Partie 1 - Chapitre 2

20 minutes de lecture

Gaby

Dom buvait tranquillement son café, tout en regardant par la fenêtre le chauffeur du camion. Un gamin d’une vingtaine d’année habillé d’un pantalon, d’un tee-shirt et d’une casquette aux couleurs de la société de déménagement. Une magnifique mustang bleue nuit, habillée de lignes blanches courant du capot au coffre, se gara quelques mètres derrière le poids lourd.

- Chérie, les nouveaux voisins sont arrivés, hurla t’il à travers la maison. Putain, ça c’est de la bagnole, rajouta t’il pour lui-même.

- Pas la peine de crier, je suis juste là. Et Maria colla son visage à celui de son mari pour voir ceux qui peut-être deviendrait des amis.

L’observation du voisinage, sans que toutefois celui-ci sache qu’il était observé, était un art dans lequel Maria se revendiquait comme experte. En plein jour, c’était assez simple, il suffisait de se tenir assez loin en retrait de la fenêtre pour qu’avec la lumière et le rideau, les personnes à l’extérieur ne voit que le reflet du paysage dans les fenêtres. Non, la vrai difficulté, c’était lorsque la nuit tombé, il fallait commencer par ne pas allumer la lumière dans la maison, sinon, tout le monde pouvait voir une ombre derrière le double vitrage. Il fallait, comme un félin qui chasse, rester dans l’ombre, attendre que l’oeil s’habitue à l’obscurité et surtout garder un parfaite immobilité. Le moindre mouvement attirait systématiquement l’oeil.

Forte de toute son expérience, Maria, sans jamais attiré l’attention, dévisagea les nouveaux venus, et faisait les commentaires à son mari qui avait repris sa place autour de la table du petit-déjeuner.

- Oh, il à l’air beaucoup plus vieux qu’elle. Il doit bien avoir cinquante ans. Elle, je dirais qu’elle doit avoir notre âge. Je ne sais pas ce qu’elle lui trouve, peut-être qu’il a beaucoup d’argent. Non, s’il était riche, ils ne viendraient pas s’enterrer ici.

Tout était prétexte à un commentaire, une remarque. Mais malgré les apparences, Maria ne jugeait pas, elle ne faisait qu’énumérer tout ce qui lui passait par la tête. Elle vidait sa tête par la bouche, comme elle disait.

- Si tu voulais satisfaire ta curiosité et ton mari en même temps, tu sortirai ramasser le journal devant la porte, lui lança Dom avec un petit sourire.

Il savait que sous couvert d’une remarque sexiste, il venait surtout de donner à sa femme l’excuse qui lui manquait pour pouvoir sortir observer les nouveaux voisins de près.

- Tu as de la chance que je sois d’humeur serviable ce matin, lui répondit-elle amusée, mais j’espère bien que ce soir, ce sera toi qui sera serviable.

Et pour être sûre que son mari avait bien compris le sous-entendu, elle remua ses fesses moulées dans son pyjama en coton, tout en simulant une fessée, explosa de rire devant la tête stupéfaite de Dom, et sortie ramasser le journal.

Bien sûr, Maria pris son temps pour ramasser le journal, elle guettait du coin de l’oeil les moindres faits et gestes des voisins. Elle remarqua que seul l’homme, ainsi que le chauffeur du camion déchargeaient les cartons, ils avaient donc les moyens d’acheter une grande maison, une belle voiture, mais pas de payer un déménagement clé en main. Cependant, il était clair que le gamin ne tiendrait pas bien longtemps à ce rythme. Ils enchainaient les allés-retours, les bras chargés de cartons, de sac, ou de boîtes de rangement en plastique.

Maria s’interrogea, où été la jolie femme qu’elle avait vu tout à l’heure, et pourquoi n’aidait-elle pas? Depuis le perron de sa maison elle ne pouvait voir l’intérieur du camion, mais elle estima qu’il faudrait au moins toute la matinée pour le vider intégralement, c’est alors qu’elle eut une idée. Elle rentra précipitamment.

- Dom, va rapidement t’habiller, les voisins vont avoir besoin d’un coup de main, il est tout seul pour vider le camion. Enfin, il y a bien le jeune, mais je pense qu’à cette allure, il va vite avoir besoin d’un défibrillateur.

- Mais j’ai pas envie de me taper un déménagement aujourd’hui. Et puis de toute façon on a prévu d’aller faire du vélo.

