Paul.

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Une tête !

Je reprends mes esprits, il y a une tête coupée dans cette putain de boîte ! Merde, je suis dans Seven. Je dérive. Il faut que j’arrête ça tout de suite. La réalité, il faut que je m’accroche à la réalité. Bordel, y a une tête… Non, la tête de Paul coupée dans une boîte. J’ai la bouche sèche, je me racle la gorge et je lui crache dessus à cette tête de con. Je vacille à nouveau, fais chier, mais qu’est-ce qui s’est passé ici ? Est-ce moi qui l’ai décapité ? Il faut que je me rassoie.

Je fais demi-tour, « Aille ! » Je ramasse le couvercle, que mon pied nu vient de heurter. C’est con ce truc, un couvercle ça couvre une boîte ou ça s’emboîte sur la boîte. He ho ! redescends sur terre, t’es pas en train d’écrire, t’as des problèmes autrement plus importants que des putains de répétitions, alors, pose-le dessus et ancre-toi dans la réalité. Pour commencer, pourquoi t’es pieds nus et surtout qu’est-ce que Paul fout ici ?

J’l’ai viré de chez moi avant Noël. C’est toujours comme ça avec les mecs. Paul j’l’ai rencontré aux Utopiales. Beau gosse, bien foutu, bon coup, on a passé le festival ensemble, j’lui ai filé mon 06, bye. Le samedi suivant « allô, j’suis à Paris on passe le week-end tous les deux ? », pas mieux à faire j’ai dit OK.

Y s’est pointé toutes les semaines, est devenu possessif. Mi-décembre fini le baise-en-ville, il a débarqué avec sa valoche. J’ai bigophoné à mon frangin, l’ai invité à dîner avec une bande de copains, on était neuf à table. À la fin de la soirée, j’ai demandé à Étienne « Tu peux déposer Paul à la gare, il reste pas ». Il s’est dressé comme un cobra, les quatre autres garçons l’imitèrent, il se calma instantanément. « Pas de soucis ! Merci de m’jeter devant tes potes ! Allez, on s’tire ! ». Ils étaient partis lui et trois garçons dans une voiture, le dernier et les trois filles dans l’autre.

Alors, qu’est c’que sa tête fait là ? Dans une boîte ?

C'est quoi ce putain de délire ?

Pourquoi étais-je assise, paralysée, à regarder cette saloperie de boîte ?

Merde, je suis à nouveau assise en face de cette cochonnerie, mais elle est fermée cette fois. Y a vraiment la tête de Paul là'dans ? Est-ce que j’vais voir ? Non ! c’est sûr elle y est, j’en suis certaine.

Qu’est c’qui m’est arrivé ? Catatonie ? Ou catalepsie ? C’est pas pareil, je n’arrive pas à me souvenir lequel veut dire que j’suis ravagée. Tu m’étonnes, t’arrives pas plus à te souvenir de ce qui s’est passé. Pourquoi ? Trouble Dissociatif de l’Identité ou amnésie dissociative ? J’suis dingue ou traumatisée ?

Tu connais la réponse. Putain, faut qu’j’arrête de m’parler à la deuxième personne, j’essaie de me dédouaner ou quoi ? Ou quoi ? Non, de quoi ? Et tu connais la réponse !

Je, je, je, je, je. Oui, je sais, je sais que c’est moi qui ai décapité Paul. Comment ? Pourquoi ? Je ne sais pas, mais je n’ai aucun doute, je l’ai fait. Sa tête est là pour me le prouver.

Au fait où est le reste ?

Ho ! Bordel, les deux cantines militaires de papy, là le long du mur ! Ho ! Merde, j’suis une putain de psychopathe ! Pieds nus, nue sous mon kimono, une tête, pas de corps, deux malles, et mes cheveux qui sentent le shampoing coco et jojoba, qu’est-ce que j’ai fait ?

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