Chapitre 55

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À bord du Cargo de Lorage, Elena avait le décompte en temps réel de l'effectif bot engagé au combat. Et il descendait vite. Très vite.

—Jack... je te l'avais dis, les bots ne font pas le poids face aux MOCH. On a déjà perdu soixante-dix pour cent de nos unités.

—Alors j'y vais, lui répondit Jack.

—Quoi ?! Mais t'es fou ? Ils vont te tuer ! cria l'ingénieure en se levant de son fauteuil.

—Après ce que je t'ai montré de mes pouvoirs, tu doutes encore de moi ?!

—Non, ajouta Elena en se rasseyant. Tu as raison... Ils n'arriveront pas à t'atteindre.

"Du moins je l'espère" pensa t-elle.

Jack la regarda en esquissant un léger sourire. Il comprenait la crainte qu'elle avait. Il avait réussi à vaincre Harmonie Freya, à tuer des ombres, à anéantir toute un groupe de traqueurs Elfes, mais il ne s'était pas encore mesuré à ceux que l'on considérait comme étant les plus grands guerriers qu'Utopia n'ait jamais connu, les implacables Commandos MOCH.

—Très bien, j'y vais, dit-il. Mais j'aurais besoin de toi pour me guider. Tu peux faire ça pour moi ?

—T'inquiètes, je te couvre. Fonces. Et revient nous en un seul morceau.

—Je viens avec vous ! fit CyberStone.

—Non ! Lui répondit Jack. Les MOCH sont très puissants. J'ai dis que j'avais des projets pour toi. Ils n'incluent pas le fait d'aller te faire tuer par les MOCH.

Stone se retrouva encore une fois à devoir attendre auprès d'Elena, le retour de son "maître".

Jack se précipita vers le sas. qui ouvrait sur le tube d'abordage. Puisqu'il n'y avait, dans ce tube, aucun système de gravité artificielle, Jack devait alors traverser une trentaine de mètres en total apesanteur. Il y ressentit quelque chose d'étrange. Ou c'est plutôt ce qu'il n'arrivait plus à ressentir qui était étrange.

—Elena... je...

—Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda la jeune femme inquiète.

—Je n'en sait rien, c'est bizarre...

—Tu es en apesanteur Jack... c'est normal. Surtout si c'est la première fois que...

—Non pas ça... coupa Lorage. Elena, je... je ne ressent plus mes pouvoirs. Je ne les aient plus...

—Quoi ?! C'est impossible, comment...

—Je n'ai plus mes pouvoirs Elena ! paniqua Jack en faisant demi-tour pour retourner à son vaisseau.

Elena mis quelques secondes à comprendre.

—Jack ! Attend ! Je crois savoir...

—Quoi ? demanda l'intéressé en s'arrêtant, toujours en apesanteur.

—Monte dans le vaisseau MOCH.

—Sans mes pouvoirs ? Je vais me faire tuer !

Elena consulta ses scanners. Rien n'apparaissait sur les écrans. L'entrée était sûre.

—Je ne détecte personne à l'entrée, c'est sans risque. Je veux que tu y entre pour que je puisse vérifier quelque chose. Fais-moi confiance...

Jack fit ce qu'Elena lui demandait de faire, il entra dans le vaisseau, là où la gravité artificielle reprenait. Jack ressentit à nouveau ses pouvoirs.

—Tu les ressens ? demanda Elena.

—Oui... Oui, comment tu as su ?

—Incroyable... Tu as besoin de la gravité pour utiliser tes dons.

—La gravité ? Attends... Tu veut dire que dans le vide, je ne suis rien ? Que dans le vide, les paranormaux n'ont plus leurs pouvoirs ?

—La plupart de vos pouvoirs luttent contre la gravité, non ? S'il n'y a pas de gravité, vous ne pouvez donc pas lutter contre... Tout est logique.

Jack réalisa à quel point il était vulnérable. Pour la première fois de sa vie il était "normal". Il y a quelques années il aurait donné n'importe quoi pour l'être. Mais à présent, il n'avait plus envie d'être comme les autres, d'être un humain ordinaire. Avec ses pouvoirs il se sentait puissant. Et désormais seule cette sensation comptait. Seule la puissance importait. La puissance et la volonté de sauver les paranormaux et de bâtir un monde meilleur.