A ce mot, Gaby, qui s’était installé devant la télévision avec son doudou en attendant d’aller prendre sa douche repris contact avec le monde réel.

- Oh oui, du vélo, on avait dit qu’on irait faire du vélo, vous avez promis, cria la petite fille.

- Tu vois, on lui a promis dit Dom avec un sourire triomphal.

- Je sais, sauf qu’on s’était mis d’accord, la promenade en vélo, ce sera cet après-midi. Ce matin, tu peux aller aider les voisins. Ils arrivent dans une nouvelle maison, dans un nouveau quartier avec des nouveaux voisins. Tu pourrais être moins ours, et aller donner un coup de main. Souviens-toi que tu étais bien content quand Catherine venait garder Gabriella. C’est toujours utile de bien s’entendre avec le voisinage. On ne sait jamais de quoi on aura besoin, ni ce qui peut arriver. Imagine qu’il soit médecin, et qu’un jour Gabriella s’étouffe, ou tombe, ou pire…

Sans même laissé le temps à sa femme de finir sa phrase, Dom abdiqua.

- C’est bon, je vais m’habiller.

- Et avec le sourire s’il vous plait monsieur, et si vous êtes sage, il n’est pas impossible que ce soir, moi, je ne le sois pas, ajouta Maria lançant à son mari un clin d’oeil.

Dans un même temps, elle saisi la télécommande de la télévision et l’éteignit.

- C’est pareil pour vous mademoiselle Gaby, il faut aller prendre sa douche et s’habiller.

- Non, encore un épisode, juste un s’il te plait. Et après je vais à la douche, hurla la petite fille se roulant sur le canapé et se débattant alors que sa mère tentait de l’attraper.

Maria, comme toutes les futures maman avaient pourtant affirmé que sa fille ne regardait pas d’écran avant l’âge de trois ans, et qu’ensuite, ce serait pas plus de quinze minutes par jour. Tous les futurs parents sont pleins de bonne volonté, et puis arrive le bébé, et la réalité des faits. Et la vie se transforme en scène de café théâtre, où chaque parent se retrouve à devoir improvisé, faire du mieux qu’il peut pour satisfaire son public, en fonction de réaction. Sauf que contrairement à un public qui est capable d’exprimer et de verbaliser ses différents états d’âme, un bébé ne fait que pleurer.

Après la naissance de Gaby, Maria avait rapidement réussi à reconnaitre les différents pleurs du bébé et leurs causes, la faim, la couche pleine, la fatigue. Dom lui réagissait de manière aléatoire quand Gabriella pleurait. Il regardait sa montre et se perdait dans les calculs de tétées. Combien de temps s’était-il écoulé depuis la dernière fois? Est-ce qu’elle avait beaucoup tété? Ou alors, elle veut dormir un peu et réclame son doudou? Peut-être la couche, est-ce qu’elle sent?

Malgré son air perdu, Dom s’était toujours très bien occuper de Gabriella, Maria était fier de son mari. Lui-même n’avait pas connu son père, et il était hors de question pour Dom de ne pas s’occuper de sa fille. C’était un papa-poule, et il l’assumait totalement. Il prenait régulièrement le temps de lui lire une histoire, de la coucher, ou de jouer avec elle. Et plus Gabriella grandissait plus Dom s’impliquait dans les activités du week-end, malheureusement, la semaine, il travaillait et ne voyait sa fille que le temps de manger, et de la coucher. Alors quand arrivait le samedi, le père comme la fille devenait tout excités des différents programmes qu’ils prévoyaient ensemble. C’était pour cette raison que Dom avait un peu trainer avant d’accepter d’aider ses nouveaux voisins.

Mais il était enfin prêt, il était aller chercher ses gants dans le garage, et même le vieux diable qu’ils avaient acheté avec Maria pour leur propre emménagement. Il enfila ses chaussures, sortit, et lança d’un ton qui se voulait aimable et charmant :

- Bonjour, besoin d’un petit coup de main?

Surpris, le voisin sursauta, laissant échapper son carton, et un juron.

- Je me présente, je m’appelle Domingo, et j’habite la maison juste à côté, dit-il en tendant la main. Mais tout le monde m’appelle Dom, ajouta-t’il.

Son voisin le salua, et se présenta.

