Prologue

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Au fond d’une salle aux murs métallisés, je patientais avec d’autres humains dans l’attente de notre affectation. Mon frère galactique, Svet, était posté près de moi et me regardait de travers car je plissais toutes les cinq minutes, ma nouvelle combinaison en tissus cellulaire. Bien qu’il m’eût surveillée durant vinq-cinq ans, depuis son vaisseau ou par sa forme éthérique, il y avait encore des comportements « humains » qu’il ne comprenait pas. Mais comme tout guide, il n’émit aucun jugement.

J’étais stressée.

Plusieurs mois que je m’arrachais les ongles depuis que les pléadiens avaient décidé de m’activer. Depuis que des mannequins suédois eurent débarqué en costume futuriste dans mon salon quand ils ne ressemblaient pas à des félins ou d’autres humanoïdes à la peau bleue, je pétais les plombs. Pas étonnant que mon estomac restait noué un jour sur deux.

  • Elnya… Écoute ton cœur… Est-ce qu’il stresse, lui ?

Je tournais la tête vers mon guide et lui répondis avec mon fonçage de nez légendaire. Preuve qu’il recommençait à me saouler. Depuis six mois, j’avais découvert l’existence des extraterrestres. Les bons, me protégeait depuis mon incarnation sur terre, m'ayant éveillée à la Vérité Cosmique pour que je mène enfin ma mission d’âme ; les mauvais, qui s'étaient révélés depuis un an sur la planète Terre, prétextant être des sauveurs avec des puces organiques, apportant une nouvelle religion universelle basée sur l’intelligence artificielle. Deux grosses merdes qui basculaient l’humain sous le contrôle le plus total.

En six mois, j’avais découvert que l’Humanité se faisait manipuler par des sales extraterrestres depuis des millénaires, qu'un guide spirituel orientait mes choix de vie depuis ma naissance ; que , moi, pléadienne, avait choisi de m'incarnée sur Terre pour aider la planète à s'échapper de sa prison. Et que la règle première de l’élévation spirituelle était d’écouter son cœur. Mais bordel, ça voulait dire quoi ? Je suis qui, au final ? Un alien ou un humain ? Mon cœur voulait surtout oublier tout ça, et vivre tranquillement une vie banlieusarde à planter des fleurs et organiser des barbecues.

  • C’est ton mental qui cherche à te rassurer… sur ce qu’il connaît. Ton âme a choisi cette vie, tu ne fais qu’expérimenter une simulation virtuelle.

Je soupirais, admirant son énième sourire de beau gosse par-dessus sa peau bleutée. Svet était un vioque dans le corps d’un homme de vingt ans. Il mesurait presque deux mètres, des muscles fins et était chauve. Mais si vous passiez une journée avec lui, vous ne lui donniez pas plus de quinze ans. Un vrai gosse. Selon lui, plus les êtres vivants montaient dans des dimensions supérieures, plus ils s’émerveillaient comme des gamins. Je n’avais pas encore compris l’analogie mais finirais par avoir la réponse un jour. Avec Svet, tout était apprentissage. Mon maître Yoda à moi.

Je lui répondis par le même moyen de communication qu’il préférait utiliser, la télépathie :

  • Tu ne pourrais pas me laisser un peu respirer ? Et arrête de m’appeler Elnya, je sais que c’est le nom de mon âme galactique, mais je ne sais toujours pas qui c’est. Je m’appelle Lisa, OK ?

Svet rigola doucement en me tapotant l’épaule. Son énergie m’apaisa en quelques secondes.

  • Utiliser ce nom, c’est t’enfermer dans ton identité de troisième dimension. Permets-moi plutôt de t’appeler petite sœur, dans ce cas ?

Il m’énervait avec ses morales à deux balles mais je n’arrivais jamais à lui en vouloir plus de cinq minutes. C'était mon égo, encore et toujours ce fichu égo. Refusant de reconnaître qu'il ne savait rien, il se vexait. J’acquiesçais avant de me concentrer de nouveau sur la baie vitrée. Nous étions sur un énorme vaisseau de l'Alliance Inter-galactique, une organisation de plusieurs peuples stellaires régit par les Lois Universelles Cosmiques. Seuls quelques chuchotements emplissaient cette pièce qui n'avait pas d'odeurs.

