13. I am the devil and I, I'm telling you to kill her

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Jin

C'est un gémissement qui me réveille. Katie me regarde, perdue.

  • Hey. Ça va ? Tu as mal quelque part ?
  • Partout... Comment tu faisais quand tu te prenais des balles ?

Je grimace.

  • En général, mes frères me faisaient m'enfiler des bouteilles d'alcool, cul sec.

Elle sourit, puis essaie de se relever. Cette action, un peu débile, lui arrache un cri.

  • Fais doucement, pourquoi tu veux te lever ?
  • J'ai envie de faire pipi !
  • Ah, pardon. Autant pour moi.

Je lève mon cul de sur la chaise, et passe un bras dans son dos, et un sous ses genoux pour la porter.

  • Dis moi si je te fais mal.
  • J'ai l'impression de revivre ma première fois. Génial.
  • Crois moi que le jour où on couchera ensemble, ouais, le lendemain t'auras tellement mal que tu pourras plus marcher.
  • Te vante pas trop, si ça se trouve, je vais être déçue.
  • T'es folle ! Tu pourrais jouir rien qu'en me regardant !
  • Ouais, c'est pas faux.

D'ailleurs, c'est moi qui pourrais jouir là, de l'avoir dans mes bras, avec pour seuls vêtements, un soutien gorge en dentelle noire, assez transparent, qui laisse très peu place à l'imagination... Et un tanga assorti.

Elle m'a grillé en train de la mater... Ça craint.

  • Tu m'expliques pourquoi je suis à moitié nue ?
  • Ordre du doc. C'était plus facile pour lui, de pouvoir accéder à la balle et à la plaie, sans pantalon et sans t-shirt.

Parce que la blessure est pile à la jonction des deux en plus.

  • Je vais boiter tu crois ?
  • Les premiers temps, oui. Ça va faire mal au début, puis ensuite, ça va tirer. Après ça ira mieux.

Je la dépose sur les toilettes et elle me fixe.

  • Quoi ?
  • Tu vas pas me regarder pendant que je fais pipi quand même ?
  • Ah oui, pardon.

Du coup, je me retourne.

  • Non mais tu vas pas rester là non plus, si ?
  • Au moins je suis là, si jamais y a un problème.
  • Quel enfer, marmonne-t-elle.

Elle fait ses affaires, puis m'interpelle, pour me signifier qu'elle a fini.

  • Tu veux manger ?
  • Oh, ouais !

Je souris et enlève mon t-shirt.

C'est qui qui mate maintenant, hein ?

  • Enfile ça. Hors de question que les autres te voient comme ça.

Elle lève les yeux au ciel et enfile mon haut. Qui lui va plutôt bien d'ailleurs.

Je la reprends, et nous conduits dans la grande salle.

La première à nous remarquer est Laetitia.

Laeti, c'est un peu la tatie de tout le monde. Dès qu'on a besoin de conseils, c'est vers elle qu'on se tourne.

Elle s'empresse de nous faire une place autour de la table, déjà remplie et réquisitionnée par mes frères.

  • Tout va bien ma belle, demande-t-elle à la loque à moitié endormie dans mes bras.
  • Aussi bien que quelqu'un qui vient de se prendre une balle.

Derek, à l'entente de la voix de sa cousine, se lève d'un bond et accourt vers nous.

Il a vraiment une sale gueule.

  • Azrael, ça va ?
  • C'est bon, tu peux m'appeler par mon prénom. Ils savent maintenant.
  • T'as pas répondu à ma question.
  • Parce que quelqu'un me l'a déjà posée avant toi, et que j'y ai déjà répondu !
  • Bon, arrête de l'emmerder, c'est pas le moment, dis-je.

Il soupire.

  • Katie.

Elle relève à peine la tête.

  • Pourquoi t'as demandé à ne pas être amenée ici ?
  • Parce que je voulais pas vous être redevable.
  • Redevable de quoi, demande Baram. C'est plutôt nous qui te sommes redevables, avec tout ce que tu as fait pour nous.

Elle hausse les épaules.

  • Pourquoi ta copine t'as pas amenée à l'hôpital ?
  • J'ai pas voulu. Puis elle a paniqué, alors elle m'a écoutée. Qu'à moitié...

Je la fixe, pour l'inciter à continuer à répondre à mes questions silencieuses, parce que je vais pas passer deux heures à lui en poser cent cinquante.

  • Une blessure comme celle-ci, les flics ouvrent toujours une enquête. Ils auraient été dans mon appart.
  • T'as quelque chose à cacher, s'enquiert son cousin.
  • Oh, ben écoute oui. Comme un énorme tag sur mon mur, ou il y a écrit "Undead Ahead" et une jolie citrouille juste à côté !
  • Pardon ?
  • Il y a forcément un rapport avec notre enquête à nous. Donc si on veut que la justice reste en dehors de ça, pas d'hosto. D'autant plus, qu'encore une fois, tout vous accusait.

J'ai arrêté de compter le nombre de fois où elle nous a sauvé le cul.

Je serre mes poings pour ne frapper personne. La haine prend possession de tout mon être, et je suis sur le point d'exploser.

Tello pose sa main sur mon épaule, et je m'en dégage vivement.

  • Vous aviez dit qu'elle ne risquait rien, déclarais-je d'une voix beaucoup trop calme.

Et ça n'augure rien de bon.

  • Visiblement, nos ennemis sont plus intelligents que ce que l'on pensait.
  • J'en ai rien à foutre qu'ils soient intelligents ou non ! Ils ont failli la tuer, merde !

Certains essaient de me calmer, et Derek se déplace vers moi.

  • Je suis de son côté pour une fois. Personne n'était censé remonter jusqu'à elle, selon vos dires.
  • OK, alors au lieu de vous apitoyer sur mon sort, et sur ce qui s'est passé, si on envisageait plutôt le futur ? Parce que ce con doit bien guetter les informations et l'annonce d'un meurtre. Commis par les Undead Ahead. À force de ne jamais voir ce gros titre arriver, il va commencer à se poser des questions. Il va faire des recherches, et va découvrir que je ne suis pas morte. Donc il va revenir pour finir le travail, crie-t-elle.
  • Parce que tu crois vraiment que je vais te laisser sans protection, répond Derek.
  • Ben non, justement !
  • Mais laisser cette petite manger, au lieu de l'étouffer avec vos questions, ordonne Laeti.

Et quand Tatie Laeti ordonne, tout le monde obéit. Même Baram ne rechigne pas.

  • Jin, tu t'occupes de sa protection.

Un "YES !" assez bruyant et pas discret du tout, m'échappe sans que je ne m'en rende compte.

Le poing relevé comme si j'avais gagné quelque chose, je me rends compte de ma réaction un peu trop joyeuse, pour la situation actuelle.

Mais ça aura eu le mérite de la faire rire.

Et j'ai même récolté un clin d'œil de la part de l'Ange de la mort. C'est pas beau ça ?

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