Chapitre 9 :

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Kilian réajustait sa cravate encore une fois devant le miroir de sa chambre. Avec les autres conseillers, il devait rencontrer le nouveau conseiller de la Dheas qui succédait à Corentinus. Et Kilian avait déjà oublié son nom… Il savait aussi que cette journée allait être chargée pour lui, en effet, il avait encore plein d’autres choses à faire. Des choses dont il avait envie de faire et d’autres non. Le jeune homme se rassit un moment sur son lit et fixa l’enveloppe sur sa table de chevet. Il ressentait plusieurs sentiments à l’égard de la lettre de Mme. Keys : de la haine, de la tristesse, de l’incompréhension. Il avait toujours cette envie de la brûler pour en finir pour de bon. Mais il savait bien qu’on lui ferait la leçon s’il le faisait. Il se laissa tomber sur son lit et ferma les yeux. Il sentit du mouvement devant lui et un poids se poser sur son lit.

— Tu vas être en retard, finit par prévenir Fred.

— Je sais, déclara Kilian. Je n’ai rien contre le nouveau conseiller Dheasien, mais je suis pressé d’aller rendre visite à Bertrand pour enfin régler mes comptes avec ce taré.

— Eh bien, c’est pour cela que tu dois te lever et aller rencontrer le nouveau conseiller, sinon tu ne pourras pas aller voir Bertrand et le pourrir comme on a tous les deux envie de le faire. Il faut juste que tu fasses attention à tes réactions, et tout ira bien.

— Mes réactions ?

— Les autres conseillers vont sûrement parler de la mort de l’ancien conseiller avant l’actuel. Et, je te rappelle, qu’on sait tous les deux que c’est une amie d’Iris qui l’a tué. Et les autres n’ont pas à le savoir, et s’ils se rendent compte que tu es au courant d’autre chose qu’eux, tu seras dans une position difficile.

— Je pourrais toujours leur dire qu’ils m’avaient caché des informations importantes que j’aurais dû savoir.

— Sauf que maintenant tu le sais, rétorqua Fred en se levant en même temps que Kilian. Je ne peux pas être présent, et je ne serais pas présent avant un moment, donc fais attention. Je ne veux pas que tu t’embarques dans des affaires trop dangereuses. OK ? Dans la politique, je pense qu’il y a des histoires dans lesquelles personne ne voudrait être embarqué.

— Peut-être, mais il faut bien quelqu’un pour les régler, affirma Kilian. S’il n’y a personne, il faut bien quelqu’un pour s’y coller. Et toi ? Es-tu certain de vouloir partir en Kuyinto ? Cassandra, Liam et Charles avaient déjà trouvé des informations là-bas. Pourquoi toi tu dois y aller ? Puis… c’est là-bas que Charles s’est suicidé à cause de la maladie.

— Tu t’inquiètes pour moi, constata Fred. Ce n’est pas parce que Charles y est mort que je vais mourir moi aussi. Liam y a bien survécu. Écoute chou, il faut bien quelqu’un pour y aller. Ce que je peux faire… c’est surtout percer à jour les secrets de ce pays qui menace tout le monde. Ils ont sûrement dû faire un accord avec Jean-François II comme Bertrand, mais en plus malin sûrement. Les dirigeants ont sans doute une envie de pouvoir eux aussi. Et il faut faire quelque chose.

— Tu vas me manquer, murmura Kilian en scrutant le visage de Fred. Fais gaffe toi aussi. Cela peut être encore plus dangereux que la politique. Enfin, dangereux d’une autre manière.

— Toi aussi tu vas me manquer. Mais ne fais pas cette tête, je ne pars qu’en fin d’après-midi. Même si tu as une journée chargée, on va se voir.

Kilian lui offrit un petit sourire avant de le serrer fort dans ses bras. Fred le décoiffa totalement mais il n’y fit pas attention, même quand il l’entraîna à la salle de réunion avec les autres conseillers. Il le suivit sans histoire et se laissa guider par son petit-ami jusqu’à la salle des réunions. Il n’y avait qu’Ethan qui était déjà arrivé. Le jeune homme ne s’était pas coiffé et le contraste entre sa peau blanche et ses cernes violacés et longs était déconcertante. Les nuits du jeune conseiller en essai devaient être assez courtes. Kilian s’inquiétait un peu pour le fils de Baptiste. Même s’il n’était pas la personne qu’il appréciait le plus, Ethan était loin d’être méchant. Kilian ne pouvait pas juger s’il était capable d’occuper cette position ou non, mais s’il voulait continuer, il allait devoir se ménager. Sinon il ne tiendrait pas toute une vie, et cela, Kilian le savait très bien.

— Est-ce que tu prends du temps pour dormir ? Ethan, tu n’as pas besoin d’éplucher les dossiers comme cela pour rencontrer le nouveau conseiller de la Dheas. Il doit être aussi paumé que nous deux, tu sais. Cela m’étonnerait qu’il représente une menace pour le monde entier. Si tu veux tenir, il va falloir que tu acceptes de te donner des heures de sommeil, ne serait-ce pour déjà récupérer celles que tu as perdues.

