Chapitre 13

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Evan, mort ? Non ! Impossible, à moins que …Non, il chassa cette horrible pensée de son esprit. Il prit sa douche hâtivement et après s’être habillé, il retourna au salon. La pièce lui renvoya des images, comme si elle lui jetait à la figure des reproches.

-Comment ai-je pu oublier ?... C’est impossible enfin … nous étions là-bas, il … m’a donné sa vie … et moi je lui ai donné …

Les larmes revinrent et il s’assit sur le canapé, serrant contre son cœur l’un des coussins. Il reconnut alors l’odeur d’Evan, et cela le bouleversa encore plus.

-Tu n’es pas mort, il ne l’aurait jamais permis …

Soudain, il se leva et alla sur le balcon, se colla à la rambarde et regarda vers le ciel.

- Evan, je suis là, je … je me souviens de tout. Reviens, si tu m’entends, reviens …

Il attendit un long moment, guettant dans la nuit le moindre bruit, mais aucun son ne lui donna l’alerte, pas de bruissement d’ailes, rien. Il frissonna et rentra.
Il se rendit compte soudain qu’il avait perdu près de deux mois de sa vie de souvenirs et qu’il devait absolument retrouver Evan.

- L’Antre du Paradis … mais oui ! Tout a commencé là-bas …

Il prit sa veste et s’y rendit. Il n’eut aucun mal pour retrouver son chemin et fut presque déçu de voir que tout était toujours dans le même état, en ruines. Il avait secrètement espéré que devant lui se dresserait la librairie dans toute sa splendeur, mais non.
Il appela Evan, plusieurs fois, mais rien ne se produisit. La déception fut encore plus grande, et il rentra chez lui. C’est là qu’il sentit la peine revenir le prendre et l’oppresser. Il devait quitter cet endroit, ici tout lui rappelait subitement son Ange et cela lui était insupportable.

Le lendemain, au bureau, il demanda un congé exceptionnel et s’en alla directement chez sa tante. Tant pis, il arriverait avec deux jours d’avance, mais rester chez lui était trop difficile.

Léandre accusa le coup. Un congé ? Pourquoi ? Il se maudit de ne pas avoir été le voir, alors qu’il était évident qu’il n’allait pas bien. Il aurait dut lui parler après la réunion, pourtant, sur le moment cela lui avait semblé superflu.
Il prit son portable et l’appela. Messagerie vocale :
-Salut, c’est moi, Léandre … j’ai appris que tu t’absentais, et je m’inquiète un peu. Rappelle-moi ou écris-moi. A bientôt.
Il raccrocha penaud, cette messagerie il y avait si souvent eu affaire… Il soupira et se concentra sur son travail. Il espérait juste que cela ne durerait pas aussi longtemps que la dernière fois.

                           ******

Prudence exultait, et en même temps ne voulait pas y croire. Enfin le déclic, enfin Yoan se souvenait de tout et c’était sans doute la fin du calvaire d’Evanescence.
Il aperçut Tempérance qui revenait du Temple et le prit à part, prenant soin de ne pas attirer l’attention sur eux.

-Comment va-t-il ?

-Il est très fatigué, mais, je lui trouve un air moins … comment dire … moins diabolique.

Prudence sourit :
-Il sait tout !

-Quoi ? Qui ?

-Chut ! Fit Prudence en lui plaquant une main sur la bouche.

-Le Mortel, il se souvient de tout ! Répéta Prudence à voix basse.

- Comment est-ce possible ? Mais … alors ce changement … ce serait à cause de ça ?

- Oui ! C’est bien cela ! Prudence trépignait de joie sur place.

Il ajouta :
- Si le mortel a retrouvé la mémoire, ça veut dire qu’Evanescence peut être sauvé, vraiment !

- Novah ? Doit-on le prévenir ?

- Non, attendons de constater une réelle métamorphose chez Ev et nous aviserons.

- Entendu. Si tu veux, vas le voir, tu me diras ce que tu en penses …

Les deux frères se séparèrent, complices et surtout, excités à l’idée qu’Evanescence pourrait retrouver sa liberté.

Evanescence s’allongea, il était si fatigué qu’il ne tenait plus debout. La colère et la tristesse l’avaient éreinté. Il ne ressentait plus rien sauf une grande lassitude. Il ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder. Il se revoyait volant ici et là, au-dessus des nuages, il pouvait presque sentir le souffle du vent sur sa peau, la douce chaleur des rayons du soleil le réchauffer, il se sentait si bien. Voler lui manquait, depuis combien de temps était-il ici ? … Puis, il se souvint de cet appel à l’aide, muet, mais si fort, qu’il s’était posé pour mieux le ressentir. Et puis cette peine immense, qui le fit pleurer, lui un Ange …
Il revit le visage blême et hâve de ce pauvre mortel, il ressenti à nouveau la douleur qui lui comprima les poumons, le cœur, le faisant suffoquer … Yoan, …
A l’évocation de son prénom, les larmes roulèrent sur ses joues, il ferma les yeux, dont la couleur était à présent violette, et essaya de se calmer en se remémorant leur dernière nuit passée ensemble.

Prudence entra sans faire de bruit. Evanescence dormait, le visage détendu, presque un sourire aux lèvres.
« Il a l’air moins diabolique … » C’étaient les mots de Tempérance et c’était vrai. L’Ange semblait serein, et la couleur de ses ailes avait aussi changé, moins foncée, elle se tintait progressivement de gris.
Ne voulant pas le réveiller, Prudence s’en fut, satisfait. Normalement, selon ses estimations, les choses ne pouvaient qu’aller pour le mieux à présent...

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