Chapitre 12

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Le mois de mai toucha à sa fin et les premières sessions du baccalauréat commencèrent. Les 1ères et les terminales étaient sur le pied de guerre : chaque salle de classe libre, tables et bancs dans le parc du lycée, le CDI, le moindre recoin était investi pas des élèves en révision.

Lysandre était plus que jamais motivé à réussir, il s'était mis en tête qu'il dédiait cet examen à ses parents. Yanel, quant à lui, rassuré par leur relation amoureuse, bien que secrète encore pour la plupart des gens qui les entouraient, faisait moins de cauchemars dans lesquels Lysandre était consumé par les flammes, et cela l'apaisait pour ses révisions.

La veille de l 'examen de philo, la tension retomba un peu partout. Plus aucun élève ne révisait, à quoi bon, à moins de 24heures de l'épreuve. Certains professeurs étaient même sortis avec leur classe, pour profiter du beau temps et pour favoriser la détente. Le prof de maths de Lysandre et Yanel en fit de même.

- On va squatter le terrain derrière la cantine, avait-il dit.

- Super, juste après qu'ils nous aient servit du poisson, ... Marmonna Léo.

- Avec un peu de chance, le vent aura tourné ! répondit Sophie à côté de lui. Et puis, on ne va pas se plaindre, c'est plus sympa qu'être enfermé en salle !

Léo la regarda et voyant qu'elle continuait à le fixer, il rougit. Soudain gêné, il haussa les épaules, en disant que ce qui l'ennuyait c'était qu'il aurait pu être chez lui à 14h au lieu de 17h... Il aurait préféré que le prof les laisse rentrer, surtout que ce jour-là, c'était le dernier cours de la journée.

Sophie admit que c'était une bonne raison.

« Mais bon, il y avait tout de même des avantages à rester là ... » Pensa-t-il en la voyant s'installer par terre avec les autres élèves.

L'ambiance était bon enfant, certains élèves révisaient un peu, d'autres papotaient gaiement. Le prof de maths donnait ses dernières recommandations. Les deux heures s'écoulèrent ainsi, sans aucune tension. Léo avait même fini par se joindre aux conversations, lui qui était d'ordinaire en retrait. Celle qui l'intéressa particulièrement traitait des échanges inter-universités à l'étranger. Sophie avait lancé le sujet, car elle souhaitait justement partir une année, voire deux aux Etats-Unis.

Chacun y allait de son commentaire, et Léo écouta attentivement. Il n'était pas le seul d'ailleurs.

Marc, Laure et Silvère furent captivés aussi. Leurs yeux brillaient : New York, Washington, Houston ... autant de villes dont les universités participaient au programme d'échange avec celle qu'ils souhaitaient tous intégrer à la rentrée. Le prof de maths leur rappela que ce n'était pas non plus des vacances et il fut copieusement hué pour sa remarque. Yanel sourit, en voyant Marc dévorer des yeux Sophie. Tout le monde savait qu'il était raide dingue d'elle et qu'elle le faisait marcher, pour ne pas dire courir...

Personne ne remarqua la manière dont Léo regardait Sophie, sauf Yanel.

- Alors, tu comptes le lui dire quand exactement ? Demanda ce dernier discrètement à son camarade.

Marc ne chercha même pas à nier.

- Ben ... je pense qu'elle le sait...

- D'accord, disons qu'elle le sait, mais le lui as-tu « dit » toi-même ?

- N... non, pas exactement... j'ai fait des allusions.

- Un conseil, dis-le-lui, avant qu'il ne soit trop tard...

- Trop tard ? comment-ça, avant qu'elle ne parte ? Fit Marc avec une petite grimace.

- Non, avant qu'un autre ne le fasse...

Marc haussa les sourcils et dit visiblement très surpris.

- Qui ça, toi ? Sérieux ?

Yanel répondit en soupirant :

- Non, pas moi enfin ! Et puis, baissant la voix il l'obligea à se rapprocher de lui. Je te parle de Léo !

Marc resta interdit Léo ? Ce type invisible, qui ne parle jamais, dont on ne connaît même pas le son de la voix, serait intéressé par Sophie ? Pétillante, joyeuse, bruyante ? Impossible. Marc regarda Sophie et Léo tour à tour. Elle riait avec Laure et Silvère et Léo avait replongé son nez dans un bouquin... Perplexe, il se pencha un peu plus vers Yanel et chuchota :

- Tu es sûr ? Ce n'est pas possible enfin, regarde-le !

Yanel ne fit qu'hocher la tête.

- Merde ! Marc dégluti et le regarda avec une pointe de panique dans le regard.

- Je te conseille de lui parler rapidement. Répéta Yanel.

- D'accord...

Puis, la sonnerie retentit, il était 16h. Fin du cours de maths champêtre.

En marchant jusqu'à l'arrêt du bus, Lysandre hésita puis finalement posa la question qui le taraudait depuis 10 bonnes minutes :

- Qu'est-ce qui se passe avec Marc ?

- Oh rien de grave, ...

Il fut interrompu par la sonnerie de son portable.

- Allo ? Marc ? Oui... non pas du tout ! Ce soir ? Je pense que oui, pour vingt heures si ça te va ? OK, à plus tard.

