Chapitre 24

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Entrée de la Caserne de Seed, Seed, Dalkia, Utopia, 14 avril 1993, 7h50 environ

Comme tous les jours, exceptés lorsqu'elle n'était pas de service, Olympe rejoignit la caserne de Seed avec sa voiture, une Neo N5, un modèle de citadine très répandue dans les pays humains. La sienne était de couleur bleu. Elle l'avait acquise avec ses premières soldes. Après avoir stationné son véhicule sur le parking de la caserne, uniquement destiné au personnel, elle et Jack se dirigèrent vers l'entrée de l'enceinte. La base était visiblement assez grande. Le périmètre était protégé par de grandes barrières avec à chaque coin, des tourelles antiaériennes.

—Je ne comprends pas... fit Jack. Normalement, tu n'es pas obligée d'habiter dans la caserne ?

—Si... Mais comme elle n'est qu'à quelques minutes de la maison, et que c'est l'armée dalkienne qui m'a proposé le poste, c'était ma condition. J'ai acceptée le poste à condition de pouvoir résider chez moi. Ils étaient près à tout pour que je sois des leurs...

—Je vois...

—S'ils avaient refusé, je ne sais pas si j'aurais accepté le poste. D'un côté j'apprécie ce que je fais... mais loger une partie de la semaine dans la caserne, je ne crois pas que j'aurais apprécié.

Une fois entrés dans la base, Jack vit des choses qui lui rappela la guerre de Dalkia. Des hélicoptères, les mêmes que ceux qui étaient stationnés à la base Lima il y a trois ans. Les chars étaient également les mêmes. Les armes des soldats également. La seule nouveauté était la caserne elle-même. La précédente ayant été complètement détruite pendant la guerre, l'actuelle était totalement neuve.

—C'est Dalkia qui a refait la base ou le Véerème ? demanda Jack.

—Dalkia... et aussi un peu l'Empire.

—L'Empire ? questionna Jack, étonné.

—Ouais. Ils n'ont peut-être pas la meilleure armée du monde, mais ils commencent sérieusement à être au top niveau infrastructure militaire... D'ailleurs... tu te souviens du cube de commandement véerèmois il y a trois ans ?

—Ouais, répondit Jack. Je m'en souviens bien.

—Et bien c'est de conception Impérial.

Jack se souvenait bien de ce soldat Impérial : Ewan Robb. Il était à l'image de l'armée Impériale. Cette dernière semblait être si différente des autres armées utopiennes. Avant son intervention à Dalkia, voir l'armée Impériale était quelque chose de très rare. Elle intervenait surtout dans le cadre de missions humanitaires. Et beaucoup disaient d'elle qu'elle était bienveillante, là où la plupart des autres armées, pour ne pas dire "toutes", étaient strictes. On disait souvent des soldats Impériaux qu'ils étaient comme une "bande de copains" plus qu'une armée. Il était vrai qu'ils n'avaient pas une très grande armée puisqu'elle ne se limitait qu'à trois cent mille hommes, là où celles du Efdéème et du Véerème dépassaient les deux millions.

Après quelques minutes, ils arrivèrent près d'un poste de sécurité où se trouvait un officier. Un homme d'une quarantaine d'années, chauve, portant un képi et l'uniforme des officiers dalkiens.

—Capitaine Kenet, dit Olympe pour le saluer.

—Bonjour sergent, dit l'officier avant de se tourner vers Jack. Qui est-ce ?

—Jack Lorage monsieur, le paranormal qui nous a aidé pendant la guerre.

—Je vois... dit l'officier avant de s'adresser à Jack en lui tendant la main. C'est un grand honneur pour moi de vous rencontrer, monsieur Lorage. Le sergent McNamara n'a pas tarit d'éloge à votre sujet.

