31 octobre 2018

Paul pousse la porte du Starbucks et m'invite très théâtralement à entrer. J'étire mes ailes imaginaires et entre dans le café comme un ange majestueux, sous le regard amusé des rares clients, qui dégustent tranquillement leur café matinal. Le regard sévère du barista me calme directement et nous nous dirigeons en silence vers le comptoir.
« Bonjour ! Je vais prendre un Mocha en Large, s'il vous plait.
— Et pour vous ? demande le barman à Paul.
— La même chose, répond celui-ci après un interminable moment de réflexion.
— Prends-nous une bonne table, je ramène les boissons. »
Paul se dirige vers la dernière banquette libre, près de la fenêtre. Je lève mon pouce vers lui pour valider son choix.
« Et voilà, vos deux cafés ! annonce le barista quelques minutes plus tard.
— Merci ! »
Je les saisis à pleine main et me dirige vers Paul, qui me regarde arriver avec des yeux horrifiés.
Il s'approche de moi et attrape les boissons par le couvercle.
« Va te passer les mains sous l'eau froide ! » m'ordonne-t-il.
Je pousse un soupir d'exaspération, un de ceux qui signifiee à Paul qu'il abuse des prérogatives données par mon père.
« Les cafés sont brûlants ! Allez, Allez ! Ton père ne me pardonnera pas si tu as une brûlure sévère ! »
À petits pas, je me dirige vers les toilettes du Starbucks, et me passe longuement les mains sous l'eau froide, après avoir silencieusement pesté contre Paul. Mon insensibilité à la douleur ne me rend quand même pas idiote... Ça se saurait, si les gens se faisaient des blessures sévères avec une tasse de café. Une fois que suffisamment d'eau a coulé sur mes mains pour satisfaire Paul, je retourne auprès de lui.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? demandé-je, inquiète.
— Regarde ce Snap... » dit-il en me tendant son téléphone.
Sur la courte vidéo, on voit Nadia jouer avec des couteaux, me menacer de mort et m'insulter de tous les noms suite à sa rupture avec Thomas. Comme si c'était de ma faute si elle avait choisi de sucer Benjamin dans les toilettes des filles. Ok, je l'avais dénoncée au proviseur, sur ce point, j'ai peut-être déconné. Nadia est tarée, j'aurais dû garder le secret, pour ne pas déclencher ce genre de problème... Les commentaires haineux s'enchainaient. « Kill the Freak ! Kill the Freak ! »
« Merde...
— Ne t'inquiète pas, Léa. Nadia est folle, mais quand même pas à ce point-là. Elle fait ça pour les like, c'est tout. »
Je vois bien dans ses yeux qu'il n'est clairement pas convaincu. Une fois nos cafés avalés dans un silence tendu, nous retournons vers le scooter de Paul.