Lysandre ne sût que penser, surtout ne pas tirer de conclusions hâtives, mais pour le coup, il était mal à l'aise. Il n'osa pas insister pour savoir de quoi il retournait exactement. Si Yanel l'estimait, il le lui dirait déjà. Le bus arriva à l'heure. Les deux amis avaient décidé de se concentrer sur les examens et donc, ils ne passaient pas leurs soirées, ni leurs nuits ensemble. Aussi, Yanel raccompagnait Lysandre jusqu'à l'arrêt de bus chaque soir depuis deux semaines.

Avant qu'il ne monte dans le bus, Yanel le retint par la manche :

- Je t'appelle tout à l'heure.

- OK.

Une fois installé, Lysandre se détendit. Il ferma les yeux et se laissa bercer par le bruit du moteur. Calé contre la vitre il revoyait la scène, Yanel et Marc, discutant et surtout, le moment où Marc s'était penché vers lui... A ce moment-là, il essayait de résoudre une équation en maths, pourtant il les avait vus. Il fronça les sourcils, serait-ce de la jalousie ? Possible, il n'avait jamais eu à penser à cela, du moins jusqu'à présent.

A vingt et une heures Yanel n'avait toujours pas appelé. Inquiet Lysandre hésita à lui envoyer un message, de peur de paraître impatient... ou quoi d'autre ?

Vingt-deux heures, pas de nouvelles, il tournait en rond. Que lui voulait donc Marc ?

Vingt-trois heures trente ... l'heure passa et toujours aucun signe de Yanel. Finalement, épuisé par la tension nerveuse qu'il s'infligeait lui-même, Lysandre décida de passer à autre chose.

- Oh et puis zut ! Appelle, n'appelles pas, je m'en moque !

Il rejoignit Martine au salon et regarda la télévision avec elle.

Pour autant, au fond de lui, un sentiment de tristesse pris place, et grandit lentement. Il se coucha après avoir consulté une énième fois son portable. Aucun message, aucun appel, il était au comble de la déception.

Il était près de minuit quand son portable vibra. Il décrocha vivement :

- Salut, c'est moi. Fit la voix de Yanel étouffée.

- Salut. Lysandre allait lui faire une petite remarque mais, il ne sut pourquoi, quelque chose le retînt. Il attendit :

- Je suis désolé ... je n'ai pas oublié de t'appeler, c'est juste que ... je n'ai pas pu.

La voix de Yanel était tremblante et il semblait respirer avec difficulté.

- Qu'est-ce qui se passe, t'es où ? S'enquit Lysandre inquiet.

- Je ... je suis chez moi, mais ... Est-ce que tu ... s'il te plaît ...

- J'arrive. Lysandre raccrocha, et s'habilla en hâte. Il prit les clés de voiture de Martine et sorti.

Moins d'un quart d'heure plus tard, il était garé devant la maison de Yanel. Il vit immédiatement la lumière allumée dans le séjour. Le cœur battant il monta les escaliers menant à la porte d'entrée qui était entre ouverte. Il entra. Alla directement au salon et trouva Yanel assis par terre, contre le mur, près du canapé. Il était recroquevillé. Lysandre s'approcha de lui et s'accroupit. Yanel leva la tête, son visage était marqué par des traces de coups

- Mon Dieu Yanel, qu'est-ce qui s'est passé ? Il le sentit se crisper d'un seul coup

- Où sont tes parents, tu es seul ?

- Oui...

- Dis-moi ce qui s'est passé, je t'en prie ...

Il attendit quelques instants puis, Yanel sembla trouver un semblant de calme et il lui raconta :

- Ce soir, je devais voir Marc. Il est amoureux de Sophie et il voulait me parler. Je suppose qu'il voulait des conseils, je n'en sais rien au juste. Mais finalement, il a téléphoné pour dire que ça n'irait pas ce soir. J'allais t'appeler quand on a sonné à la porte, c'était Léo avec deux autres types que je n'ai jamais vu. Avant que je ne dise quoi que ce soit, ils me sont tombé dessus, j'ai rien pu faire ...

- C'est quoi cette histoire, Léo ?? Mais, pourquoi ?

- Parce que Léo aime aussi Sophie et qu'il m'a vu parler avec Marc ... tu me suis ?

- Bon sang, ... je ... c'est du délire enfin ! Léo ?

- Aide-moi à me lever...

Une fois debout, Yanel se reprit. Il constata les dégâts dans le miroir de l'entrée et Lysandre grogna :

- Salauds ! Trois contre un, tu n'avais aucune chance...

- Je dirai plutôt deux contre un.

- C'est-à-dire ?

- Faut croire que Léo avait peur d'abîmer ses petites mains, car il ne m'a pas touché...

- Tu vas faire quoi ?

- Je n'en sais rien, demain matin il y a philo ... mais si je tombe sur ce petit con de Léo après, on va avoir une sérieuse explication.

- Je viendrai avec toi.

Yanel allait refuser, quand ils entendirent ses parents arriver. Ils étaient sortis dîner. Autant dire que la surprise fut de taille.

Yanel raconta son histoire pour la seconde fois.

-On va appeler la police, dit Gwen

-Non ! s'écria Yanel, non, laisse, je vais m'en occuper demain.

