I - La lettre

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Au coin du feu, assis sur son fauteuil, John Elder tient une lettre entre ses mains. Le papier un peu vieillot et le timbre aux armoiries du duc de Sombreval lui rappelle des souvenirs amers. Malgré ce sentiment désagréable, il déplie le mot :

"Mon vieil ami. La vie ne nous a pas toujours rapprochés, mais si tu lis ces lignes c'est que je suis mort. "

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Il se frotte les yeux alors que des images lui remontent en mémoire, avant de reprendre sa lecture :

"Il n'y a aucun mot qui pourrait effacer ce qui s'est passé, je le sais mieux que quiconque. Mais pour cette fois je te demande de mettre tes ressentiments de côté et de m'aider. Il faut que tu découvres la raison de ma mort, et que tu protèges P. "

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"Depuis quelques-temps, d'étranges événements sont survenus. Si je n'étais pas aussi paranoïaque, j'aurais pris ça pour de malheureuses coïncidences... Mais je pense qu'elles sont l'oeuvre de l'un de mes des enfants.

Enfin, je te laisserai découvrir tout ça par toi même afin de ne pas t'influencer. "

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"J'ai entièrement confiance en tes capacités d'enquêteur et je n'en ai jamais douté quoi qu'on en dise. Je sais que tu arriveras à faire la lumière sur tout ce qui s'est passé et à protéger P.

Prends soin de toi,

Avec toute mon amitié,

Henry. "

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John pose avec délicatesse la lettre sur l'accoudoir du fauteuil et prend l'enveloppe. Il la regarde sous toutes les coutures, s'attarde sur un des coins abimé puis la repose.

Il se lève brusquement, empoigne les papiers et s'approche de la cheminée. Une main sur sa bouche et l'autre serrant la lettre, il laisse ses pensées vagabonder, les yeux perdus dans les flammes.

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  • Tu me fais diablement chier Henry.

Dans un geste d'énervement il jette le tout dans le feu, qui se met à crépiter de façon inattendue. Des flammes bleues jaillissent de la lettre qui se consume.

Du souffre.

Le Duc a toujours pris soin de parsemer cette substance sur ses écrits afin de pouvoir l'authentifier.

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Mais cela n'empêche pas quiconque de falsifier la lettre, ou même de se réapproprier ce système. Le plus étrange ici, c'est que l'enveloppe avait été ouverte et refermée avec soins.

John s'approche de son bureau, fouille dans un tiroir et y retire son vieux Smith&Wesson. Il ouvre le barillet, compte les cartouches et en rajoute deux qui manquent.

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Puis il s'approche du porte manteau et y dépose l'arme dans une des poches de son imperméable.

Il s'habille et s'apprête à sortir lorsque le téléphone se met à sonner. Après une seconde d'hésitation, il passe le pas de la porte et claque sans même décrocher.

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