—Putain, je déteste l'espace. Rappelle moi de ne plus y retourner après ça.

—Je m'en souviendrais... répondit Elena en regardant à nouveau les scanners. En attendant, je repère un MOCH qui s'approche.

Jack entra dans le vaisseau MOCH. Il tomba face au jeune commando MOCH qu'Elena venait de détecter via l'infrarouge. Le commando le braqua avec son fusil.

—Bouge plus ! Ou je te descend ! Cria t-il.

—Bah voyons, lui répondit Jack qui lui arracha le fusil des mains via ses pouvoirs avant de le foudroyer et reprendre son chemin.

Au bout de quelques pas, Jack s'arrêta net. Il ressentit quelque chose. Ou plutôt une présence.

—Elena... Il y a quelqu'un à bord.

—Il y a les Commandos MOCH oui, lui répondit l'ingénieure dalkienne pensant qu'il la prenait pour une imbécile.

—Non... Je veux dire que je ressens une présence familière.

—Jack... C'est normal, Kodyn est sûrement à bord. Il était avec nous à Dalkia il y a dix ans. C'est sans doute lui que tu ressens en ce moment... Ou peut-être n'importe quel Commando qui aurait pu être présent avec nous il y a dix ans.

—Non... C'est quelqu'un d'autre... Je ne sais pas qui.

Elena posa sa main sur le front en soupirant.

—Jack... Réfléchis... Qui d'autre ça pourrait être à part un MOCH ?

—Je... Je sais pas. Possible oui. Possible que ce soit l'un d'entre-eux.

—En tout cas, ça ne peut pas être ton amie... "Naturia", puisqu'on vient de lui fausser compagnie.

—Non, c'est pas elle en effet.

Lorage reprit sa progression. Pendant quelques secondes, il ne rencontra aucune résistance. Puis il tomba nez à nez avec une petite escouade MOCH. Ces derniers tirèrent des rafales sur lui. Mais en vain. Jack les arrêta toutes avec ses pouvoirs puis envoya valser ses ennemis sur les parois du vaisseau avant de les achever en les foudroyant.

Pendant ce temps, Kodyn et ses hommes retenaient les bots dans le hangar. La faiblesse et la fragilité des bots étaient très largement compensées par leur nombre. Des dizaines de Bots furent détruits mais au final, il réussirent à prendre le contrôle du Hangar. Les MOCH durent se replier.

—Bénédicte ! cria Grant à son communicateur.

—Commandant ?!

—Tu as récupéré Jo ?!

—Affirmatif... on arrive au Hangar !

—Négatif ! Négatif ! Ils ont pris le Hangar ! Conduis Jo aux modules de largage !

—Mais...

—Ne t'inquiètes pas... Il est plus malin qu'il en à l'air... Fais ce que je te dis !

—Et je l'envoie où ? Chez Naturia ?

—Non... Lorage pourrait le retrouver. Envoie le dans l'Empire. Puis prends une autre capsule pour le rejoindre ! C'est compris ?

—Mais...

—Fais ce que je te dis !

—Oui commandant... Bonne chance.

Bénédicte se tourna vers Jo, qui ne comprenait pas ce qui se passait. Jamais il n'avait vu un MOCH avoir peur. Et pourtant c'est ce qu'il crut voir dans les yeux de Bénédicte.

—Viens Jo, changement de plan.

La commando MOCH emmena le jeune garçon dans la salle des modules de largage. Heureusement, les Bots n'y étaient pas encore. Mais ils approchaient. Bénédicte les entendaient. Ils n'étaient pas loin et elle le savait. Elle devait faire vite. Très vite.

—Monte dans celui-ci... dit la jeune femme à Jo qui monta dans la capsule qu'elle désigna.

« Choisissez l'aire de largage » dit la voix de l'ordinateur du GPS.

Bénédicte ne connaissait pas grand-chose de l'Empire. Elle n'y était jamais allé. Mais elle connaissait la légende de la Plage Vierge. Cette immense littoral que personne ou presque ne fréquentait. L'endroit le moins densément peuplé de l'Empire, et peut-être même d'Utopia.