"Monsieur Lorage" pensa Jack tout en serrant la main de l'officier dalkien. C'était la première fois qu'on l'appelait ainsi. Il était tellement habitué à ce qu'on l'appelle "Jack". Juste "Jack". Entendre quelqu'un l'appeler par son nom avec un "monsieur" devant, lui fit prendre conscience que pour lui, son nom sonnait comme ridicule. C'était pourtant celui que lui avait apparemment donné son père. Était-ce le nom de son père ? Ou simplement le nom qu'il avait voulu lui donner, pour éviter qu'on ne remonte jusqu'à lui ?

—Merci monsieur. C'est également un honneur de vous rencontrer, répondit le paranormal avant que l'officier ne lui remette lui-même une carte de "visiteur", après quoi, Olympe pouvait conduire son petit ami plus loin dans l'enceinte.

***

Les recrues étaient rassemblées dans une immense salle. C'était très moderne. On voyait bien que tout était neuf. Les poutres qui supportaient le plafond étaient apparentes. les portes étaient automatiques et la couleur dominante était le gris métallique, comme c'était souvent le cas dans les infrastructures militaires humaines, en particulier celles de l'Empire. Jack vit alors l'influence qu'avaient pu avoir les Impériaux lors de la reconstruction.

—Soldats ! cria Olympe pour se faire entendre de tous. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous présenter le paranormal qui m'a aidé il y a trois ans. Celui qui faisait partie de mon équipe lors des derniers jours de la guerre. C'est grâce à lui qu'on a pu réorienter la parabole de la tour REGIS pour appeler le Véerème et changer le cours de la guerre.

Les jeunes soldats murmurèrent entre-eux. Tous n'en revenaient pas de le rencontrer pour de vrai.

—Je suis si connu que ça ? murmura Jack à Olympe.

—Bah... comme je te l'ai dit, des résistants t'ont vu toi et Hal utiliser vos pouvoirs... Et comme ils ont raconté ce qu'ils avaient vu et qu'en plus c'est grâce à toi qu'on a pu réorienter la parabole pour contacter le Véerème... du coup, oui.

Un soldat leva le bras. Il était assez grand, plus d'un mètre quatre vingt, brun, les yeux noisettes, assez musclé.

—C'est le première classe Edwin Calas, dit Olympe à Jack.

—Vous comptiez revenir parmi nous ? demanda le soldat. Je veux dire, dans l'armée ?

—Mais non, lui répondit l'un de ses camarades un peu plus petit que lui, roux, portant des lunettes, avant que Jack n'eut le temps d'entamer sa réponse. L'armée dalkienne n'accepte pas les paranormaux dans ses rangs.

—Ouais... mais peut-être que pour lui ils feraient une exception.

—Non, répondit Jack au jeune soldat, qui le fixait du regard. Comme viens de vous le dire votre ami, Dalkia n'accepte pas les gens comme moi dans son armée. Et puis... j'ai connu la guerre une fois. Je préfère que ce soit des professionnels qui s'en chargent... moi je ne suis pas militaire. Je n'ai jamais eu la moindre formation dans le domaine.

—Mais, reprit une jeune femme blonde de dix-huit vingt ans, avec vos dons... vous nous seriez d'une grande aide en cas de guerre, même sans formation militaire. Vous l'avez déjà démontré.

Jack eut un petit rire nerveux.

—Oui... Mais je n'ai jamais voulu faire la guerre. Je me suis retrouvé dans la Résistance à cause d'une série de circonstances et aussi... et aussi... parce que le Efdéème en avait après moi. Justement parce que j'avais des dons. Maintenant... ça ne veut pas dire que je ne défendrait pas Dalkia si on venait à se faire attaquer. Si la guerre arrive ici... sur le sol dalkien, alors oui, je vous aiderez à défendre le pays. Comme je l'ai fait il y a trois ans.

Olympe le regardait avec un léger sourire. Elle était heureuse de le voir ici. Et elle savait que les recrues l'étaient également. Même si beaucoup de gens n'avaient effectivement pas confiance en les paranormaux, certains militaires, notamment des militaires dalkiens, avaient le secret espoir d'en voir un jour dans leur armée. Comme c'était le cas dans la plupart des armées humaines il y a de nombreux siècles, et comme c'était encore le cas dans les armées elfes.

