Chapitre 11

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La douleur à la poitrine n'avait pas disparu, elle s'était juste un peu atténuée. Lysandre entra dans sa chambre et s'assis sur le lit, il se sentait complétement vidé et en même temps gonflé à bloc. Etranges sensations opposées et pourtant, bien distinctes selon lui. Il se souvint alors que Yanel devait l'appeler. Il consulta son portable. Aucun appel. Il était pratiquement minuit. Soit Yanel avait oublié, ce dont il doutait, soit il était parvenu à s'endormir. Pour cette dernière raison, Lysandre n'osa pas appeler de peur de le réveiller alors il envoya un sms.

« Hello. Comment ça va ? » Il attendit, mais aucune réponse ne lui parvint. Il se rassura en se disant que Yanel dormait et que tout allait bien. Pourtant, en se couchant, il ne put empêcher cette horrible sensation glacée de l'envahir et le faire frissonner à nouveau. Il rabattit les couvertures au-dessus de sa tête et chercha à se réchauffer. Rien n'y fit. Il grelottait à présent et il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir se blottir dans les bras de Yanel. Lysandre eu un haut le cœur, le manque revînt, fort et cruellement douloureux. Il aurait dû rester encore avec Yanel cette nuit, le protéger de ses cauchemars, il s'en voulait de l'avoir abandonné et il le maudissait de l'avoir laissé partir.

Il murmura son nom, plusieurs fois, comme une prière. Et petit à petit s'endormi.

Yanel avait entendu une partie de la conversation de ses parents. C'était un soulagement de les entendre accepter sa relation avec Lysandre, et il se promit de préserver sa mère. Ne voulant pas être plus indiscret, et il était monté dans sa chambre en les laissant continuer. Trop entendre ne servirait à rien, il avait entendu l'essentiel en ce qui le concernait.

Il se rendit à la salle de bains. Il resta longtemps sous la douche, l'eau bien chaude le réconfortait un peu. Il se repassait mentalement toute la semaine passée. On était déjà samedi, ou plutôt au vu de l'heure, pratiquement dimanche. Il ressentit soudain un intense soulagement en se disant que le lendemain, techniquement, c'était lundi et qu'il reverrait Lysandre en cours. Cette perspective lui fit un bien fou. Il se sentait invincible et pour le coup, il n'appellerait pas Lysandre.

Du moins c'était son intention quand il entra dans sa chambre, mais d'un seul coup, à la vue de son lit, il se figea. Une sorte de vertige le pris, partant du bas-ventre et le submergeant complétement, l'absorbant, l'aspirant de l'intérieur. Il vacilla un peu et s'accrocha à la poignée de la porte. Pourquoi cette sensation, pourquoi maintenant ? Il attendit quelques secondes puis, referma la porte et se dirigea vers le lit où il s'assit dans un premier temps. Tout était encore défait, d'ailleurs, les draps avaient gardés l'empreinte de leurs corps. Il prit un oreiller, cherchant l'odeur de Lysandre. Il sentit son cœur s'emballer, les battements étaient si forts qu'ils percutaient même dans sa gorge. Il se coucha en se recroquevillant et en gardant l'oreiller serré contre lui. Il ferma les yeux et essaya de se calmer, il fallait que son cœur ralentisse, il battait trop fort. Comment se pouvait-il qu'il soit à ce point en manque ? Il maudissait l'amour et son cortège de belles promesses et autres petits bonheurs. Il en voulait au monde entier, il s'en voulait d'être amoureux de Lysandre, pire que tout, il en voulait à Lysandre d'exister...

Il s'endormit, sans avoir vu que Lysandre lui avait envoyé un message.

****

-Bonjour ma chérie... Aymeric enlaça Gwen qui préparait le petit déjeuner. Ce petit bout de femme, à l'allure encore fragile d'une adolescente, mais qui avait un tempérament bien trempé l'avait envoûté à leur première rencontre en classe de terminale. Il avait craqué devant son petit minois à la seconde où il l'avait vue.

Parfois, il l'observait à la dérobée, et il souriait intérieurement. Ses grands yeux noisette aux reflets verts l'avaient captivé, et ce sourire mutin... Elle avait de longs cheveux Aubrun cascadant jusqu'au milieu du dos en lourdes boucles, ses petites taches de rousseur sur le bout du nez, (que Yanel avait hérité d'elle au passage), sa silhouette menue, il adorait tout chez elle. Ce qui l'avait le plus ému, c'était cette fragilité qu'elle cachait sous des airs de femme sûre d'elle, alors qu'en fait, elle était perpétuellement inquiète, et il n'aimait rien autant que la rassurer sur tout, sur rien...