— Je ne sais pas encore si je vais décider de rester. Je ne travaille pas sur le nouveau conseiller de la Dheas, répliqua Ethan en levant la tête. Mais sur Bertrand et le roi de Siar. Il y a forcément quelque chose qu’on peut faire pour arranger les choses pour que notre pays ne soit plus dans un gros problème.

— Écoute, je suis totalement d’accord avec toi. Mais le truc, c’est que tu ne peux pas faire cela tout seul sans l’autorisation des autres, et tu ne peux pas t’investir autant sans faire de pause. Je t’assure, que ce n’est pas la solution. Plus tard, je t’aiderais et je travaillerais avec toi sur le dossier, mais avant, il faut que tu rencontres le nouveau conseiller Dheasien pour être certain d’avoir toujours une bonne entente avec ce pays. C’est le seul pays en qui on peut peut-être avoir réellement confiance. Et il faudrait que tu sois présentable.

— Je ne te permets pas ! Je ne suis pas moche, j’ai pris une douche, je n’ai pas mangé mais mes vêtements sont propres.

— Sauf que tes cheveux, c’est une catastrophe, rectifia Fred en sortant un peigne de sa poche qu’il avait oublié de ranger dans sa valise. Nop ! Toi, tu n’en as pas besoin, refusa-t-il alors que Kilian essayait de s’en emparer.

— Tu m’as décoiffé ! plaida le jeune conseiller en s’installant à sa place.

— Sauf que cela va mieux quand ils ne le sont pas que quand ils le sont.

— Cela fait moins professionnel !

Fred ne lui passa toujours pas le peigne et lui ébouriffa les cheveux de plus belle. Kilian savait qu’il ne devait pas tenter de le récupérer car il ne réussirait pas à obtenir l’objet. Il essaya tant bien que mal d’arranger ses cheveux avec ses doigts sous les regards amusés de Fred et Ethan. Il leur lança un regard noir.

— Bref, avant de nous concentrer sur les menaces de Kuyinto et de Siar, on s’assure d’être toujours en bons termes avec la Dheas pour ne pas perdre notre seule alliée ensuite on planchera sur comment les arrêter de vouloir contrôler le monde, annonça Kilian.

— Es-tu certain que tu ne veuilles pas que je t’accompagne voir Bertrand ? insista Ethan.

— Je dois y aller seul, décida Kilian. Je me souviens de comment il était avec moi en Siar la dernière fois que je l’ai vu quand il m’a attaqué. Maintenant je peux prendre le dessus sur lui et le faire craquer. Je ne sais pas comment, mais je ferais tout pour lui faire cracher le morceau sur ses trafics avec Jean-François II.

— Eh bien j’espère pour toi que tu vas réussir, souffla Fred. Parce que tu as l’air décidé à savoir ce qui s’est exactement passé entre les deux. Mais si Bertrand ne veut rien te dire, je ne suis pas certain que tu puisses réussir à le faire changer d’avis. Surtout toi, il t’a toujours détesté.

— Oui, mais je pense que cela peut être un avantage.

Les trois adolescents restèrent un moment seuls dans la salle à discuter. Le couple s’étonnait toujours de voir qu’Ethan avait finalement changé d’avis et de continuer alors qu’il y a quelque temps il voulait arrêter toutes les charges de conseillers. Néanmoins, ce dernier assura que si à la fin il ne se sentait pas de remplir autant de responsabilités qu’exigeait le poste de conseiller, il refuserait de le devenir. Kilian était content de le voir faire machine arrière et de ne pas se décourager. Certes ce n’était pas simple, mais Fred et lui étaient persuadés qu’Ethan pouvait avoir la force pour occuper le poste de conseiller. Maintenant qu’ils s’entendaient mieux tous les trois, c’était beaucoup moins difficile pour eux de se comprendre et de s’épauler.

Camille et Baptiste finirent par arriver à leur tour. Ils déclarèrent que Christian et Sophia accueillaient les conseillers Dheasiens qui allaient bientôt débarquer dans la salle. Fred salua tout le monde et s’éclipsa laissant le reste des conseillers en train de se préparer dans la salle. Les deux adultes leur donnèrent quelques conseils pour faire bonne impression face aux Dheasiens ainsi que des conseils pour ne pas les froisser et autres. Alors qu’ils s’assirent tous, ce fut à ce moment-là que les conseillers, Sophia et Christian débarquèrent dans la salle de réunion. Kilian et Ethan se redressèrent presque au garde à vous comme s’ils avaient un peu peur des représailles alors que les quatre autres les regardèrent d’un œil soucieux. Les conseillers se saluèrent entre eux puis s’installèrent au tour de la table alors que Kilian se mit à les dévisager.