—C'est vrai ?! demanda soudainement un soldat qui se tenait debout, derrière les autres et dont Olympe reconnut la voix. Si ça se trouve... il raconte n'importe quoi... À t-il vraiment les dons qu'il prétend avoir ?

Tout le monde se tourna vers le soldat en question, un jeune homme d'environ vingt-cinq trente ans qui ne faisait apparemment pas partie de la section et qui était discrètement entré dans la salle au moment où Jack avait fait son beau discours.

—Zack ? s'étonna le paranormal, qui comprit que son intervention était ironique.

—Salut Jack..., répondit le frère d'Olympe en s'avançant vers lui. J'arrive pas à croire que tu sois revenu. Ça fais vraiment plaisir de te revoir.

Zack prit son ami dans les bras en lui donnant de petites tapes dans le dos, puis il le laissa avant de se tourner vers les jeunes recrues.

—Bien sûr qu'il a des dons... Je l'ai vu il y a trois ans. Et ça a été un honneur de me battre à ses côtés, leur dit-il avant de revenir vers Jack. Peut-être que tu pourrais... je ne sais pas moi, leur montrer quelque chose. La plupart d'entre-eux, pour ne pas dire tous, n'ont jamais vu de paranormaux.

Jack jeta son regard sur Olympe, qui lui fit un signe de la tête, comme pour lui dire que c'était une bonne idée. Puis il replongea son regard dans les yeux de Zack.

—T'as toujours des idées à la con tu le sais ça ? demanda t-il à son ami.

—Tu me connais, répondit fièrement ce dernier.

—Ok... puisque tu insistes... je pourrais bien leur montrer quelque chose... Quelque chose qui devrait les amuser d'ailleurs.

—Quoi ? demanda Zack qui commençait à voir le coup venir.

Soudain, il fut soulevé par une force inconnue qui le maintint à trois mètres au dessus du sol. Les jeunes soldats étaient époustouflés. La télékinésie n'était pas forcement le pouvoir le plus spectaculaire des paranormaux. Mais comme la plupart des dalkiens n'en avait jamais vu un à l'oeuvre, ça suffisait à les épater.

—Oui... bon bah ça va... Tu peux me faire redescendre, fit Zack qui n'était pas rassuré, mais qui essayait de garder le sourire.

—Je trouve qu'il est bien là où il est, dit Jack à Olympe. Qu'en penses tu ?

—C'est bon... Tu peux le faire redescendre, lui répondit cette dernière qui était amusée tout comme les recrues.

Moins de deux secondes plus tard, Zack fut déposé au sol.

—Soldats ! Fit Olympe en s'adressant aux recrues. Soyez présents dans quinze minutes au champ de tir, pour l'entrainement.

—Oui chef ! crièrent en chœur les jeunes recrues.

—Vous pouvez disposer.

Les jeunes soldats dalkiens se dispersèrent tout en parlant de ce qu'ils venaient de voir. Olympe leur avait donné quinze minutes pour prendre des nouvelles de son frère qui venait de rentrer de ce fameux stage avec les forces spéciales véerèmes.

—T'étais pas obligé de faire ça sur moi, si ? demanda Zack à son ami. Tu aurais pu le faire sur une caisse ou... ou même sur une recrue.

—Ouais... même sur un véhicule... Mais ça n'aurait pas été aussi marrant.

—Tu n'aurais pas dû le provoquer... ajouta Olympe sur le ton de l'humour.

—Salut sœurette, tu vas bien ?

—Ouais... et toi ?

—Bah écoutes... je rentre d'un stage chez les forces spéciales véerèmes. Ils nous ont montré qu'on avait encore beaucoup de choses à apprendre... mais sinon ça va. Je suis hyper content d'être rentré à la maison.

