Chapitre 1

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Haydée

A la frontière de Orald, la ville état, emmêlée dans le trafic incessant des carosses et des trains, se tenait Haydée. Elle contemplait les bâtiments lumineux et étincelants dans la nuit obscure, en tâchant de mémoriser chaque détail, chaque bruit de ce paysage urbain comme le dernier souvenir d’une vie civilisée. A travers la fenêtre du carrosse, elle serra son médaillon à l’effigie du dieu Reila, tout en songeant à son propre avenir. Bien que tout se mélangeait dans sa tête, elle tenta de rester forte, mais en vain. Le carrosse s’arrêta au milieu des gigantesques remparts de la ville.

- Je ne pourrais pas aller plus loin ! Si je continue les sentinelles risqueraient de nous rattraper, lui expliqua Mone.

Haydée hocha de la tête, les mains tremblantes, elle tenta de se calmer. La vieille femme lui attrapa les mains.

- Ne t ‘en fais pas, ton oncle a dû trouver un autre moyen de fuir lui aussi, rassura-t-elle.

Haydée tenta de sourire mais n’y parvint pas. La vieille Mone passa ses doigts dans les cheveux argentées de la jeune Reila. Puis elle lui donna un sac rempli de graines de café, en guise de paiement pour le passeur.

- C’est pour Blake, le passeur. Il reste un odieux personnage, mais fiable malgré tout. Il t’aidera à traverser l’Underworld et à rejoindre Reilisium en toute sécurité ! Mais s’il exige un autre paiement que les graines, ne te laisse pas faire ! l’avertit-elle, l’air grave.

Haydée acquiesça le regard fixe et inquiet. Mone se calma, se préparant aux adieux puis poursuivit :

- Lorsque tu seras retournée dans ton pays ! Tu sais qui, ne pourra plus te faire de mal ! lui dit-elle les larmes aux yeux.

Haydée prit les graines puis enlaça sa vieille amie. Elle descendit du carrosse sous les yeux remplis de remords de la vieille femme. Celle-ci fit signe à ses porteurs qui repartirent vers la ville. Haydée sortit de la route, rejoignant le conduis d’un égout qui s’écoulait en contre-bas de la colline. La petite Reila déplaça la grille, puis se faufila dans la pénombre du conduit. L’odeur y était insoutenable, Haydée préférant ne pas savoir dans quoi elle trempait ses bottines, se fixa comme objectif de traverser l’Underworld. Afin de quitter le pays et de retrouver son oncle sur sa terre natale. La lumière fit place à l’obscurité totale. La tête baissée dans cet étroit conduit, elle déchira sa longue robe qui s’agrippa aux clous rouillés. Elle sortit un briquet et s’éclaira à la lueur de celui-ci. Puis elle emprunta une échelle qui l’emmena dans les entrailles de la terre.

L’air était étouffant, les barreaux vétustes et glissant, la chaleur de la flamme lui brûlait la main. Ses jambes tremblaient, mais elle descendit, dans le noir absolu, ne pouvant distinguer les mètres qui la séparait du sol. Haydée était terrifiée, elle continuait dans sa descente, émettant un bruit métallique infernal, à chaque fois qu’elle posa le pied sur le barreau suivant.

Lorsque le briquet lui échappa. Haydée en sueur, le regarda sombrer dans l’obscurité jusqu’à son impact au sol. Elle s’agrippa à cette échelle rouillée, les membres tétanisés par la fatigue et la peur, en tentant de descendre à tâtons. Lorsque l'échelle céda.

Déstabilisée, elle tenta de se rattraper mais n’y parvint pas et tomba de plusieurs mètres, percutant violemment le sol. Haydée hurla de douleur et peina à se relever, lorsqu’elle vit son médaillon qui se reflétait dans le noir. Elle songea à son oncle qui l’attendait au-delà de l’Underworld et de la mer asséchée. Elle trouva la force de se relever, puis aperçut une lueur orangée au bout du tunnel. Elle suivit cette lueur qui déboucha dans une ruelle sombre et inquiétante.

Haydée leva les yeux, découvrant l’Underworld la ville souterraine. La ville était naturellement éclairée par des cristaux fluorescents qui jonchaient les parois de cette dernière. Les cristaux et l’électricité détournés, donnait une lueur orangée à la ville. De l’eau sale ruisselait sur ces murs favorisant la rouille et les champignons. Plus Haydée avançait, plus l’odeur de ferraille oxydée et d’urine s’intensifiait. La petite Reila ne pouvait s’y faire, mais prit sur elle. Haydée sentit une goutte d’eau sale tomber sur ses cheveux. Elle leva les yeux et vit la tuyauterie qui constituait essentiellement le ciel de l’Underworld. L’eau qui coulait dans ces tuyaux n’était pas pour les locaux, mais pour les habitants de la surface. Elle poursuivit jusqu’à son point de rencontre et attendit patiemment le passeur.

Les minutes, puis les heures passaient. Haydée angoissée, regarda aux alentours mais ne vit personne.

