Chapitre 12 : réunion au sommet

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Saalyn s’étaient trouvé une maison inutilisée et s’y étaient installée pour conférer avec tous les pentarques sur ce qu’elle avait appris.

« Que s’est-il passé ? demanda Wuq. »

De toute la fratrie, c’était elle qui avait le plus durement ressenti la détresse de Muy. Les jumelles étaient si proches que le piège qui avait enfermé sa sœur l’avait attrapé aussi. Cela avait provoqué la panique de Vloss qui était s’imaginait déjà en train de justifier au gouvernement helarieal comment une pentarque était morte dans sa caserne. Que cela se termine bien l’avait rassuré. Mais il avait fait des cauchemars toute la nuit suivante.

« Quand j’ai sondé le feytha, je croyais avoir affaire à un être comme nous tous, expliqua Muy. Mais j’ai découvert des centaines d’esprits. Je n’arrivais plus à m’en sortir. Il y en avait trop.

— Tu veux dire que les étrangers sont télépathes comme nous… commença Wotan.

— Non, l’interrompit-elle. Une seule personnes, plusieurs esprits. Chacun d’entre eux est très simple, mais tous ensemble ils créent un être d’une grande complexité.

— C’est incroyable, je n’ai jamais rencontré un tel être. Pourtant, j’en ai sondé beaucoup.

— Et tu as pu pénétrer certains d’entre eux ? demanda Vespef.

— Oui. Comme je l’ai dit, ils sont très simples. Mais ils collaborent pour des tâches complexes.

— Ces êtres doivent pouvoir penser à plusieurs choses à la fois.

— Ils le peuvent. Mais je n’ai pas compris la moitié de leurs occupations. Je suis tombé sur des concepts totalement inconnus. »

Ce n’était pas la première fois que Saalyn était intégrée au conseil des pentarques. C’était souvent ainsi qu’elle présentait ses rapports. Et chaque fois, elle était fascinée.

« As-tu pu déterminer leurs préoccupations et leurs buts ? reprit Vespef.

— Je n’en ai aucune idée. J’aurai dû explorer tous ses esprits. Cela faisait trop. Et il est impossible de procéder de façon méthodique. Je tombe sur chacun au hasard.

— Donc, résuma Wotan, ces feythas ont une personnalité subdivisée en plusieurs esprits très simples qui pris tous ensembles donnent un individu extrêmement complexe.

— C’est cela, confirma Muy.

— Ces esprits peuvent se partager des tâches ce qui lui permet de réfléchir à plusieurs sujets.

— Encore exact.

— Et comme les pensées sont réparties entre plusieurs esprits, nous sommes incapables de les suivre.

— Qu’en dis-tu ? demanda Vespef.

— Que nous avons un problème ! Nous avons en face de nous des êtres dont nous ne pouvons absolument pas connaître les intentions, s’ils sont belliqueux, et qui disposent d’une force nettement supérieure à la notre. »

Il envoya dans toutes les pensées l’image de la machine qui creusait la déviation de l’Unster. En un peu plus d’un mois, elle avait créé un canal de plusieurs douzaines de perches de larges qui aurait nécessité plusieurs centaines de stoltzt pendant une année.

« Ils sont excellents en ingénierie, tempera Wuq, mais nous ne savons rien de leurs moyens offensifs ou défensifs.

— Je n’ai rien remarqué qui ressembla de près ou de loin à une arme, intervint Saalyn.

— Cela ne veut rien dire. Même sans arme sur moi, affirmerais-tu que je suis inoffensive ?

— Non, bien sûr.

— C’est pour cela que nous devons nous renseigner sur leurs intentions, sur leur équipement, et sur leur nombre, en conclut Wotan.

— Il reste une autre inconnue, relança Vespef, ces peuples qui les accompagnent, que savons-nous sur eux ?

— Pas grand-chose, répondit Muy, ils sont beaucoup. Mais ils nous ressemblent beaucoup tout en étant très différents. Leur esprit est unique comme le nôtre. Mais j’ai constaté des petites subtilités. Je crois qu’avec un peu d’entraînement, je pourrais lire leurs pensées conscientes aussi bien qu’avec les autres peuples.

— C’est une bonne chose. Et que peux-tu dire de leurs intentions ?

— S’installer. Cela me semble évident. Mais pour le reste, je ne sais pas. Ils ne paraissent pas hostiles. Mais je ne garantis rien là-dessus. J’ai toutefois remarqué quelque chose. »

Tout le monde se tendit, attendant la révélation.

« En parcourant les rues, j’ai sondé des individus pris au hasard. Et très peu d’entre eux ont un esprit cohérent. Notre guide l’avait. Quelques autres que j’ai croisé. Mais la plupart semblent vide.

— Je ne sais pas trop comment interpréter cela, avoua Wotan.

— Tu as évoqué des machines pendant que je visitais cette ville, cela va bien dans ce sens.

— On parle bien d’objets construits comme des êtres vivants ?

— Je pense plutôt à des êtres vivants artificiels.

— Mais ce n’est qu’une idée qui a germé à partir des paroles d’un seul de ses êtres, remarqua Vespef. Nous ne disposons pas d’assez d’éléments, nous devons y obtenir plus d’information.

— Tu as raison. »

Saalyn s’agitait sur son siège depuis un moment.

— Vous entendez ce sifflement ? demanda-t-elle soudain.

Muy écouta à son tour.

— Ça vient de dehors, dit-elle.

Les deux femmes se mirent à la fenêtre. Le bruit était plus audible. Mais elles ne voyaient rien pouvant le produire à l’extérieur.

— Montons au sommet du temple, suggéra Saalyn.

Elles se précipitèrent vers le bâtiment qui se dressait non loin de là et grimpèrent l’escalier qui menait au toit. Un aussi petit village n’accueillait pas une grande église, mais il dépassait largement toutes les maisons environnantes. Elles virent dans le ciel une traînée blanche qui se terminait par un point noir. Le point, trop loin pour qu’elles déterminassent sa nature, se rapprochait du sol. Il finit par disparaître derrière une colline. Elles ne pouvaient plus le voir, mais elles devinaient où il s’était posé. Le camp qui abritait ces machines au sommet de la falaise.

« Ils peuvent voler, constata Wotan.

— En tout cas, ils savent assez ralentir leur chute pour ne pas se tuer, corrigea Saalyn. Reste à voir s’ils peuvent repartir vers le haut.

— Si c’est le cas, il vaudrait mieux qu’ils ne soient pas agressifs.

— S’ils le sont, nous allons devoir nous procurer de très grosses gemmes, remarqua Vespef. »

Saalyn prenait conscience de toute l’urgence de la situation et du danger auquel ils se trouvaient exposés. Si ces êtres, disposant d’une telle puissance, se montraient belliqueux, les nations civilisées allaient passer un mauvais moment.

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