La conseillère Dalida était une femme âgée d’une trentaine d’années qui semblait arborer toujours la même coiffure aux deux chignons nattés sur chaque côté de la tête et avait des yeux bleus tout aussi observateurs que le jeune Opartiskain. Le conseiller Amycus était le plus vieux, sûrement de la même tranche d’âge que Sophia, il n’avait pas de cheveux et sa peau était parsemée de taches de vieillesse. Malgré tout il paraissait très décontracté même si ce qui les réunissait aujourd’hui leur demandait d’être sérieux, concentré et attentif. La conseillère Alaïda devait se rapprocher de la trentaine et ses cheveux blonds étaient coupés court, ras le menton. Son expression du visage laissait apercevoir qu’elle se méfiait quelque peu des deux nouvelles recrues Opartiskaines. Le jeune Guillaume était aussi âgée qu’Alaïda mais semblait beaucoup moins sûr de lui. Il était hagard, regardait partout et Kilian aurait pu parier qu’il bégayait encore lorsqu’il prenait la parole. Peut-être se sentirait-il plus proche de Kilian et Fred ? Le jeune conseiller Opartiskain espérait que ce soit le cas, car sinon, il allait se sentir très seul face à tous ses conseillers experts en la matière depuis plusieurs années maintenant. Il échangeait un regard avec Ethan qui semblait du même avec que lui avant qu’il s’enfouisse encore une fois dans son dossier sous le soupir du blond.

C’était toujours Sophia qui présidait les réunions, même avec les chefs étrangers apparemment. Kilian ne savait pas si elle était la doyenne. Cela aurait pu être pour cette raison, mais cette dernière avait tellement l’air habituée à donner la parole à chaque conseiller et de se diriger vers tel et tel sujet… cela devait juste être inné chez elle.

— Bien, nous pouvons commencer ! annonça-t-elle avec enthousiasme même si Kilian doutait qu’elle soit aussi heureuse de faire cette réunion. Je vous souhaite, à mes collègues Dheasiens un bon séjour en Opartisk même si les temps sont compliqués et j’espère que les alliances ne vous cassent pas la tête !

Les Dheasiens la remercièrent avec sourire. Kilian observait leur attitude et il ne détectait rien de suspect même s’il restait sur ses gardes. Seul Ethan faisait comme lui. Les autres conseillers étaient vraiment très confiants avec leurs collègues, ce qui étonnait Kilian même s’ils lui avaient fait rapidement confiance, cela n’avait pas été le cas pour Ethan. Le blond continua à décortiquer chaque fait et geste des conseillers Dheasiens pour être certain de pouvoir leur faire confiance. Ce n’était pas parce que la majorité le faisait qu’il devait les croire comme eux. Et ce n’était pas le cas d’ailleurs.

— Il y a eu un léger changement dans vos rangs mais nous avons plus de changements que vous donc laissez moi vous présentez nos deux nouvelles recrues. Il y a Ethan, le fils de Baptiste qui est en période d’essai pour prendre la place de notre ancien conseiller Bertrand qui a dû quitter la sphère politique de notre pays car il ne pouvait plus suivre à cause de son âge.

Les conseillers Dheasiens hochèrent la tête. Heureusement qu’ils la croyaient. Si son départ avait laissé plus de suspicion, cela aurait été compliqué pour eux de le justifier. Dire qu’un ancien conseiller se retrouvait dans un asile psychiatrique n’était pas la meilleure révélation du siècle. Personne ne semblait dubitatif et aucun Opartiskain ne trahissait ce secret politique à cause de son expression faciale. Au moins, c’était déjà cela de passé.

— Notre chère conseillère Victoria a eu plusieurs problèmes familiaux et d’autres qui touchaient aussi sa santé et elle a dû décider, à juste titre de se retirer de la vie politique. Elle avait proposé que ce soit Kilian qui la remplace et après lui avoir fait passer quelques tests, on a trouvé cela judicieux de le garder avec nous. Il vient à peine d’avoir dix-sept ans et il est officiellement conseiller en Opartisk.

Kilian ne connaissait pas vraiment comment se déroulait le choix des conseillers en Dheas. Iris lui avait juste expliqué que cela se procédait par des votes. Rien en Kilian ne laissait paraître qu’il venait d’une famille de pauvres ou de psychopathe. Cela devait donc juste être son jeune âge qui les laissait dubitatifs. D’un côté, Kilian comprenait complètement que cela puisse faire peur aux personnes plus âgées et expérimentées, mais d’un autre, cela l’agaçait profondément. Il savait qu’il devait faire ses preuves à chaque moment jusqu’à temps qu’un adulte le considère apte. Sauf que ce n’était pas si simple à supporter. Pourtant, même si l’adolescent reconnaissait leurs regards, ils ne firent aucune remarque désobligeante même s’ils se sentirent obligés de poser des questions.

— Pourquoi avoir pris des adolescents ? N’avez-vous pas peur de certaines répercussions ?

— Quelles répercussions ? voulut savoir Camille en fronçant les sourcils.

— La réaction et l’avis du peuple, par exemple. Ou ses choix. Il est jeune, il n’a pas d’expérience, et encore moins la maturité je pense, requise pour assurer ce genre d’acte.

— Le peuple paraissait très favorable depuis son annonce. Personne et aucun média n’a dit que cette nomination était mal et sans intérêt. Kilian n’a peut-être pas encore beaucoup d’expérience, mais cela ne change pas du reste des nominés qui n’ont jamais exercé ce métier avant. Il est juste plus jeune, expliqua calmement Sophia qui lança un regard entendu à Camille.