- Bonjour mon chou, Répondit-elle en l'enlaçant. Il était bien plus grand qu'elle, et elle se blotti contre lui, en soupirant d'aise.

- Tu as bien dormi ? Je ne t'ai pas entendue te lever... Il l'embrassa sur le sommet du crâne et chercha son visage pour trouver ses lèvres. Elle l'embrassa tendrement avant de lui répondre.

- Ça peut aller. J'avoue que j'ai dormi que d'une oreille, à cause de Yanel, mais dans l'ensemble, ça va. Et toi ?

- Pareil, j'étais à l'affût et puis je me suis endormi.

- Il dort encore ? Elle regarda l'heure, près de 11h30. Ils avaient vraiment fait la grasse matinée.

- Sans doute, en tout cas il n'était pas dans la salle de bain. Je vais aller voir...

- Merci, je termine de préparer, on va sur la terrasse, il fait beau ce matin. Annonça-t-elle en se retournant vers le plan de travail.

Aymeric monta les escaliers, d'ordinaire, Yanel était un « lève tôt », mais ces derniers temps, dormir était devenu un luxe pour son fils, donc, il essaya de ne pas s'inquiéter. La porte de sa chambre était toujours fermée. Il frappa doucement, pas de réponse. Il décida d'entrer. Les volets étaient grands ouverts ainsi que la fenêtre. Malgré la luminosité, il trouva Yanel encore couché, en position fœtale, profondément endormi et tenant un oreiller serré contre lui. Aymeric s'assis sur le lit et le regarda dormir un moment. Yanel respirait calmement, il avait l'air si serein. Malgré tout, on pouvait voir qu'il avait dû pleurer, car il était enflé sous les yeux et ils étaient cernés. Le médecin qu'il était l'observa d'un peu plus près, touchant son front, prenant son pouls... Tout avait l'air d'aller. Il caressa son visage, les cheveux espérant que cela le tirerait du sommeil, mais son fils ne réagit pas. Il insista en prenant l'une de ses mains pour la serrer espérant une réaction. Rien.

Il procéda à un autre examen alors, soulevant les paupières, il chercha des signes de réactivité oculaire. Soudain, Yanel inspira profondément et se mit à bouger un peu, à s'étirer. Il murmura le prénom de Lysandre et dans son mouvement, il leva une main, cherchant celle qui lui avait caressé les cheveux. Yanel entrouvrit les yeux laissant un filet vert clair répercuter la lumière du jour.

- Salut... C'est toi ...

- Salut mon grand.... Oui désolé, ce n'est que moi ...

- Quelle heure il est ?

- Presque midi...

- Super, ça veut dire que la moitié de la journée est presque déjà passée ... et ça me va bien ...

Yanel était resté dans sa position initiale, toujours roulé en boule avec l'oreiller contre lui. Il enfoui son visage dedans, cherchant une odeur...

- Tu veux le petit déjeuner ? Demanda son père doucement, en lui caressant les cheveux.

- Mmm ... je viens...

- OK. On est sur la terrasse. Il attendit un peu et le vit sombrer à nouveau dans son sommeil. Aymeric eu le cœur un peu serré. La réaction de Yanel prouvait à quel point il était attaché à Lysandre, au point de murmurer son prénom dès son réveil, de chercher sa présence, physique et olfactive. Il l'embrassa sur la tempe et sorti.

- Alors ? Demanda Gwen, déjà attablée et se préparant une belle tartine avec de la confiture de fraises.

- Il est ... réveillé, je crois, ... il a dit qu'il venait.

- Il va bien ?

- Apparemment oui... il a passé une sale nuit quand même, bien qu'on ait rien entendu...

- Tiens... elle lui tendit une tasse de café.

Yanel se leva finalement. Reprenant ses esprits, il se souvint de la veille et de sa peine en se couchant, ceci l'amena à l'appel qu'il aurait dû passer à Lysandre ... Il avait vu alors son sms. Rassuré, et en même temps se sentant coupable, il était néanmoins heureux. C'était un mélange étrange : le coup au ventre de culpabilité pour ne pas avoir appelé, le bien être ressenti en voyant un sms de Lysandre et le bonheur diffus qui l'enveloppa, en se disant que le lendemain, ils se verraient en cours... tout ça mis ensemble le perturbait mais dans un sens positif.