-Demain tu passes ton bac ! Tu t'es vu ? Ce petit con mérite qu'on le foute en tôle ce soir ! Répondit-elle derechef.

-Je ne veux pas. Si tu les appelle, je nierai !

-Ah oui ? Difficile de nier avec ce que tu as sur la figure !

Aymeric se mit entre eux, et déclara :

-Pour l'instant on va regarder ce que tu as, et on te soigne. Demain on verra.

Gwen le fusilla du regard et tourna les talons pour monter à l'étage.

- Je vais rentrer, dit alors Lysandre.

- OK. Désolé pour t'avoir fait venir en pleine nuit. Yanel se tenait les côtes.

- Pas grave. On se voit demain. « Je tue le prochain qui te touche ! »

- Je te raccompagne, proposa Aymeric. Et s'adressant à son fils : toi monte, je te retrouve en haut pour t'examiner, ta mère passe son tour apparemment !

Yanel obéit et jetant un dernier regard appuyé à Lysandre s'en fut.

- Tu es là depuis longtemps ? Demanda Aymeric lorsqu'ils furent dehors.

- Un quart d'heure tout au plus.

- Ҫa veut dire que depuis tout ce temps il est resté seul ?...

- Oui... Ils l'ont massacré ... fit Lysandre tout bas, en serrant les poings. Il enrageait.

- Merci d'être venu. Rentre bien, sois prudent...

- Pas de soucis.

Lysandre monta dans la voiture et conduisit en mode automatique jusque chez Martine. Elle ne s'était pas rendue compte de son absence. Avant de se coucher il envoya un sms à Yanel :

« Je suis bien rentré. J'enrage pour ce qu'ils t'ont fait... J'aurai dû t'appeler voyant que tu ne le faisais pas. Je suis désolé. Je voudrai être avec toi maintenant »

Il envoya le message et soupira. La sensation de froid l'empêchant de respirer librement le terrassa à nouveau, il ferma les yeux et se laissa glisser au sol. Son portable vibra, un sms arrivait.

« Suis rassuré. On aura le fin mot de cette histoire demain, j'y compte bien ! J'ai mal partout et j'ai sans doute deux côtes fêlées... Tu me manques... »

Lysandre soupira et il l'appela directement :

- Je te manque ? C'est vrai ?

- Bien sûr ... tu en doutes ?

- Non, ... c'est une excuse pour t'appeler et t'entendre.

- Bien joué !

- Après le bac, on se prend du temps pour nous, juste toi et moi...

- J'en rêve !

Lysandre sourit, les cauchemars auraient donc totalement disparu...

- Ravi de l'entendre ! Je vais te laisser, demain on a du pain sur la planche...
- Oui, ... vivement la semaine prochaine.

- Bonne nuit. Fit Lysandre, le cœur battant, car il avait envie d'ajouter autre chose.

- Bonne nuit. Répondit Yanel, soudain hors d'haleine.

Ils raccrochèrent dans cet état de tension et d'impatience. Ils n'avaient plus eu l'occasion de dormir ensemble depuis un certain lundi, celui de leur reprise des cours, après la tentative de suicide de Lysandre.

Ils avaient eu énormément de mal à gérer ces nouveaux sentiments qui les animaient. Pour se préserver, il avait été décidé, d'un commun accord entre eux, les parents de Yanel et Martine, qu'ils ne se verraient qu'en journée, et de temps en temps, le soir, après les cours.

L'attirance qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre était tellement forte, qu'elle les faisait souffrir.

Le lendemain la confrontation eu lieu. Après l'épreuve de philosophie, Lysandre et Yanel coincèrent Léo dans un couloir. Il ne chercha même pas à se dérober.

- Je vais tout t'expliquer ... commença-t-il.

- Je suis curieux de t'entendre, répondit Yanel, très calme cependant.

- Je... je t'ai entendu parler avec Marc et ... j'ai pété un câble. Quand je suis rentré chez moi, mon cousin et un pote étaient là et ... j'étais tellement frustré, furieux, ... ils m'ont convaincu de venir te parler. Et c'est bien ce que j'avais l'intention de faire...

- Sans blague ! Fit Lysandre sarcastique, mais Yanel lui intima de se taire en le tirant en arrière par la manche.

- Continue !

- Quand on est arrivé, je n'ai rien pu faire, ils ont ... ils se sont jeté sur toi et j'ai rien pu faire ...

- Bon sang, ils étaient à deux, tu aurais pu l'aider ! Lysandre était hors de lui.

- Je sais, mais, ... je ne sais pas particulièrement me battre, et ... ils ... n'aiment pas les gars qui ...

Léo baissa la tête, confus.

- J'ai compris, dit Yanel d'une voix rauque. Laisse tomber, viens. Et il entraîna Lysandre à sa suite, en laissant Léo, désemparé, seul, rempli d'un sentiment de culpabilité, et surtout de lâcheté.

Ils se rendirent au parc, où ils trouvèrent Marc et Sophie en grande conversation.

- Yanel qu'est-ce qui t'es arrivé ? S'étonna Marc en le voyant avec un bel œil au beurre noir.

