Chapitre 23

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Maison d'Olympe, Seed, Dalkia, Utopia, 14 avril 1993, tôt le matin

Jack se réveilla aux côtés d'Olympe. Il avait tellement pris l'habitude de se réveiller au Pays des Rêves qu'il lui fallut une demi seconde pour réaliser l'endroit où il était. Il poussa le drap blanc pour s'en dégager et se redressa avant de poser les pieds au sol. Même s'il appréciait grandement le Pays des Rêves et sa "magie", être de retour à Dalkia était pour lui un grand bonheur.

Il tourna la tête vers le réveil posé sur la table de chevet à côté d'Olympe. Il affichait "6h13". Trente minutes avant l'heure à laquelle devait se réveiller Olympe, pour aller à la caserne de Seed. Jack resta assis, à contempler la chambre de sa bien aimée. Une chambre assez simple : tapissée d'un papier peint de couleur bleu uni, sans le moindre motif, un lit à deux places, un bureau marron clair avec une chaise à roulette noire, une penderie de la même couleur et une étagères sur laquelle étaient entreposées quelques photos. L'une d'entre-elles la montrait en uniforme après la création de la nouvelle armée dalkienne.

—Salut, tu vas bien ? lui demanda la jeune femme qui venait de se réveiller, après l'avoir entendu bouger.

—Ouais. Très bien. Et toi ?

—Oui.

—Désolé de t'avoir réveillée.

—C'est pas grave... j'aurais plus de temps pour me préparer. Je dois être à la caserne pour huit heures, le rassura la jeune femme en se redressant.

Jack pensa soudainement au frère d'Olympe, Zack. La maison était censée leur appartenir à eux deux. Pourtant, il n'était pas là.

—Au fait... il est où ton frère ? Il est dans l'armée, c'est bien ça ?

—Oui... Mais c'est juste qu'en ce moment il n'est pas ici. Par contre... il ne devrait pas tarder à rentrer.

Jack tourna la tête vers Olympe, s'attendant à ce qu'elle poursuive.

—Il effectue un entrainement conjoint avec les forces spéciales de l'armée Véerème, reprit-elle.

—Rien que ça ? fit Jack, impressionné.

—Que veux-tu... il fait parti de nos meilleurs hommes... à croire qu'il à ça dans le sang. Normalement le stage devait se terminer avant-hier. Donc il devrait renter dans la journée.

—Et s'il apprenait... pour nous deux ?

—Il le sait déjà...

—Ouais... nan mais je veux dire, s'il sait que tu profites qu'il soit pas là pour... enfin tu vois... ce qu'on a fait hier... ajouta timidement le Paranormal.

—T'inquiètes, le coupa Olympe qui éclata de rire. Il est hors de question qu'il le sache.

—Je sais... mais je veux dire... C'est vous deux qui avaient hérité de la maison de vos parents... C'est donc également la sienne, non ?

—Au départ oui... mais il me la laissé.

—Ah bon ?

—Tu te souviens de Julia, la fille a qui on avait laissé la petite Emma pendant la reprise de Seed, il y a trois ans ?

—Ouais, répondit Jack en se remémorant leurs visages, les yeux fixant le sol. Je m'en souviens...

—Et bien ils se sont... remis ensemble. Ils ont emménagés ensemble, acheté un appartement et du coup, comme j'étais seule, Zack m'a laissé la maison... Donc tu vois... tu peux avoir la conscience tranquille, expliqua Olympe avant de se rapprocher de Jack pour le prendre dans ses bras. Mon frère n'habite plus ici depuis un moment. On est tranquilles.

—Ok... et bah ça me rassure, fit Jack en serrant Olympe.

***

Quelques dizaines de minutes plus tard, Olympe et Jack prirent le petit déjeuner dans la cuisine qui donnait immédiatement sur le salon, permettant aux deux amoureux d'écouter les nouvelles qui passaient à la télévision, tout en discutant de ce qu'ils avaient fait ces trois dernières années.

—Alors... tu es rentrée dans l'armée dalkienne juste après la Libération, c'est ça ?

—Pas tout de suite tout de suite... Mon frère oui. Dwayne également. Mais moi, j'ai attendu quelques semaines avant de m'engager. D'ailleurs en arrivant hier, tu le savais déjà que j'étais dans l'armée, pas vrai ?

