Cinq

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   Cinq années auparavant, on avait mis en bière un homme décédé brutalement à l’âge de 43 ans. Jacques Legras, vendeur de machines à café pour les entreprises et les collectivités, l’un des meilleurs représentants de la société Maxicafé. Il occupait le plus clair de son activité professionnelle à conduire sur les routes, affichait un sourire éclatant, bondissait de son Kangoo avec l’entrain de celui qui aime son métier et mène une vie équilibrée. Rien ne le prédisposait à mourir si jeune. Il ne buvait jamais de café, ça lui donnait des nausées. La faute à un traumatisme d’enfance qui ne l’avait jamais quitté. Sa mère lui avait fait boire un peu de son café, il avait 8 ans. Il trouva le liquide agressif et en fut immédiatement dégoûté.

   Jacques ne comprit pas immédiatement quelles étaient les intentions de la Mercedes arrêtée au bord de la route, tous feux de détresse allumés, les essuie-glaces en mode rapide alors qu’aucune goutte d’eau ne tombait du ciel. Lorsqu’elle démarra sous son nez, soulevant des gerbes de terre derrière elle, il n’eut d’autre choix, animé par un réflexe idiot, que de virer à gauche et de percuter une dame qui n’avait rien demandé, venant en face, les mains fermement accrochées au volant d’un SUV flambant neuf. Sur le siège arrière de sa Kangoo, une splendide Gaia Style Easy occupait son espace, une bête pesant 27 kg et offrant une sélection de 8 boissons chaudes dont un café avec grain, le modèle le plus apprécié de ses clients. La machine ne resta pas en place bien longtemps. Elle s’envola vers l’avant, heurtant violemment l’appui-tête du chauffeur. Jacques mourut instantanément, la nuque brisée. La machine à café continua sa course à travers le pare-brise et s’échoua sur la route, roulant par-dessus le SUV. La conductrice, le nez fiché dans l’airbag qui venait de se déployer, n’eut pas la chance de contempler les centaines de grains de café projetés dans toutes les directions. La femme qui pilotait la Mercedes déclarera n’avoir pas vu la voiture de Jacques arriver.

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