Chapitre 123 : Le temps des semailles, deuxième semaine sixième jour (Loup)

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Chapitre 123 : Le temps des semailles, deuxième semaine sixième jour (Loup)

La première impression que ressent Loup en se réappropriant son corps, n’est rien moins qu’un fort frisson de ce froid humide qui transperce ses vêtements, alors qu’il est couché sur ce qui semblerait être de la terre battue.

Ensuite ses narines se plissent en respirant cette puanteur infâme qui lui amène une envie de vomir, cette fétidité mêlant des relents de pourritures, d’urines et d’excréments.

Ce n’est qu’ensuite que lui parvient ce son qui lui envoie un long frisson dans la colonne vertébrale, un son reflétant une souffrance sans nom qu’il ne comprend bien entendu pas puisque le noir absolu des lieux ne lui permet pas d’en connaître l’origine.

- Il y a quelqu’un ??

Aucune réponse à sa question, si ce n’est une amplitude du son venant manifestement de pas très loin de là où il se trouve.

- Vous avez mal monsieur ??

Loup sait très bien combien est idiote sa question, se rendant bien compte que la souffrance est trop forte pour qu’une parole cohérente puisse lui apporter une réponse.

Il reste donc là un moment qui lui semble une éternité, grelottant en tentant de s’habituer à l’humidité mais surtout à la puanteur ambiante, fermant un instant son esprit à toutes ces plaintes lancinantes qui l’empêchent de réfléchir.

Des larmes commencent à lui envahir les yeux, en prenant conscience que son frère a sans doute dû rester dans cette fosse durant à minima toute la nuit.

Loup s’essuie le visage d’un revers de manche encore moins ragoûtant qui manque encore une fois de le faire vomir, comprenant qu’il va lui falloir trouver un moyen pour sinon s’échapper de ce bouge, tout du moins en avoir un aperçu qu’il pourra ensuite reporter à son père quand il le fera revenir dans le corps de son frère comme il le lui a promis.

Il repense alors au grimoire dont il vient juste de s’imprégner, y cherchant quelque chose pouvant lui être utile dans l’immédiat mais sa concentration n’est semble-t-il pas suffisante, aussi il se donne une priorité pour déjà se rendre compte du lieu où il se trouve.

Loup recherche dans sa mémoire le mot en langue ancienne voulant dire lumière, le trouve et envoie toute son énergie dans ce mot pendant qu’il le pense très fort.

***/***

Le sous-sol semble alors d’un coup s’allumer comme un soleil, lui faisant refermer rapidement les yeux pour éviter la brûlure qui sinon aurait mis ses rétines à mal.

Il force son esprit à reprendre depuis le début en y mettant moins de puissance, cela semble fonctionner puisqu’en entrouvrant ses paupières, il perçoit une lumière beaucoup plus douce.

D’avoir réussi cet exploit lui met du baume au cœur et surtout l’encourage à persévérer, l’image de sa geôle lui donnant néanmoins un frisson d’angoisse devant ce qu’il y découvre et que ce soit les énormes barreaux couverts de rouille ou le sol jonché de choses les plus innommables les unes que les autres, Loup visualise très bien que ce lieu n’est destiné qu'à y mourir, que ce soit de faim, de soif, ou de froid.

Le jeune rouquin comprend qu’il ne lui reste plus guère de temps avant que Voldarian en ait terminé d’entendre son jumeau, aussi en cherchant les mots anciens qui vont bien et en dosant sa concentration, il aménage un tant soit peu sa prison pour que son frère y découvre sinon le confort mais du moins de quoi tenir quelques jours en attendant qu’ils trouvent un moyen de le secourir.

Un coup d’œil satisfait de ce qu’il a pu faire en un temps si court et Loup sentant son moral reprendre quelques couleurs peut enfin redevenir attentif à ce qui l’entoure en dehors de sa cellule, ses yeux se concentrant maintenant sur celle en face de la sienne et d’où émane toujours cette souffrance qui encore une fois lui glace les os.

L’être décharné qu’il peut maintenant observer ressemble plus à un squelette qu’à un être humain, le jeune apprenti magicien entre alors en complète empathie avec lui, cherchant un moyen de soulager ces souffrances tout en continuant à l’observer attentivement.

Les lambeaux de vêtements qu’il porte encore semblent démontrer qu’il n'est pas là d’hier et que sans doute il en arrive à la fin de ses souffrances.

Seule sa main droite affreusement rongée au niveau de l’avant-bras comme s’il avait cherché à s’en nourrir, reste couverte d’un gant en mailles d’acier à l’intérieur duquel s’échappe une étrange lueur malsaine qu’il n’avait pourtant pas remarquée avant de jeter son sort d'éclairement.

Un doute entre alors dans son esprit que ce gant soit d’une quelconque façon la source de cette douleur inhumaine que le pauvre gars ressent de façon si atroce, Loup cherche alors dans sa mémoire un mot ou une phrase en langue des anciens qui pourrait l’en débarrasser.

Il s’essaie à plusieurs qui lui viennent à l’esprit, qui en vérité du moins lui semble-t-il n’a aucun effet et il va donc pour renoncer, quand un bref instant l’homme squelettique semble dépasser sa douleur en prononçant un simple mot.

- Wulfoald !!

***/***

Loup bien sûr n’en comprend pas le sens, ni même s’il en a un et va pour le lui faire comprendre, quand il se retrouve face aux yeux acérés de son père qui le regarde avec inquiétude.

- Désolé mon fils de t’avoir laissé si longtemps, mais il fallait que je sache ce qu’il en était là-bas pour ton frère !! Tu comprends ??

Loup est encore à moitié dans ce qu’il vient de vivre, cherchant à se rappeler la seule parole que le pauvre homme mourant a réussi à prononcer et ses lèvres reproduisent le nom étrange d’une voix presque inaudible.

- Wulfoald !!

Le jeune rouquin est tellement concentré à retrouver le mot tel qu’il l’a entendu, qu’il ne voit pas l’immense surprise transformer le visage de Voldarian en lui donnant une pâleur cadavérique.

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