Quatre

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   Maxime observa les dates sur la dalle, posée à peu à l’écart du cercueil. L’homme était enterré là depuis cinq années. Il s’agissait bien du mari de la dame. Cela aurait été trop bête d’exhumer la mauvaise personne. Un corps ne disparaît pas si vite. D’ailleurs le bois du cercueil était quasi intact. Et puis il reste toujours quelque chose. Le corps d’une personne ne se vaporise pas dans l’air. Il savait que, de nos jours, un cadavre peut rester quasiment intact pendant des décennies. Tout cela n’avait aucun sens à ses yeux. À moins que ce tombeau n’ait jamais abrité personne et que le mari de madame avait disparu. Par exemple noyé et emporté dans les eaux d’un océan. Ou aspiré dans les airs lors d’un regrettable accident d’avion. Il y en avait qui se volatilisaient dans un puissant incendie que des escouades de pompiers ne parvenaient pas à éteindre. Dans ces cas de figure, puisque aucun corps n’avait été retrouvé mais que la mort était certaine, il arrivait régulièrement que l’on célèbre des enterrements avec des cercueils vides. Manifestement, ce Jacques n’était pas mort de ces manières-là et il allait bien falloir retrouver ses restes.

   L’officier de police judiciaire, présent sur les lieux, prit son carnet à souche et écrivit une phrase tout en la lisant à haute voix :

   — Le défunt Jacques Legras n’est pas présent dans son cercueil.

   Tous comprirent à cet instant que les ennuis commençaient. Mais sans doute avaient-ils commencé il y a des années sans que personne n’en sache rien. Marina éclata en sanglots. Ronan pouffa avant de renifler avec bruit. Il pleurait. En se retournant vers son fils, Marina retrouva dans ce moment une complicité depuis longtemps évanouie. Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre. Maxime en profita pour tenter d’apercevoir son tournevis. L’officier de police judiciaire songea qu’une enquête l’attendait. Une enquête peu ordinaire qu’il accueillit avec la plus grande flemme.

   Le cimetière Saint Denis de Doué-en-Anjou comporte 1 519 sépultures. Celle de Jacques se situe dans le carré GC au numéro 19 ainsi que l’indiquera plus tard, comme participant à une farce macabre, le plan à l’entrée. Marina regardait ébahie le cercueil vide, se demandant comment Jacques avait pu se faire la malle. Un silence pesant s’installa. Maxime, bien que n’ayant aucune idée de la méthode à employer, finit par dire qu’on allait chercher le mari disparu. La petite troupe acquiesça d’un mouvement de tête et tous regagnèrent la sortie.

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