Les autres conseillers Dheasiens ne trouvèrent rien à redire même s’ils se consultèrent de vive voix ainsi que du regard. Cette fois c’était certain : Kilian et Ethan étaient loin de se sentir très à l’aise lors de cette réunion. Le jeune conseiller avait envie que Fred soit là dans la salle, cela l’aurait aidé à le canaliser. Sauf que Fred préparait son départ pour la Kuyinto. La conseillère présenta donc le nouveau conseiller :

— Quant à nous, nous vous présentons Guillaume, notre nouveau collègue. Il a vingt-huit ans et il a été élu par le peuple avec une majorité écrasante. Il est très doué dans le domaine informatique et il est logique et intelligent.

Les conseillers Opartiskains ne se firent pas le plaisir de poser des questions. Kilian préférait faire profil bas, et les autres ne souhaitaient pas perdre de temps pour des détails inutiles. Cela ne sera pas la dernière fois qu’ils discutaient avec Guillaume, sauf s’il mourait entre-temps, alors ils feraient connaissance avec lui, plus tard.

— Bon, nous ne sommes pas ici dans l’unique but de vous présenter notre nouveau conseiller, débuta le conseiller Amycus. Nous voulions parler avec vous de la Kuyinto. Nous étions alliés avec ce pays, et maintenant, vous ne l’êtes plus. On a un choix à faire, et c’est pourquoi nous sommes présents ici. Pour pouvoir faire notre choix.

— Kuyinto nous a attaquée, répliqua sèchement Baptiste. On a clairement identifié leur avion et leur bombe. Enfin… ce qui en reste. Ils ont détruit des bâtiments. Un prisonnier est mort, et tout un clan nomade du désert a failli être tué si on ne les avait pas placés autre part dès le début.

— Et où se trouve-t-il ce clan ? Et pourquoi les avoir emprisonnés ?

— Ces nomades se trouvent dans le même bâtiment qu’avant. Ils cachaient une fugitive opartiskaine que l’on voulait récupérer. Le désert n’étant pas un milieu pour elle, expliqua Camille d’une voix posée. Maintenant que nous savons où elle se trouve, du moins, avec qui, nous leur laissons le choix entre retourner dans le désert où les laisser s’insérer dans la société opartiskaine. On leur laisse le choix, et chacun d’eux le feront en leur âme et conscience.

Kilian dissimula sa surprise et sa colère alors qu’Ethan laissait son incompréhension apparaître. Aucun des deux adolescents avaient été mis au courant de cette histoire. Leurs collègues leur nen avaient pas informé. Kilian se racla la gorge et jeta un regard à Camille qui le regardait, lui faisant comprendre qu’il allait finir par devoir leur demander d’être vraiment transparent avec lui. Malgré tout, il n’était pas la meilleure personne pour demander cela… Il gardait quand même contact avec Iris et donc l’association ! L’association qui était généralement contre les conseillers. Enfin… surtout au temps de Mme. Keys.

Les conseillers Dheasiens ne prononcèrent pas un mot aux autres alors qu’ils se concertaient entre eux. L’argument des conseillers répandait la discorde autre eux, et les Opartiskains les regardaient très sérieusement, scrutant chaque geste. Et, même si ce n’était pas le moment, Kilian ressentit le besoin de leur dire quelques mots :

— Je comprends totalement votre désarroi et votre indécision, déclara l’adolescent en relevant la tête. Vous êtes alliés avec la Kuyinto depuis… des décennies, voire plus peut-être bien puisque la guerre dure depuis des siècles. Mais réfléchissez bien. Kuyinto nous a trahis. Mais s’il a déjà trahi un allié, ne serait-il pas capable d’en trahir un second ? Certaines personnes vont loin à cause du pouvoir, et rien ne pourra les arrêter. Et si c’est vraiment leur objectif, ils n’auront rien à faire de trahir de vieux amis.

— Qu’essayes-tu de faire ? De nous persuader d’abandonner la Kuyinto avec qui on était très lié ? s’enquit Guillaume d’une voix chevrotante.

— Je ne tente pas de vous influencer. Je vous préviens. Je vous dis ce que je pense, ce qui pourrait bien se passer. Et je vous donne un conseil qui me semble utile avant de faire votre choix.

— Je crois qu’on a besoin d’un moment seul pour réfléchir entre nous, annonça Alaïda après un long silence.

Kilian ne les lâchait pas des yeux. Cela n’allait pas être les meilleurs collègues dans toute sa vie, mais ce ne seraient pas les pires. Jean-François II était vraiment pire par rapport à eux. Il croisait les doigts pour que les conseillers Dheasiens décident de déclarer la guerre à la Kuyinto et de se rallier à eux. Jamais il n’aurait pu souhaiter cela avant, mais la donne avait changé. Son pays était en danger. Il se devait de le protéger.


