Chapitre 11

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De retour de congé, Yoan avait eu la sensation de flotter, de voir sa vie défiler et de ne rien contrôler. Au fond de lui, plus fort que le sentiment d'abandon suite à la perte de Noah, un autre de manque résonnait. Souvent il se surprenait à se dire qu'il devait avoir oublié de faire quelque chose d'important, sans pour autant savoir quoi exactement.

Puis, petit à petit, une routine s'installa, presque réconfortante. Il était retombé dans le bain du boulot, s'investissant à fond. Léandre, sur ses gardes, lui avait laissé de l'espace, craignant toujours d'être trop envahissant, et de ce fait il fut surpris que Yoan lui propose une dernière revue de l'ensemble du dossier avant sa présentation. Le projet était bon, il s'agissait de reconvertir une zone industrielle en une zone commerciale. C'était ambitieux et pourtant, l'étude de marché qui avait été menée l'année précédente, montrait combien ce serait rentable.

L'endroit, depuis longtemps déserté par les industries et autres entreprises, trouverait un nouvel essor en tant que zone commerciale et en plus d'attirer des clients à cause de sa proximité, créerait des emplois également.

Il fallait à présent obtenir les fonds nécessaires à sa réalisation. Le cabinet en Génie Civile où ils travaillaient était renommé, et la pression était encore plus grande.

Dans quelques jours, ils devaient présenter les plans du nouveau centre commercial et des boutiques qui le composeraient. Les structures existantes ayant été modifiées pour être conformes, d'importants changements avaient été apportés. Aussi, il fallait convaincre les actionnaires que ce projet était viable.

- Ok, c'est bouclé ! On est prêts !

-J'ai cru qu'on y arriverait jamais ... Fit Léandre plus pour lui-même que pour son hôte.

-On a assuré pourtant ! S'étonna Yoan.

-Ce que je veux dire, c'est ... tu étais si difficile à joindre, ... pendant toutes tes vacances, ...

-Vraiment ? Je ne m'en étais pas aperçu... fit Yoan en vidant son verre. Il se resservit et but d'une traite encore.

-Tu vas être saoul ! Donne-m'en aussi !

-Il vaut mieux que j'aille me coucher, je sens que je vais être malade ! Fit Yoan avec une grimace de dégoût.

Ils se levèrent et Léandre se prépara à partir. Sur le pas de la porte, au lieu de serrer la main de Yoan, il lui fit les bises. Yoan eut une sorte de vertige, comme s'il avait déjà vécu cet instant. Ne le voyant pas le repousser, Léandre fut plus téméraire. Il s'enquit de l'embrasser sur la commissure des lèvres. Yoan ne réagit pas. Et quand Léandre l'enlaça, il ne résista pas non plus, au contraire, il lui rendit son baiser. D'abord timidement, puis, emporté par son élan, Yoan poussa Léandre contre la porte d'entrée et ne lui laissa aucun répit. Il l'embrassait avec une sorte d'ardeur, de passion presque dévorante. Complétement dépassé, Léandre eu du mal à subir ces assauts et du le repousser, hors d'haleine. Il était incapable de suivre le rythme de Yoan, il se sentit littéralement aspiré et il était en manque d'air.

Ils se dévisagèrent quelques instant, le temps de retrouver leurs esprits.

-Je ... dois rentrer ... Sophie m'attend...

-Je suis désolé, ...

Léandre sorti. Il était complétement abasourdit par ce qui venait de se passer. Il avait amorcé la chose, mais n'avait jamais imaginé une telle passion en Yoan. Il décida de mettre tout ça sur le compte de l'alcool et se concentra sur Sophie et leur mariage qui approchait à grands pas.

Le lendemain, au bureau, Yoan l'évita, pour ne pas amplifier le malaise qui s'était installé entre eux. Pourtant, au déjeuner, Léandre l'appela :

-Je suis désolé pour hier soir. Je m'étais convaincu de passer à autre chose, mais j'avais besoin de te parler ...

-Au téléphone ?

-C'est plus facile ...

-Je vois.

- Ecoute-moi, je ... je t'apprécie énormément, c'est juste que, hier ... on a fait une connerie.

-C'est pourtant ce que tu voulais non ?

-J'en sais trop rien ...

-A ton tour de m'écouter, je n'ai pas d'intention particulière à ton égard. Ce qui s'est passé n'a aucune suite. Je suis autant fautif que toi. On s'est laissé aller, et ... c'est tout.

-OK. Tu me rassure... J'ai souvent été envahissant et je le regrette, mais, depuis que tu es revenu de tes congés, tu as changé. Tu es devenu accessible et j'avoue que c'est agréable. Je sais aussi que ton frère te manque ... je veux être ton ami, ... c'est juste que je ne peux pas te donner plus. Je m'en suis rendu compte hier...

-Ne t'en fais pas, on reste amis. C'est très bien ainsi. On se voit au bureau après ?

-Ça marche. On a une réunion de toute façon ...

- A plus !

- A plus !

Yoan raccrocha, soulagé et en même temps mal à l'aise à cause du souvenir de leur baiser de la veille encore très présent dans sa mémoire. Il n'en revenait pas de la passion dont il avait fait preuve. Cela n'avait pas été désagréable, pourtant, il n'avait pas était bouleversé, ou transporté à ce point. En fait, il n'avait rien ressenti de particulier. Voilà la vérité.

Il fronça un peu les sourcils, parce qu'au fond, il savait que quelque chose ne cadrait pas dans sa vie ces derniers temps. Il se leva du banc où il avait déjeuné et déambula un peu en ville, au grès des ruelles. Il avait le temps, presqu'une heure devant lui. Il marcha sans vraiment réfléchir jusqu'au moment où, prenant conscience de ce qu'il faisait, il réalisa qu'il s'était perdu !

-C'est dingue ! Où est-ce que je suis ??

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