- Suis-je au bon endroit ? se demanda-t-elle, anxieuse.

- Devant la jetée, devant le foulard rouge, se répéta t- elle, en fixant ce foulard qui était accroché à la rambarde surplombant un conduit d’égout.

La petite Haydée se sentait observée et épiée en permanence, elle attendit son rendez-vous lorsqu’elle fût interpellée par trois gigantesque Minotaures.

- Hé ! Le soleil c’est pour les riches ma beauté !

Haydée se figea, effrayée. Plus jeune, elle avait entendu des rumeurs sur les Minotaures. Des créatures composées d’une tête de taureau, d’un corps d’homme et de sabots. Issus d’union entre humains et bovidés, les Minotaures avait la particularité de ne pas avoir de femelle mais de pouvoir se reproduire avec des humaines.

Haydée était pétrifiée, fixant ces trois titanesques Minotaures devant elle. Le premier faisait deux mètres de haut, deux mètres de muscles et de testostérone bovine. De longues cornes, un pelage si sombre qu’elle y confondit ses yeux. Ce Minotaure dégageait une odeur insoutenable, mélange d’animal en rut et d’excréments. Mais ce qui la dérangeait le plus, était le souffle chaud et humide qui se dégageait de lui, venant se coller à son visage à chaque expiration de la bête. Les deux autres étaient moins impressionnants mais ils la terrifiaient tout autant.

- A ton avis Rhogos ? Combien vaudrait une Reila auprès du chef ? demanda l’un.

- Donner une Reila à ce vieux croûton ce serait du gâchis ! Je la garde pour moi ! dit Rhogos en bavant.

Haydée ne savait pas quoi faire, si jamais l’un d’eux l’attrapait, elle finirait enfermée dans une cage. Torturée, violée par des hordes de Minotaures et condamnée à donner naissance à ces abominations.

Au fur à mesure, qu’ils la cernaient, Haydée recula, mais Rhogos l’attrapa par le bras. Haydée se débattit de toutes ses forces mais le Minotaure la frappa avec une telle force qu’elle tomba à terre, le nez rougit par le sang. A moitié sonnée par la violence et la peur, Haydée tenta de fuir en rampant mais le Minotaure l’attrapa par la jambe, la traînant à travers la ruelle.

- Tu n’as rien à craindre ma jolie ! On va bien s’occuper de toi, dit-il en érection, en la tirant jusqu'au fond où il la relâcha.

Haydée tétanisée se redressa, s'urinant dessus tant elle était effrayée. Lorsque Rhogos s'approcha d'elle, elle se plaqua contre le mur, agrippant son médaillon, en larmes. Rhogos lécha avec envie la flaque d'urine autour d'elle. Haydée les jambes paralysées par la peur, ne pouvait plus bouger. Elle se mit à genou priant son dieu de tout son être.

- Maintenant ! Vous me laissez seul ! Je veux plus vous voir ! s'exclama Rhogos aux autres Minotaures.

Il sortit son pénis, dégageant une odeur d'animal en rut. Haydée, épouvantée, tourna la tête, cherchant une sortie. Lorsqu'il l'attrapa par la bouche, la forçant à le gober. Sentant son pénis s'enfoncer peu à peu dans sa gorge jusqu'à sa glotte, Haydée luttait pour respirer, se débattant de toute ses forces. Elle voulut à tout prix régurgité mais le Minotaures poussa sur sa tête, la martelant avec une telle violence que des vertiges la gagnèrent par manque d'oxygène. Elle savait qu'elle ne devait surtout pas s'évanouir. S'agrippant à son médaillon, elle releva sa tête forçant sur l'emprise du Minotaures qui voulut la maintenir contre lui. Puis elle referma violemment sa mâchoire, enfonçant ses dents dans son pénis, faisant pression sur sa mâchoire jusqu'à sectionner, un morceau de son prépuce. Haydée écoeurée, sentit le sang chaud, se déverser dans sa bouche, coulant sur son menton et sa robe blanche. Celui-ci hurla de douleurs, la saisissant par le col , déchirant le haut de sa robe avant de la jeter contre les murs, dévastant tous dans la ruelle. Percutant, violemment le mur, Haydée se ressaisit, puis sauta sur l'occasion pour s'enfuir, des morceaux de chairs entre les dents.

- Rattrapez-moi cette Reila ! hurla Rhogos, en se vidant de son sang.

Haydée courut aussi vite qu’elle put, essayant de les semer à travers les ruelles crasseuses. Lorsqu’elle se retrouva dans une impasse occupée par un autre Minotaures. La petite Reila resta tétanisée par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Le Minotaures absorbé par les coups de reins qu’il donnait, aux restes d’une jeune femme, ne remarqua pas la présence d’Haydée. Les jambes paralysées, elle tenta de se faufiler derrière lui pour se cacher dans des déchets. Ne pouvant détacher les yeux de cette horrible scène, des sueurs froides parcoururent son visage. Le râle de plaisir du Minotaures, couplé au bruit de membres cassées et désarticulées du cadavre, lui donnait envie de vomir tant la violence était insoutenable. Une marée de sang se forma autour de lui, Haydée pétrifiée ferma les yeux et se boucha les oreilles.

