Le petit n’avait pas hérité de la chevelure de feu de sa mère. Seules ces prunelles pétillantes, couleur d’orage, suggéraient un lien de parenté. Deux lacs aux reflets troubles, perdus au milieu d’une bouille ronde au sempiternel sourire.

Senteurs sucrées d’une enfance heureuse.

Éclats dorés sous un soleil ardent.

Tendres embrassades.

Quand il tournoyait ainsi sur les rochers couverts d’écume, son apparence humaine laissait place à celle d’une gracieuse créature ailée, aux prises avec les éléments. La gravité reprenait bien vite ses droits. Et c’était trempé, au bord des larmes, qu’il revenait se réfugier dans la chaleur apaisante des bras maternels.

Il était menu. Léger comme une plume lorsqu’il enfouissait sa tête toute douce au creux de son cou. Elle le soulevait alors bien haut, et son rire cristallin résonnait contre les falaises de l’île.

Bien vite, le garçonnet repartait à l’aventure. Vif et curieux, il restait d’une prudence exemplaire malgré ses quelques saisons. Le port était son domaine, les parois rocheuses et les hangars son terrain de jeux. Flotter sur l’eau, disparaître parmi les blés, dévaler les escaliers dans un bruit de casseroles… à cet âge-là, ivre de senteurs iodées et de rayons brûlants, tout se parait d’une simplicité sans égale. Et aucune remontrance ne résistait à sa petite frimousse malicieuse.

Le soir venu, il se laissait tomber dans la plaine, caché par le bruissement des épis. Souvent, elle le retrouvait ainsi, épuisé d’avoir couru et joué, les joues rosies par l’excitation. Et derrière ses cils frémissants, une nouvelle journée de découvertes et de questionnements sans fin se profilait déjà.

Il était ainsi, cet enfant. Lueur d’espoir pour elle, pour eux tous.

Il s’appelait Lucas.

Pour elle, il resterait à jamais son petit soleil.