Chapitre 17 : Loren

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- On se revoit à Wembley ?

- Ok, lui souris-je.

Snoog s'apprêtait à monter dans le train. Je l'avais raccompagné à la gare. Il avait meilleure mine que vendredi : je l'avais senti encore très soucieux pour Jenna et Lynn. Tant mieux si le week-end lui avait fait du bien.

Il avait posé son sac au sol et m'entoura de ses bras, me rapprochant de lui. Nous nous embrassâmes une dernière fois avant qu'il se détourne et monte dans le wagon. Un dernier signe de la main par la fenêtre, un dernier sourire et le train s'ébranla en direction du nord.

Je ne demeurai pas longtemps sur le quai et rentrai bien vite chez moi. J'avais du travail devant moi, mais le retour fut difficile. Je n'avais pas l'esprit à cela. Le week-end avait été on ne pouvait plus mouvementé.

Je me préparai un thé, tout en faisant un peu de rangement dans la cuisine. Nous avions pris un bon brunch et tout était resté en plan afin de pouvoir profiter d'un dernier câlin sous la douche. Malgré le froid, j'ouvris un peu la fenêtre : j'avais besoin de mettre de l'ordre dans mes pensées tumultueuses et j'espérais que l'air frais m'y aiderait.

Il était reparti comme il était venu. Libre comme l'air. Je ne devais rien attendre de lui, du moins, rien de plus que cette amitié étrange et quelques heures torrides, glanées ça et là, quand l'envie le prenait ou quand les aléas de nos contraintes professionnelles nous le permettaient et permettraient, à l'un comme à l'autre. Il n'y aurait rien de constructif, rien de stable.

"Ne tombe pas amoureuse de lui ! Ne tombe pas amoureuse !"

Je me pinçai le nez alors que des larmes menaçaient et que ma conscience me rappelait à l'ordre. J'avais toujours eu cet adage à l'esprit, surtout après notre escapade dans le nord de l'Ecosse. Etais-je donc plus fragile ou plus sensible à son aura aujourd'hui ?

Je refermai la fenêtre de la cuisine, terminai mon thé et passai dans la salle, bien décidée à me mettre au travail. Je replaçai deux petits coussins sur le canapé, trouvant glissés là deux sachets de préservatifs que nous n'avions pas utilisés, et soupirai : Snoog avait été capable d'en disséminer à peu près partout et je ne serais pas surprise d'en trouver d'autres au moins dans mon lit.

Il m'était difficile d'oublier ce qui s'était déroulé là, la veille. Comme il me serait difficile d'oublier ce qui s'était passé dans ma chambre, sous la douche ou même dans la cuisine... Snoog avait un appétit impressionnant et je ne parlais pas là de son estomac... Mais je devais bien reconnaître que je n'avais pas été en reste pour nos étreintes car elles avaient vraiment un goût de "reviens-y".

Mais nous n'avions pas fait que du sport en chambre. Ou même du sport dans toutes les pièces. Il s'était confié aussi, sur cette première tournée mondiale, sur ses inquiétudes pour Jenna et Lynn, sur les questionnements que cette grossesse difficile posait à tout le groupe. J'avais senti, au cours de nos échanges, combien il était proche d'eux tous, combien le groupe était une entité soudée. Sur scène, ils savaient allumer le feu et déployer une énergie incroyable. Ils puisaient tous cette force dans leur entente, leur amitié. Et les filles, Ally et Jenna, ainsi que Gordon Barney, faisaient partie de cette unité. C'était une belle chose. Et j'espérais pour eux que cela continuerait.

Mais moi, je devais reprendre ma vie. La plus normale possible. Oublier ces moments de folie, ces moments de partage aussi. Ne pas penser, ne pas espérer que notre complicité pourrait déboucher sur quelque chose d'autre.

Car c'était une relation sans avenir.

**

- Il est plutôt pas mal...

Stacy entoura mes épaules de son bras et poursuivit en jetant un œil derrière nous, alors que nous nous trouvions à nous servir un verre. Nous avions été invitées par des amis pour une fête d'anniversaire et c'était l'occasion de faire de nouvelles rencontres, d'autant que nous ne connaissions pas la moitié des invités, peut-être seulement un tiers tout au plus.

- Oui, c'est vrai, fis-je. Il a l'air sympa...

- Loren... T'es le nez dans tes projets, profite un peu ! T'as eu personne de sérieux depuis Dylan, à mon avis, lui, il a tout du bon candidat...

Je lui souris doucement. Stacy ne savait pas que, parfois, j'avais l'occasion de profiter un peu. Et même beaucoup. Mais que ça ne durait jamais très longtemps. Et que ce n'était pas sérieux.

D'autres personnes s'approchèrent, nous échangeâmes, puis nous revînmes auprès du groupe avec lequel nous discutions. Jim me sourit. Stacy avait raison. Il était assez beau garçon, il avait l'air gentil et sympathique. Il n'était pas du genre grande gueule et ne cherchait pas à épater la galerie. Hum et il était plutôt pas mal, avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds coupés courts et bouclés. Un autre blond aux yeux bleus. Mais pas le même blond, ni le même bleu. C'était aussi bien. Pas d'amalgame, comme cela.

La soirée se poursuivit ainsi, l'ambiance était vraiment sympa. J'appréciai beaucoup et Stacy avait raison : cela me changeait les idées et j'en avais besoin. Nous rîmes, nous dansâmes et je repartis avec le numéro de Jim en poche, et lui avec le mien.

De retour chez moi, vers les 3h du matin, je m'installai un moment sur le petit balcon de ma chambre. La nuit était froide, mais très calme, comme l'étaient parfois les nuits d'hiver. Quelques rares voitures circulaient, laissant les traînées orangées de leurs feux au croisement. J'eus une pensée pour Snoog qui se trouvait encore en Irlande, à Belfast. Dernière étape là-bas avant de revenir en Angleterre.

Je devais le laisser en arrière, avancer. Le laisser surtout là où il devait demeurer : l'ami, parfois le confident. Mais rien de plus. C'était encore différent de Dylan qui appartenait totalement au passé. Snoog... Snoog serait toujours "à part". Un drôle de soleil dans le petit coin de mon jardin secret.

Et, deux jours plus tard, je rappelai Jim pour que l'on puisse se revoir.

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