Tous ces objets, nous allons les retrouver, bien rangés, classés, répertoriés, étiquetés au grand musée archéologique d’HERAKLION où nous nous rendons ensuite. Il y en a des milliers et des milliers, et même davantage. N’ayez crainte, je ne vous en ferai pas la liste. Vous n’avez pas besoin de moi pour imaginer tous ces petits bouts de fer et de terre alignés de façon fastidieuse derrière une vitre de sécurité. Vous connaissez déjà ces alignements monotones de vases funéraires, de statuettes et d’armes primitives qui n’intéressent que Triphon Tournesol et autres professeurs Nimbus.

Juste pour vous donner une idée de l’importance des trésors tirés du sol crétois, sachez que tout ce qui n’a pas rejoint les collections privées (comme celle de Sir EVANS, par exemple) ou disparu sur le marché noir des antiquités, est soigneusement conservé dans près de 300 vitrines réparties dans 19 grandes salles qui correspondent chacune à des époques différentes.

Voila plus qu’il n’en faut pour que Florent se perde. Malheureusement, nous y sommes habitués, car ce n’est pas la première fois mais bien la troisième que nous perdons Monsieur « Distrait » depuis le début du séjour. Au coin d’une rue, devant une boutique, et cette fois au musée. Quoi de plus naturel? Oh, les séparations ne sont jamais bien longues mais déclenchent des ruisseaux de larmes et d’amères reproches du genre « Vous faites exprès de me perdre! ». La solution serait de l’attacher, mais vous croisez une assistante sociale et les ennuis commencent.

Encore un mot avant de quitter le musée archéologique et de passer à table, car je ne vous ai pas parlé des fresques. Les dieux nous sont témoins que nous avons été très impressionnés par les fresques, Christine et moi. Pas tant par ce qu’elles représentent, bien que cela soit fort joli, que par l’imagination de ceux qui les ont reconstituées. Imaginez à votre tour un puzzle de 5000 pièces. C’est un exemple. Si vous le pouvez, imaginez en un de 10.000 pièces. Vous êtes libre! Ce puzzle représente une fresque, mais le modèle a été brûlé lors de l’éruption volcanique de l’île SANTORINI [1] et vous ne disposez plus que de dix pièces en tout et pour tout. Voila. C’est à peu près dans ces conditions que les archéologues ont reconstitué les fresques minoennes. Vous imaginez le casse-tête. Naturellement, il y a eu des loupés. Ainsi, dans la fresque du « Cueilleur de crocus », lors de la première restauration, on crut voir un jeune garçon cueillant une fleur. Tout cela s’avéra finalement être un singe bleu. Et en est-on encore bien sûr? Les incertitudes sont nombreuses.

[1]A plus de 100 km de là, et qui a laissé un cratère de 18 km. On y reviendra plus loin.