Chapitre 5

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Resté, seul Yanel se sentit soulagé aussi que les choses se soient arrangées entre eux. Il tenait à Lysandre. Il ne lui avait pas parlé de ses cauchemars non plus, il trouvait que Lysandre en avait déjà assez avec la mort de ses parents, sans en plus ajouter ça.

Ces maudits rêves revenaient sans cesse, lui montrant Lysandre mort, tantôt atrocement brûlé, ou mutilé ; parfois suppliant qu'on l'achève, ou criant de douleur. Yanel était alors à côté et paralysé par une force invisible, ne pouvait ni parler ni bouger pour l'aider. C'est images s'intensifiaient en noirceur et en horreur chaque nuit, de plus en plus. Il ferma les yeux pour essayer de chasser ces pensées qui venaient en plein jour maintenant. Mais la vérité, était que Yanel avait eu une peur terrible, irrépressible de le perdre quand cette explosion avait eu lieu. Il s'allongea sur le canapé, priant le ciel de parvenir à dormir, sereinement.

Lorsque Lysandre revint, il trouva Yanel endormit sur le canapé. Il sourit un peu en le voyant, se disant que décidément ce canapé était bien l'endroit où tout un chacun pouvait se coucher et s'endormir aussitôt, d'un sommeil profond et réparateur, lui-même l'ayant déjà testé. Il passa le reste de la journée au chevet de son ami, révisant ses cours, du moins ceux auxquels il était parvenu à assister cette semaine : en comptant l'absence de la veille en matinée et celle d'aujourd'hui, et sachant qu'on était mercredi, autant dire que la semaine de cours était déjà bien torpillée ! Pour autant, il ne se sentait pas du tout coupable, non.

Il s'arrêta un instant, il était près de dix-sept heures. Yanel dormait toujours du sommeil du juste. Il dévisagea longuement Yanel, son nez avait désenflé et à présent un bleu se dessinait sous son œil gauche. Cela gâchait un peu l'ensemble, mais bon, c'était un fait d'armes, comme il dirait. Cela fit sourire Lysandre. Il adorait Yanel, son caractère égal, toujours souriant, blagueur et surtout sa manière de voir la vie avec détachement et sérieux à la fois. Lysandre se remémora une journée en particulier, où ils avaient été se promener en montagne avec leurs pères. Son père, Alexandre, s'était foulé la cheville en tombant dans une petite crevasse. L'endroit étant mal placé pour pouvoir venir en hélicoptère ou simplement en voiture, Yanel avait improvisé en fabriquant une espèce de lit comme les Indiens auraient fait pour transporter un blessé. Pari fou, mais qui avait vraiment bien fonctionné. Il avait dédramatisé la chose en jouant sur le scénario d'un film du style western. Aymeric avait pris des branches pour consolider la cheville en plus des bandages qu'il avait pris dans une trousse de premiers secours. Quelle aventure !
Et c'était justement cet état d'esprit que Lysandre appréciait chez son ami. La crise qu'ils venaient de traverser lui prouva encore que Yanel ne baissait pas les bras. Soudain, il se dit qu'il n'imaginait pas vivre sans l'avoir dans sa vie, auprès de lui. C'était son meilleur ami, un frère, son âme sœur.

Il attendit encore un peu, et le vit remuer. Yanel ouvrit les yeux et croisa son regard, il parut soulagé de le voir.
- Hello ... fit-il en s'étirant.
- Bien dormi ?
- Ce canapé est magique ou je ne sais quoi, en tout cas, il marche à fond ! dit Yanel en se redressant pour s'asseoir : « Je devrais peut-être dormir ici la nuit ... ». Il tata son nez endolori et en profita pour observer la cicatrice de Lysandre, il grimaça :
- Bon, on va s'occuper de nos blessures de guerre...

Ce soir-là, en rentrant chez Martine, Lysandre eu un peu le cœur serré. Il se rendait bien compte qu'il passait beaucoup de temps chez Yanel. Il ne se cherchait pas d'excuses particulièrement, seulement, voilà, sa vie tournait autour du lycée, et aussi de son ami. Sans oublier que ce dernier habitait pratiquement dans l'enceinte de l'établissement scolaire, il était presque mathématique que Lysandre se retrouve régulièrement là-bas. Ce n'était pas une excuse certes, cependant il se promit de se rattraper auprès d'elle ... Pour commencer, il décida de lui parler plus. Il n'était pas très loquace et très souvent son mutisme rendait les repas longs et l'ambiance pesante. Ce soir-là, constatant que Martine n'était pas encore rentrée de son travail, il sortit faire quelques courses et prépara le dîner.

