Expression

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Pour la deuxième partie de ce défi, place à une personne réelle… bien que je ne l’aie jamais rencontrée. L’histoire de Zenea date en effet d’une enfance, celle de ma mère, il y a cinquante ans de cela.

Commencez par imaginer un village d’environ mille âmes, tel que vous n’en avez jamais connu. Là-bas, et surtout à cette époque, pas de routes asphaltées, ni de jolies demeures de briques. Les maisons n’étaient pas laides, loin de là ! Leur architecture différait : plus simples, faites de chaux et de torchis. Un autre temps, où le chemin vers l’école se finissait souvent en arrachant ses bottes de la boue lors des jours de pluie…

Vivait donc dans ce village un habitant nommé Zenea. Prononcez « zé-gna », ça ne vient pas du français ! Contrairement à ce que vous pourriez penser à la lecture de la suite, Zenea était marié… Fait étonnant, puisque son épouse ne semblait pas se soucier des rumeurs, ni des habitudes plus que douteuses de son mari.

Car il n’était pas un homme ordinaire. Peu enclin à travailler aux champs comme ses pairs, bien plus porté sur la bouteille, il gardait une bonne descente malgré sa bedaine proéminente.

Sa particularité la plus remarquable demeurait cependant sa dégaine. Pas saoul pour un sou, son activité favorite consistait à déambuler dans les rues et ruelles, et à interpeller les passants de sa voix grasseyante, vêtu de guenilles. Ou de son pyjama plus très frais, selon son humeur du jour.

On ne pouvait pas vraiment qualifier sa maisonnée de pauvre, l’épouse parvenait à les maintenir tous les deux à flot. Il arrivait pourtant qu’ils ne mangent pas à leur faim. C’était un fait connu et les voisins se cotisaient parfois pour leur offrir des produits de première nécessité, par solidarité. Le temps que l’homme retrouve un emploi. Du travail, il y en avait pour tout le monde ! Sauf pour Zenea, lui ne parvenait pas à garder un poste stable.

Alors, pour faire croire au voisinage qu’il avait lui aussi de la viande dans son assiette, il enduisait son menton d’huile avant de sortir.

Imaginez maintenant la scène : un gros poivrot en haillons, le menton gras, titubant dans la poussière… Vous comprenez que ça pouvait faire jaser les commères.

L’expression a ensuite traversé les années. Et quand, petits, nous gardions notre pyjama en journée, ou lorsqu’on associait mal les vêtements, ma mère lançait un :

« C'est quoi cette tenue ? On dirait Zenea ! Va te changer ! » avec un regard réprobateur.

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