Chapitre 14

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Erreur

– Des excuses écrites envers ta professeure et un comportement irréprochable en cours... on s'en sort plutôt bien, soupire Mark une fois qu'on s'est éloignés du bureau de Mr Harrys.

– Oui, enfin, à la base je n'ai rien fait, moi, rétorqué-je en grommelant.

– Zach, je sais que tu n'es pas fautif dans cette histoire, mais elle aurait pu finir de manière plus dramatique... (Il grimace devant mon regard perçant.) Comme ton exclusion définitive. On peut s'estimer heureux.

– Mouais. Tout ça à cause de cet enfoiré d'Anthony.

– Tu es sûr et certain que c'est lui ?

– Sûr à quatre-vingts dix-neuf virgule neuf pour cent, je réponds en me dirigeant vers mon casier pour récupérer les affaires dont j'ai besoin pour mes devoirs.

– Ce zéro virgule un pour cent est de trop, Zach, marmonne Mark en me regardant ouvrir mon casier. Si on l'accuse alors que ce n'est pas lui, je serais très embarrassé.

– Ah, Mark... murmuré-je faiblement en voyant les clichés coincés sous mon livre de biologie. J'ai trouvé d'autres photos ce matin.

– Du même type que celles de ton manuel de littérature ?

– Non... Tu devrais les voir par toi-même, soufflé-je d'une voix rauque en les lui tendant.

Mon cœur se serre douloureusement en voyant ses traits se décomposer lorsqu'il feuillette les photos. Je devine sur ses lèvres le prénom de sa femme et de ses filles, mais il ne les prononce pas à voix haute. Comme à chaque fois qu'on parle d'elles ou qu'on les évoque, je me sens de trop, pas à ma place et coupable.

– Ça ne peut être que l’une de tes connaissances qui a mis ces photos dans ton casier, annonce gravement Mark en me les rendant. Garde-les, j'ai déjà tous ces clichés.

– C'est pour ça que je soupçonne Anthony, maugrée-je en refermant mon sac. Il aurait pu y avoir accès grâce à Lily Rose.

– C'est vrai. Bon, rentrons à la maison, j'ai un fichu mal de crâne.

Pareil. Une sale envie d'étrangler quelqu'un, aussi. Mais cette pensée, je la garde pour moi.


J'ai du mal à cacher ma stupéfaction quand Mark gare la Jeep dans l'allée du garage. J'ai déjà ouvert la portière que Mark arrête le moteur.

– Zac…

Sans le vouloir, je lui coupe la parole en claquant la portière. Je me dirige d'un pas énergique vers la porte d'entrée. Anthony, les bras négligemment croisés sur sa poitrine, se tient contre. Une irrésistible démangeaison agite mes mains. La colère me fait serrer les dents et la frustration crispe les muscles de ma nuque.

– Qu'est-ce que tu fais là ? grincé-je d'un ton agressif sans même le saluer.

– Bonsoir, Zach, soupire Anthony, moqueur. Bonsoir, Mr Grace, il ajoute plus sobrement.

Je me tourne vers Mark alors que celui-ci s'avance vers nous, la mine sombre.

– Que fais-tu ici si tard, Anthony ? lui demande-t-il en glissant une main dans son trench brun pour récupérer les clefs.

– Je suis venu m'excuser.

Mark aussi bien que moi restons abasourdis.

– De quoi ? souffle Mark avant que j'aie pu reprendre mes esprits.

– Du mauvais tour que j'ai joué à Zach aujourd'hui en cours.

– Alors c'était bien toi ! craché-je furieusement.

Perdant le contrôle, je lâche mon sac pour lui bondir dessus avec une fougue qui surprend mon adversaire, Mark, mais aussi moi-même. Depuis bien longtemps j'ai fait la promesse de ne plus me battre, mais toute la rancœur que j'ai emmagasinée envers Anthony est trop grande. Et il est plus que temps de l'extérioriser.

– Espèce de salaud !

Mon poing s'abat sur lui en même temps que mon insulte. Mark me crie quelque chose, mais la fureur et l'adrénaline colorent ma vision en rouge et brouillent mon ouïe. Il m'agrippe l'épaule, mais je me dégage brusquement et jette Anthony à terre en le saisissant par le col. Ses yeux me dévisagent avec horreur. Ses lèvres sont déjà tuméfiées et son nez saigne. J'ai mis plus de coups que je le pensais. Me laissant tomber à genoux sur sa cage thoracique, je pose mes mains sur sa gorge et commence à serrer. Avec une sensation incroyable, sa trachée s'écrase sous mes doigts. Serrer. Serrer encore. Plus fort... plus...

C'est alors que leurs visages apparaissent. J'en ai le souffle coupé.

Jade et Holly Grace, les deux petites jumelles de six ans, me toisent d'un air déçu et accusateur.


Bondissant aussi vite que je me suis laissé tomber, je m'écarte d'un Anthony tremblant et toussant pour m'éloigner de lui aussi vite que possible. Ma course s'arrête vers la balançoire dans le jardin à l'arrière de la maison. Le froid a laissé du givre sur la plaque en bois pourri. Ignorant son mauvais état, je me laisse aller dessus, prends mon visage entre mes mains tachées du sang d'Anthony et du mien, et laisse la nuit et l'air glacial me priver de sensations.

J'ai envie de mourir.


Au bout d'un moment interminable, je relève la tête. Je suis gelé. Le ciel nocturne laisse percer des centaines d'étoiles. Je ferme les yeux.

Et tout s'écroule autour de moi.

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