La surprise fut de taille en comparaison du repas en question qui était très simple. Martine parût très touchée et en eu les larmes aux yeux. C'était pour elle un signe de mieux aller chez lui et aussi une sorte d'acceptation d'être chez elle. Au fond, ils ne se connaissaient pas tous les deux. Le malheur les avait fait se rencontrer, et tout avait été très vite. Ne se croiser que le matin avant de quitter l'appartement et se parler à peine le soir en dînant depuis un mois et demi, ne suffisait pas pour se découvrir. D'ailleurs, il ne savait même pas si elle avait été mariée ou non, voire veuve ? Ce soir-là, il se confia un peu plus. Donna plus de détails sur le déroulement de la journée. Ravie et consciente que cela devait être difficile pour lui, Martine le laissa parler, sans le brusquer, respectant ses silences et ses fins de phrases un peu évasives. Tant qu'il lui parlait, elle était heureuse.
- Vous vous entendez bien Yanel et toi, depuis combien de temps vous vous connaissez ?
- Depuis le cours élémentaire.
- Vous vous êtes toujours entendu comme ça ?
- Oui. Dès le premier jour. C'était comme une évidence... il est devenu mon meilleur ami, sur qui je peux compter en cas de coup dur. Et toi, tu as une « meilleure amie » aussi ?
- J'en ai eu une ... il y a très longtemps. Nous nous sommes perdues de vue après nos études et parfois, je me dis que je pourrais essayer de la retrouver via les réseaux sociaux...
- Et ?
- Je n'ai pas osé. Je ne saurai pas quoi lui dire. Je ne suis pas mariée et je n'ai pas d'enfant. Hormis mon boulot et mon addiction aux séries policières anglaises, je n'ai rien de bien exaltant à dire ...
- Je ne suis pas d'accord ! Tu fais un boulot super auprès des gens. Etre assistante sociale, ce n'est pas juste donner un formulaire pour s'inscrire sur une liste d'attente pour un logement ! Et puis, tu es devenue une experte en criminologie Excuse-moi, mais ça compte !
Ils rirent tous les deux. Cela leur fit du bien à l'un comme à l'autre.

En se couchant, Lysandre se surpris à se dire qu'il avait passé une bonne soirée en compagnie de Martine. Il s'endormi sereinement pour la première fois depuis très longtemps, avec la sensation d'avoir passé une bonne journée et une soirée normale, un peu en famille... cette famille qui lui manquait tant, ... si seulement il avait réfléchi à deux fois...

Le lendemain, en arrivant au lycée il retrouva Yanel qui faisait grisemine, en plus de son bleu allant de son nez à l'œil gauche.
- Raconte ... L'encouragea Lysandre d'un hochement de tête. Pour toute réponse,son ami lui tendit une feuille de papier. Une lettre apparemment venant dulycée : une convocation chez le proviseur suite aux « récentsévènements à caractère violent » qui se sont produit mardi après-midi.
- Non, sérieux ? Et tu crois que l'autre est convoqué aussi ?
- Possible. Ce n'est presque pas étonnant, mais bon, je pensais que personnen'en avait fait état...
- Le prof n'avait rien dit sur le moment, je me demandais d'ailleurs s'il n'avaitpas préféré l'ignorer ...
- Faut croire que oui. Je devais avoir une sale tête quand même et puis Stephann'était pas très discret en se vantant...
- Tu dois y aller quand ?
- Tout de suite... d'entrée de jeu.
- Perso, je le sens mal.
- Développe ...
- Ça sent l'exclusion...
Alors qu'ils marchaient vers le bâtiment administratif, Yanel stoppa net. Ilpensait à la même chose.
- Connerie... maugréa-t-il en reprenant la marche. C'est mon père qui va mecharrier en plus de ça, et je crois que je ne vais vraiment pas apprécier...
- Faudra faire profil bas quelques temps...
Soudain, au détour d'un couloir, ils tombèrent sur Stephan.
- Nom de D... Commença ce dernier, car il avait bien failli les percuter tous lesdeux.
Ils se toisèrent tous les trois et Lysandre sentant la moutarde monter au nezdu grand idiot, tira Yanel par la manche discrètement et ils poursuivirent leurchemin. Ce pouvait-il que Stephan vienne du bureau du Proviseur ?Déjà ?
- Il commence tôt si c'est le cas, remarqua Yanel quand ils furent certains queStephan n'était plus dans les parages.
- On va le savoir tout de suite, lui répondit Lysandre. En effet, le Proviseurarrivait dans leur direction.
- Je te laisse, à plus. Et Lysandre laissa son ami face à son destin.
- OK... Soupira Yanel.    

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