Chapitre 6: Léona

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Je crois que je suis folle.

Pour faire partir les sbires de mon père, Callum avait pris son apparence d'orc. N'en ayant jamais vu de ma vie, je m'attendais à voir une créature vulgaire. Voire effrayante. Mais je m'étais complètement, totalement plantée ; bien que je ne voyais Callum que de dos, sa forme d'origine était bien plus qu'engageante : Il avait grandi et s'était étoffé davantage, si bien que son tee-shirt avait craqué sous ses muscles impressionnant.

Miam...

Sa peau magnifique était passée d'un teint tout juste halé à une couleur rouille stupéfiante. Il semblait dur. Dangereux... Létal. Un déferlement de puissance avait alors envahit le salon, libéré brusquement lors de la métamorphose.

J'en avais le souffle littéralement coupé. Pas par surprise, alors que Callum avait quitté sa forme humaine. J'étais restée bouche bée car l'afflux d'énergie provenant de cet homme, dangereusement virile et pourtant curieusement protectrice, réveilla mes pulsions charnelles telle un feu d'artifice.

Mon dieu, je rêve...

Sa présence écrasante m'excitait à un tel point que j'avais l'impression d'avoir dans les veines de la lave en fusion, à la place de mon sang.

Je ne sentais plus mes membres, qui s'était étrangement engourdit. Mordillant ma lèvre inférieure, j'avais la sensation que mes joues flambaient et le seul mouvement que je percevais chez moi était le battement déchaîné de mon cœur. Aussi, ce n'était plus de légers papillons tout doux que je sentais dans mon bas ventre: c'était plus intense que ça, comme un saut à l'élastique les yeux bandés. C'était fulgurant, tel un éclair brûlant frappant directement le creux de mon putain de vagin.

Bon dieu de merde, pourquoi ?

Pourquoi je ressentais ça avec une telle violence ? Pourquoi je ne pouvais pas détourner le regard de ce mec ? Et pourquoi je ne pouvais enlever de mon cerveau cette image de lui, nu au-dessus de moi, mes jambes autour de sa taille, pressant son corps ferme entre mes cuisses ?

Callum jeta l'un des mecs en noir dehors, l'autre ayant pris la fuite l'instant d'avant. Il ferma ensuite la porte du salon et soupira, avant de reprendre son apparence humaine. Quand il se retourna vers moi, je n'avais toujours pas repris contenance et vu comment il écarquillait les yeux, il avait remarqué mon désir ardent. Son regard étincela subrepticement, métallique, l'espace de quelques secondes. Je m'attendais déjà à ce qu'il dise quelque chose. J'attendis... mais il garda le silence et détourna ses prunelles.

_ Est-ce que ça va ? Me demanda-t-il après avoir passé une main dans ses cheveux.

_ Oui. Euh... ça va. Je suis désolée, m'excusais-je précipitamment. Je n'aurais jamais crus que mon père me retrouverait si vite... Ni que les deux débiles feraient un esclandre dans ton salon. Je te rembourserais...

_ Ne dis pas n'importe quoi, me récrimina Callum, les yeux dans les yeux. Tout ça n'est en rien de ta faute. Viens avec moi.

Devant mon air interrogatif, il prit un trousseau de clé et ouvrit une porte donnant sur un escalier en colimaçon.

_ Mon appartement est à l'étage ajouta-il, affable. Et je vais te servir un thé, car d'après ma mère, toutes les occasions, bonne ou mauvaise, sont viable pour un thé.

Il cherchait à me faire me sentir bien, à me mettre à l'aise. Je souris, bien que je ne comprenais pas ce qu'il me faisait ressentir à ce moment. Je ne m'étais jamais sentie autant en sécurité avec quelqu'un qu'avec Callum. Cet homme dégageais quelque chose... et je me doutais que ça ne provenais pas de sa nature d'orc. Je m'installais sur l'un des tabourets de l'ilot central chromé. Callum mit de l'eau à bouillir puis sortis une tasse et une coupelle en verre, une petite cuillère, du sucre de canne en morceau ainsi que des sachets de thé de différents parfums et un assortiment d'épices.

_ Quand l'eau sera prête, sert-toi. Je vais fermer le salon et je reviens. Si tu veux te rafraîchir, il faut passer par ma chambre, la porte à droite. Je reviens vite Léona, d'accord ?

_ D'accord, acquiesçais-je simplement.

_ Bien.

Quand il sorti, j'en profitais pour observer autours de moi ; les murs de l'ancien entrepôt était en béton ciré alors que ceux qui délimitaient la chambre étaient peint en noir mat. Le plancher était en bois brut, sûrement traité, mais pas ciré. La cuisine, dans les tons chrome et noir, était simple mais fonctionnelle. Le salon était gigantesque. Une méridienne couleur anthracite se trouvait au fond, juste en face d'une des baies vitrées et à gauche d'un énorme écran plat. En face de la télé, accolée au mur de la chambre coté salon, se trouvait un canapé simple et un autre d'angle qui semblait clore le salon, eux aussi gris anthracite. Des tableaux de personnes tatouée et de croquis décoraient fièrement les murs, tantôt coloré, tantôt en noir et blanc, mais tous de véritables œuvres d'arts.

Je choisis une infusion aux fruits rouges que je sirotais en observant les différents tableaux. Je l'avais à peine fini quand le bruit de la porte retentit.

_ Comment te sens tu ? me demanda Callum, le regard un peu inquiet.