Une dizaine d’humains, d'âges différents, étaient accompagnés d’un de leur frère galactique lyrien, syrien, andromédien, acturien voire comme moi, pléadien. Certains sous leur forme éthérique, en mode fantôme comme je l’appelais. Un beau casting pour un film de science-fiction. La plupart ressemblaient en tout point à des humains quand d’autres avaient un physique animal ou plus disproportionné. Nous, les terriens, semblions être les plus petits de la bande. Et les plus vieux ne semblaient pas être les plus sages de la troupe.

Le guide du vieil humain à mes côtés étaient une petite fille lyrienne à la peau immaculée et aux longs cheveux blancs. Se sentant observée, elle me balança mille ans de sagesse et de vécu en un seul regard obsidien. J'accusai le coup en reculant légèrement la tête, la faisant rire par la même occasion. Pas de panique, Lisa... Tout va bien se passer. Mon mental était déjà en train de vérifier les issus de secours. Aucune. Parce que, si une petite fille pouvait, d'un regard, vous faire vivre un millénaire d'existence, elle pouvait également vous arracher la tête en une seconde. Je pris une profonde respiration afin de ne pas paniquer et de partir, comme d'habitude, dans les extrêmes. Svet me frotta le dos, preuve qu'il me soutenait dans cette décision. Tout ça était nouveau. Bien trop nouveau pour moi.

  • Il a fallu à ce vieil humain une dizaine d'années pour trouver l'équilibre de sa conscience. Tu n'es activée que depuis six mois terriens. Ne sois pas trop dur avec toi, petite soeur.

À travers les énormes fenêtres, je contemplai la Terre vue de l’espace, entourée par une marée de vaisseaux aux dimensions affolantes. Certains ressemblaient à une ville paradisiaque sous dôme. Incroyable. Et dire que du sol, nous ne voyions que nos satellites et quelques étoiles qui se battaient en duel. Les extraterrestres involutifs s’étaient bien foutus de nous en maintenant la planète dans des fréquences vibratoires basses, telles que la peur et la souffrance. Nous ne pouvions alors pas discerner les stellaires bienveillants et leurs vaisseaux de nos propres yeux. Ces derniers se trouvant sur un plan vibratoire bien plus haut. Est-ce que vous me suiviez toujours ? Malgré mes mois d’avance théorique sur vous, je n’en menais pas large.

Une lumière verte s'activa sur une petite plateforme ovoide. Un de ces fameux mannequins du nord apparut d'un coup : jeune, blond aux yeux clairs et au corps parfait dans une combinaison bleutée avec quelques distinctions militaires. Comme quoi, certaines choses restaient universelles. Son physique rappelait celui provenant des Pléiades, ma soit-disant galaxie natale. Il était très beau mais ce n’était pas son physique qui le rendait ainsi, mais son énergie. Pure, puissante, positive. La bienveillance qu'il incarnait le rendit magnifique.

Cet homme leva la main et la secoua maladroitement dans un sourire timide. Puis il parla une langue que je ne reconnus pas mais qui me réchauffa le coeur, comme si je la connaissais déjà. On aurait dit une langue amérindienne ou peut-être asiatique ? La plupart de nos guides lui répondirent avec politesse : certains par la voix, d'autres par télépathie.

Ce fut par ce biais que l'espèce de commandant pléadien continua. Il semblerait que ce soit le mode de communication à l’unanimité parce qu’il existerait des races stellaires sans langage oral.

  • Mes chères sœurs, mes chers frères, je vous salue dans l’Amour et la Lumière. Vous pouvez m’appeler Ekee, car vous ne comprendriez pas mon nom dans notre propre langage. Je suis ce que vous appelez un représentant d’une flotte de l'Alliance Inter-galactique. Je suis pléadien, provenant de la planète Erra. Je vous remercie solennellement pour votre présence, ici et maintenant, et de tous ce que vous avez apporté à la Lumière jusqu’à présent...

Il ferma les yeux à peine une seconde, ce qui me permit de ressentir l'énergie de ses mots. Depuis un mois, mon guide ne me lâchait pas le discernement du coeur qui permettait de savoir si cet être disait la vérité. Mais chacun de ses mots prononcés lentement semblaient être d'une justesse et d'une vérité imparables.