—"Plage Vierge"... répondit Bénédicte. On se débrouillera une fois au sol...

La capsule se ferma. Jo était trop petit pour pouvoir actionner lui-même la commande de largage en étant attaché. Bénédicte devait donc l'actionner de l'extérieur. Ce qu'elle fit.

« Erreur » dit l'ordinateur.

—Quoi ?

« Problème technique détecté. Largage impossible.».

—Et merde !

La jeune femme n'avait pas le temps de résoudre le problème, les bots étaient là. Elle ouvrit la capsule, sortit Jo et l'installa dans la capsule qu'elle aurait dû prendre. Au moment où elle s'apprêtait à actionner le largage, elle reçu un tir venu de derrière puis s'effondra au sol. Elle ne pouvait pas laisser Jo se faire capturer ou tuer. C'était sa mission d'évacuer le garçon.

Les bots arrivèrent vers elle. Bénédicte se releva pendant que les bots pointèrent leurs armes sur elle. Elle eut à peine le temps d'actionner la commande envoyant Jo dans l'espace, qu'ils la tuèrent.

Jo pu voir au travers du Hublot, la jeune femme tomber au sol. Il compris qu'il serait seul lorsque il atterrirait. Il avait peur. Naturia avait dit qu'il serait en sécurité avec les MOCH. Elle s'était trompée. Mais il se souvint de ce que lui répétait le chef des MOCH, qu'il ne devait pas avoir peur.

Pendant ce temps, les bots escortèrent Kodyn et quelques autres MOCH devant Jack.

—Grant Kodyn... légendaire leader des légendaires commandos MOCH... Guerriers les plus craints de tout Utopia, tenus en échec par... des robots. Ça la fout mal, non ?

Les bots forcèrent les MOCH à se mettre à genoux, les mains derrière la tête.

—Que penses-tu de ma nouvelle armée ? Demanda Lorage à son ancien ami.

-Ah... C'est TON armée ça ? Dis moi, je voudrais savoir un truc... les prochains modèles... ils auront la même tronche que toi ? Ah moins que c'est censé être déjà le cas... Et dans ce cas c'est complètement raté.

Lorage fit un rire nerveux. Comme si ce que disais Kodyn l'amusait.

—Intéressant... je note l'idée, répondit Jack. Est-ce que tu sais pourquoi je suis ici ?

—Parce que tu as complètement perdu la tête...

Jack prit la mouche.

—Je suis là PARCE QUE TU ES LA PLUS GRANDE POURRITURE D'UTOPIA !!!

Jack bouillonnait de rage. Kodyn n'avait jamais vu autant de colère chez un individu. Il en aurait presque eu peur.

—Je... te demande pardon ?

—Toi, ton fils et tous les MOCH... Vous détestez autant les paranormaux que le Véerème les déteste.

—Naturia avait raison... Tu as vraiment perdu la tête...

—Ne ramènes pas Naturia dans la conversation Kodyn... Elle n'a pas vu ce que j'ai vu. On m'a montré l'avenir. Tes MOCH seront au service d'une dictature qui réduira les paranormaux à l'esclavage. Et ton fils sera à leur tête !

—Mon fils ? Celui ou celle qui t'a montré ça... t'a raconté n'importe quoi. Tu le sais, les MOCH n'ont rien contre les paranormaux... Et jamais on défendrait une dictature. Et si tu es venu ici dans l'idée d'éliminer mon fils... Tu as perdu. Il n'est plus à bord de ce vaisseau. Et tu ne le retrouveras jamais.

Jack se mit en colère et élimina un par un les cinq autres commandos MOCH présents. Kodyn les vit mourir un par un sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit.

—Qu'est-ce que ça te fait de voir tes compagnons mourir l'un après l'autre devant toi hein ? Si j'éradique les MOCH aujourd'hui, ils ne pourront jamais participer à ce que j'ai vu dans la vision. Utopia ne verra jamais naître ce... Nouvel Ordre !

