Chapitre 1

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Vous connaissez sûrement la Légende de Thomas le Valeureux. Qui ne la connaît pas. Vous avez probablement été transportés par la grandeur de cette aventure épique, bouleversés par l’héroïsme de ses protagonistes, enchantés par le sublime de la prose et la virtuosité avec laquelle le narrateur en dépeint les moindres détails. J’en sais quelque chose, c’est moi qui l’ai écrite. Mais ce que vous ignorez sans doute, c’est que bien que ce récit relate la vie du bien réel Thomas de Boisvert, il n’en retranscrit pas l’exacte vérité. Pour être tout à fait franc, il s’en éloigne même à maintes reprises, et la légende n’aurait certes pas été aussi grandiose si l’imagination de son narrateur n’avait été aussi débordante. En clair, la glorieuse destinée de l’illustre Thomas, ainsi que la brillante carrière de votre serviteur, reposent en grande partie sur un incroyable tissu de mensonges et d’exagérations. Ceci explique que le présent manuscrit ait été aussi bien caché et qu’au moment où vous le lisez, si tout s’est passé comme prévu, je suis mort depuis longtemps.

Après cette brève introduction, venons-en donc aux faits. J’étais à l’époque un jeune scribe anonyme et pathétique, comme il en existe tellement dans cette profession, rêvant de richesse et de gloire et luttant chaque jour pour sa survie. Cet emploi au service du plus jeune fils du comte de Boisvert avait donc le mérite d’être grassement payé, ce qui n’arrive pas tous les jours, tout en me donnant une opportunité de retranscrire de hauts faits qui rentreraient dans la légende. Sur ce dernier point, cependant, j’étais quelque peu dubitatif. Non pas que Thomas de Boisvert ait été dépourvu de force, de courage ou de charisme. C’était un combattant particulièrement doué qui n’avait pas lésiné sur l’entrainement. Sa fougue juvénile, qui de mon point de vue n’était que pure inconscience, aurait pu passer pour du courage. Quant au charisme, eh bien, il faut avouer qu’il jouissait d’un physique particulièrement avantageux, ce qui constitue une qualité bien souvent suffisante pour devenir un objet d’idolâtreries. Thomas avait a priori toutes les dispositions pour devenir un héros de légende. Pourtant, je ne parvenais pas à m’en persuader. De mon point de vue de scribouillard frustré, il n’était rien de plus qu’un jeune crétin arrogant prêt à tout pour attirer l’attention sur sa ridicule personne. Je n’avais pas tout à fait tort.

C’est donc avec résignation, sans illusion aucune et attiré par l’appât du gain que je m’embarquais dans cette aventure. La quête initiatique du benjamin de la famille de Boisvert, qui devait nous emmener au bout du monde et au sommet de la gloire. Pour l’heure, elle nous emmena jusqu’au village le plus proche. Il faut bien commencer quelque part.

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