Kilian ne laissa pas tomber la capuche qu’il avait enfilée pour sortir dehors. Maintenant que sa tête avait été révélée au grand jour, il avait peur de se faire reconnaître dans la rue. Et il n’avait pas de temps à perdre. Il resta un moment planter devant l’hôpital psychiatrique en regardant le panneau qui l’indiquait. Camille lui avait dit qu’ils y avaient interné ses parents. L’adolescent espérait qu’il ne tomberait pas sur eux. Il pouvait définitivement tourner la page. Cela ne lui faciliterait pas les choses s’il les croisait. Un couple de vieilles personnes passa devant lui et s’arrêta un moment pour l’observer. Kilian baissa la tête et tira un peu plus sa capuche en guettant leur départ. Ils ne mirent pas longtemps à s’en aller.

— Il va peut-être falloir que tu rentres et que tu demandes à voir Bertrand si tu veux avoir le temps de dire au revoir à Fred, dit une voix juste à côté de lui.

— Putain Ethan tu m’as fait peur ! jura Kilian en serrant les dents.

— Je dirai plus surpris, nuança Ethan en se postant devant lui. Bon, tu vas te décider à entrer ou non ?

— Je t’avais dit que ce n’était pas nécessaire que quelqu’un vienne avec moi.

— Tu as dit toi-même que Bernard te détestait, alors au cas où tu n’arriverais pas à venir à tes fins, je suis là. Il m’aimait bien, donc si ta tactique ne fonctionne pas, cela ne coûtera rien d’essayer la mienne.

Kilian le dévisagea avant de soupirer. Il n’allait pas le laisser seul de toute manière. Un adolescent seul dans les rues, cela attiserait la curiosité des gens. Ce n’était pas l’endroit approprié pour le faire. Il attrapa le bras d’Ethan pour le garder à proximité puis retint la porte qui s’ouvrait pour entrer. Les deux adolescents durent retirer leur capuche. Kilian remarquait grâce aux regards des personnes qu’il était reconnu puisque conseiller, mais personne ne vint lui parler ou l’insulter. Comme si… c’était un endroit où la politique n’avait aucune place. Au moins, on lui ficherait la paix. Il lâcha Ethan mais le surveilla pour qu’il ne s’éloigne pas trop et s’avança directement vers le bureau d’entrer où il n’y avait pas de queue. Une dame releva la tête face à lui et le salua avec une telle politesse que Kilian en resta surpris. Il n’avait pas encore l’habitude de recevoir autant de respect. Il allait mettre du temps à s’habituer ! La dame lui demanda donc ce qu’il venait faire ici, et Kilian lui demanda de lui indiquer la chambre de l’ancien conseiller Bertrand. Ethan attendait à ses côtés, les mains dans les poches à observer le jeune conseiller.

La dame de l’accueil interpella une infirmière qui devait les conduire à la chambre. Les deux jeunes emboîtèrent le pas pour suivre l’autre jeune femme qui les fit monter d’un étage. Kilian vit de loin le couple qui l’avait regardé précédemment, entrer dans une salle. Eux aussi semblait rendre visite à une personne. La chambre de Bertrand était isolée des autres, elle se trouvait tout en fond d’un couloir large où il y avait des brancards sur les côtés. Il avait dû être placé dans l’aile des personnes âgées qui avaient des problèmes de santé. Kilian pensait qu’il aurait été effrayé et refroidi par cet endroit, néanmoins, même si c’était en partie ce qui le partageait, il se surprenait à ressentir de la fascination. Ethan, lui, restait impassible même si ses yeux trahissaient une angoisse qu’il contrôlait parfaitement. L’infirmière leur ouvrit la porte et les laissa entrer.

— On ne peut que vous laisser dix minutes, pas plus. Il ne reçoit pas de visites en dehors de sa famille, donc on ne sait pas comment il va réagir, alors allez-y doucement même si je me doute que votre déplacement traduit une requête importante envers lui.

Kilian et Ethan la remercièrent avant d’entrer dans la salle alors qu’elle refermait la porte. Kilian n’était pas vraiment serein de se retrouver près de Bernard même s’il le fallait. La dernière fois qu’il s’était vu, il avait failli le tuer même si son envie semblait réelle. La chambre était blanche, et il n’y avait aucun objet dangereux, ce qui était rassurant. La lumière du soleil passait grâce à une longue et large fenêtre où les rideaux décoratifs étaient tirés sur les côtés. Kilian regarda enfin la personne qui était assi sur le lit. Bernard avait fondu totalement, comme quelqu’un qui venait de faire une dépression. Il leva la tête de son lit et resta la bouche ouverte en reconnaissant Kilian alors qu’Ethan s’appuya contre le mur, bien décider à y rester. Le vieil homme pointa le jeune conseiller du doigt et lâcha des ricanements avant de laisser une expression apparaître : la colère.

— À cause de toi, je ne peux plus conquérir le monde, et je me retrouve emprisonné dans cet endroit sordide et horrible sans aucune liberté… et tu oses te pointer devant moi ! J’espère bien que c’est pour annoncer que tu as refusé de continuer d’être conseiller.

— Manque de bol pour vous, je suis officiellement conseiller aux yeux du peuple, annonça Kilian d’une voix neutre.