- Oh, rien, une visite hier qui a mal tourné... Alors ça a été la philo ?

Lysandre resta silencieux et au comble de l'énervement, il s'éloigna.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Sophie. Vous êtes bizarres tous les deux.

- Non, rien ... ne t'inquiète pas, lui sourit Yanel, voulant rester détaché.

- Ben la philo, c'est toujours pareil, ça dépend du correcteur, rien n'est établit comme une formule en maths, répondit Marc. Puis, il regarda Yanel avec insistance et dit ;

- Je suis désolé pour hier ... j'ai eu un empêchement. Est-ce que ça à avoir avec ... ça ? Il désignait les marques sur le visage de Yanel.

- Non, pas du tout. Ne t'inquiète pas. Je vais y aller, je vous laisse ! Il leur adressa un clin d'œil, celui qui était encore valide et d'en alla.

-Bon qu'est-ce qui se passe ! Demanda Sophie sans détour à Marc.

Il sembla hésiter puis dit :

-On devait se voir, Yanel et moi hier et j'ai annulé.

- Ça j'avais compris, mais pourquoi vous voir ? Pour quelle raison ?

-Pour parler de ... de toi.

Elle le regarda interdite puis souri :

-Sérieux ? De moi ?

- Oui. Je voulais ... Qu'on parle de ces échanges universitaires, et... du fait que ...

- Que ?

Marc inspira profondément et ferma les yeux ;

-Sophie, tu sais que je suis amoureux de toi non ?

-Oui je le sais, et j'attends toujours que tu te « déclare » !
Il la regarda, et baissant la tête, il dit :

- Est-ce que tu aimes Léo ?

- Non ! Bien sûr que non ! Pourquoi, je donne cette impression ?

- Non, mais, lui il ...

Elle se mordit les lèvres et demanda d'une petite voix :

-C'est pour ça que tu devais parler à Yanel ?

-Il a remarqué que Léo s'intéressait beaucoup à toi. Il m'a juste donné un coup de pied aux fesses pour que je te parle avant que tu ne partes aux US, que je te dise que ...

Elle lui prit le visage entre les mains et murmura avant de l'embrasser :

-Non, ne le dis pas ici ...

****

Yanel dû courir pour rattraper Lysandre qui était déjà loin. Arrivé à sa hauteur il le retint par le bras, ses appels ne suffisant pas.

- Stop ! Arrête ! Yanel était un peu essoufflé, ses côtes lui faisaient vraiment mal.

- Je suis désolé, mais ça me gonfle !

- Je sais, ...

- Non, tu ne sais pas ! Franchement, tu as compris que les types qui t'ont battu l'ont fait parce que ... Il s'interrompit soudain, ne trouvant pas les mots pour terminer sa phrase.

- Vas-y, termine ! Yanel s'était planté devant lui, un air provocateur dans le regard.

- Parce que ... parce qu'on est ensemble...

- Oui, j'ai bien compris ! Je ne suis pas idiot non plus !

- Et tu comptes faire quoi ?

- A ton avis, je ne peux rien faire, sans que ça nous touche tous les deux !

Lysandre battit des paupières, et attendit que son cerveau enregistre l'information.

- Tu me suis là ? Repris Yanel plus doucement, moins énervé. Si je m'en prends à ces types, je n'ai pas envie que ça s'envenime au point que ça te tombe dessus aussi...

- Je sais me défendre ! Ne t'en fais pas pour moi ! Lysandre était encore bien énervé, lui.

- Arrête, dit Yanel plus bas, je le sais, et je n'ai pas envie que ça en arrive là, c'est tout...

Ils se dévisagèrent un instant, Lysandre encore furibond et Yanel adoucit. La dernière chose qu'il voulait, c'était qu'ils se fâchent.

- S'il te plaît, ... Je n'ai pas besoin de ça maintenant, j'ai les côtes qui me lancent, et j'ai juste envie qu'on dégage d'ici, je ne veux pas qu'on se prenne la tête pour ces cons, dit doucement Yanel.

Il avait mal, ça se voyait, il luttait pour rester droit, et ne pas se tenir les flancs. La colère de Lysandre tomba d'un seul coup.

- Je suis désolé. Il soupira et contre toute attente, il s'avança et colla son front contre celui de Yanel et dit tout bas :

- Je suis égoïste et toi ... tu penses à moi.

La proximité de leurs corps, de leurs visages le troublait tellement qu'il en trembla.

- Je me fous de ce que pensent les autres, Lysandre, je m'en contrefous ! Je veux juste être avec toi... pour autant je n'accepte pas les coups, ... Chuchota Yanel sur le même ton.

- Je sais. C'est que... Je ne supporte pas... qu'on te touche ...

Yanel reçu sa réponse comme un une explosion au creux de son ventre, il gémit. Lysandre s'écarta un peu, et sans autre forme de procès, lui pris le visage à deux mains et l'embrassa sur les lèvres. Un doux baiser auquel Yanel répondit avec autant de douceur. Quelques élèves qui passaient les regardèrent mi-amusés, mi-gênés, d'autres rougissants, s'imaginant sans doute à la place de l'un ou de l'autre.

