Je lui indiquais que je ne pouvais en rien traiter de ce sujet avec lui avant d'en avoir référé avec mes associés dans cette affaire. Et nous priment rendez-vous pour le lendemain.

Je me demandais surtout comment je devais présenter les choses aux curés pour les amener à discuter avec une secte présentée comme étant hérétique par le Vatican.

Nous avions examiné, sans succès tous les documents exhumés du souterrain, et je me souvenais soudain qu'il en restait quelques-uns que j'avais cachés dans les parties communes de mon immeuble.

C'était le paquet que Robert avait caché sous une pile de journaux, destiné, probablement à une deuxième livraison qu'il n'avait pas eu l'occasion d'effectuer.

Et dans ce paquet figurait le fameux manuscrit.

J'avais le cœur qui battait la chamade, car j'avais peut-être entre mes mains une arme décisive.

Par sécurité, je remis le paquet à sa place.

La réunion des curés se révéla pour une fois houleuse, car, pour eux, simplement dialoguer avec une organisation hérétique était tout bonnement impensable.

Ils m'avaient sauvé la vie, me dirent-ils, mais c'était seulement selon leurs dires.

Étaient-ils anti Secte du Serpent noir, ou appartenaient-ils eux-mêmes à la secte ?

Nous n'avions aucune confirmation de tout ce qu'ils annonçaient.

La seule certitude que nous avions à leur sujet, c'était leur profond désir de se procurer un document particulier.

Et, il n'était pas question de révéler que nous le détenions.

La situation semblait bel et bien bloquée.

Les renseignements de nos agents sur le terrain nous parvenaient au compte-goutte :

La femme de ménage du parent de Robert faisait partie de l'organisation, ce qui expliquait les réactions immédiates lors des sorties de documents du manoir. Nos recherches ont permis de la retrouver et de la photographier.

Elle se rend chaque jour dans la maison suspecte que nous surveillons. Elle devait sûrement rendre des comptes de l'activité du vieux, voire de celle de Robert.

Cela semblait bouger dans les alentours de la petite maison.

Des mouvements de personnes semblaient se dérouler derrière, à un endroit que nous ne pouvions apercevoir depuis notre position.

Le curé décida de les prendre à revers en occupant le sommet de la colline.

Il confia cette mission à un ancien aumônier militaire qui avait crapahuté sur tous les théâtres d'opérations des armées françaises.

Le groupe d'observateur fut formé, et l’aumônier en prit la tête. J'accompagnais le mouvement.

Le groupe avançait très très lentement, en silence. Soudain, l’aumônier s’arrêta, et nous montra un petit fil en nylon qui croisait notre chemin.

Il nous expliqua que si l'un d'entre nous avait touché le fil, cela aurait donné l'alerte à nos adversaires.

Ayant effectué mon service militaire, je savais que ce type de piège permettait aussi de faire exploser des mines ou d'autres joyeusetés de la même espèce.

Le poste d'observation fut installé, et des rotations de personnel s’organisèrent.

Les curés n'étaient pas dupes. Nous tenions en observation la bande qui avait assassiné trois personnes, mais nos moyens actuels s’arrêtaient là, et nous n'avions pas les capacités humaines et matérielles pour maintenir ce dispositif longtemps.

Le lendemain, je reçus seul le responsable des hérétiques. Je lui dis que dans les conditions actuelles, les curés ne voulaient pas être associés à cette affaire.

Je lui demandais de bien vouloir nous prouver que le ciel pouvait intervenir à ses côtés, ce qui était la seule manière de se concilier les curés, et d'obtenir leur aide.

Il me promit de répondre à ma demande dès demain, d’où un nouveau rendez-vous.

Avant de le laisser partir, je lui signifiais que sans représentant du ciel, il était inutile de revenir.