- Je m’appelle Joe, Joe Kovac. Enchanté.

Et sans plus de discours, Dom attrapa un carton et se dirigea vers la maison.

- Il y a la pièce où il faut le déposer inscrit sur chaque carton, c’est Mandy, ma femme qui s’est occupé de la répartition des cartons, repris Joe.

Dom regarda alors son carton, celui-ci allait au salon, ça tombait bien, il savait où c’était. A l’époque où Catherine gardait Gabriella, il était arrivé que la baby-sitter travaille depuis chez elle. Dom et Maria déposaient alors leur fille chez leurs voisins. Ils y avaient d’ailleurs pris le café, participé à quelques barbecue dans le jardin, mais ils n’étaient jamais montés à l’étage.

- Bonjour, dit Dom en entrant, ne voulant pas effrayer Mandy. Je suis Dom, le voisin, je suis venu vous aider à vider le camion.

- Allez-y, entrez, je suis ici, je surveille Kaely, notre fille.

Dom pénétra dans le salon, et rencontra ainsi Mandy, et surtout, la petite Kaely.

- J’aimerais pouvoir aider mon mari, mais elle se sauve dès qu’on a le dos tourné.

- Je crois que j’ai une solution répondit Dom, ne bougez pas, je reviens.

Il déposa le carton sur la pile déjà existante, et retourna chez lui.

Le voyant se diriger vers sa maison, Joe lui lança une boutade :

- Je croyais les gens du coin plus robuste, tu abandonnes déjà?

Je reviens, j’en ai pour deux petites minutes.

Dom entra chez lui, Maria s’inquiéta de le voir déjà, mais Dom lui expliqua rapidement son idée. En entrant chez ses voisins, il avait remarqué que la cuisine était totalement impraticable, il proposa donc à sa femme de préparer un repas pour tout le monde, ainsi, une fois le camion déchargé, ils pourront tous faire connaissance.

-Ah, et ils ont une petite fille, Kelly, Kaly, je ne sais plus, mais qui doit avoir le même âge que Gabriella, elles vont pouvoir jouer ensemble cet après-midi.

Une fois tomber d’accord, Dom rejoignit son voisin, et ensemble, ils finirent de vider le camion. D’abord les cartons, ensuite, le petit mobilier, et pour finir, le gros électroménager.

Ils pouvaient maintenant se poser tranquillement autour d’une bonne bière, les deux familles réunies et alors que les adultes faisaient connaissances, Gabriella rencontra pour la première fois de sa vie, celle qui deviendrait sa meilleure amie, Kaely.

Les deux petites filles jouaient, se chamaillaient, rigolaient, pleuraient et rigolaient encore. Quand l’une attrapait un jouet, l’autre voulait forcément ce même jouet.

Cet après-midi là, personne ne fit de vélo, et pourtant, tout le monde passa une excellente journée. Ce fut le début d’une amitié forte et sincère.

Mitchell

Mikael se souvenait de l’époque où ils étaient tous deux de jeunes engagés, à peine majeurs. Ils avaient fait leurs classes ensemble et s’était retrouvés pendant toute cette période dans la même chambre. Les mois passés ensemble et les difficultés de l’apprentissage de la vie militaire les avaient clairement rapprochés malgré leurs différences.

Mitchell était quelqu’un de très cérébral, privilégiant la réflexion à l’action, mais n’hésitant pas à se relever les manches dès que la situation le demandait. Frichter était plutôt le bras armé, il était constamment dans l’action, réagissant à l’instinct et n’obéissant qu’à celui-ci, ce qui lui valu plusieurs problèmes avec sa hiérarchie. Mais il s’avérer avoir un très bon instinct, et c’est ce qui l’aida à obtenir son diplôme de parachutiste. Mitchell, lui, choisit une affectation dans le renseignement, un boulot de bureaucrate d’après Frichter, ce qui ne les empêcha pas de se retrouver quelques mois seulement après leurs sortie de l’école des officiers de l’Air Force, sur un théâtre de guerre. Pendant quelques semaines, ils travaillèrent ensemble, Frichter était chef de division de parachutistes, qui se retrouvaient régulièrement déployées dans des régions désertiques et montagneuses. Mitchell, quant à lui, était chargé d’obtenir des informations sur les forces ennemies, positions, puissances de feu, nombres de véhicules etc… Pour cela, il disposé de toutes les ressources nécessaires, drones, vols de reconnaissance, discussions avec les populations locales, n’importe quoi qui puisse aider à préparer correctement les missions des paras. Quand Mitchell prônait la prudence, Frichter préférait l’action immédiate, se mettant parfois en danger pour assurer les différentes missions confiées.

