Rêveries.

4 minutes de lecture

Son parfum. C’était la chose qui avait le plus retenu son attention. Il était agréable, avec une note douce et légère, tout à fait à l’image de celle qui le portait. Ils étaient tous les deux assis sur un des bancs en pierre du lycée, et profitaient du moment présent. Ce jour-là, leur professeur s’était absenté une énième fois, et la classe avait, une fois de plus, deux heures de libres. Dans ces cas-là, il allait jouer au football avec ses amis, au lieu de réviser comme les autres élèves de sa classe à cette période de l’année ; mais cette fois-ci, il avait refusé leur invitation pour passer un peu plus de temps avec elle. Les examens du baccalauréat approchaient certes, mais l’idée de réviser ne l’enchantait pas vraiment.

Par chance, le banc sur lequel il était assis avec sa petite amie se trouvait sous un arbre, qui leur procurait de l’ombre et un air doux et frais.

- A quoi tu penses, Abdoulaye ?

- A rien, répondit-il instinctivement. Pourquoi tu demandes ça, Codou ?

- Parce que je viens de te poser une question et que tu ne m’as pas répondu.

Lui qui était d’habitude si sûr de lui, il perdait tous ses moyens face à elle. Ses amis le charriaient beaucoup sur ce point-là.

- Je suis désolé, dit-il.

- Tu penses aux examens, si tu préfères réviser, il faut le dire.

- Non, pas du tout, j’aime bien être avec toi, c’est plus intéressant que d’avoir le nez dans des bouquins. Alors, quelle était ta question ?

- Qu’est-ce que tu préfères chez moi ?

Il n’en savait rien. Elle était très sportive et extrêmement sociable. Quand elle était avec lui, il avait l’impression de vraiment exister. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il l’aimait, peut-être était-ce normal de ne pas savoir quoi répondre.

- Ton incroyable beauté, dit-il avec un sourire au coin des lèvres.

- Arrête de te moquer de moi, tu veux ? répondit-elle en lui donnant une tape derrière la tête, je suis sérieuse et toi tu trouves le moyen de blaguer.

- Je suis plus que sérieux, ton charme d’actrice de série de télé me cloue sur place.

Elle ne lui avait pas répondu et avait juste caressé son visage en souriant.

- Ce n’est pas dôle.

- Alors pourquoi tu souris ?

L’instant d’une seconde, une ombre venait de passer devant eux, le vent l’accompagnait dans son mouvement. Codou s’était levée pour la suivre. Elle revint avec l’ombre qui se révélait être une de leurs camarades de classe.

- Vas-y, répète-moi ça devant elle, dit-elle en fronçant les sourcils.

- Ça va beaucoup trop loin. Et pourquoi je dois le dire devant elle, spécialement ?

- Parce qu’elle est plus jolie que moi et que tu ne sais pas me mentir.

Evidemment que Codou n’était pas une des plus jolies filles qu’il ait vues. Ses joues et son front étaient perlés de tâches et de quelques boutons, et elle n’était pas attirante physiquement.

- Je te le redis : tu es la plus belle, tu es contente ?

- Arrête, tu ne nous as même pas regardées.

- Je n’en pas besoin, je le sais déjà.

Leur camarade de classe s’était excusée après avoir entendu la réponse d’Abdoulaye, et était repartie. Codou avait repris sa place à côté de son petit ami et avait posé sa tête sur son épaule.

- T’es pas croyable, lâcha-t-elle.

- Je suis juste sincère.

Ils étaient restés un long moment sans se parler, puis Codou dit :

- J’ai vu que tu évitais son regard.

- Vous étiez dans l’angle du soleil, je n’avais pas trop le choix.

- Non, tu le fais constamment. A force, je l’ai remarqué. Vous vous êtes disputés ?

Il ne pouvait pas lui mentir, il en était effectivement incapable.

- Non, on ne s’est pas disputés …

- J’ai eu peur pendant un instant. Alors, c’est quoi le problème ?

- Je ne sais pas, je ne peux pas la saquer, comme tout le monde dans la classe …

- Parce qu’elle ne parle à personne et qu’elle snobe tout le monde, elle pense être la meilleure dans tout, continua-t-elle.

- Exactement.

- Je déteste ce genre de meufs, avec leurs grands airs, j’ai juste envie de les frapper.

- Tu n’es pas la seule à penser comme ça.

Elle avait fermé les yeux et un sourire se dessinait sur son visage.

- Tout le contraire de cette fille, qui est sympa et adorable.

- Quoi ? s’étonna-t-il.

- Oui, c’est une fille cool je trouve, et en plus c’est mon amie.

- Tu viens de dire le contraire tout de suite.

- Je n’ai répété que ce que vous dites tous. Elle pourrait devenir ton amie. Et peut-être qu’après ça, tu la connaîtras comme je la connais.

- Ami avec cette fille, y’a aucune chance que ça arrive, je te l’ai déjà dit, je ne peux pas la saquer !

Un silence s’était installé peu à peu entre eux, avant que la voix de Codou, lointaine et douce, ne finisse par dire :

- Tu n’en sais rien, car tu ignores beaucoup de choses, Abdoulaye …

Il se réveilla en sursaut et regarda autour de lui. Il n’avait pas bougé de sa chambre et était bien dans son lit, seul. Tout ça n’était qu’un rêve. Il se recoucha après avoir regardé l’heure sur son portable. Il observait le plafond en repensant à cet étrange rêve qu’il venait de faire, ce rêve qui était plus la rémanence d’un vieux souvenir qu’autre chose. Pourquoi cette vision du passé revenait-elle le hanter maintenant, pourquoi ? …

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire birf ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0