Poisson

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L'histoire se passe près d'un skatepark, au bord d'un petit village humide. La pluie tombe mollement. Elle est froide sur les doigts de Margot.

Margot c'est la petit fille de l'histoire. Elle est là, dehors. Toute seule dans le skatepark. Elle est assise sur un muret et la pluie tombe sur son manteau, sur ses bottes, et sur ses mains.
Margot a du mal à respirer. Elle tousse un peu.

Elle ne sait pas trop bien pourquoi elle est sortie comme ça, dehors sous la pluie, pour aller au skatepark. D'abord elle aime pas le skate. Par contre elle aime beaucoup les flaques d'eau.
Elle s'avance un peu au milieu du skatepark, vers une très grande flaque d'eau. Alors avec ses petits doigts tout froids, elle touche la flaque. Elle aime bien sentir l'eau lui mordre les doigts. Puis elle mets une botte dedans. Puis la deuxième.

A ce moment il se passe quelque chose de complètement extraordinaire: Margot passe de l'autre côté de la flaque. C'est difficile à expliquer parce qu'il ne se passe vraiment rien, quelq'un qui se serait tenu là à la regarder sous la pluie n'aurait rien vu du tout. Mais au fond du fond, dans son corps, c'est que ma Margot sait : c'est ce que Margot sent.

Elle se relève en panique et regarde tout autour d'elle !... rien ne semble avoir changé... mais Margot en est sûre elle est passée de l'autre côté !
Elle plonge ses yeux dans le reflet de la flaque, brouillé par quelques gouttes de pluie. La petite fille de l'autre côté lui ressemble, mais elle a l'air plus grande, de 2 ou 3 ans, c'est bizarre... la fille de la flaque lui jette un sourire moqueur, narquois... puis disparaît !

Margot est sous le choc. Où est son reflet ? Elle se retourne, médusée, comme si elle allait apercevoir la fille courir quelque part autour d'elle.

Mais il n'y a personne d'autre dans le skatepark.

Alors Margot se précipite vers une autre flaque. Son reflet ne s'y trouve pas. Le sol bitumé est couvert de pluie, elle trouve une autre flaque. Toujours pas de reflet ! Elle court bientôt de flaque en flaque, trébuchant sur les graviers, éclaboussant tant et si bien qu'elle se retrouve trempée des pieds à la tête... mais elle ne s'en aperçoit pas, trop inquiète de ne trouver son reflet nulle part !

Margot ne sait plus quoi faire. Elle court dans les rues désertes du village. Elle veut rentrer chez elle, ce n'est plus drôle du tout ! Essouflée, elle se tient devant la porte de sa maison, elle tourne la poignée... Mais la porte ne s'ouvre pas.

Margot ouvre de grands yeux effrayés. C'est la fille. C'est la fille de la flaque qui a fermé la porte a clé ! Elle fait le tour de la maison pour passer par le jardin. Fermé lui aussi.

Margot court de plus belle dans les rues de la ville. Elle ne sait plus où aller, elle souffle fort et ça lui fait mal, sa bouche a le goût du sang.
Près de l'église il y a le petit parc avec un lac et des canards. Elle s'arrête soudain. Le lac ! Elle se rapproche, curieuse, inquiète aussi... et soudain elle l'aperçoit ! C'est bien elle, la fille de la flaque ! Sans hésiter, elle se jette sur le reflet pour l'attraper et lui reprendre sa clé. Les deux Margot se tapent dessus, se tirent les cheveux, elles crient ! Elles se griffent, se donnent des claques, elles roulent dans tout les sens, s'arrachent leurs vêtements ! Sa tête plonge sous l'eau, puis ressort pour reprendre plein d'air, puis replonge sous l'eau. C'est un chaos épouvantable.

Enfin, du bout de ses petits doigts froids, elle sent qu'elle tient quelque chose. Elle palpe le petit bout d'objet... une clé ! Sa clé ! D'un bond gigantesque, Margot émerge du lac et se retrouve propulsée sur la rive, au milieu des canards qui s'échappent mollement en cancanant.
Elle crache encore un peu d'eau lorsque de grands bras la soulèvent de terre et la portent entre deux épaules bien chaudes. C'est maman. Maman tremble de peur, elle demande à Margot d'une voix secouée d'inquiétude: "Mais où étais-tu ma chérie ?! où étais-tu ?!".

Margot était revenue de l'autre côté de la flaque. Quel soulagement !
Toute tremblante, trempée jusqu'aux os, Margot sera fort sa maman dans ses bras. Puis heureuse, elle répondit simplement : "Je m'étais perdue."

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