L’un d’eux, petit et voûté, s’échine à vendre des flûtes en bois qui paraissent être une spécialité crétoise, une de plus.

Malgré le poids des ans que l’on soupçonne nombreux, le petit homme s’agite comme un diable dont il porte le costume. Bottes noires, pantalons bouffants noirs, chemise noire. A part ses cheveux, et peut-être son âme, qui sait, tout est noir sur cette figure locale, jusqu’à cette coiffe dont j’ignore le nom et qui ressemble à un vieux filet à provisions frangé de pompons en forme de glands.

Il court, il gesticule, il vante sa marchandise en nous offrant en prime son plus beau sourire édenté. En fait, j’exagère. On y aperçoit trois ou quatre chicots brunâtres qui lui laissent suffisamment de place pour y coincer ses flûtes dans lesquelles il crachote pour en tirer quelques notes lancinantes, toujours les mêmes.

Cet exercice, destiné à prouver la bonne qualité de la marchandise, s’avère en fait assez dissuasif pour la bonne raison qu’il change de flûte entre chaque ritournelle! Aussi vend t’il beaucoup moins qu’il n’est photographié!