Olympe posa cette question parce qu'elle avait remarqué, la veille, que Jack ne semblait pas étonné de la voire en uniforme. De son côté, le jeune homme n'avait pas anticipé cette question. C'est vrai... comment aurait-il pu savoir qu'elle s'était engagée si Bénédicte Caldera, la Commando MOCH ne lui avait pas dit. Jack devait alors tous lui dire. Il ne voulait pas que sa relation avec la fille qu'il aimait soit remplie de mensonges ou de secrets.

—En fait, j'ai croisé les MOCH. Une membre de l'escouade de Kodyn, m'a parlé de toi. C'est elle qui m'a dit que tu étais dans l'armée.

—Ouais, dit Olympe en repensant un instant aux célèbres guerriers. Les MOCH sont restés un moment ici, c'est vrai... Avec les Impériaux et les véerèmois, ils sont resté pour nous défendre au cas où les efdéèmois auraient lancés une autre attaque. Ils ont aussi participé à la formation des premiers officiers et soldats de notre nouvelles armées . Après quoi ils sont partis et la formation des troupes dalkiennes reposent désormais uniquement sur nous. Et moi dans tout ça... eh bien je suis sergent instructrice. Je fais parti de celles et ceux qui forment les nouvelles recrues.

—Je suis content... ça a vraiment l'air de te plaire. Surtout que tu es une figure pour eux, fit Jack, en oubliant qu'il était lui-même considéré comme l'un des héros dalkiens, ceux grâce à qui le Véerème et l'Empire sont venus en renfort.

—Après la Libération j'ai eu du mal à retourner à mon ancienne vie. Entre l'envie de reprendre ce que je faisais avant et, comme tu le dis, l'importance qu'on m'accordait... J'ai finalement décidé de continuer à servir Dalkia.

Olympe s'arrêta quelques secondes pour servir le café, avant de reprendre.

—Et toi ? Maintenant que tu es de retour à Dalkia... Qu'est-ce que tu comptes faire ?

Olympe avait rencontré Jack pendant l'invasion efdéème. Elle n'avait aucune idée de ce que faisait le jeune homme avant la guerre. Jack but une gorgée de café puis posa sa tasse avant de répondre.

—En fait, moi aussi j'ai trouvé ma voie. Tu sais, cette fille, Naturia. Elle m'a vraiment montré qui j'étais. Et j'aimerais utiliser mes dons pour servir le bien... Enfin je veux dire pour aider les autres. D'ailleurs à ce propos... Tu es au courant de ce qu'il s'est passé à Adrième ?

—Oui, répondit Olympe qui craignait ce que Jack allait lui dire.

—Eh bien j'y étais...

—Tu y étais ?

—Oui. Je te rassure. Je n'ai pas combattu. J'y suis allé pour aider les victimes. Sauver des personnes des décombres, ce genre de choses, tu vois. C'est ça que je veux faire... Utiliser mes dons pour aider les autres et leur montrer qu'ils n'ont rien à craindre des gens comme moi.

Olympe esquissa un léger sourire. Elle se souvint de l'époque où Jack ne maîtrisait pas tout à fait ses dons. Lorsqu'il avait un peu peur de ce qu'il était, lorsqu'il était traqué par le Efdéème lors de l'invasion. Elle était heureuse de voir qu'il n'avait plus peur de lui-même. Et de voir qu'il avait, comme elle, trouvé sa voie.

—C'est vraiment cool... Si vraiment c'est ce que tu veux faire... Fais-le, l'encouragea-t-elle.

—Mais... pour ça il faudra que je m'absente... parfois quelques jours. Voire quelques semaines d'affilées... ça ne te dérange pas ?

Olympe prit la main de Jack et le regarda dans les yeux avec un sourire sur les lèvres.

—Je t'ai attendu presque trois ans... Je crois que je saurai t'attendre quelques jours.

Les deux amoureux furent coupés lorsqu'un journaliste à la télévision, annonça que le Véerème avait procédé à des frappes aériennes contre des infrastructures contrôlées par l'armée efdéème. Jack et Olympe se tournèrent alors vers la télévision pour écouter les paroles de l'un des correspondants de la chaîne à Pacifia.