Un jour, Mitchell appris que les groupes armés terroristes étaient sur le point d’exterminer un petit village du sud de l’Afghanistan, persuadés que l’un des habitants vendait des informations aux occidentaux, ce qui était bel et bien le cas. Sauf que cet « indic » n’appartenait pas totalement à ce village, c’était en réalité, un agent infiltré depuis maintenant trois ans, et qui avait même des contacts avec certains membres d’Al Qaïda. Il était donc hors de questions de laisser les terroristes trouver cet agent.

L’équipe de Frichter fut donc envoyé extraire l’individu, la préparation de la mission se déroula parfaitement, et la mission en soit n’avait rien de bien complexe: Un déploiement aérien, de nuit, couvert par deux avions de chasses qui survoleront le secteur afin de couvrir le bruit du transporteur. Le point d’impact au sol se situait à trois kilomètres au nord du village. D’après les relevés satellitaires, le convoi armé terroriste se situait à seulement soixante kilomètres au sud. D’après les calculs de Frichter, ils auraient environ trente-cinq minutes pour ratisser le village, trouver l’agent, et s’extraire.

Mais la chance, le hasard, ou encore le destin, ne sont pas toujours de la partie. L’après-midi précédent la mission, alors qu’il préparait et vérifiait son matériel, le traducteur de l’équipe se blessa bêtement avec la culasse de son fusil d’assaut. Envoyé en urgence chez le médecin, il se vit gratifier de plusieurs point de sutures, et d’une inaptitude temporaire d’une quinzaine de jour, le temps que la blessure cicatrise. Privé de traducteur, la mission devenait franchement complexe, il était impossible de ratisser le village si personne ne pouvait discuter avec les locaux.

Et Mitchell pour la première fois de sa carrière pris une décision sans réfléchir, il se porta volontaire afin de remplacer le blessé. Rapidement équipé, Frichter décida de sauter en tandem avec Mitchell pour qui la mission promettait beaucoup de première fois.

A l’heure prévu, la division embarqua à bord du transporteur, puis l’avion décolla, enfin, une fois l’altitude et le point de saut atteint, les portes s’ouvrirent. L’un après les autres, les hommes de Frichter se jetèrent dans le vide, puis vint le tour des deux hommes.

- T’es prêt? Tu te souviens de ce que je t’ai expliqué, on va chuter assez vite, il va falloir que souffle bien et que tu déglutisse car la pression va rapidement baisser, tu risques d’avoir mal aux oreilles.

- Ok, c’est noté, je suis prêt, c’est quand tu veux.

Frichter fit deux pas avant, obligeant ainsi Mitchell, collé juste devant lui à se rapprocher du bord, et au troisième pas, ils furent hors de l’avion.

La chute libre dura à peine quelques minutes, et s’il n’y avait pas eu les lumières du village voisin, il aurait été impossibles, pour les parachutistes, de se repérer sans GPS. Le déploiement de la toile surpris Mitchell, il faillit en lâcher son arme, heureusement que celle-ci est bien attachée autour de son cou. Puis le sol apparût et Frichter réduisit son allure au maximum afin d’éviter une blessure de son ami novice lors de l’impact. L'atterrissage se fit tout en douceur, Mitchell, comme son ami lui avait appris, amorti le choc avec ses jambes, à l’instar d’un habitué des sauts.

Une fois libérés de leurs toile, le chef de la division, le Lieutenant Frichter, commença le recensement de ses troupes.

- Leader, ok, dit-il à l’oreillette.

- Bravo, ok.

- Alpha, ok.

Et ainsi de suite jusqu’a ce que tout le monde ai répondu.

- Rassemblement, ensuite, on fait un PAM.

Le PAM était un contrôle du Personnel, de l’Armement, et des Munitions. Il pouvait se faire aux ordres du chef, ou bien de façon individuelle, à ce moment, le soldat ne checkait que son armement et ses munitions et cela lui évitait de se retrouver à sec en plein échange de tir avec l’adversaire.

