclairait la chambre et notre lit sans dessus dessous. Je me demandai quelle bataille Snoog avait menée, quel combat j'avais soutenu pour en arriver à un tel résultat. Puis je songeai que lui comme moi avions voulu non seulement oublier durant quelques heures la journée qui venait de s'écouler, mais aussi chasser, terrasser la crainte que la détermination de Jim avait fait naître en nous. Et sans doute, surtout en moi.

Snoog devait s'être réveillé avant moi ou peut-être même n'avait-il pas dormi après nos étreintes. Son regard était rivé au mien. Comment pouvais-je douter qu'April ne soit pas sa fille quand leurs azurs se rejoignaient autour d'un même soleil ?

- Loren, souffla-t-il.

J'entrouvis légèrement les lèvres. Rien que mon prénom ainsi murmuré, de ce ton caressant, qui roulait sur sa langue avec une chaude rondeur et j'étais encore prête à m'abandonner. Je ne pus émettre qu'un léger gémissement et je vis un éclat de désir traverser son regard. L'expression de son visage ne changea pas et il ne fit pas d'autre geste que celui de tendre la main vers moi et de repousser une mèche de mes cheveux sur le côté.

- Il ne peut rien contre ce que nous construisons. Rien.

Je demeurai silencieuse, mais vins me blottir contre lui. Mes bras entourèrent sa taille, ma joue se posa contre son cœur, mes lèvres effleurèrent sa peau alors que mon ventre se collait au sien et que ma jambe passait par-dessus sa hanche.

- T'es affamée, on dirait, fit-il et je devinai qu'il souriait.

- Autant que toi, répondis-je en sentant son sexe se dresser contre ma cuisse.

Il n'ajouta rien, mais me fit basculer sur le dos pour m'emporter dans un nouveau voyage.

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