Il composa le numéro de Lysandre :

- Salut, c'est moi ...

Il l'entendit soupirer de soulagement.

- Enfin ... Tu vas bien ?

Le fait de repenser à la nuit dernière le mit mal à l'aise. Il ne donna pas de détail.

- Je ne sais pas trop, je ne sais plus trop ce que je ressens en fait... Et toi ?

- Pareil, anesthésié... Lysandre menti, il repensa à cette détestable sensation de froid qui l'avait fait grelotter une bonne partie de la nuit, il ne dit rien là-dessus.

- On m'attend pour le petit déjeuner... Je dois descendre ...

- Ok. Je passe à table ici aussi... A plus.

- A plus...

Ils raccrochèrent. Yanel aurait voulu parler plus, dire plus clairement ce qu'il ressentait, mais il avait l'impression de tourner en boucle, de radoter. Il préféra épargner à Lysandre les désagréments de sa nuit. Il avait le sentiment que de son côté, Lysandre en avait fait de même.

Mais le fait d'avoir entendu sa voix, lui avait fait un bien fou. Il resta là-dessus, sur ce simple bien-être qu'il ressentait. Après s'être rafraîchit, et au passage constaté les dégâts de sa peine, il rejoignit ses parents.

- Salut ... Il fit le tour de table pour les embrasser.

- Salut répondirent-ils en chœur. Ils le laissèrent s'installer et se servir.

Yanel sentait leurs regards sur lui, il savait qu'ils étaient inquiets. Il les regarda la tête un peu penchée sur le côté, un petit sourire aux lèvres

- Ne me regardez pas comme ça, dit-il doucement, je vais bien.

Lysandre tenait encore le téléphone dans sa main quand Martine arriva avec le plat sur la table. Il était près de midi et pour le coup, ici on mangeait le déjeuner...

- Il était réveillé ?

- Oui... c'est lui qui m'a appelé en fait.

- Oh, je vois...

- Comment il va ? Se risqua-t-elle.

Lysandre réfléchit, il savait que Yanel n'avait pas été sincère. Lui-même avait omis de lui dire qu'il avait eu du mal à s'endormir.

- Ça a avait l'air d'aller, fini-t-il par dire, évasif.

- Je n'ai pas osé te le demander avant, mais, ... tu as pu dormir un peu ?

- Un peu, oui. Tu sais, pour être franc, je galère. Hier, quand tu es venue me chercher, j'étais à deux doigts de rester là-bas en fait. J'avais vraiment envie de rester... Et quand je me suis couché, j'avoue que ça a été très dur. Il me manque tellement, que je me sens amorphe. Je ne ressens plus rien quand il n'est pas là... Juste à l'instant, l'entendre m'a fait ... revivre...

Lysandre baissa les yeux et sourit :

- Oui, il me fait me sentir vivant....

- C'est ... très ... Martine ne trouva pas les mots pour décrire ce que lui inspirait ce qu'il venait de dire.

Elle qui avait tellement aimé pourtant, elle se sentait misérable à côté de ce que Lysandre et Yanel partageaient. Se pouvait-il que leur attachement soit à ce point puissant ?

- Donne-moi ton assiette... Elle le servit et ils déjeunèrent en silence.

****

Le lundi matin arriva enfin. Yanel se leva éreinté, les cauchemars ne lui ayant laissé aucun répit. Il y avait eu une variante, cette fois, il était lui-même en danger et il mourrait avant de pouvoir sauver Lysandre. De peur de devoir affronter les inquiétudes de ses parents, il s'était levé très tôt, et était parti pour le lycée en leur laissant le petit déjeuner prêt avec un petit mot : « Je vous laisse vous servir, je pars tôt. Je vais bien et je vous aime. A ce soir. Y ».

Il arriva juste à l'ouverture du portail par le concierge, il était à peine 7h15. Ce dernier le regarda un peu perplexe mais ne fit aucun commentaire. Ce n'était pas la première fois que des élèves arrivaient aussi tôt. Yanel lui demanda :

- Bonjour, est-ce que le « Bâtiment S » est ouvert ?