L’adolescent pouvait constater la fureur dans le regard de son ancien ennemi. Bernard se leva et Kilian se fit violence pour ne pas reculer lorsqu’il avança pour se retrouver à quelques centimètres de lui. Ethan restait attentif, il savait ce que Bernard avait tenté de faire à Kilian, il était prêt à intervenir s’il le fallait. Kilian sentait le souffle de l’ancien conseiller mais ne lui fit pas plaisir en lui faisant face.

— Alors que viens-tu faire ici ? fit-il d’un ton féroce.

— Je sais que vous avez passé je ne sais quel pacte avec Jean-François II à leur insu même s’ils ont fini par l’apprendre. Camille me l’a dit. Mais elle ne m’a pas dit en quoi il consistait… à moins qu’ils ne sachent même pas eux-mêmes en quoi il consiste, ce qui m’étonnerait tout de même.

— Tu es intelligent, remarqua-t-il la voix traînante en collant le bout de son index sur la poitrine de Kilian avant de se rasseoir gentiment. Mais pars d’ici, je ne te dirais rien.

— Tu n’es plus conseiller et je le suis maintenant, commença Kilian en s’avançant. Alors tu n’as pas le droit de mettre le pays dans le mal alors que tu avais des responsabilités.

— Et que comptes-tu faire si tu savais tout ? Convaincre Jean-François de vous laisser tranquille ? Tu rêves. Jamais il ne laisserait faire cela.

Il devenait évident que Bertrand ne voulait rien lui dire, et cela agaçait Kilian car il ne lui restait plus beaucoup de temps. L’adolescent s’approchait pour hausser le ton alors que Bertrand ricana et Ethan le tira vers l’arrière pour prendre sa place en lui lançant un regard en guise d’avertissement : Bertrand n’était pas le genre de personnes à céder face à la violence. Le jeune homme commença tranquillement à discuter avec Bertrand comme s’il se connaissait depuis toujours, ce qui n’était pas réellement faux pour Ethan qui connaissait les conseillers depuis un long moment grâce à son père. Il disait vrai quand il affirmait que Bertrand l’appréciait bien. Kilian les observa parler gentiment et il se demandait comment Ethan allait pouvoir lui soutirer des informations. Le conseiller le laissa faire et vérifia son portable pendant ce temps pour s’assurer que personne n’avait tenté de le contacter. Il avait juste un message de l’ancienne conseillère Victoria qui lui donnait de ses nouvelles régulièrement et vice-versa. Elle était un peu son mentor malgré tout. Il était heureux car la femme guérissait mais ses enfants… c’était encore autre chose. Il lui répondit brièvement avant de se focaliser sur la discussion se tenant dans la pièce, sentant que cela passait à quelque chose d’intéressant.

— Je ne suis pas officiellement conseiller, fit remarquer Ethan. Je ne me suis pas engagé à tout dire aux autres. Tu sais que tu peux me faire confiance.

— Tu ne pourras rien faire. Jean-François ne laissera même pas votre mot à dire même si je ne suis plus conseiller.

— Qu’est-ce que tu as fait ? Qu’est-ce que tu lui as demandé ?

— Il m’a proposé de prendre le contrôle du monde, que l’on aurait chacune une moitié du monde pour le diriger comme on le voulait, que l’on pouvait étendre notre pouvoir. C’est ce que je rêvais depuis des années, c’est ce que je souhaitais et que je souhaite toujours. Je voulais que personne ne m’y empêche. Il a passé un contrat écrit que j’ai lu et signé en imitant la signature des autres conseillers. Je me fichais des risques, alors j’ai tout fait pour être certains que ce contrat me rende justice, qu’importe le sort des autres.

— Le sort de qui ? Quels risques ? pressa Ethan alors que les poils de Kilian s’hérissèrent sur ses bras.

— La vie. Si je trahissais ce contrat, il était prêt à tuer les autres conseillers. Et maintenant que je ne suis plus là, ils sont obligés de continuer ce que j’avais commencé pour se laisser la vie sauve.

— Pourquoi ? C’était quoi le plan ?

— Le plan c’était le monde, commença Bertrand avec un sourire machiavélique. Le plan c’était de trahir ses alliés, de tuer chaque dirigeant et opposant politique pour envahir les pays et leur faire peur pour les prendre et les diriger et les englober dans notre pays. Le but, c’était de rester les seuls. Et les autres conseillers, Kilian y comprit même s’il est venu plus tard, risque leur vie s’ils n’obéissent pas. Jean-François est plus fort et il saura comment les tuer sans problème. C’est pour cela.

Kilian se décomposa et frappa son poing contre le mur dur en jurant. C’était donc pour cela que c’était important de convaincre les Dheasiens… pour mieux les trahir ! Cela le débectait totalement, et il s’en voulait d’avoir été mêlé à cela même s’il n’était pas au courant. Il aurait voulu décider des trahisons qu’il devait faire, voire, ne pas en faire du tout. Heureusement que Camille lui avait donné la piste et qu’il avait pris l’initiative d’aller voir Bertrand. Il allait pouvoir remercier Ethan, car sans lui, il n’aurait sûrement pas eu cette information et il n’aurait rien su. Et cela voulait donc dire… qu’après tout, Jean-François II, au final, contrôlerait le monde s’il y parvenait. Cela faisait froid dans le dos ! Alors qu’il jurait et qu’Ethan se sentait mal après cette révélation, le vieux conseiller ricanait délibérément.