—L'armée Véerème a confirmé la destruction d'une base militaire efdéème clandestine ici à Pacifia. Des troupes efdéèmes y étaient apparemment stationnées après que le Front de Libération Pacifique ait conquis la zone il y a de cela quelques semaines.

Après l'annonce du journaliste, un haut gradé véerèmois apparu à son tour à l'écran. Il semblait être en conférence de presse devant des journalistes à la fois impatients de ce qu'allait annoncé de militaire et inquiets sur le déroulement que pourrait avoir la guerre dans les prochaines jours, les prochaines semaines ou les prochains mois.

—Cette nuit, nos forces aériennes ont détruit des installations efdéèmes situées à trente kilomètres de Teshia , la septième ville Pacifienne. Après les horreurs commises par le Efdéème sur notre continent lors de la guerre de Dalkia puis par l'intermédiaire de l'organisation terroriste du Front de Libération Pacifique qui n'était qu'une organisation factice à la solde de notre ennemi, nous avons tenu à répondre fermement. Le Efdéème ne vaincra pas. Il ne plongera pas notre monde dans la terreur.

Une pluie d'applaudissements suivit les paroles du haut-gradé.

—Alors ça y est... les combats ont commencés...

—Bah après ce que le Efdéème a fait à Adrième... il fallait s'y attendre.

—Alors on ne connaîtra jamais la paix ?

—Les dernières grandes guerres ont toujours été de leurs fait, répondit Jack en parlant du Véerème et du Efdéème. Il suffit donc que le Efdéème disparaisse pour qu'on soit en paix.

Olympe le regarda en fronçant légèrement les sourcils, d'un air sceptique.

—Mais... peut-être que quelqu'un d'autre prendra la relève. Tu sais... l'ennemi pourrait très bien venir d'Amal-Gur. En plus Dalkia n'est pas très loin d'Amal'Gur. Ils n'ont qu'à traverser Katalonia et ils seraient chez nous en un rien de temps.

Jack eut un rire nerveux.

—Pour ce que j'en sais... il n'ont pas les moyens de nous faire la guerre. Amal'Gur ne représentera jamais une menace... C'est pas pour rien qu'ils vivent renfermés sur eux-même.

—Ouais... ou alors ils le font parce qu'ils préparent leur coup.

—On le saurait déjà.

Jack fut une nouvelle fois attiré par ce dont parlait les journalistes à la télévisions. Les journalistes spécialisés dans la Géopolitique avaient laissés leurs places aux journalistes sportifs. Et pour commencer, ils annoncèrent la nouvelle victoire de Chase Crow, lors du Grand Prix de Razor à Katalonia.

—Au moins il y a des choses qui ne changent pas, fit Jack. Chase Crow... c'est vraiment un pilote ce gars.

Olympe le regarda en riant.

—Quoi ? demanda Jack.

—Tu es au courant qu'il n'est plus champion en titre ? demanda la jeune femme toujours sourire aux lèvres. Il a perdu la HotRace 1992.

—C'est pas possible ! s'exclama Jack.

—Là il est en reconquête du titre. Et la HotRace de 1991, il a bien failli la perdre aussi. Ça s'est joué à rien.

—Mais qui l'a gagné alors celle de la dernière saison ?

—Shayla Leona, une elfe.

"Shayla Leona". Ce nom disait quelque chose à Jack. Il n'avait pas pu suivre les dernières HotRace. En fait il ne les suivaient plus depuis la guerre de Dalkia. Mais il connaissait le nom de "Shayla Leona", car Anata lui en avait parlé il y a presque trois ans en lui disant qu'il s'agissait alors très certainement d'une championne en devenir. Et bien maintenant c'était le cas. Elle avait égalé puis battu le plus grand pilote de l'histoire de la HotRace, le grand Chase Crow. Même si pour le moment, Crow était en tête de l'édition 1993, devant Leona.

—Nan... on a fini par le battre... J'y crois pas.

—Ouais... enfin il a toujours le plus grand palmarès de l'histoire... Et pour l'instant il est actuellement en haut du classement cette année. Mais dis-moi... je ne savais pas que tu aimais la HotRace...

—J'adorais ça avant la guerre. Mais j'avoue que ça fait des années que je n'ai pas suivi la moindre course... Chase Crow faisait parti de mes idoles à l'époques...

