La toile déchirée qu'on veut repeindre.

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 Si tendre une main est un geste noble, je ne veux plus risquer de toucher la toxicité utopique de vouloir sauver quelqu'un. Ce n'est pas la personne qui est toxique, soyons justes. Ce qui est dangereux, c'est de se laissé animer par cette envie folle d'être le héros, le petit plus, le miracle de cette personne. Voilà qui est pire que l'idéalisation de l'autre : l'idéalisation de notre propre rôle. Et le pire, c'est que dans ces cas là, on n'est pas dans une prétention quelconque.

On exprime une affection, un désir de protéger, et on veut encaisser les coups à la place de la personne que l'on souhaite mettre à l'abri. S'ajoute à cela, l'aveuglement de l'autre qui, assuré d'être protéger, finit par attendre qu'on le protège de ses propres défauts, sans jamais les corrigés. Il y a alors, quelque part chez nous le pire des masochisme : aimer, quitte à avoir mal pour l'autre, par l'autre en croyant que cela nous fera le plus grand bien.

Le temps, lui, est révélateur.

Au fur et à mesure que l'on s'insère dans cette relation, notre conscience se déforme, on ne sait pas que l'on s'enfonce, car plus l'autre a mal, plus on espère le sauvé. Et cette personne peut nous rejeter, on revient. Et on rejettera alors cette personne, mais elle reviendra car elle aura besoin de la pommade que tu lui as toujours passé. Le cycle est vicieux, sous sa belle couverture vertueuse. Ça peut durer des années, et malheureusement, pour s'en sortir il faut se poser les bonnes questions.

Il n'y a rien de plus dingue que ce type d'amour, car on a beau avoir l'évidence de notre folie, on cherche les prétextes pour repeindre une toile, abîmée , déchirée, tout en gardant cet étincelle illusoire de la revoir exposée en musée un jour.

C'est une fois qu'on arrête, plus par manque de force que par manque de courage ou d'amour, que l'on réalise à quel point , c'était trop. Il y a des ombres qui, une fois éclairées, dévoilent un monde faux, une relation fausse, un idéal erroné par nos espoirs. A ce stade, c'est fou comme l'on se sent désabusé, mais il suffit alors de quelques jours, quelques semaines, le fardeau enlevé de nos épaules, pour qu'on se rendent compte que l'on se sent mieux.

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