— Cela vous fait rire, hein ! Vous n’êtes qu’un psychopathe !

— Comme tes parents, lança le vieil homme en souriant de sa pique qui ne déstabilisa pas Kilian.

— Comment on fait pour l’obliger à détruire ce contrat ?

— À part le tuer, il n’y a pas d’autre moyen. Rien et personne ne peut l’arrêter, sauf la mort.

Les mots résonnèrent dans la tête de Kilian alors qu’il essayait de se calmer. Ethan se décomposait lui aussi même si Bertrand se faisait un malin plaisir de torturer essentiellement Kilian. Le fils de Baptiste s’écarta de l’ancien conseiller et du lit par la même occasion. Kilian s’approcha de son ami dans le but de l’éloigner encore plus de ce psychopathe alors que la porte s’ouvrit et ils sursautèrent. Ils furent bien contents de sortir de cette salle et de s’éloigner du vieil homme.

Les deux adolescents marchèrent silencieusement dans les couloirs. Leur entrevue avec l’ancien conseiller leur avait laissé un goût amer, très amer. Beaucoup trop. Alors qu’ils finirent de descendre l’escalier, Kilian s’arrêta brusquement pour remercier Ethan. Kilian savait que sans lui, il n’aurait jamais pu obtenir ses informations même s’il pensait pouvoir le faire seul au début. Ethan était encore secoué par ses nouvelles tout comme Kilian. Néanmoins, ce dernier le rassura : cet aveu ne devait pas impacter le choix final du jeune riche et il comptait s’occuper de Jean-François II. L’adolescent hocha la tête mais ne sembla pas très convaincu. Ethan fronça les sourcils et Kilian lui demanda ce qui se passa avant qu’il lui dise de se retourner. Ce dernier surprit et s’exécuta sans vraiment comprendre. Le couple de vieilles personnes qui l’avait observé se retrouva immobile face à lui.

— Bonjour… fit-il en faisant traîner le mot. Je peux faire quelque chose pour vous ?

La vieille dame jeta un coup d’œil à son mari avant de sortir une photo de sa poche et de la montrer à Kilian. Le jeune homme s’en empara alors qu’Ethan se plaçait au côté de son ami. Kilian comprit où ils voulaient en venir quand il reconnut ses parents sur la photo, même s’il n’en était pas certain. Kilian était né après leur mariage, donc, il ne savait pas si c’était vraiment eux, mais il en était quasiment certain malgré tout.

— Mais vous êtes qui ? souffla Kilian en leur rendant la photo. Comment avez-vous eu cette photo ?

Ethan s’éloigna un peu, ressentant qu’il était de trop et qu’il n’avait pas à épier cette discussion. Le vieux couple le fixa alors que Kilian restait désemparé devant cette photo et devant ses gens qu’il ne connaissait pas et qu’il n’avait jamais vu de sa vie.

— Après son mariage, nous n’avons jamais revu Karine, déclara la vieille dame d’une voix chevrotante. On savait qu’elle avait besoin d’un encadrement psychologique tout comme Carl, mais ils sont partis avant que l’on ait pu les prendre en charge. Je n’ai plus jamais revu ma petite fille… puis on nous a signalés qu’ils avaient été placés là il n’y a pas longtemps, et… on pensait faire le lien.

— Le lien ?

— Tu es conseiller alors que tu n’es même pas majeur, commença son mari. Et contrairement aux autres, on ne connaît quasiment rien de ton passé, à part que tu n’habitais pas dans la partie riche, et il n’y a aucune information sur tes parents. Alors on pensait que tu étais leur fils.

— Personne ne doit le savoir, déclara Kilian alors que le stress montait en lui. Je ne suis pas comme eux, mais si les gens l’apprenaient, ils ne me feraient plus confiance. Cela ne doit pas arriver.

— Alors tu es bien le fils de Karine ? demanda la vieille dame avec de grands yeux.

Kilian confirma d’un geste de la tête pendant que son expression se crispa. Ils n’étaient pas comme ses parents, mais c’était compliqué pour lui. Ses parents lui avaient dit que ses grands-parents des deux côtés étaient morts il y a longtemps. Or, il faisait face aux parents de sa propre mère. Des personnes qu’il n’avait jamais rencontrées et qu’il croyait morts. Et ses grands-parents semblaient secoués eux aussi. Ils se doutaient sûrement que leur fille avait tenu ce genre de discours à Kilian, et ils ne furent pas surpris de sa réaction. La vieille dame lâcha son sac pour le serrer dans ses bras. Cela fit bizarre au jeune homme. Les seules personnes qu’ils serraient dans ses bras, c’étaient ses amis et son petit-ami.

— Il y a-t-il d’autre enfant ? chuchota la vieille dame avant de le lâcher.

— Pas à ce que je sache avant moi, après moi, il y en a eu, mais ils sont morts.

Et il était trop jeune et faible pour faire quoi que ce soit pour les sauver. Il était aussi totalement dominé par ses parents et il avait sombré plus qu’autre chose. Ses grands-parents semblaient désemparés par cette révélation.