Zack prit quelques secondes sa sœur dans ses bras avant de s'adresser à son ami.

—Mais assez parlé de moi... Comment tu vas Jack ? Où étais-tu pendant trois ans ?

Jack regarda Olympe comme pour lui demander s'il devait lui parler de Naturia et du Pays des Rêves, de peur qu'il ne le croit pas. Olympe qui se tenait debout derrière son frère, lui fit un non de la tête tout en ouvrant grand les yeux. Jack se mit alors à ressortir la même histoire qu'il avait raconté la veille à son amie Komitose.

—Eh bah je suis parti dans les montagnes à Pacifia pour découvrir les elfes et trouver ma voie, répondit-il machinalement.

—Ah ouais ?! fit Zack surpris. Tu dois vraiment être content de revenir ici toi aussi, non ?

—T'imagines même pas...

***

Quelques heures plus tard, après avoir passé la journée à la base, Jack était allongé au lit avec Olympe dans les bras. Il était pas loin de vingt et une heures et Olympe tenait à remercier son partenaire pour son apparition aux yeux de celles et ceux qu'elle était en train de former.

—C'était cool ce que tu leur a dit aujourd'hui, dit-elle en caressant la poitrine de son partenaire. Ils étaient contents de te rencontrer. Et c'était pas mal l'idée de soulever Zack...

Jack ferma les yeux une seconde avant de les rouvrir, comme s'il se reprochait quelque chose.

—Ouais... mais je ne suis pas fier de ce que j'ai dis... Je me suis senti obligé de leur mentir.

—Comment ça ? demanda Olympe, surprise.

—Je leur ai dit que si Dalkia se faisait attaquer, je ferais ce que je pourrais pour aider l'armée à défendre le pays.

—Oui... et alors ? demanda Olympe qui ne voyait pas où Jack voulait en venir.

—Mais c'est faux... je ne veux plus être mêlé à l'armée. La seule chose que je souhaite, c'est d'être avec toi... Si Dalkia se faisait un jour attaquer, je ferais tout pour te protéger toi. Je n'ai pas envie de te perdre Olympe.

—Mais pourquoi tu me perdrais ?

Jack se demanda un instant si Olympe ne faisait pas semblant de ne pas le comprendre.

—Mais... tu es militaire... Si tu es... enfin je veux dire si la guerre arrive ici, et que tu pars au front, tu pourrais...

—N'y pense pas un seul instant, c'est compris ? demanda fermement la jeune femme qui comprit que son petit ami craignait qu'elle se fasse tuer lors d'un affrontement avec l'ennemi.

—Je... j'aimerais bien ne pas y penser Olympe. Mais je t'aime. Et l'idée de te perdre me terrifie. Dalkia a son armée pour se protéger, pour se défendre... Mais toi ? C'est pour ça que si la guerre arrive ici, je serais constamment auprès de toi. Pour te protéger, tu comprends ?

Olympe acquiesça de la tête tout en prenant une grande inspiration.

—Tu voudrais être mon garde du corps, en plus de mon petit ami, c'est ça ?

—Euh... eh bien dit comme ça... oui.

—Je comprends, ajouta la jeune femme. Je sais me défendre toute seule... Mais j'avoue que... moi aussi j'aimerais t'avoir à mes côtés.

—Ah... Ah bon ? demanda Jack surpris que sa petite amie se montre aussi compréhensive.

—Bah oui, répondit-elle en riant. On fonctionnerait en tandem tous les deux.

—Je ne comprend rien du tout.

—Mais... c'est pourtant simple. J'ai la formation militaire dalkienne... Toi tu as la "formation" paranormale du... Pays des Rêves. J'ai la précision et toi la puissance brute.

—Ah Ah, très drôle, fit Jack comprenant qu'elle était en train de le narguer. Tu sais que je peux aussi faire dans la précision ?

—Bah j'aimerais bien voir ça... fit Olympe sur le ton de l'humour avant d'embrasser Jack. J'aimerais bien voir ça.

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