Ils se séparèrent, sans adresser un seul regard aux curieux, etquittèrent le parc, main dans la main.
Le mois de mai toucha à sa fin et les premières sessions du baccalauréat commencèrent. Les 1ères et les terminales étaient sur le pied de guerre : chaque salle de classe libre, tables et bancs dans le parc du lycée, le CDI, le moindre recoin était investi pas des élèves en révision.

Lysandre était plus que jamais motivé à réussir, il s'était mis en tête qu'il dédiait cet examen à ses parents. Yanel, quant à lui, rassuré par leur relation amoureuse, bien que secrète encore pour la plupart des gens qui les entouraient, faisait moins de cauchemars dans lesquels Lysandre était consumé par les flammes, et cela l'apaisait pour ses révisions.

La veille de l 'examen de philo, la tension retomba un peu partout. Plus aucun élève ne révisait, à quoi bon, à moins de 24heures de l'épreuve. Certains professeurs étaient même sortis avec leur classe, pour profiter du beau temps et pour favoriser la détente. Le prof de maths de Lysandre et Yanel en fit de même.

- On va squatter le terrain derrière la cantine, avait-il dit.

- Super, juste après qu'ils nous aient servit du poisson, ... Marmonna Léo.

- Avec un peu de chance, le vent aura tourné ! répondit Sophie à côté de lui. Et puis, on ne va pas se plaindre, c'est plus sympa qu'être enfermé en salle !

Léo la regarda et voyant qu'elle continuait à le fixer, il rougit. Soudain gêné, il haussa les épaules, en disant que ce qui l'ennuyait c'était qu'il aurait pu être chez lui à 14h au lieu de 17h... Il aurait préféré que le prof les laisse rentrer, surtout que ce jour-là, c'était le dernier cours de la journée.

Sophie admit que c'était une bonne raison.

« Mais bon, il y avait tout de même des avantages à rester là ... » Pensa-t-il en la voyant s'installer par terre avec les autres élèves.

L'ambiance était bon enfant, certains élèves révisaient un peu, d'autres papotaient gaiement. Le prof de maths donnait ses dernières recommandations. Les deux heures s'écoulèrent ainsi, sans aucune tension. Léo avait même fini par se joindre aux conversations, lui qui était d'ordinaire en retrait. Celle qui l'intéressa particulièrement traitait des échanges inter-universités à l'étranger. Sophie avait lancé le sujet, car elle souhaitait justement partir une année, voire deux aux Etats-Unis.

Chacun y allait de son commentaire, et Léo écouta attentivement. Il n'était pas le seul d'ailleurs.

Marc, Laure et Silvère furent captivés aussi. Leurs yeux brillaient : New York, Washington, Houston ... autant de villes dont les universités participaient au programme d'échange avec celle qu'ils souhaitaient tous intégrer à la rentrée. Le prof de maths leur rappela que ce n'était pas non plus des vacances et il fut copieusement hué pour sa remarque. Yanel sourit, en voyant Marc dévorer des yeux Sophie. Tout le monde savait qu'il était raide dingue d'elle et qu'elle le faisait marcher, pour ne pas dire courir...

Personne ne remarqua la manière dont Léo regardait Sophie, sauf Yanel.

- Alors, tu comptes le lui dire quand exactement ? Demanda ce dernier discrètement à son camarade.

Marc ne chercha même pas à nier.

- Ben ... je pense qu'elle le sait...

- D'accord, disons qu'elle le sait, mais le lui as-tu « dit » toi-même ?

- N... non, pas exactement... j'ai fait des allusions.

- Un conseil, dis-le-lui, avant qu'il ne soit trop tard...

- Trop tard ? comment-ça, avant qu'elle ne parte ? Fit Marc avec une petite grimace.

- Non, avant qu'un autre ne le fasse...

Marc haussa les sourcils et dit visiblement très surpris.

- Qui ça, toi ? Sérieux ?

Yanel répondit en soupirant :

- Non, pas moi enfin ! Et puis, baissant la voix il l'obligea à se rapprocher de lui. Je te parle de Léo !

Marc resta interdit Léo ? Ce type invisible, qui ne parle jamais, dont on ne connaît même pas le son de la voix, serait intéressé par Sophie ? Pétillante, joyeuse, bruyante ? Impossible. Marc regarda Sophie et Léo tour à tour. Elle riait avec Laure et Silvère et Léo avait replongé son nez dans un bouquin... Perplexe, il se pencha un peu plus vers Yanel et chuchota :

- Tu es sûr ? Ce n'est pas possible enfin, regarde-le !

Yanel ne fit qu'hocher la tête.

- Merde ! Marc dégluti et le regarda avec une pointe de panique dans le regard.

- Je te conseille de lui parler rapidement. Répéta Yanel.

- D'accord...

Puis, la sonnerie retentit, il était 16h. Fin du cours de maths champêtre.

En marchant jusqu'à l'arrêt du bus, Lysandre hésita puis finalement posa la question qui le taraudait depuis 10 bonnes minutes :

- Qu'est-ce qui se passe avec Marc ?

- Oh rien de grave, ...

Il fut interrompu par la sonnerie de son portable.

- Allo ? Marc ? Oui... non pas du tout ! Ce soir ? Je pense que oui, pour vingt heures si ça te va ? OK, à plus tard.