- Ce n’est pas réelle ! Ce n’est pas réelle ! se persuada t-elle en larmes.

Lorsque les autres Minotaures arrivèrent.

- Méhor ?! fit Rhogos en interpelant le Minotaures. Celui - ci se retourna, lâchant le cadavre qui tomba en morceaux.

- Combien de fois je t’ai dit que morte, elles sont inutiles ! affirma Rhogos, dépité - Méhor veut bébé.. répondit-il avec un air demeuré.

- Tu vois bien que ça sert à rien ! déclara l’un des Minotaures à Rhogos.

Puis celui - ci l’épaula et l’emmena hors de la ruelle suivit des autres Minotaures.

Haydée sortit de sa cachette, mais dès qu’elle posa les yeux sur les restes du cadavre, elle sentit son cœur et son estomac s’emballer. Elle courut hors de la ruelle, vomissant tout le contenu de son estomac. Epuisée, elle s’essuya la bouche puis reprit son chemin jusqu’aux abords d’un croisement. Quand un jeune inconnu surgit de nulle part, la percuta violemment, la faisant tomber à terre.

- Ah ! Putain de merde ! Tu ne peux pas faire attention ! pesta-t-il

Haydée, effarée, leva les yeux et croisa le regard sombre d’un jeune homme châtain au crâne à moitié rasé. Son visage masqué et son attitude, intimidèrent la petite Reila. Elle distingua légèrement un tatouage, qui dépassait de sa veste rouge et qui partait de son épaule jusqu’à son avant-bras.

- Qu’est-ce qu’une Reila fait ici ? lui demanda t-il intrigué.

Soudain, ils entendirent des hurlements de Minotaures au loin. Le jeune homme, angoissé, s’enfuit en courant suivit d’Haydée. Elle sentait qu’il connaissait bien cet endroit et qu’il pourrait la mener en lieu-sûr. Haydée le poursuivit jusqu’au détour d’une ruelle où elle le perdit de vue. En levant les yeux, elle le vit escalader les murs avec une facilité et une rapidité déconcertante. La petite Reila voulut en faire autant et tenta de grimper sur les toits. Mais elle fit résonner la gouttière à travers toute la ruelle lors de son escalade, ce qui ennuya le jeune homme. Il arriva et l’empoigna, la hissant de toute ses forces sur le toit.

- Tu fais trop de bruits ! Ils vont nous repérer ! s’écria t-il.

Ils poursuivirent leur chemin sur les toits pendant un moment, avant de s’arrêter, essoufflés.

Haydée ne quitta pas le mystérieux jeune homme des yeux, terrorisée. Celui-ci la regarda de la tête aux pieds, retirant son masque.

- T’es nouvelle toi ? Qu’est-ce que tu foutais chez les Minotaures ? demanda-t-il. Haydée ne répondit pas, restant sur ses gardes.

- Quoi ! Tu ne peux pas parler ? demanda-t-il d’un ton provocateur.

Haydée hocha timidement de la tête mais détourna les yeux, intimidée par son regard.

- Argh ... ils ne t’ont pas loupé. fit-il en s'approchant doucement d'elle. Puis il posa furtivement ses yeux sur son sein qui était apparent. Haydée, affolée, se cacha la poitrine. Blake retira sa veste avant de la lui tendre.

- C’est dangereux d’être jolie, surtout ici ! s’exclama -t-il. La petite reila l'enfila rapidement refermant les boutons.

- Dis-moi tu t’appelles comment ? lui demanda-t-il en lui tournant autour.

Haydée croisa le regard du jeune homme se poser sur son corps. La petite Reila se sentait mal à l’aise, comme s’il la déshabillait du regard.

- Ah ! J’oubliais tu ne parles pas ! lança -t-il sur un ton ironique. Haydée lui prit la main et y dessina des lettres.

- Ha…y…dée…Haydée ! Hum… joli nom ! Moi c’est Blake ! se présenta -t-il avec le sourire.

Le visage de la petite Reila s’illumina ! Elle attrapa sa main, lui inscrivant “Mone”.

- C’est toi qui dois aller à Reilysium ? lui demanda t-il surpris.

Haydée acquiesa les yeux remplis d’espoirs.

- As tu mon paiement ? lui demanda t-il le sourire en coin. Haydée fouilla dans ses poches mais ne trouva plus le sac de graine. L’angoisse se lut sur son visage

- Je ne fais pas la charité, lui dit - il agacé. Celle - ci paniqua.

- Mais on peut s’arranger autrement, lui lança t-il avec un regard lubrique. Haydée recula, le visage grave et fermé.

- C’est dommage… Bonne chance princesse…lui murmura-t-il à l’oreille.

Sur ces mots, Blake partit laissant, la petite Reila seule. Haydée continua de son côté, s’enfonçant peu à peu dans les entrailles de l’Underworld.

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