Chapitre 43

8 minutes de lecture

Quand je me réveillais, Océane n’était plus dans le lit. Je me levais et vis qu’elle était dans le jardin à s’entraîner. Finalement, elle m’avait écouté et j’en étais plus que ravie. J’allais enfin la voir en action. Voir de quoi elle était capable. La voir combattre était ce que j’avais longtemps attendu. Depuis qu’elle avait repris le karaté, je n’attendais que ça.


— Tu as finalement décidé de participer à ce que je voie, la coupais-je dans son élan.

– Oui, chérie. J’ai bien fait de t’écouter parce que finalement, ça me manquait les Compétitions. Par contre n’approche pas, je suis trempée.

— Ça met égale, mon amour, lui dis-je en l’embrassant. Tu es sexy dans cette tenue.

— Mais ce n’est pas sexy du tout enfin !

— Je suis sérieuse, Océ, tu es vraiment sexy en short et débardeur. Je ne sais pas comment je fais pour résister. Si tu savais à quel point j’ai envie de venir t’embrasser, là maintenant.

— Ça, c’est juste que tu es accro à moi, rigola-t-elle. Ton petit déjeuner est sur la table, mon cœur. Faut que je continue à m’entraîner.

— Alors je vais laisser ma championne s’entraîner, terminais-je en l’embrassant tout de même.


Je partis suite récupérer mon petit déjeuner sur la table du salon, où Emma faisait je ne savais quelle activité, récupérais l’énième tasse de thé qu’elle me tendait et m’installais sur la terrasse d’où je pouvais voir mon grand amour en action. Une heure plus tard, elle s’arrêta et vint s’asseoir à côté de moi, une serviette autour du cou. De la sueur dégoulinait le long de son visage et de son coup, ce qui la rendait encore plus attirante.


— J’aurais adoré vivre dans une maison comme celle-ci, avouais-je. Que toi, moi et nos enfants. Sans responsabilité, comme une famille normale.

— C’est vrai que ça m’aurait plu aussi, mais tu es l’Impératrice et tu dois faire avec. Après rien ne nous empêche de faire régulièrement des sorties comme celle-ci.

— Tu as raison. Tu ferais mieux d’aller prendre ta douche avant qu’on parte.

— Tu me rejoins ?

— J’aurais bien aimé, chérie, mais il faut que je me prépare. Comme il y a un événement important et que je suis là, je dois faire une apparition officielle.

— J’avais oublié. À tout de suite, mon cœur.


On se prépara toutes les deux pendant une heure, chacune de notre côté. Avec Emma, nous avions conclu un accord. Pendant tout le temps qu’on resterait ici, je devais essayer de tout faire seule. Bien sûr, si je n’y arrivais pas, elle serait là pour m’aider. Je mis une légère robe rouge avec de nombreux strass ainsi qu’une ceinture grise. J’attache mes cheveux en une seule natte que je laissai retomber dans mon dos avant d’y déposer ma couronne. Océane arriva à ce moment-là.


— Tu es magnifique, commenta-t-elle après m’avoir observé des pieds à la tête.

— Merci, chérie.

— Par contre, il manque quelque chose. Voilà qui est beaucoup mieux. Ajouta-t-elle après m’avoir mis du rouge à lèvres ?

— Prête ? enchaînais-je.

— Plus que jamais et toi ?

— Je le suis aussi.

— Alors c’est parti.


Quand on arriva sur la grande place du village, tout était déjà en place. Les tapis de combat, les vestiaires, les tribunes et même ma place qui m’avait été réservée.


— Whao, ça m’avait vraiment manqué toute cette pression.

— Tu es la meilleure, tu vas tout déchirer.

— Merci de croire en moi. Je crois que ta place est là-bas et Maria y est déjà.

— Oui, et toi c’est par là. Promets-moi de faire attention à ton épaule.

— Je me suis blessée plus d’une fois en combattant, Elena. Je gère.

— Bonne chance.

— Merci, mon cœur.


Je lui rendis son sourire et l’embrassais. Elle partit s’inscrire et se changer tandis que je me dirigeais vers Maria qui me faisait de grands signes pour que je la rejoigne.