—Au fait... la HotRace repasse par Dalkia maintenant, avec le Grand Prix de Seed. Si tu veux, on pourra aller le voir, c'est dans deux semaines il me semble.

—Ouais... cool. J'adorerais.

Olympe regarda l'heure sur l'horloge accrochée sur l'un des murs de la cuisine. Elle affichait sept heures et douze minutes. Il ne lui restait plus qu'une dizaine de minutes avant de devoir partir à la caserne qui se trouvait à environ vingt minutes de chez elle en voiture.

—Dans dix minutes je pars, fit-elle. Ça te dirais de venir ?

—Où ça ? à la caserne de Seed ?

—Oui. Je te fais enregistrer comme "visiteur" et puis, commença Olympe avant de reprendre plus calmement. Toi aussi tu es vu comme un Héros tu sais ? Après la guerre, certains résistants ont parlé de toi. Ils t'ont vu utiliser tes dons et... tout le monde sait que tu étais avec nous lorsqu'on a réorienté la parabole. Tout le monde sait que c'est grâce à toi qu'on a réussi à le faire.

—Mais... je croyais que les dalkiens avaient peur des paranormaux ? C'était même pour ça qu'il y a trois ans, lorsque je suis entré dans la Résistance, toi et ton frère aviez préféré garder secret le fait que j'avais des dons.

—Oui... mais ça c'était il y a trois ans. Pendant le reprise de Seed, comme je viens de te le dire, de nombreux résistants t'ont vu les utiliser... et ont vu Hal utiliser les siens. Et même si l'armée dalkienne n'accepte toujours pas les paranormaux dans ses rangs, Dalkia a compris qu'ils n'étaient pas forcement hostiles... Et les recrues seraient heureuses de te rencontrer. On m'a déjà demandé ce qu'était devenu "les deux paranormaux" de mon ancienne équipe.

—Et qu'est-ce que tu as dit ?

—Pour Hal, j'ai dit qu'il n'était pas d'ici, je n'ai pas dit qu'il venait d'Exotis, j'ai dit qu'il était nord-véerèmois et qu'il était de passage lorsque la guerre a commencé, l'empêchant de retourner chez lui et qu'après la guerre il était rentré chez lui et qu'il ne reviendrait jamais. Pour toi, j'ai dit que tu étais parti sans me dire où tu allais mais que tu reviendrais un jour.

—Mais tu veux que je leur dise quoi exactement ? "Coucou, je suis Jack, j'ai des pouvoirs et je sais déclencher les orages" ?

—Non... répondit Olympe en riant avant de réaliser ce que Jack venait de dire. Attends... tu sais déclencher les orages ?

—Ouais... enfin pour ça il faut bien sûr que le temps soit à l'orage mais oui... je sais le faire, expliqua Jack, pendant que la jeune femme le regardait, n'en revenant pas de ce qu'il venait de lui annoncer. Bon, tu veux que je fasse quoi ?

—Que tu leur donne espoir... Ils se sont engagés dans l'armée pour défendre leur pays. Mais avec les derniers événements, je crois qu'ils ont pris un coup au moral. Même s'ils connaissaient les risques avant de s'engager, je pense que n'importe quel soldat, expérimenté ou pas, craint l'armée efdéème. En te voyant, tu les rempliraient peut-être d'espoir.

Jack réfléchit un instant. À peine était-il revenu à Dalkia, que son passé de résistant dalkien, de Héros dalkien, refaisait surface. Mais Olympe avait raison, et il le savait. En cette sombre période, Dalkia avait besoin de se raccrocher aux figures de sa dernières victoire. Dalkia avait besoin d'espoir. L'espoir de vaincre le Efdéème si ce dernier tentait une nouvelle invasion.

—C'est d'accord... Je viens avec toi, dit-il.

—Je ne te force pas, je vois bien que tu es mal à l'aise et que...

—Non, le coupa le paranormal. T'inquiètes, je sais que c'est important pour eux... et pour toi. Et personnellement, j'aimerais aussi voir ce que tu fais... ton travail. Ça m'intéresse, tu comprends ? Et je crois que moi aussi je pourrais y trouver un peu d'espoir.

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