  • Jadis, nous avions choisi de ne pas intervenir comme nous l’avions fait avec l’Atlantide en tant que sauveurs. Mais la ligne temporelle sur laquelle l’humanité s’est placée il y a un an, a provoqué la divulgation partielle des êtres involutifs sur Terra. Ainsi, nous avons été obligés de revoir les lois de l’Alliance de non-ingérence afin de prendre des mesures pour aider les êtres vivants sur cette planète. Nous souhaitons tous que cette fois-ci, les terriens retrouvent eux-même leur propre souveraineté…

Je lançais un regard interrogateur à Svet. L'Atlantide ? Il posa un doigt sur les lèvres, m’incitant à poursuivre ma concentration télépathique.

  • Or, il y a un an, leur souveraineté a été emprisonnée et les lois de l'Alliance n'ont plus été respectées. Vous, qui avez choisi de vous incarner sur cette planète pour expérimenter la troisième dimension et aider Gaïa à s’élever, ne deviez pas nous rencontrer physiquement avant notre vraie Divulgation Totale aux yeux des êtres humains. Nous avons jugé nécessaire de vous activer plus tôt. Je vous remercie pour votre engagement jusqu'à maintenant. Soyez certains, dans votre cœur, que si Gaïa réussit à passer dans la cinquième dimension, ce sont toutes les planètes qui ascensionneront également, dont les nôtres. Tout le Système solaire et toute la galaxie s'élèveront dans une dimension vibratoire supérieure pour évoluer dans le cheminement de vie. C’est pourquoi les involutifs font tout pour maintenir la planète Terra dans des fréquences basses de peur et d’angoisse, forçant la conscience Gaïa à ne pas ascensionner.

Il leva les deux mains plus haut et ferma les yeux de nouveau. Une douce énergie émana de son être et nous toucha chacun. Je ressentis l’amour au-delà du jugement que cet être me portait sans me connaître et cela me fit sourire.

- En cet instant présent, vous êtes réunis afin d’entrer dans un apprentissage accéléré de votre conscience multidimensionnelle. Vous allez, chacun, être envoyé sur plusieurs planètes afin de vous aider à retrouver le Code de l’Unicité de l’Esprit Créatif et ainsi retourner, tels des guerriers de Lumière, sur le sol de Terra, pour émettre ces énergies vibratoires qui éveilleront l’humanité.

Tandis que Ekee ramenait ses mains sur le cœur, plusieurs guides galactiques firent le même geste :

- Par votre libre arbitre, vos choix sont vôtres : choisir cette voie ou continuer d’expérimenter la troisième dimension telle qu’elle. Dans l’amour de tous nos peuples, vous êtes seuls décisionnaires de ce qui est bon pour vous, dans votre cœur, soyez justes. Pour ceux qui souhaitent nous rejoindre, nous vous retrouverons dans quelques jours terriens, vos guides reprendront contact avec vous. Que votre choix soit juste avec vous-même, en conscience de votre âme. Allez tous dans la Paix de l’Amour et de la Lumière.

Ses derniers mots vibrèrent à travers mes larmes qui coulaient depuis plusieurs secondes sans m’avoir avertie. Je nageais encore une seconde dans cette humilité, cette dévotion et cette amour inconditionnel, puis le représentant disparut soudainement à travers cette lumière verte translucide.

Svet me tira doucement par l’arrière :

- Il est temps de partir, petite sœur.

Je me réveillais en sueur et en pleurs dans mon lit, mes bras enserrant encore fortement ma peluche dauphin. L’air sec et pollué à travers la fenêtre me rafraîchit un peu le visage, amenant également les bruits nocturnes de la capitale. Où étais-je partie encore ? Quelques bribes me revinrent en mémoire mais je n’arrivais pas à les déchiffrer. Puis la scène se colora petit à petit et je me souvins de tout. C'était la première fois que je prenais conscience de mon déplacement physique hors de la planète.

- Meeeerde…

Je me levais vers l’évier de la cuisine, projetant un peu d’eau sur mon visage. Le miroir de la penderie, près de l'entrée, me ramena à la réalité. Les cheveux en bataille dans un pyjama à l'effigie de Paris. J'attrapais ma bouilloire et la remplit, restant statique jusqu'au « clap » de fin. Seul ce même mot continuait de traverser mes lèvres encore et encore :

- Meeeerde…

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