II - L'arrivée au manoir

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Penché sur son volant tous phares allumés, John scrute tant bien que mal la route à travers un flot incessant de flocons. Les essuie-glaces peinent à écarter la neige qui s'accumule sur le pare-brise tandis que le chauffage crache à plein poumons de l'air froid. Buée où hypothermie, le choix fut assez empirique !

Soudain, les phares se mettent à scintiller.

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Sans crier gare, le moteur toussote puis s'arrête dans un dernier crachat. John tape sur son volant, grommelle et se met à chercher à tâtons quelque-chose dans la boite à gants. Au bout de plusieurs secondes il en ressort une lampe-torche qu'il allume sans ménagement. Il remonte le col de son imperméable et sort de la voiture, avant de se prendre la tempête de neige en plein visage.

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Il regarde le moteur, mais rien n'y fait. Les bougies sont mortes. Et les courroies aussi probablement. Et la batterie...

  • Tu m'auras bien servi.

John remonte sans grand succès son col.

  • Mais tu aurais pu choisir un autre moment...

Il prend un sac dans son coffre puis, torche à la main, il s'avance sur la route.

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Après quelques minutes de marche, John se retourne. Il a l'impression d'être suivi. Il avance son bras qui tient la torche et scrute à travers la tempête, mais il ne voit rien. Il croit entendre un grognement lointain... Des loups ? Des frissons lui parcourent l'échine à cette idée. Il pose sa main sur son arme, comme pour se rassurer, puis reprend sa progression.

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Le froid mordant et le verglas caché sous la neige rendent la progression compliquée. Au bout d'une heure, une petite lueur apparaît enfin à l'horizon. Après quelques minutes de marche, les plus longues et difficiles, avant que n'apparaisse son salut : le manoir se tenait là, tel un mastodonte de pierre bravant la tempête. Jamais il n'aurait cru qu'un jour il se sentirait soulagé d'y retourner...

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Alors qu'il frappe à la porte, il entend quelqu'un crier dans la forêt non loin de là. Il se protège de la neige que les bourrasques lui balancent au visage, il n'aperçoit qu'un voile blanc bouger frénétiquement en tous sens. C'est certainement une illusion sonore, peut-être l'effet du vent dans les branches...

Puis la porte s'ouvre, laissant apparaître un majordome perplexe.

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  • C'est pour quoi ?
  • Bonjour, je m'appelle John. J'ai prévenu Paul de mon arrivée.
  • C'est le détective. S'écrie une petite voix derrière.

La majordome le laisse entrer avant de refermer la porte. Il lui prend son imperméable du bout des doigts, le range sur le porte-manteau et disparait dans une des allées sombre du manoir.

  • Il ne parle pas beaucoup, mais ses pâtisseries sont délicieuses. S'exclame un petit garçon assis sur les escaliers.

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Il devait avoir sept ou huit ans. Habillé d'un pyjamas à rayure un peu trop grand pour lui, il tient un petit ours dans ses bras.

  • Tom ? S'exclame une voix tonitruante venant du haut des escaliers.
  • Oh mince... Vous ne m'avez pas vu d'accord ? Dit le petit garçon, avant de disparaitre en courant dans un des couloirs.

Une silhouette imposante apparait soudainement tout en haut.

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Une nounou à l'air désespérée s'écrie à nouveau :

  • Tom ? Où es-tu petit chenapan ?

Halentante et les joues rouges vif, elle tourne la tête vers John :

  • Vous là, vous avez vu une petite pest.... un petit garçon ?
  • Désolé madame. Répondit-il avec amusement.

Alors que la malheureuse s'en retourne à la recherche de l'enfant, Henry apparaît.

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  • Bonjour John.
  • Paul je présume ?

Les deux hommes se serrent la main.

  • Vous n'auriez pas dût venir si vite, avec cette tempête c'était une folie.
  • Vous savez ce que c'est, on se laisse emporter par une affaire et...
  • D'ailleurs j'aimerais que vous ne colportiez pas cette horrible rumeure. Je dois vous avouer que j'ai été surpris d'apprendre que la mort d'Henry n'était pas accidentelle.

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  • "Peut-être" pas accidentelle. Ce n'est qu'une simple hypothèse.
  • Alors justement, si vous pouviez rester assez discret... Ma femme est encore très sensible sur ce sujet. La mort de son frère l'a touchée au plus haut point.
  • Je ferais au mieux.

Après un signe d'acquiescement, Paul amène John à sa chambre. Une petite pièce qui ne possède qu'un lit, un petit lavabo et une simple armoire.

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  • Le petit déjeuner sera servi huit heure. Pour les comodités, c'est dans le couloir au fond à gauche.

Il lui tend un trousseau de clés.

  • Elles vous permetteront d'accéder à n'importe quelle pièce du manoir.
  • Je vous remercie de votre collaboration.
  • Ce qui m'importe c'est avant tout de laver notre honneur. J'espère que vous ne trouverez rien.
  • Je l'espère aussi.

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A peine Paul parti, John sort un petit calepin de sa poche et griffone quelques notes.

Il s'assois sur son lit qui se met à grincer et regarde le mur avec attention. Le vieux papier peint à moitié arraché, des plus raffiné.

Après avoir posé son sac il défait ses chaussures, s'allonge sur le matelat peu confortable puis ferme les yeux.

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