Après tout cela, les parachutistes se mirent en marche pour leur mission. La division était composée de cinq trinômes (Leader, Alpha, Bravo, Charlie et Delta) qui progressaient en quinconce au pied d’une bande rocheuse. Frichter, avait intégrer Mitchell à son équipe afin de veiller sur lui. Hors de questions d’emmener un bleu sur le terrain, et de ne pas rentrer avec lui. Ils ne leur fallut qu’un peu moins de vingt-cinq minutes pour atteindre le village, et d’après le coordinateur, surnommé Eagle en raison de sas capacité à tout voir, et posté au camp, les informations satellitaires montraient le convoi terroriste à moins de trente minutes du camp.

- Eagle pour Leader, tu me reçois?

- Ici Leader, je te reçois, quelles sont les infos?

- Arrivée du train dans vingt cinq minutes s’ils conservent cette vitesse.

- Ok, on s’accélère alors, merci de l’info. Tiens nous au courant.

Frichter décida d’adapter légèrement la mission en fonction de cette modification de temps. - Ok les gars, on va ratisser le village du Sud vers le Nord, comme ça si l’ennemi arrive plus tôt que prévu, on pourra profiter de l’obscurité pour se replier. Equipes Alpha et Bravo, vous prenez le secteur est, Charlie et Delta le secteur ouest. Nous, Leader, on reste en position d’attente.

Le village n’était pas très grand, seulement une trentaine d’habitations, principalement des bergers ou des agriculteurs. La route par laquelle arrivait le convoi armé ennemi, traversait le village du sud au nord. La procédure était simple, de chaque côté, un trinôme servait de couverture, surveillant l’entrée du village. Le second trinôme fouillait une maison et si ce n’était pas la bonne, il ressortait, se mettait en couverture, et le premier trinôme fouillait la maison suivante. Cette méthode de ratissage est dite en cascade. Cela permettait d’avoir toujours un oeil sur l’éventuel danger.

Bien évidemment, l’arrivée de militaires étrangers agita le village, et en quelques minutes, on entendait des mères criaient, suppliant de ne pas faire de mal à leurs enfants. Des hommes, des femmes, des enfants commençaient à sortir et courir dans tous les sens.

Dans l’oreillette de Frichter, Eagle lui transmis les dernières informations, l’ennemi serait là dans dix minutes maximum.

- Mitchell, dit Frichter, tu dois les rassurer, ça devient vraiment le bordel, et il ne nous reste plus que dix minutes avant l’arrivée du convoi. Il faut se bouger le cul sérieusement maintenant.

L’officier de renseignement monta donc sur la plateforme d’un pick-up Toyota et expliqua d’une voix forte à la population qu’ils n’avaient rien à craindre, ils étaient simplement à la recherche d’un homme se faisant appeler Mourad Ben Saadi. Un homme à la peau mate portant une longue barbe emmêlée s’avança, faisant signe à la foule de se calmer. Mitchell le reconnut, et sauta du pick-up pour le rejoindre. Ils s’échangèrent quelques mots en arabe, et rapidement, l’agent infiltré commença à paniquer.

- Mon ami, dit-il en arabe, si je pars avec vous, les habitants seront massacrés, et je ne peux pas laisser faire. Je dois rester et me rendre.

- Impossible, la mission est claire, on doit te ramener, tu es beaucoup trop important. On ne peut pas prendre le risque que tu sois torturé. Tu possèdes des informations que nous ne pouvons pas laisser aux mains de l’ennemi.

Tout à coup, un bruit de moteur se fit entendre au loin, et des phares éclaircissaient le ciel. Frichter hurla dans sa radio :

- Ils arrivent, c’est trop tard, fini la discrétion. Mitchell, dis à tout le monde de dégager, qu’ils se mettent à l’abri, n’importe où, mais qu’ils dégagent d’ici illico. Alpha et Charlie, vous prenez positions en appui feu le temps qu’on évacue, Bravo, foncez préparer l’embuscade. Delta, placez-vous comme prévu. Eagle, qu’elles sont les infos.

- Arrivé imminente, environ trois minutes.

L’officier de renseignement l’ignorait, mais en bon chef de mission, Frichter avait préparé un plan de secours en cas d’affrontement, avec toute son équipe, ils avaient analyser chaque vue aérienne du village prise par les drones de reconnaissance, ils avaient relevé chaque point stratégique, chaque et ces hommes, en bon soldats, avaient aussi bien enregistré le plan A que le plan B.