Lysandre ne sût que penser, surtout ne pas tirer de conclusions hâtives, mais pour le coup, il était mal à l'aise. Il n'osa pas insister pour savoir de quoi il retournait exactement. Si Yanel l'estimait, il le lui dirait déjà. Le bus arriva à l'heure. Les deux amis avaient décidé de se concentrer sur les examens et donc, ils ne passaient pas leurs soirées, ni leurs nuits ensemble. Aussi, Yanel raccompagnait Lysandre jusqu'à l'arrêt de bus chaque soir depuis deux semaines.

Avant qu'il ne monte dans le bus, Yanel le retint par la manche :

- Je t'appelle tout à l'heure.

- OK.

Une fois installé, Lysandre se détendit. Il ferma les yeux et se laissa bercer par le bruit du moteur. Calé contre la vitre il revoyait la scène, Yanel et Marc, discutant et surtout, le moment où Marc s'était penché vers lui... A ce moment-là, il essayait de résoudre une équation en maths, pourtant il les avait vus. Il fronça les sourcils, serait-ce de la jalousie ? Possible, il n'avait jamais eu à penser à cela, du moins jusqu'à présent.

A vingt et une heures Yanel n'avait toujours pas appelé. Inquiet Lysandre hésita à lui envoyer un message, de peur de paraître impatient... ou quoi d'autre ?

Vingt-deux heures, pas de nouvelles, il tournait en rond. Que lui voulait donc Marc ?

Vingt-trois heures trente ... l'heure passa et toujours aucun signe de Yanel. Finalement, épuisé par la tension nerveuse qu'il s'infligeait lui-même, Lysandre décida de passer à autre chose.

- Oh et puis zut ! Appelle, n'appelles pas, je m'en moque !

Il rejoignit Martine au salon et regarda la télévision avec elle.

Pour autant, au fond de lui, un sentiment de tristesse pris place, et grandit lentement. Il se coucha après avoir consulté une énième fois son portable. Aucun message, aucun appel, il était au comble de la déception.

Il était près de minuit quand son portable vibra. Il décrocha vivement :

- Salut, c'est moi. Fit la voix de Yanel étouffée.

- Salut. Lysandre allait lui faire une petite remarque mais, il ne sut pourquoi, quelque chose le retînt. Il attendit :

- Je suis désolé ... je n'ai pas oublié de t'appeler, c'est juste que ... je n'ai pas pu.

La voix de Yanel était tremblante et il semblait respirer avec difficulté.

- Qu'est-ce qui se passe, t'es où ? S'enquit Lysandre inquiet.

- Je ... je suis chez moi, mais ... Est-ce que tu ... s'il te plaît ...

- J'arrive. Lysandre raccrocha, et s'habilla en hâte. Il prit les clés de voiture de Martine et sorti.

Moins d'un quart d'heure plus tard, il était garé devant la maison de Yanel. Il vit immédiatement la lumière allumée dans le séjour. Le cœur battant il monta les escaliers menant à la porte d'entrée qui était entre ouverte. Il entra. Alla directement au salon et trouva Yanel assis par terre, contre le mur, près du canapé. Il était recroquevillé. Lysandre s'approcha de lui et s'accroupit. Yanel leva la tête, son visage était marqué par des traces de coups

- Mon Dieu Yanel, qu'est-ce qui s'est passé ? Il le sentit se crisper d'un seul coup

- Où sont tes parents, tu es seul ?

- Oui...

- Dis-moi ce qui s'est passé, je t'en prie ...

Il attendit quelques instants puis, Yanel sembla trouver un semblant de calme et il lui raconta :

- Ce soir, je devais voir Marc. Il est amoureux de Sophie et il voulait me parler. Je suppose qu'il voulait des conseils, je n'en sais rien au juste. Mais finalement, il a téléphoné pour dire que ça n'irait pas ce soir. J'allais t'appeler quand on a sonné à la porte, c'était Léo avec deux autres types que je n'ai jamais vu. Avant que je ne dise quoi que ce soit, ils me sont tombé dessus, j'ai rien pu faire ...

- C'est quoi cette histoire, Léo ?? Mais, pourquoi ?

- Parce que Léo aime aussi Sophie et qu'il m'a vu parler avec Marc ... tu me suis ?

- Bon sang, ... je ... c'est du délire enfin ! Léo ?

- Aide-moi à me lever...

Une fois debout, Yanel se reprit. Il constata les dégâts dans le miroir de l'entrée et Lysandre grogna :

- Salauds ! Trois contre un, tu n'avais aucune chance...

- Je dirai plutôt deux contre un.

- C'est-à-dire ?

- Faut croire que Léo avait peur d'abîmer ses petites mains, car il ne m'a pas touché...

- Tu vas faire quoi ?

- Je n'en sais rien, demain matin il y a philo ... mais si je tombe sur ce petit con de Léo après, on va avoir une sérieuse explication.

- Je viendrai avec toi.

Yanel allait refuser, quand ils entendirent ses parents arriver. Ils étaient sortis dîner. Autant dire que la surprise fut de taille.

Yanel raconta son histoire pour la seconde fois.

-On va appeler la police, dit Gwen

-Non ! s'écria Yanel, non, laisse, je vais m'en occuper demain.