— Elle a fini par changer d’avis à ce que je vois, commença-t-elle

— En effet. J’ai réussi à la convaincre hier et elle s’est levée plus tôt pour s’entraîner.

— Je suis sûr qu’elle va y arriver. Elle n’est pas triple championne d’Eryenne pour rien.

— Je n’en doute pas, c’est juste que depuis ses accidents…

— Quels accidents ?

— Ce n’est rien. Je ne m’inquiète pour rien.

— Je ne poserais pas de question alors.


Maria se leva alors pour commencer et sans dire un seul mot, le silence vint immédiatement. À ce moment-là, j’eus vraiment l’impression de voir ma mère quand elle avait une annonce à faire. En beaucoup moins terrifiant.


— Mesdames, mesdemoiselles, Messieurs, aujourd’hui est un jour important pour notre village. En plus d’organiser le vingtième tournoi annuel de karaté, nous avons l’honneur d’accueillir deux personnes importantes. Tout d’abord, l’impératrice Elena est venue jusqu’ici. Ma petite fille n’a rien à voir avec sa mère et je lui promets un grand avenir et de nombreuses avancées politique, sociale et économique au sein de l’Empire d’Eryenne.

— Longue vie à l’Impératrice ! lança un villageois suivi de tous tandis qu’ils s’agenouillaient pour me saluer.

— Mais nous accueillons surtout l’une des plus grandes figures de karaté. Une championne que tous les karatékas souhaitent un jour rencontrer. Et aujourd’hui nous avons cette chance. Je veux un tonnerre d’applaudissements pour la triple championne d’Eryenne, Océane Luisard !


Une foule en délire l’applaudit quand elle entra sur le terrain, vêtu d’un kimono blanc et d’une ceinture noire, les cheveux attachés en chignon. Elle salua la foule, avec un grand sourire et la foule la salua en retour. Je ne pus retenir un sourire en la voyant ainsi. Quand ses yeux se posèrent sur moi, elle me fit un signe de tête. Les autres combattants, homme comme femme, entrèrent à leur tour, saluant la foule. Quand je vis les gabarits, j’eus peur pour elle puis je me rappelais qu’elle ne combattait que des femmes, qu’elle était triple championne de karaté et que je ne l’avais jamais vue combattre ce qui me rassura. Je devais attendre de la voir à l’œuvre pour inquiéter ou non.


Les combats durèrent pendant plus de deux heures et Océane ne cessait de m’impressionner à chaque combat. Elle les enchaînait et gagnait à chaque fois. Coup de pied, coup de poing, pas une seule fois que ses adversaires ne parvenaient à l’atteindre. Elle avait des étoiles plein les yeux et moi de même. Lorsque vint le final, je crus qu’elle n’allait jamais y arriver vu son adversaire, mais elle réussit quand même. À chaque coup, je retenais mon souffle, ayant peur pour elle, mais étant aussi admirative. Pour la remise des médailles, Maria me demanda de la faire avec elle. On commença par les hommes. Puis ce fut au tour des femmes, Océanes à la première place. Je donnais les médailles et embrassais les combattants, selon la tradition de ce sport, tandis que Maria leur donnait les fleurs.


— Tu as été incroyable, commençais-je en arrivant face à Océane.

— Je n’y croyais pas. Pas après toutes ses années sans pratique. Ça fait tellement peu de temps que j’ai repris, enchaîna-t-elle tandis que je lui passais sa médaille autour du cou.

— Je te l’avais bien dit, ajoutais-je en l’embrassant sous les regards intrigués des autres combattants qui n’étaient pas au courant de notre relation. Tu es ma championne.

— Merci d’avoir cru en moi, mon amour. Ajouta-t-elle en descendant du podium et en essayant de se rapprocher discrètement de Maria, en vain.

— J’ai cru en toi parce que je savais que tu allais y arriver.

— Elena, commença-t-elle. J’ai quelque chose à te demander, là maintenant.

— Heu..D’accord, je t’écoute, ajoutais-je intriguée.