Tout le monde obéit aux ordres du chef, en quelques secondes les deux trinômes prirent positions, Mitchell harangua la populace qui se mit à hurler. Les hommes attrapaient leurs femmes, les femmes attrapaient leurs enfants, et tous courraient en direction de la sortie Nord du village. L’équipe Bravo, sous la protection des équipes Alpha et Charlie, se précipitèrent à quelques dizaines de mètres de l’entrée du village, et déposèrent une mine anti-véhicule, un engin spécialement conçu pour détruire un véhicule léger avec le maximum de dommage possible pour les passagers. S’il était bien posé, et que le véhicule roulait parfaitement dessus, personnes n’en ressortait vivant. Bravo parcouru encore quelques mètres et déposa cette fois un pain de C4 avec détonateur commandé. Delta s’installa sur le toit d’une maison à étage qui, grâce à la courbe que décrivait la rue, se trouvait dans le plein axe de l’entrée sud du village.

Chaque équipe avait sa spécialité, Alpha et Charlie étaient les appuis feux, c’est dire qu’ils étaient lourdement équipés pour maintenir une couverture constante, et forcé l’ennemi à rester à couvert, permettant ainsi, le repli, ou l’avancée des forces alliées. Bravo était l’équipe spécialisée dans les explosifs, mine, C4, grenades assourdissantes ou à fragmentation, tout ce qui faisait boum, c’était pour eux. L’équipe Delta, elle, était formée d’un tireur d’élite accompagné de son spotter, qui détermine pour le tireur la distance de la cible, la force du vent etc.. , et d’un appui feu chargé de protéger le sniper lors de son repli.

L’équipe Leader, quant à elle s’était assuré de la mise à l’abri des villageois. Frichter était partagé entre l’envie d’aller soutenir ses hommes au combat et son rôle dans la protection des innocents. Les équipes annoncèrent leurs mise en place, et le chef demanda alors le silence radio. Il n’avait aucun point de vue sur le zone de combat et devrait donc se fier à son second, le leader de l’équipe Alpha.

Le bruit des moteurs se fit plus forts, la lumières des phares plus intenses et le bientôt le premier véhicule apparut au loin, il amorça le dernier virage avant la ligne droite de cinq cents mètres qui menait à l’entrée du village. Puis le deuxième, puis le troisième et dernier véhicule. Eagle les avait prévenus, ce serait sûrement trois pick-up aux vitres teintées, le premier et le dernier avaient été modifiés avec des mitrailleuses lourdes installées sur les galeries. Le véhicule central était probablement celui du chef de la cellule terroriste, cela signifiait un maximum de 11 ennemis.

Le silence était lourd dans le village, uniquement perturbé par le bruit des pick-us approchant, deux cents mètres, cents mètre. Le premier véhicule passa au dessus du C4, puis le second, et lorsque le dernier véhicule fût parfaitement au dessus du C4, Bravo déclencha l’explosion.

Une lumière intense, un bruit assourdissant et un nuage de poussière soulevèrent le véhicule qui atterrit trois mètres plus loin, complètement détruit. Au même moment, le premier véhicule roula sur la mine, et subit la même explosion violente que son homologue. Deux véhicules sur trois étaient détruis. Cependant, la porte passager du premier pick-up s’ouvrit, et un homme couvert de sang descendit. Le véhicule central s’était arrêté, et quatre hommes se jetèrent à l’extérieur, roulant au sol, se mettant rapidement à l’abri. Delta fit ce qu’il avait à faire, et abattit le chauffeur, puis un second terroriste, sorti lui aussi par la gauche. Malheureusement, il n’avait pas de visuel sur les deux hommes sortis par la droite, ni sur l’intérieur du véhicules. Alpha et Charlie allait devoir se débrouiller.

Les deux équipes avancèrent lentement, chacune d’un côté du dernier véhicules. Lorsque Alpha arriva sur le véhicule central, ils virent la silhouette d’un homme à l’intérieur.

- VIP à bord, s’écria alors Alpha.

Charlie se rapprocha, scrutant chaque recoin, à la recherche des deux hommes sortis du véhicules. Personne en vue. Et pourtant, ils savaient que les deux hommes ne pouvaient pas être bien loin. Un coup de feu retentit, et très vite deux autres, Charlie était en totalité à terre. Le tireur djihadiste venait de révélé sa position, permettant à Delta de l’abattre, mais trop tard.