- 'Jour ... Oui, il y a déjà quelqu'un...

Yanel se rendit au bâtiment des sciences, un peu déçu, pensant être le premier, et être tranquille.

Il monta au premier étage et entra dans la salle Curie. Personne. Il soupira de soulagement.

Il s'installa au dernier rang. Soudain, il réalisa qu'il n'était pas allé à l'arrêt du bus le vendredi, récupérer les cours de Léo. Il avait complétement oublié.

- Mais quel idiot ! Dit-il à mi-voix en secouant la tête, s'apprêtant à se frapper le front du poing.

Soudain il senti qu'on lui retenait la main.

- Ne fais-pas ça, je suis aussi coupable que toi...

Lysandre le fit pivoter et le poussa contre le mur. Il n'attendit pas que Yanel revienne de sa surprise, il ne pouvait plus attendre, non. Il le voulait maintenant, ici. Yanel voulut l'attirer dans ses bras mais fut retenu :

- Non, c'est moi qui t'embrasse ... murmura Lysandre, emprisonnant ses mains contre le mur et nichant son visage dans son cou. Il respira l'odeur de sa peau enivrante, puis s'appliqua à l'embrasser, le lécher et à lui mordiller le lobe de l'oreille, d'un côté puis de l'autre. Il savait que Yanel s'abandonnerait au contact de cette caresse. Tremblant de plaisir, perdant pied soudainement avec la réalité et la gravité, Yanel eu du mal à rester debout.

Il trouva néanmoins appui quand Lysandre cala une de ses jambes entre les siennes. Il frémit, en sentant ses mains glisser sous son tee-shirt. Elles étaient chaudes et il retrouva leur douceur. Dieu qu'elles lui avaient manqué ! Il haletait se rendant compte qu'une d'elles se faufilait vers son entre jambe. Il fut pris de cours, déjà la langue de Lysandre s'insinuait doucement dans sa bouche, l'emplissant entièrement. Il voulut répondre à ce baiser, mais Lysandre s'écarta en chuchotant :

- Ce n'est pas encore ton tour ... Puis il revint à la charge, avec passion, puis en douceur, du bout des lèvres, avec retenue, jusqu'à ne plus avoir contact du tout avec celles de Yanel. Ce dernier était au bord de la rupture, il le supplia, haletant :

- Dis-moi quand ...

Lysandre fit mine de revenir, laissant ses lèvres entre ouvertes, à quelques millimètres à peine de celles de Yanel. C'était une véritable torture, cruellement douce, atrocement sensuelle. Ses mains avaient quitté leurs places pour prendre celles de Yanel toujours contre le mur, pour y mêler leurs doigts, avec une infinie douceur. Il chuchota :

- Ce soir ... ce soir je suis à toi...

Yanel déglutit difficilement, humecta ses lèvres, il était assoiffé. Assoiffé des baisers de Lysandre. Il ferma les yeux pour se recentrer. Il n'avait jamais vécu une telle expérience, c'était presque délirant. Lentement, Lysandre relâcha son étreinte, et il plaqua ses mains de part et d'autre de Yanel, contre le mur, le laissant retrouver ses esprits, reprendre son équilibre. L'excitation était telle que Yanel du prendre énormément sur lui pour faire redescendre la pression, il sentait son sexe près d'exploser. Il parvint néanmoins à reprendre le contrôle, après de longues minutes, durant lesquelles Lysandre ne le toucha plus du tout, mais gardant son corps très près du sien, comme s'il voulait garder une emprise sur lui.

- Ça va ?

- Je... crois que oui... Qu'est-ce que tu m'as fait ... Yanel capitula et posa son front sur l'épaule de Lysandre.

- Tu n'as pas aimé ?

Bien qu'il fasse non de la tête, Yanel répondit :

- Oh que si, c'était ... diabolique !

Lysandre éclata de rire. Un rire franc, sincère, heureux. Pour le coup, il serra Yanel contre lui et il murmura :

- Comme je t'aime, si tu savais à quel point je t'aime ...

- J'en ai une petite idée, vu ce qui vient de se passer ... mais je te préviens, tu vas prendre cher ce soir...

Lysandre le libéra de son étreinte et ils se dévisagèrent un longmoment, le sourire aux lèvres, imaginant déjà leur soirée, avec délectation ...    

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