— Je t’avais promis de te faire la plus belle demande en mariage possible et je veux la faire aujourd’hui. Majesté, dit-elle en posant un genou au sol et en sortant une bague, de je ne savais où, voulez-vous m’épouser ?

— Ah bah enfin ! La taquinais-je, sourire aux lèvres avec les larmes qui montais tandis que tout le monde retenait son souffle. Tu es certaine ?

— Plus que jamais. Après tout ce qui nous est arrivé, on mérite d’être heureuse ensemble. Je veux passer le reste de ma vie avec toi, je veux t’accompagner dans les étapes de la vie de famille. Je veux être la mère de nos enfants.

— Avec plaisir, mon amour. Bien sûr que j’accepte de t’épouser !

— Je t’aime Elena, ajouta-t-elle en passant la bague autour de mon doigt

— Moi aussi je t’aime. Tellement.


Je l’embrassais sous les applaudissements des villageois et des combattants, enfin heureux et comblé. Les larmes aux yeux, je la serrais dans mes bras tandis que tout le monde s’agenouillait pour nous deux cette fois-ci. Même eux, qui avait été exilée par ma mère, acceptaient notre relation, notre mariage et j’en été que plus heureuse.


Pendant tout le reste de la journée, alors qu’on festoyait avec tous les villageois, ils venaient tous nous féliciter. Océane avait troqué son kimono pour sa magnifique robe orange et la ceinture grise qu’elle avait lors d’un de nos rendez-vous. La robe que j’adorais, celle qui lui allait à merveille. Elle avait laissé ses cheveux détachés qui tombaient sur ses épaules. En fin de soirée, alors que le soleil avait complètement disparu, Océane annonça à Maria notre retour au chalet. Je commençais à être fatiguée et elle l’avait remarqué, comme Emma.


— J’aimerais que tu m’apprennes à combattre comme toi, lui dis-je subitement alors qu’on était au lit, ma tête sur son ventre

— Je ne peux pas Elena, mais je peux au moins t’apprendre les bases pour pouvoir te défendre.

— C’est tout ce que je demande.

— De toute façon on ne pourra commencer qu’après ton accouchement.

— Merci d’avoir accepté de combattre aujourd’hui.

— Pourquoi ? C’était si important que ça pour toi ?

— C’était important oui. J’ai pu découvrir une personne en toi. Je savais que tu étais une femme forte, mais là tu m’as impressionnée. Et je n’en suis que plus fière de devenir ta femme. Pendant toute la durée du combat, je n’ai cessé de t’admirer toujours plus.

— Je t’aime aussi Elena. Toi aussi tu es quelqu’un de fort. Avoir réussi à devenir une femme à l’opposé de sa mère en ayant eu qu’elle comme modèle c’est incroyable.

— On se complète l’une l’autre.

— En effet. Sans toi je n’aurais peut-être ni survécu à ta mère ni à Julien, je ne serais jamais remontée sur un tatami et je n’aurais jamais rencontrer une femme aussi incroyable que toi.

— Et sans toi, je ne serais jamais devenue qui je suis. J’ai toujours fait en fonction de toi, même quand tu étais dans le coma je ne cessais de me demander ce que tu aurais fait à ma place.

— Je le sais ça. J’ai trouvé ton carnet où tu écrivais pendant mon coma. Comme je sais que tu n’as parlé de ce carnet à personne.

— Je voulais te le donner avant, mais on peut dire que je n’en ai pas vraiment eu le temps.

— Ce n’est pas grave. Tu ferais mieux de dormir, on a une grosse journée demain.

— Comment ça ?

— Tu verras. Repose-toi.

— Bon d’accord, bonne nuit, mon amour. ajoutais-je en plaçant ma tête au creux de son épaule.

— Bonne nuit mon cœur. Termina-t-elle en déplaçant une mèche derrière mon oreille tandis que je m’endormais.


Cette journée avait été parfaite. J’étais enfin fiancée à la femme que j’aimais, je l’avais vu combattre pour la première fois et elle avait gagné.

Annotations

Vous aimez lire Le studio d'Anaïs ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0