- Leader, hurla Delta, Charlie 1, 2 et 3 à terre, il faut immédiatement une évacuation médicale.

- Ok, je contacte Eagle immédiatement, mais vous devez récupérer le VIP, répondit Frichter.

A ce moment, Mitchell qui avait entendu tout l’échange verbal compris que son ami avait utilisé la mission d’extraction pour faire d’une pierre deux coups, extraire l’agent infiltré, et enlevé le chef de la cellule terroriste. Il attendit qu’il passe le message pour l’évacuation et s’énerva.

- Tu viens de perdre trois hommes uniquement pour quelques informations et pour ta carrière, aboya Mitchell à son ami.

- Premièrement, ils sont juste à terre, tant que le médecin ne l’a pas dit, je n’ai pas de mort dans mon équipe. Ce n’est pas la première que l’ont se fait tirer dessus, ils sont costauds, ils s’en remettront. Deuxièmement, si les informations détenues par ton agent, et par cet enculé de terroriste permettent de sauver des centaines de vies, alors c’est un sacrifice que je suis prêt à faire. Tu travailles dans le renseignement, tu sais bien qu’une bonne information peut avoir plus de pouvoir qu’une bonne arme, répondit le parachutiste, interrompu dans son monologue par un nouveau coup de feu rapidement suivi d’un second.

- Alpha pour Leader, on vient d’avoir le dernier, on cueille le VIP et on vous rejoints.

- Leader, bien reçu, annonça Frichter, puis se tournant vers Mitchell, tu vois, pas la peine de s’inquiéter, la mission est réussie.

Ce dernier ne dit rien, il avait la main plaquée contre son épaule, et du sang coulait entre ses doigts.

- Merde, Mikael, t’es touché?

- C’est rien, je ne sens même pas la douleur, répondit Mitchell. Il faut continuer. Au fait, qu’est ce qu’on fait des corps et des véhicules, on ne vas pas laisser leurs village dans cet état, s’enquit L’officier de renseignement.

- Tu nous as pris pour des femmes de ménages? Répondit sèchement le chef parachutiste. Les hélicos seront là dans moins de 10 min, on se regroupe, on prépare le VIP à l’extraction, et on maintient la sécurité jusqu’au départ.

Frichter avait dit tout cela en activant sa radio, ainsi les trois trinômes, chacun portant un blessé de Charlie, rejoignirent Leader, et tous ensembles se dirigèrent vers le point d’extraction, à cinq cent mètres au nord du village.

Les pales des hélicoptères se faisaient entendre au loin, très vite, les deux Chinook CH-47 firent leurs apparitions. La région ne leurs permettant pas aux engins de se poser, la totalité du personnel fut hélitreuillé, y compris les blessés.

Dès leurs arrivée à bord, ils furent pris en charge par une médecin militaire.

La mission était un succès pur quant aux objectifs, secourir l’agent infiltré, et enlever le leader du groupe terroriste qui agissait dans la région. Mais dans le détails, c’était un fiasco, le trinôme Charlie, au complet, n’avait pas survécu, et en représailles de l’action militaire menée, les djihadistes rasèrent le village, et massacrèrent tous les habitants pour trahison.

Le gouvernement étouffa l’affaire.

Quant à Mitchell, il avait passé 5 semaines à l’hôpital, dont deux dans le coma. La balle s’était logée dans l’artère sous clavaire. Heureusement, la prise en charge lors de l’extraction lui avait permis de ne pas se vider de son sang. Malheureusement, lorsque le chirurgien retira la balle de l’artère, il eut un mal fou à stopper l’hémorragie, entrainant par la même occasion, une chute sévère des constantes vitales du patient. D’après les médecins, son coeur s’est arrêté pendant un peu plus d’une minute. Pendant un peu plus d’une minute, Mitchell fût mort, avant d’être ramené à la vie par le défibrillateur.

A l’issue de l’opération, il resta dans le coma pendant treize jours, il avait également reçu une transfusion sanguine. A son réveil, il lui fallut plusieurs mois de rééducation avant de pouvoir à nouveau utiliser pleinement son bras.

Frichter et Mitchell ne retravaillèrent plus ensemble, et ne se virent plus pendant plusieurs années. Mitchell voulait oublier cette sale histoire.

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