— Tu ne dois pas avoir le temps de nous parler, ou même que tu ne voudras pas nous parler. Mais si tu le souhaites, et si tu as envie d’en savoir plus sur tes parents, ou le reste de ta famille… tu pourras nous contacter. L’ancienne conseillère à nos coordonnés.

— Ma famille ? hoqueta le jeune conseiller.

— Oui, ta famille. Nous sommes tes grands-parents. Ta mère a une grande-sœur et un petit-frère. Tu as des cousins et des cousines de ton âge. Du côté de ton père… on ne sait pas ce qui se passe, nous n’avons plus gardé contact. Mais peut-être que tu pourrais faire des recherches pour en apprendre, plus. C’est ton passé.

— Justement… je voulais laisser le passé derrière moi. Je remarque bien que vous n’êtes pas comme eux, cruels et inhumains. Mais j’ai trop souffert à cause d’eux. Et j’ai enfin réussi à me libérer d’eux. Je ne suis pas certain de vouloir replonger dans mon passé.

Il mentait. Il en était certain : il ne voulait plus jamais avoir un rapport avec son passé. Sauf que malgré tout, ses vieilles personnes étaient adorables et le jeune homme n’avait pas le cœur de les décevoir en face. En tout cas, il devait encaisser quelque chose : il avait une famille. Il avait l’habitude d’être fils unique et isolé, mais il apprenait qu’il avait une tante, un oncle, des cousins ! Ses parents lui avaient-ils caché des frères et sœurs ? Cela, il en doutait quand même. C’était compliqué à cacher, et cela aurait été difficile de se défaire de leur emprise. Ses grands-parents lui dirent qu’ils comprenaient totalement, mais qu’il devait bien réfléchir. Une jeune femme blonde arriva à son tour et les salua : sa tante s’il comprenait bien. Elle fronça les sourcils lorsqu’elle remarqua que ses parents avaient parlé au jeune et récent conseiller et Kilian les laissa en partant à reculons pour retrouver Ethan qui l’attendait.

— Je croyais que tu n’avais pas de famille, remarqua le fils de Baptiste en marchant à ses côtés.

— Eh bien, moi aussi figure-toi.


Kilian était encore sonné par toutes les déclarations de cette après-midi. Il n’avait pas tardé à rejoindre Fred à lui parler de tous ce qu’il s’était passé. Ce dernier l’avait rassuré en lui disant qu’il le contacterait les prochains jours avec les moyens technologiques. Si du côté politique il fut tout aussi énervé que Kilian par l’annonce de Bernard, du côté personnel il lui assurait qu’il ne devait pas se mettre la pression par rapport à cela. Ils profitèrent du temps passé tous les deux. Kilian l’accompagna comme tous les conseillers. Les adolescents regardèrent les autres conseillers sous un autre angle désormais. Ils avaient beau savoir le pourquoi du comment, mais ils auraient préféré être informés avant. Et Kilian comptait bien rassembler ses collègues pour leur en parler. Il ne pouvait pas tolérer cela. Ethan non plus. Il ne manquait plus que Sophia qui débarqua avec le sourire.

— Tes phrases ont eu l’effet escompté Kilian ! La Dheas n’a pas décidé d’annoncer la guerre à Kuyinto, mais elle coupe ses liens avec elle. Peut-être pas définitivement, mais pour le moment.

Kilian ne laissa rien paraître mais fut frustré. C’était grâce à lui que le plan de Jean-François II pouvait encore mieux se mettre en place, et cela l’énervait énormément. Kilian ne comptait pas laisser le roi de Siar gagner aussi facilement, même tout court. Cela pouvait être risqué, dangereux de se frotter, à lui. Le jeune homme était prévenu et il en était conscient. Sauf que cela concernait le monde, l’ensemble de l’humanité, et aussi, très égoïstement sa vie à lui. Il attrapa le bras de Camille pour approcher sa bouche de son oreille et lui glisser qu’il était au courant de certaines choses, et qu’il voulait organiser un entretien avec les autres pour leur parler sérieusement. Il ne cacha pas qu’il était remonté contre eux, et la jeune femme avait l’air de comprendre de quoi il parlait puisqu’elle pâlit en hochant gravement la tête.

Christian devait accompagner Fred en Kuyinto lui aussi. Il devait par ailleurs parler aux membres de l’armée qui s’y trouvaient. Il y avait sûrement des personnes de l’association qui y vivaient aussi. Les conseillers ne le savaient pas, mais Kilian aurait aimé que l’association travaille avec eux pour pouvoir se partager les tâches et être plus efficace. Que fabriquait exactement l’association en Kuyinto ? Kilian espérait que Fred revienne vite à ses côtés. Il aurait voulu l’accompagner jusqu’au bout, mais il ne pouvait pas. Ils s’embrassèrent avant de se serrer longuement dans les bras. Il allait lui laisser un vide immense.

— Je reviens bientôt, promit-il en fermant les yeux. Toi, fais ce que tu peux, mais essayes de ne pas te mettre en danger. Promis ?

— Je te le promets, et toi, fais attention aussi !

— C’est promis.

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