-Demain tu passes ton bac ! Tu t'es vu ? Ce petit con mérite qu'on le foute en tôle ce soir ! Répondit-elle derechef.

-Je ne veux pas. Si tu les appelle, je nierai !

-Ah oui ? Difficile de nier avec ce que tu as sur la figure !

Aymeric se mit entre eux, et déclara :

-Pour l'instant on va regarder ce que tu as, et on te soigne. Demain on verra.

Gwen le fusilla du regard et tourna les talons pour monter à l'étage.

- Je vais rentrer, dit alors Lysandre.

- OK. Désolé pour t'avoir fait venir en pleine nuit. Yanel se tenait les côtes.

- Pas grave. On se voit demain. « Je tue le prochain qui te touche ! »

- Je te raccompagne, proposa Aymeric. Et s'adressant à son fils : toi monte, je te retrouve en haut pour t'examiner, ta mère passe son tour apparemment !

Yanel obéit et jetant un dernier regard appuyé à Lysandre s'en fut.

- Tu es là depuis longtemps ? Demanda Aymeric lorsqu'ils furent dehors.

- Un quart d'heure tout au plus.

- Ҫa veut dire que depuis tout ce temps il est resté seul ?...

- Oui... Ils l'ont massacré ... fit Lysandre tout bas, en serrant les poings. Il enrageait.

- Merci d'être venu. Rentre bien, sois prudent...

- Pas de soucis.

Lysandre monta dans la voiture et conduisit en mode automatique jusque chez Martine. Elle ne s'était pas rendue compte de son absence. Avant de se coucher il envoya un sms à Yanel :

« Je suis bien rentré. J'enrage pour ce qu'ils t'ont fait... J'aurai dû t'appeler voyant que tu ne le faisais pas. Je suis désolé. Je voudrai être avec toi maintenant »

Il envoya le message et soupira. La sensation de froid l'empêchant de respirer librement le terrassa à nouveau, il ferma les yeux et se laissa glisser au sol. Son portable vibra, un sms arrivait.

« Suis rassuré. On aura le fin mot de cette histoire demain, j'y compte bien ! J'ai mal partout et j'ai sans doute deux côtes fêlées... Tu me manques... »

Lysandre soupira et il l'appela directement :

- Je te manque ? C'est vrai ?

- Bien sûr ... tu en doutes ?

- Non, ... c'est une excuse pour t'appeler et t'entendre.

- Bien joué !

- Après le bac, on se prend du temps pour nous, juste toi et moi...

- J'en rêve !

Lysandre sourit, les cauchemars auraient donc totalement disparu...

- Ravi de l'entendre ! Je vais te laisser, demain on a du pain sur la planche...
- Oui, ... vivement la semaine prochaine.

- Bonne nuit. Fit Lysandre, le cœur battant, car il avait envie d'ajouter autre chose.

- Bonne nuit. Répondit Yanel, soudain hors d'haleine.

Ils raccrochèrent dans cet état de tension et d'impatience. Ils n'avaient plus eu l'occasion de dormir ensemble depuis un certain lundi, celui de leur reprise des cours, après la tentative de suicide de Lysandre.

Ils avaient eu énormément de mal à gérer ces nouveaux sentiments qui les animaient. Pour se préserver, il avait été décidé, d'un commun accord entre eux, les parents de Yanel et Martine, qu'ils ne se verraient qu'en journée, et de temps en temps, le soir, après les cours.

L'attirance qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre était tellement forte, qu'elle les faisait souffrir.

Le lendemain la confrontation eu lieu. Après l'épreuve de philosophie, Lysandre et Yanel coincèrent Léo dans un couloir. Il ne chercha même pas à se dérober.

- Je vais tout t'expliquer ... commença-t-il.

- Je suis curieux de t'entendre, répondit Yanel, très calme cependant.

- Je... je t'ai entendu parler avec Marc et ... j'ai pété un câble. Quand je suis rentré chez moi, mon cousin et un pote étaient là et ... j'étais tellement frustré, furieux, ... ils m'ont convaincu de venir te parler. Et c'est bien ce que j'avais l'intention de faire...

- Sans blague ! Fit Lysandre sarcastique, mais Yanel lui intima de se taire en le tirant en arrière par la manche.

- Continue !

- Quand on est arrivé, je n'ai rien pu faire, ils ont ... ils se sont jeté sur toi et j'ai rien pu faire ...

- Bon sang, ils étaient à deux, tu aurais pu l'aider ! Lysandre était hors de lui.

- Je sais, mais, ... je ne sais pas particulièrement me battre, et ... ils ... n'aiment pas les gars qui ...

Léo baissa la tête, confus.

- J'ai compris, dit Yanel d'une voix rauque. Laisse tomber, viens. Et il entraîna Lysandre à sa suite, en laissant Léo, désemparé, seul, rempli d'un sentiment de culpabilité, et surtout de lâcheté.

Ils se rendirent au parc, où ils trouvèrent Marc et Sophie en grande conversation.

- Yanel qu'est-ce qui t'es arrivé ? S'étonna Marc en le voyant avec un bel œil au beurre noir.

- Oh, rien, une visite hier qui a mal tourné... Alors ça a été la philo ?

