A 9 heures nous quittons l’hôtel ASTORIA sans regret. D’abord, parce que j’ai dérangé au milieu de la nuit un cafard gros comme une boite d’allumettes, ensuite parce que le réveil n’a pas sonné, enfin parce que l’on veut nous faire payer une douzaine de consommations qui garnissaient (prétend t’on) le mini-bar de la chambre des enfants. Ces garnements n’ont sûrement pas déssaoûlés de la nuit avec tout l’alcool qu’ils ont dû ingurgiter et dont on veut nous faire payer le prix! Nous sommes au bord du scandale, de l’esclandre. Puis tout rentre dans l’ordre comme par enchantement. 

Notre première étape doit nous conduire sur le plateau de LASSITHI « aux mille moulins », à 815 mètres d’altitude. Nous faisons ainsi connaissance avec les routes sinueuses de la Crète qui est surtout un pays de montagnes. Notre car, conduit par un jeune chauffeur sympathique, COSTAS (brave COSTAS, COSTA BRAVA) avale sans broncher les épingles à cheveux. Le paysage qui défile sous nos yeux écarquillés (ceux de Kiki, la marmotte, sont clos) est essentiellement composé de champs d’oliviers. La Crète compte 550.000 habitants, mais plus de dix millions d’oliviers. Nous en verrons partout. Pour les crétois, l’olivier et sa production sont une composante essentielle de la vie. Chaque famille crétoise possède un ou plusieurs groupes d’oliviers.

Avec l’altitude, la végétation se raréfie et il ne reste plus que des bouquets d’herbes parfumées au milieu des éboulis de roches volcaniques. Le thym, l’origan, le basilic et la camomille emplissent l’air de leurs senteurs entêtantes. Nous contournons ainsi le mont DIKTI sur lequel, KETY notre guide (dont je vous parlerai plus tard) nous montre une tâche sombre qui serait la grotte où ZEUS fut caché par sa mère afin de fuir la vorace rivalité paternelle, et où ce futur roi des dieux fut ravitaillé par une abeille et une chèvre. Nous n’en saurons pas plus. Notre circuit ne prévoit pas la visite de cette grotte dont la principale caractéristique, selon les guides touristiques, est la fraîcheur de sa température qui surprend à coté de la fournaise qui sévit à l’extérieur, à quelques mètres de là seulement. Ceux dont l’appétit intellectuel ne serait pas assouvi trouveront dans ce carnet de vacances un petit encart sur la mythologie grecque et plus particulièrement crétoise.

Après avoir zigzagué ainsi plus d’une heure, nous arrivons sur un imprévisible plateau fertile (s’il ne nous avait été annoncé) où poussent céréales et pommes de terre: un jardin suspendu irrigué par les fameux « moulins ». Le plateau de LASSITHI. Il s’agit d’éoliennes de toile blanche perchées au sommet de supports métalliques. Elles pompaient l’eau de la nappe phréatique mais peu restent en service, ayant cédé la place aux moteurs diesel.

Quelques unes tournent encore au milieu des blés, de l’orge et des avoines, mais la grande majorité meurt sur place, toile déchirée par le vent, ailes rouillées. Encore quelques années, et si rien n’est fait, cette curiosité touristique fera penser à une gigantesque décharge de vieilles ferrailles. Il n’était que temps que nous passions par là!

La principale attraction de l’endroit n’est pas ici mais un peu plus haut, sur la crête du mont DIKTI, balayée par des vents qui ne font plus tourner les ailes cassées de vieux moulins en ruines. Il s’agit, cette fois, de vrais moulins en pierres, pas d’éoliennes. Certains d’entre eux ont été grossièrement restaurés en maisons de souvenirs, dont les tenanciers sont octogénaires et en tenue locale.