Jin

Je sais pas si je dois exploser de rire, ou m'offusquer de sa phrase.

• Sérieux Derek, moi qui pensais que tu m'avais appelée pour baiser.
• Et d'après toi pour quelle autre raison je t'aurais demandé de prendre ton matériel ?
• J'en sais rien moi, peut-être que tu voulais jouer au docteur !

OK pardon, j'ai ri. Je suis pas le seul.

• Je peux savoir à qui j'ai l'honneur ?
• Je suis médecin légiste pour la police criminelle. Vous êtes le président j'imagine ?
• Baram, oui.
• On peut lui faire confiance, elle dira rien, dit le flic.
• Je serais muette comme une tombe, promis.

Derek lui montre où poser ses affaires et lui explique vite fait le topo.

Elle attache ses cheveux, et enfile une blouse blanche.

Mais pas genre les blouses difformes nulles.

La c'est une blouse qui arrive au-dessus des genoux, à manches longues, serrées, et à col roulé. Le tout fermé par des boutons à pression.

Elle met une paire de gants en latex noirs, et un masque chirurgical de la même couleur.

Entre-temps, elle a fait une liste à mon pote de ce dont elle a besoin comme appareils. J'ai rien compris, mais elle a l'air de savoir ce qu'elle fait.

Va falloir aller voler ça, mais ça devrait s'arranger.

Plus le temps passe, plus le silence devient pesant. Elle ne dit rien.

Elle a commencé par prendre tout un tas de photos, puis elle a déshabillé la dépouille.

Elle l'a littéralement ouvert en deux a l'aide d'un couteau chelou, et franchement, je crois que j'aurais préféré ne jamais voir ça de ma vie.

• Alors ?

Pas de réponse.

• Vous avez quelque chose ? Il est mort de quoi ?
• Voilà pourquoi je travaille qu'avec les morts. Ils posent pas de questions et ils font pas de bruit, dit-elle en jetant un regard noir à mes frères.

Elle enlève ses gants, et s'appuie contre la table.

• Je vais essayer de choper le plus d'infos pendant la nuit. Le problème c'est que la pièce est pas conditionnée pour préserver un cadavre. Il va vite se dégrader, donc c'est une course contre la montre.
• T'as quoi pour le moment, demandais-je.

Elle me regarde de haut en bas et laisse apparaître un petit sourire en coin.

• Le meurtrier voulait faire passer un message. La tête a été coupée post-mortem. Le sang a coagulé ici, dit-elle en me montrant avec son doigt. Ça en fait moins sur la scène de crime du coup.
• Il y a automatiquement des projections quand même, non ?
• Oui, mais pas autant qu'avec un sang fluide. Une fois la tête retirée, tout le sang se serait écoulé au sol. La ça n'a pas été le cas.
• La cause du décès ?
• C'est ni les entailles, ni les balles. Ça aussi, ça a été fait post-mortem.

Oh bordel !

• Il me faudra plus de temps pour le découvrir.

Elle se lave les mains, trifouille des trucs dans son sac, sort des instruments de torture et remet une nouvelle paire de gants.

• Je vais avoir besoin de quelqu'un avec l'estomac bien accroché pour m'aider.

Je m'avance vers elle, et elle me lance des gants au visage.

• Bien joué beau gosse, t'es définitivement le plus courageux.

Ouais, possible que je le regrette.

• Si vous voulez vomir, c'est dehors. Parce que vous êtes mignons, mais j'ai pas envie d'avoir l'odeur de l'intérieur de votre estomac dans le pif.

Elle me met une sorte de plateau en inox, incurvé dans les mains, puis met carrément ses mains dans le bide du macabé... Elle bronche même pas.

Elle en ressort un truc... Je sais même pas ce que c'est, le pose sur le plateau, et en ressort un deuxième.

• Quelqu'un peut dire à Derek de se bouger le cul ? J'ai besoin d'au moins avoir un microscope.

Tello s'en occupe fissa.

• OK, pose ça sur le meuble, et prends un autre plateau.

Je m'exécute.

J'ose pas lui demander ce que c'est, madame risquerait de s'énerver.

Au bout d'une dizaine de minutes, quasiment tout le monde s'est barré, et elle, elle a sorti la quasi totalité des organes de ce pauvre type.

Ça dure des heures. Je lui fais passer des trucs, elle m'en donne d'autres. Le tout, en silence.

Mais c'est pas du tout un silence gênant, au contraire. Il est même reposant.

Vraiment, je suis en train de sortir les boyaux d'un mec, et je me sens bien. Genre je suis à l'aise, dans un bon état d'esprit et tout.

Mon président, Cross le nouveau Sergent d'armes, Derek, Tello et les enforceurs reviennent, peut être au milieu de la nuit, ou alors à la fin... Ils veulent un rapport.

• On a un homme de type caucasien, la vingtaine.

Derek note le tout. C'est son métier, c'est cool, parce que c'est comme si ils étaient au boulot.

• Malformation du poumon droit, fumeur. Au vu de la couleur. Et vu l'état du foie, gros buveur.
• Maladies connues ?
• Pas à ce que je vois. Ce mec était comme la quasi totalité d'entre vous. Mise à part la malformation pulmonaire.

Elle tourne autour de la table et montre certaines blessures.

• Ces marques, ce sont des brûlures de cigarette. Quelqu'un s'est servi de lui comme cendrier, alors qu'il était déjà mort.
• Qu'est-ce qui l'a tué ?
• Je sais toujours pas. Mais en tout cas, aucune des blessures présentes. Les entailles ont été causées très probablement par un cutter, par un gaucher au vu de la forme des marques.
• Tu peux sérieusement déterminer ça, demandais-je impressionné.
• Ouais, c'est mon boulot. C'est à ça que je sers. Bref. Les plaies par balles ont été tirées par un neuf millimètre à à peu près deux mètres de distance.

Impressionnant, vraiment.

• La tête à été coupée à l'aide d'une scie à dents. Selon moi, soit le meurtrier n'a pas agi seul, soit c'est un homme avec de la force. Parce que croyez moi, une tête ça se coupe pas facilement.
• Tello, lance une recherche avec les infos qu'elle a donné, ordonne Derek. Homme blanc, la vingtaine avec malformation pulmonaire. Cherche dans le dossier des personnes disparues.
• Le décès remonte à deux jours. Tant que j'ai pas la cause de la mort, je peux pas être plus précise sur la date de la disparition.