Lysandre resta silencieux et au comble de l'énervement, il s'éloigna.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Sophie. Vous êtes bizarres tous les deux.

- Non, rien ... ne t'inquiète pas, lui sourit Yanel, voulant rester détaché.

- Ben la philo, c'est toujours pareil, ça dépend du correcteur, rien n'est établit comme une formule en maths, répondit Marc. Puis, il regarda Yanel avec insistance et dit ;

- Je suis désolé pour hier ... j'ai eu un empêchement. Est-ce que ça à avoir avec ... ça ? Il désignait les marques sur le visage de Yanel.

- Non, pas du tout. Ne t'inquiète pas. Je vais y aller, je vous laisse ! Il leur adressa un clin d'œil, celui qui était encore valide et d'en alla.

-Bon qu'est-ce qui se passe ! Demanda Sophie sans détour à Marc.

Il sembla hésiter puis dit :

-On devait se voir, Yanel et moi hier et j'ai annulé.

- Ça j'avais compris, mais pourquoi vous voir ? Pour quelle raison ?

-Pour parler de ... de toi.

Elle le regarda interdite puis souri :

-Sérieux ? De moi ?

- Oui. Je voulais ... Qu'on parle de ces échanges universitaires, et... du fait que ...

- Que ?

Marc inspira profondément et ferma les yeux ;

-Sophie, tu sais que je suis amoureux de toi non ?

-Oui je le sais, et j'attends toujours que tu te « déclare » !
Il la regarda, et baissant la tête, il dit :

- Est-ce que tu aimes Léo ?

- Non ! Bien sûr que non ! Pourquoi, je donne cette impression ?

- Non, mais, lui il ...

Elle se mordit les lèvres et demanda d'une petite voix :

-C'est pour ça que tu devais parler à Yanel ?

-Il a remarqué que Léo s'intéressait beaucoup à toi. Il m'a juste donné un coup de pied aux fesses pour que je te parle avant que tu ne partes aux US, que je te dise que ...

Elle lui prit le visage entre les mains et murmura avant de l'embrasser :

-Non, ne le dis pas ici ...

****

Yanel dû courir pour rattraper Lysandre qui était déjà loin. Arrivé à sa hauteur il le retint par le bras, ses appels ne suffisant pas.

- Stop ! Arrête ! Yanel était un peu essoufflé, ses côtes lui faisaient vraiment mal.

- Je suis désolé, mais ça me gonfle !

- Je sais, ...

- Non, tu ne sais pas ! Franchement, tu as compris que les types qui t'ont battu l'ont fait parce que ... Il s'interrompit soudain, ne trouvant pas les mots pour terminer sa phrase.

- Vas-y, termine ! Yanel s'était planté devant lui, un air provocateur dans le regard.

- Parce que ... parce qu'on est ensemble...

- Oui, j'ai bien compris ! Je ne suis pas idiot non plus !

- Et tu comptes faire quoi ?

- A ton avis, je ne peux rien faire, sans que ça nous touche tous les deux !

Lysandre battit des paupières, et attendit que son cerveau enregistre l'information.

- Tu me suis là ? Repris Yanel plus doucement, moins énervé. Si je m'en prends à ces types, je n'ai pas envie que ça s'envenime au point que ça te tombe dessus aussi...

- Je sais me défendre ! Ne t'en fais pas pour moi ! Lysandre était encore bien énervé, lui.

- Arrête, dit Yanel plus bas, je le sais, et je n'ai pas envie que ça en arrive là, c'est tout...

Ils se dévisagèrent un instant, Lysandre encore furibond et Yanel adoucit. La dernière chose qu'il voulait, c'était qu'ils se fâchent.

- S'il te plaît, ... Je n'ai pas besoin de ça maintenant, j'ai les côtes qui me lancent, et j'ai juste envie qu'on dégage d'ici, je ne veux pas qu'on se prenne la tête pour ces cons, dit doucement Yanel.

Il avait mal, ça se voyait, il luttait pour rester droit, et ne pas se tenir les flancs. La colère de Lysandre tomba d'un seul coup.

- Je suis désolé. Il soupira et contre toute attente, il s'avança et colla son front contre celui de Yanel et dit tout bas :

- Je suis égoïste et toi ... tu penses à moi.

La proximité de leurs corps, de leurs visages le troublait tellement qu'il en trembla.

- Je me fous de ce que pensent les autres, Lysandre, je m'en contrefous ! Je veux juste être avec toi... pour autant je n'accepte pas les coups, ... Chuchota Yanel sur le même ton.

- Je sais. C'est que... Je ne supporte pas... qu'on te touche ...

Yanel reçu sa réponse comme un une explosion au creux de son ventre, il gémit. Lysandre s'écarta un peu, et sans autre forme de procès, lui pris le visage à deux mains et l'embrassa sur les lèvres. Un doux baiser auquel Yanel répondit avec autant de douceur. Quelques élèves qui passaient les regardèrent mi-amusés, mi-gênés, d'autres rougissants, s'imaginant sans doute à la place de l'un ou de l'autre.

Ils se séparèrent, sans adresser un seul regard aux curieux, et quittèrent le parc, main dans la main.

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