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Le temps s'écoule mais rien ne bouge. Je suis assis sur le lit et je t'attends. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis dans cette position à contempler le vide sans dire un seul mot. Je me perds en chemin et je m'évade, loin, très loin.

Les souvenirs m'emportent et la vision de la petite pièce dans laquelle je me trouve s'estompe, se dissipe jusqu'à disparaître complètement.

Je ne suis plus là. Je suis au milieu de ce champ dans lequel j'avais l'habitude de me retrouver avec mes amis, étant plus petit. Je ne sais pas ce que je fais ici, et je ne préfère pas m'interroger d'avantages. Je me laisse aller et les images défilent.

Rien n'a changé. Les décors sont les mêmes qu'autrefois. Je revis nos après-midi, plongé dans les échos de nos rires. Je lève la tête vers le ciel bleu caché par les quelques arbres dans lesquels nous avions l'habitude de grimper. Quelques feuilles tombent au ralenti, portées par le vent, jusqu'à se poser dans mes cheveux.

Je suis avec mon meilleur ami et nous imaginons de petites histoires dont nous sommes les héros. Tout nous paraissait surmontable. On ignorait les difficultés et les obstacles auxquels nous serions confrontés plus tard, mais ce n'est pas grave. Je ne lui dis rien. Je nous laisse notre innocence. Après tout, c'est ce que nous avions de plus précieux à cet âge. Je nous vois crier très fort au milieu du champ. Une multitude d'oiseaux s'envolent alors dans le ciel. Je les suis du regard et je ferme les yeux, aveuglé par le soleil. Je me jette sur le dos afin de m'allonger dans l'herbe. Mes mains parcourent les quelques brindilles qui se trouvent à ma portée. J'en saisis quelques-unes que j'arrache et que je lance alors dans le ciel. J'entends mon meilleur ami hurler les paroles de notre chanson préférée à quelques mètres. Mais je ne bouge pas. Je reste allongé et je sens les rayons du soleil parcourir et réchauffer l'ensemble de ma peau. Je souris et je respire profondément, profitant de ces quelques secondes que j'ai la chance de revivre. J'ouvre les yeux et je me redresse. Je prends impulsion contre le sol et crie de toute mes forces, courant en direction de mon meilleur ami prenant la fuite. Ces après-midi étaient éternelles. Le temps cessait de s'écouler, du moins c'est ce que l'on pensait. Mais une fois encore, je me tais. Le silence couvre la vérité et nous permettait de profiter.

Les images s'éloignent de plus en plus de moi, comme si elles se trouvaient désormais derrière une porte au bout d'un couloir. J'avance afin d'en ouvrir une autre. Le décor change, et je retrouve ces images que j'avais laissées quelques instants auparavant. Avais-je vraiment envie de les retrouver ? Ici, lorsque je repensais au champ, il ne restait plus que de vieux souvenirs perdus impossibles à revivre.

Pourquoi avais-je rêvé du champ ? Je place mon visage au creux de mes mains et j'expire de toutes mes forces. À ce moment présent, je rêve de pouvoir vivre ma vie d'aujourd'hui avec la facilité et l'insouciance que je possédais. Mais je ne suis plus l'enfant allongé dans l'herbe de ce champ. Les années sont passées et je ne peux m'empêcher de vivre accompagné de questionnements constants sur ce qui m'entoure. Je suis confronté aux obstacles. Et alors qu'à l'époque je pouvais m'imaginer m'envoler pour les surmonter, aujourd'hui les petites histoires dont j'étais le héros ont disparu. Ce que j'aimerais pouvoir passer au-dessus des problèmes que je rencontre. Certains autours de moi y arrivent. Mais ce n'est pas mon cas. Je me retrouve face au mur et j'attends. J'attends que les choses bougent, et j'attends encore.

Je t'attends oui. Je suis assis sur mon lit, au milieu de cette pièce sans oiseaux ni rayons de soleil. Mais viendras-tu ? Je ne sais pas.

C'est bien la seule chose que j'ai gardé aujourd'hui : l'ignorance de ce qui m'attend.

Je renverse la tête en arrière comme lorsque je regardais le ciel et je m'allonge sur mon lit. Et je ferme les yeux, essayant de retrouver entre deux souvenirs les échos de nos rires d'enfants qui étaient encore capables de s'envoler.

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