En regardant Jack droit dans les yeux, Grant Kodyn pouvait voir qu'il croyait vraiment en ce qu'il disait. Il croyait vraiment à ce qu'il avait vu dans cette "vision".

—Ce qu'on a fait pour vous il y a dix ans, reprit Kodyn. Ça ne compte pas ? Jack ! On s'est battus ensemble !

—C'est ce que tu nous a fais croire... Mais vous, le Véerème... l'Empire... N'étiez là que pour une chose : vaincre le Efdéème. Le Efdéème ne fait pas parti de l'équation qui fera naître la dictature... En réalité, vous n'en aviez rien à faire de Dalkia, pas vrai ?

Grant ne répondit rien. Quoi qu'il pourrait dire, il savait que Jack ne l'écouterait pas. Il était perdu dans sa folie.

—C'est bien ce que je croyais... conclut Jack en lui tournant le dos.

—Permission de l'éliminer ? demanda un bot en braquant son arme du le front du MOCH.

Jack s'arrêta net et tourna la tête vers le bot.

—Non. On l'emmène avec nous. Je veux qu'il assiste à la concrétisation de mon plan. Je veux qu'il voit les MOCH disparaître.

—Et pour les autres ?

—Les autres ? Il n'y en as pas d'autres... puisque vous allez tous les exécuter.

—Bien reçu.

Il s'agissait pour les MOCH du pire épisode de leur histoire. Parmi les rares défaites qu'ils avaient connus, c'était là la plus dramatique. La bataille fut perdue par manque de munitions. Les bots exécutèrent tous les commandos MOCH présents dans le vaisseau, à l'exception de Grant Kodyn, comme Lorage leur avait demandé. Le Mouvement Chevaleresque perdit alors près d'un huitième de son effectif et se retrouva privé de leader.

***

Plage vierge, Empire, utopia, 5 septembre 2000, 13h45, heure locale

La capsule de Jo atterrit sur le sable de la plage vierge. Jo se détacha comme on lui avait appris à le faire puis appuya sur la commande qui ouvrit l'engin. En sortant, la première chose qu'il fit fut de regarder autour de lui. Personne. Il repéra tout de même une route à double sens. De part et d'autre de cette route se trouvait toute une série de palmiers. Il prit son sac et se mis à suivre la route. Il marcha pendant plus d'une heure avant de tomber sur une ville vers laquelle il marcha.

Après quelques minutes de marche, il arriva dans cette ville Impériale dont il ignorait le nom. Il ne savait pas quoi faire. A vrai dire, il était tout à fait conscient qu'il n'aurait pas dû être seul ici. Bénédicte aurait dû le récupérer si elle n'avait pas été abattue par ces machines. A causes d'elles, il se retrouvait alors seul. Mais pas pour longtemps. Il croisa le chemin d'une jeune fille de son âge, blonde, qui s'avança vers lui.

Celle-ci avait l'habitude de traîner dans le quartier. Elle arriva derrière lui et lui tapota l'épaule. Jo, se retourna et la poussa au sol. Lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de faire, il s'approcha d'elle pour s'excuser et l'aider à se relever.

—Pardon, fit-il. Je croyais que tu étais un robot.

—Un robot ? Tu joue à tuer des robots ? demanda la petite fille souriante.

—Non c'est pas un jeu. C'est vrai.

—Mais... y a pas de robots.

—Nan pas ici... Dans l'espace.

La petite fille se mit à rire.

—T'es bizarre toi.

La jeune fille qui ne comprenait pas où le petit garçon voulait en venir se présenta.

—Je m'appelle Sophie.

—Je m'appelle... Jo, lui répondit timidement le garçon.

—Tu veux venir chez moi, Jo ? Il n'y a pas de robots... C'est promis.

Le petit garçon réfléchit un instant. Il ne savait pas ce qu'il devait faire. Il était clair que personne ne viendrait le chercher. Il savait qu'il ne reverrait sûrement plus les MOCH, qu'il était livré à lui-même, qu'une nouvelle vie commençait pour lui, après avoir passé quelques mois à peine au sein du Mouvement Chevaleresque. Il accepta l'invitation de la petite fille qui lui adressa un très jolie sourire en réponse.

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