_ Ça va beaucoup mieux, merci. Je n'ai plus l'impression d'être en plein cauchemar avec la scène de tout à l'heure.

Les prunelles de Callum frémirent l'espace d'une seconde.

Merde, il croit peut être que j'ai un problème avec sa transformation ?

_ Je parle bien évidemment des deux crétins qui ont débarqué, Callum. Pas de toi.

Ma précision le fit sourire.

_ Je sais que tu n'as pas peur de moi, fit il en passant sa main sur sa nuque. J'avais juste un peu peur que tu t'effondres.

Moi ? Effondrée ?

Devant ce mec super hot, ce sourire et ce tee-shirt complètement mort qui laissait entrevoir ses muscles finement ciselées... je ne pouvais pas m'empêcher de le reluquer. Cela me fit repenser à toute la force bestiale qu'il contenait et je me demandais alors si Callum était tout aussi animal au lit...

Et merde, il m'a pris en flag!

_ Je vais changer de fringues, déclara-t-il, le regard malicieux, en se dirigeant dans sa chambre. Et tu ne pourras pas m'empêcher de te raccompagner cette fois ci !

Je pouffais discrètement. Le temps qu'il ressorte, j'avais lavé et séché la vaisselle que j'avais utilisé. Callum me fit descendre dans son salon qu'il referma derrière nous. Le trajet jusqu'à mon appartement dura peu de temps ; Dix minutes plus tard, je voyais déjà la porte blindée de mon appartement, qui donnais sur la rue. Quelque chose me tilta tout à coup mais je ne sus dire ce que c'était. C'est en approchant de quelques mètres que je compris : ma porte n'était plus verrouillée. Je voyais un énorme trou à la place de ma serrure.

_ Mon dieu ! Soufflais-je sous le choc, quelqu'un est entré chez moi !

Callum pris mon bras, comme pour m'empêcher d'entrer, mais je me libérais brusquement et poussais la porte.

Écoutant quelques secondes, je compris qu'il n'y avait personne et j'allumais la lumière. Le spectacle qui m'attendait me coupa le souffle. Je sentis immédiatement mon cœur se contracter dans ma poitrine : Les paravents japonais que j'avais mis en place afin créer des pièces closes pour ma chambre et ma salle de bain étaient en miettes. De ma porte je voyais mes habits sur mon lit, déchirés. Tous mes produits de toilette dans la salle de bain avaient été vidés sur le sol.

Lorsque je tournais la tête vers la gauche, je voyais ma télé renversée, fracassée par terre, mes fauteuils éventrés, me semble-t-il, au couteau et malheur, mon unique tableau était complètement lacérée, détruit. Je pris alors un morceau de toile, comme pour me prouver que ce n'était pas un rêve et vis mes tubes de peinture vidés, étalés sur la table basse du salon. Les larmes me vinrent sans que je les retienne. J'avais passée tellement de temps à installer mon chez moi. C'était devenu mon havre de paix, loin de la noirceur de mon père.

Quand on avait été toute sa vie un pantin indigne de faire le moindre pas, ou de prendre la moindre décision seul, avoir enfin un cocon à soi était le plus délectable des sentiments. Et en l'espace d'un instant, on m'avait tout pris. Je me souviens de la présence de Callum quand il me prit la main pour m'attirer contre son torse. Je pleurais alors, déversant ma peine, pour le sentiment de sécurité que j'avais perdue. Pour mon espace personnel violé. A cause du trou que je sentais dans ma poitrine, à la vue de mon tableau, ma première œuvre depuis mon arrivée, qui n'existait plus dorénavant.

Quand mes pleures se tarirent enfin, Callum me fit asseoir sur la seule chaise qu'il restait. Il voulut me servir un verre d'eau mais tous mes verres étaient brisés dans l'évier. Il posa alors quelque chose devant moi. Une tulipe violette.

Oh putain de merde !!

Je jetais la fleur au loin, comme si elle m'avait mordue. Callum, surprit, qui pensait sans doute que j'apprécierais, me questionna :

_ Il y a un problème avec cette tulipe ?

_ Mon dieu et comment ! C'est une habitude de mon père... sa trace pour dire qu'il est passé par là. Pour me faire comprendre que c'est à cause de lui, ce massacre. Ça devait surement être leur vengeance à cause de tout à l'heure, au salon. Bordel... il ne me reste plus qu'à me trouver un hôtel pour ce soir. Je vais voir s'ils ont trouvé ma voiture...

Je sortis de l'appartement et le longeais sur la gauche jusqu'à me retrouver complètement derrière, ou se trouvait mon garage. J'y avais laissé ma voiture vu que je pouvais me rendre au salon de tatouage à pied. La porte était encore verrouillée : ils n'étaient pas entrés.

_ Au moins il me reste ma voiture, soupirais-je.

_ Que vas-tu faire ? me demanda Callum. Il semblait... inquiet.

_ Je vais faire vider l'appartement demain, répondit-je, en haussant les épaules. Vu qu'il ne reste quasiment rien que je puisse garder... je vais tout virer et partir de cette ville. Mon père ne me lâchera pas maintenant qu'il sait ou je suis.

_ Si comme tu dis il ne te lâchera pas, ça ne te servira donc à rien de fuir dans une nouvelle ville. Tu vas le laisser te pourrir la vie et partir à chaque fois, juste comme ça?

_ Mais seigneur, que veux-tu que je fasse d'autre, Callum ?? M'exclamais-je, à bout.

_ Reste avec moi.

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